Page images
PDF
EPUB

Coyl.

LE REFUGE D'ÉTRUN

ET

LA MANUFACTURE DE PORCELAINES

D'ARRAS

PREMIER ARTICLE

La Revue de l'Art chrétien, pendant les vingt premières années de son existence, a fait sortir de l'oubli une foule de monuments épars sur le sol de notre vieille France; étrangère aux calculs d'une personnalité vaniteuse, elle a accueilli avec le même intérêt la description de ceux qui sont situés auprès de son berceau et de ceux que le génie de l'homme a érigés en d'autres lieux. Sans s'occuper d'elle-même, elle grandissait dans l'atelier qui l'avait vue naître, et n'ambitionnait pas de plus illustre demeure; mais poussée par un instinct naturel, elle vient, en changeant de domicile, de s'installer dans une habitation doublement historique, où l'Art chrétien et l'Art profane se sont heureusement rencontrés. Les lecteurs de la Revue ont en effet remarqué que cette publication, suivant en cela le sort de la Société du Pas-de-Calais dont elle est la fille, est venue se fixer dans un immeuble désigné aujourd'hui fort prosaïquement par cette indication toute moderne: rue d'Amiens, nos 41 et 43. Or ce local, actuellement à usage d'imprimerie, est précisément

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

l'ancien Refuge de l'Abbaye d'Etrun dans lequel se trouvait aussi, avant la Révolution, la célèbre Manufacture de porcelaines d'Arras. Il nous a donc semblé qu'il serait aussi opportun qu'intéressant d'étudier les souvenirs de cette maison dont nous venons de restaurer les parties anciennes; de cette manière, nous aurons fait mieux encore que d'assurer la conservation d'un monument que le temps n'épargnera pas toujours, puisque son histoire pourra du moins lui survivre.

La nature même de cette étude nous dicte la division de notre travail qui comprendra deux chapitres distincts.

CHAPITRE Ier.

LE REFUGE DE L'Abbaye D'ÉTRUN.

1

La première fondation de l'abbaye d'Etrun remonte au temps de Charlemagne. Les historiens nous apprennent qu'au commencement du IXe siècle, une princesse nommée Béatrice et issue du sang royal, s'associa douze nobles filles et vint s'établir avec elles, aux environs d'Arras, dans un lieu appelé Strum ou Estrum, dont l'étymologie paraît rappeler un cantonnement romain, ce que semble justifier sa position au confluent de deux rivières, le Gy et la Scarpe, et sa proximité du célèbre camp de César. Les commencements de ce Monastère (Strumense Monasterium) nous sont peu connus; tout ce qu'on peut en dire, c'est qu'il fut dès l'origine placé sous la règle de S. Benoît, et qu'il n'eut pas le temps de prendre de grands développements, puisqu'à la fin du siècle même qui l'avait vu naître, il partagea le sort de la ville d'Arras et fut entièrement détruit par les Normands, en 881.

Le couvent d'Etrun ne fut relevé de ses ruines que par Gérard II, dernier évêque de Cambrai et d'Arras, dans les années 1085 à 1088. Nous croyons utile de publier ici le texte, d'ailleurs inédit, de la charte de cette seconde fondation.

Gallia christiana, t. III.

Cartu

1 Gazet, Hist. eccl. du Pays-Bas, p. 187. laire de Guimann, édité par M. Van Drival, p. 307.

[graphic][merged small][merged small][subsumed]

Le Refuge de l'Abbaye d'Étrun, à Arras.

d'après un dessin de M. Desavary.

« PreviousContinue »