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et autres paillotages qu'il a reparé audict lieu du burcq, a esté paié la somme de .

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VII XVI s.

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« Item au brasseur de Baudimont pour avoir vendu et livré plusieurs sortes de grés emploiez au dict édifice. LVI s. «<Item au mareschal de cité pour avoir féré les chevaulx de la dicte abbaie. XX s. X d.

<< Item aulx quatre visiteurs d'ouvraiges de la dicte cité pour leurs droictz de la dicte ouvraige du burcq, paié. XXXVIII s. Total de la dépense générale. 2383 livres, sols, 4 deniers.

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C'était, comme on le voit, une grosse somme pour l'époque; mais elle était justifiée par l'importance de « l'édifice » dont nous allons maintenant donner une description d'autant plus précise que nous le possédons encore dans son entier, sauf quelques remaniements, additions et mutilations dont il sera question plus loin.

Le Burcq était situé rue d'Amiens, entre la maison des Herminées, appartenant aussi aux Dames d'Etrun, et le « cabaret du Petit-Paris » qui était la propriété de l'abbaye du Mont-Saint-Eloi. A l'époque dont nous nous occupons, la rue dite « d'Amiens » ne portait pas ce nom dans toute sa longueur, ainsi que le prouve le Recueil des redevances que l'abbaye de Saint-Vaast fit dresser à la fin du XVIIe siècle '. Nous avons dit ailleurs 2 que cette voie s'appelait autrefois Galerue; elle retint longtemps, au moins dans la partie située du côté de la porte d'Amiens, le nom de rue Golandre 3.

Le Refuge d'Etrun se composait de deux bâtiments principaux se joignant à angle droit, dont l'un faisait face à la rue d'Amiens, et l'autre, formant aile en retour, était situé sur la cour et se prolongeait jusqu'au jardin. La plus intéressante de ces deux constructions est incomparablement la seconde ; quant à l'autre aile de bâtiment, construite parallèlement à la première, dans la cour à gauche en entrant, elle est toute moderne et ne doit pas plus fixer l'attention des archéologues que les autres locaux érigés sur le jardin qu'ils ont diminué d'autant.

1 Archives du Pas-de-Calais.

2 Notice sur les antiquités du cloître Notre-Dame à Arras, 1875.

3 Dans ce Recueil, le Refuge est « cottizé » à huit livres, la Maison des Herminées, à quarante-huit sols, et la Cense de Bronne, à quarante livres.

IIe série, tome VI.

2

La façade de la rue, assez imposante par son étendue, qui mesure 20 mètres de longueur, se compose d'un rez-de-chaussée avec porte cochère cintrée, d'un premier étage percé de sept fenêtres rectangulaires, et d'un second étage dissimulant le grenier de la maison. Aucun détail d'ornement ne venant nous y arrêter, nous pénétrons sous le porche jadis entièrement voùté, et après y avoir remarqué dans la muraille de gauche, le cintre d'une ancienne porte, aujourd'hui condamnée, qui donnait accès dans la cuisine de la maison, nous arrivons dans la cour et nous apercevons à droite la partie vraiment architecturale du Refuge. C'est la vue que représente le dessin joint à ce travail.

Cet édifice, pour nous servir de l'ancienne expression, est un des plus jolis spécimens du gothique civil du XVI° siècle entièrement construit en pierres blanches, avec soubassement en grès, il offre une façade dont le rez-de-chaussée et l'étage sont éclairés chacun par quatre fenêtres; mais de ces huit fenêtres, placées deux à deux, l'une est à large baie, tandis que l'autre est simple. Des meneaux de pierre forment le croisillon des grandes fenêtres, et divisent les petites aux deux tiers de leur hauteur. Toutes ces ouvertures sont encadrées de chambranles décorés de moulures rectilignes, et celles du rez-de-chaussée sont en outre surmontées d'un cordon de pierres qui court tout le long de la façade et les sépare des fenêtres de l'étage. Pour couronner ce bel ensemble, la corniche, placée sur la frise de l'entablement, est soutenue par vingt-trois petites consoles ou modillons soigneusement sculptés. Un chaîneau reçoit les eaux de l'ancien toit en tuiles qui a été conservé.

Le bâtiment du Refuge se termine par un pignon aigu à huit gradins dits pas de moineaux, ce qui paraît rappeler les huit degrés de noblesse qui étaient requis pour être admis dans cet ordre. La muraille de ce pignon, épaisse de 70 centimètres, est percée d'une petite baie, destinée à éclairer et aérer le grenier, ainsi que d'une demi-fenêtre à l'étage, semblable à celles de la façade. Enfin, elle présente, au rez-de-chaussée, une curieuse porte avec archivolte retournée qui établissait une communication directe entre le Refuge et le jardin. Sur le grès monolithe qui forme le linteau se trouve sculpté l'écusson de l'abbaye accompagné d'une banderolle portant le millésime de 1565. On sait que les armoiries d'Etrun étaient :

mi-partie d'argent et d'azur, l'argent emmanché de sable d'où sort un sénestroche portant sur l'azur une crosse d'or.

Une seconde porte, semblable à celle-ci, quoique moins ornée, donne accès de la cour dans le bâtiment de devant, à côté du porche, et reproduit aussi la date de 1565. La petite fenêtre du Refuge qu'on aperçoit à côté de cette porte semble avoir remplacé une ancienne ouverture dont le cintre apparaît dans la construction; il se pourrait que là se trouvait un escalier conduisant au premier étage. De plus, cet angle de la cour, où débouchaient ces deux portes, devait être recouvert d'un auvent qui s'appuyait sur des culs-de-lampe encore existants.

Enfin dans le soubassement du pignon s'ouvre une baie cintrée donnant passage au grand escalier de la cave principale du Refuge. Cette cave, éclairée par un soupirail construit dans le même style que les portes, est large et profonde : elle est divisée en trois parties et recouverte de voûtes ogiviques reposant sur des colonnes de grès monolithe enchâssées aujourd'hui dans de gros murs de souténement. Dans la cave se trouve un second escalier de pierre qui conduit à une bove en forme de galerie à voûte ogivale, s'avançant de quelques mètres sous le sol de la rue d'Amiens.

Dans la cour du Refuge, les Dames d'Etrun firent creuser un puits très-profond dont la surface intérieure est entièrement maçonnée de grès ce magnifique cylindre était couronné d'une margelle également en grès. L'eau de ce puits, qui mesure 1" 40 de diamètre, est d'une pureté et d'une limpidité remarquables; on la tirait à l'aide d'une poulie qui reposait sur un corbeau de grès sculpté en forme de tête humaine qu'on aperçoit encore encastré dans la muraille voisine: cette tête servira désormais à reconnaître l'emplacement de ce puits qu'on a été obligé de fermer pour établir un atelier.

Tel est l'ensemble de cette belle construction que nous ont léguée les siècles passés, et qui, malgré les injures du temps et les mutilations de l'homme, conserve encore un caractère de grandeur que peuvent lui envier nos habitations modernes.

LOUIS CAVROIS,

(La suite au prochain numéro.)

de l'Académie d'Arras.

LA CAPPELLA GRECA

DU CIMETIÈRE DE PRISCILLE

QUATRIÈME ARTICLE

CHAPITRE XIII.

MOÏSE FRAPPANT LE ROCHER. MOÏSE1.

Le solide interprète de S. Paul, Estius, voit dans Moïse l'image du peuple juif; et il s'exprime ainsi sur le passage de S. Paul dont notre peinture est en partie la traduction :

« Il n'est pas difficile d'expliquer comment la pierre frappée par Moïse a signifié le Christ. Le Christ, en effet, comme une pierre très-solide, soutient toute l'Eglise; et frappé et mis à mort par les juifs que représentait Moïse, il a répandu les eaux très-abondantes des grâces, qui sont notre réfection salutaire dans ce désert de la vie, à nous tous qui tendons à la terre spirituelle ou mystique de promission, c'est-à-dire à la patrie céleste. Comme l'Apôtre a appelé le Christ la pierre, il a pu dire que la nuée et la mer est le Baptême, et que la manne est le corps du Seigneur, et l'eau jaillissant de la pierre son sang, à savoir par signification 2. »

Mais les anciens ont vu dans Moïse, non le peuple juif qui immole le Christ par un déicide, mais le Christ qui s'offre lui-même à l'immolation, par l'acte le plus sublime d'un Dieu. Ce point important, je pourrais dire capital, de l'archéologie chrétienne n'a point

* Voir le numéro d'Octobre-Décembre 1876, p. 411.

1 Planche V, 1; planche VI, 1, 2, 3, 4.

2 In I Cor., X, 4.

REVUE DE L'ART CHRÉTIEN

CAPPELLA GRE CA

Pl. VI.

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1, Le Christ,Moise par excellence. Fresque du cimetière de Domitille Aringhi t.1, p. 563.-2, Le Christ, Moise par excellence Bas-reliefs du sarcophage de Junius Bassus, déposé an cimetière du Vatican Aringhi t.4, p.277-3, St Pierre, nouveau Moise Fond de coupe de verre trouvé dans les catacombes romaines. Bullettino 1868, Pl. 1. 4, L'arbre de vie et l'eau de la vie ; la rosée céleste vivifiant les morts. Vignettes du Rituel funéraire. Chap. 57, 154.

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