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NOTICES ET COMPTES RENDUS

II.

REVUE DES PUBLICATIONS DES SOCIÉTÉS SAVANTES DE BRETAGNE ET DE VENDÉE..

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Mémoires de la Société archéologique et historique des Côtes-duNord. Saint-Brieuc, Prudhomme, in-8°. tome VI, 1re livraison, 1874; — 2e livraison, 1876, 170 pp.

Instituée le 25 juin 1841, la Société archéologique des Côtes-duNord avait déjà publié cinq volumes de mémoires fort importants, lorsqu'elle révisa ses statuts en 1873. Depuis cette époque, elle n'a publié que deux livraisons de mémoires. La première contient :

1o Une importante étude du R. P. bénédictin dom François Plaine, notre collaborateur, sur Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne, el Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort. Cette étude, qui repose sur des documents contemporains inédits, amène l'auteur à des conclusions qui ne sont pas absolument d'accord avec les opinions acceptées par l'histoire, depuis quatre siècles, à savoir que Jeanne de Flandre est au dessous de la réputation dont elle jouit, tandis que l'épouse de Charles de Blois, plus grande que sa renommée, ne devrait plus être l'objet d'accusations sans preuves et sans fondement. Celle-ci a montré un grand dévouement pour son mari; elle n'a rien négligé pour sauvegarder l'indépendance de la Bretagne et pour écarter l'étranger du royaume de France. Celle-là, au contraire, a trahi sa double patrie de naissance et d'adoption, la France et la Bretagne, et elle a été un fléau pour l'une et pour l'autre.

2° La fin du Glossaire explicatif de quelques radicaux et de quelques formes qui entrent fréquemment en composition dans les noms gaulois et celtiques, par M. Tranois, ancien proviseur de l'Université. Nous y remarquons, en particulier, les formes diverses du radical red, cours d'eau, qui a donné son étymologie aux Redones et

* Voir la livraison d'avril, pp. 300-304.

à Redon, et l'importante explication du Staliocanus Portus, de Ptolémée, que l'auteur place à Coz Yeodet, près de Lannion.

La deuxième livraison contient 1° L'intéressant compte rendu des fouilles du tumulus du tertre de l'église de Plévenon (Côtes-duNord), par M. Douilet, qui a retrouvé dans les débris recueillis tous les caractères de l'âge du bronze; - 20 la première partie d'un immense travail de statistiqne, entrepris par M. Gaultier du Mottay, le savant explorateur des voies romaines des Côtes-du-Nord ; c'est le Répertoire archéologique du département, commune par commune. Cette première partie comprend tout l'arrondissement de Saint-Brieuc. On sait que ces répertoires, dont le programme a été établi par le ministère de l'Instruction publique, et qui sont réclamés avec instance, à chaque réunion des. Sociétés savantes à la Sorbonne, n'existent encore que pour les départements du Morbihan, de l'Aube, de l'Oise, du Tarn, de l'Yonne, de la Nièvre et de la Seine-Inférieure. M. Gaultier du Mottay aura eu l'honneur d'élever le huitième de ces monuments, d'une importance capitale pour notre histoire intime; et ceux-là seuls qui ont essayé de dresser ces répertoires pour quelques communes du canton qu'ils habitent, peuvent imaginer quels trésors de patience et de travail il faut accumuler pendant de longues années, pour arriver à constituer une œuvre aussi difficile.

LARVORRE DE Kerpenic.

Un vol. in-18, 402 pp.

LES DEUX COUSINES, par M. Lucien Darville.
- Paris, Bray et Retaux, 82, rue Bonaparte.

C'est une trop réelle bonne fortune de trouver, à notre époque où lant de gens s'adonnent aux lectures faciles, un livre présentant sous une forme agréable les enseignements les plus sérieux, pour que je ne m'empresse de signaler l'intéressant ouvrage qu'a composé M. Lucien Darville, et qu'il offre au public sous ce titre : Les deux Cousines.

Je ne connais pas l'auteur, mais je le tiens, après l'avoir lu, pour un homme bon, habile à exposer les saines doctrines qu'il met sûrement en pratique: Vir bonus dicendi peritus. Ces mots ont été appliqués, si je ne me trompe, à un magistrat. Eh bien ! M. Lucien Darville me semble, en son œuvre, faire acte de magistrat qui,

habitué à scruter les misères sociales, fait mieux que les flétrir: il en développe paternellement les causes et en montre les remèdes.

Beaucoup de personnages vivent sous la plume de M. Lucien Darville; on s'attache à eux, on les suit sans effort dans les péripé ties d'un récit suffisamment mouvementé; tout y est naturel et sain, rien d'outré ou de convenu, l'auteur nous peint ce que nous avons vu nous-mêmes. On reconnaît bien des physionomies. L'intérêt est soutenu, le sentiment vrai, souvent profond; une morale sûre sort de ces pages et tend à rendre meilleur.

La scène est tour à tour à Paris, en Bretagne, dans les salons élégants, dans les demeures plus humbles, les châteaux, les camps, aux frontières, à l'armée de la Loire; il en résulte des contrastes et des situations qui attachent; toutes concourent à prouver la thèse que s'est proposée l'auteur. Chacun parle bien son langage. Peut-être parfois, se rencontre-t-il quelques longueurs, mais, placées surtout dans la bouche du vieux docteur, on se sent moins sévère; n'est-ce pas un privilége ou un défaut de l'âge de disserter amplement? Je suis persuadé qu'après avoir lu Les deux Cousines, personne ne sera tenté de me reprocher ce que j'en dis ici. Les bons livres sont toujours rares, surtout les livres qu'on peut sans danger mettre entre toutes les mains.

Vte EDOUARD DE KERSABIEC.

Mme la comtesse Arthur de Bouillé.

Une noble existence, en qui se résumaient bien des gloires et bien des douleurs, vient de s'éteindre parmi nous, au milieu du respect et du deuil de tous. Mme la comtesse de Bouillé était fille de l'illustre général de Bonchamps. A peine àgée de cinq ans, elle avait vu mourir son père sous les balles républicaines, mourir son frère de misère et de souffrances, et elle accompagnait en prison sa mère, dont elle parvenait du moins à adoucir la captivité. Par sa grâce ingénue elle lui fut même, près des geôliers, une providence. Mme de Bonchamps avait été condamnée à mort, et il ne fallut rien moins qu'un décret spécial de la Convention, obtenu par Haudaudine, pour sauver définitivement, après dix mois d'angoisses, celle dont le mari avait sauvé, à Saint-Florent, cinq mille prisonniers.

Ces cruelles épreuves furent suivies d'années de calme qui n'étaient pas et ne pouvaient pas être le bonheur; mais en 1817, Mlle de Bonchamps épousa le comte Arthur de Bouillé; le bonheur lui souriait enfin. Malheureusement il dura peu: non-seulement 1830 frappa au cœur M. et Mme de Bouillé, mais il brisa l'épée de M. de Bouillé, et 1832 le condamna, par un arrêt de mort, à mener la dure vie d'un proscrit. Atteinte dans ses affections les plus chères et dans sa fortune, Mme de Bouillé trouva, du moins, dans son intérieur ce qui est la consolation suprême des mères; elle avait un fils et une fille en qui renaissaient toutes ses espérances; mais, au bout de peu d'années, sa fille lui était enlevée après quelques mois de mariage. Son fils lui restait, et l'on peut dire qu'il était sa gloire. Doué de qualités brillantes et de talents qu'elle s'était plu à cultiver ellemême; fixé, en outre, non loin d'elle, par une union où il avait rencontré toutes les vertus, il n'avait plus, ce semble, qu'à jouir en paix de l'existence grande et prospère que Dieu lui avait faite; mais, au premier bruit de nos malheurs et quoique âgé de cinquante ans, il part avec son fils et son gendre qui, l'un et l'autre, n'étaient astreints par aucune loi au service. Tout le monde sait le reste. Mme de Bouillé, veuve depuis peu d'années, avait alors soixante-onze ans. Ce qu'a été sa vie depuis cette funèbre époque, au milieu des débris de sa famille, il est aisé de le comprendre ; mais ce qu'il faut comprendre aussi, c'est ce que peut la religion sur des âmes comme la sienne et ce que peuvent, en même temps, la piété filiale, le dévouement affectueux et le respect dont elle était entourée. E. DE LA G.

M. Gaston Gauja, fils du regrettable préfet de la Loire-Inférieure et de la Vendée, et conseiller à Agen, a entrepris de publier sous ce titre Le Monde judiciaire de France en 1877, un ouvrage où seront relevées et classées toutes les nominations judiciaires depuis 1840. La 1re partie donnera le tableau des ministres de la justice depuis 1830, des secrétaires généraux ou sous secrétaires d'État depuis 1840; la composition actuelle du ministère, de la Cour de cassation, de chaque cour, tribunal et justice de paix. La 2e, les notices individuelles (il y en a près de 14,000) de chaque magistrat ou fonctionnaire de la chancellerie.

Un vol. gr. in-8° de plus de 700 pp. Prix: 22 fr. On souscrit chez M. Lamy, imprimeur à Agen. Le Monde judiciaire sera publié si 2,000 adhésions sont réunies avant le 1er août.

1 Voir Revue de Bretagne et de Vendée, Les fils d'un preux, t. xxvIII, p. 446; Nos victimes de la guerre, id., p. 481; et Guerre de 1870-71, t. xxxi, p. 129.

CHRONIQUE

SOMMAIRE. Erection d'une statue à l'abbé Jean-Marie de La Mennais.

L'épée d'honneur du général Espivent de la Villeboisnet. Couronnement de saint Michel. Le 8 août à Sainte-Anne.

La Bretagne a toujours rendu hommage à la mémoire de ceux de ses enfants qui l'ont particulièrement honorée et servie à ce double titre, l'abbé Jean-Marie de La Mennais ne pouvait être oublié.

Ses nombreux amis, quelques années après sa mort, avaient déjà conçu le projet de lui élever une statue: les douleurs de la patrie entravèrent leur généreux élan.

Aujourd'hui, grâce à l'heureuse initiative de Mgr l'évêque de Vannes, cette œuvre véritablement populaire, à laquelle Son Em. le cardinal SaintMarc, archevêque de Rennes et métropolitain de la Bretagne, a daigné accorder son haut patronage, va être reprise, et nous avons lieu d'espérer que Ploërmel verra bientôt s'élever sur l'une de ses places la statue de l'un des principaux bienfaiteurs de notre pays.

Ploërmel fut, en effet, la patrie d'adoption, le lieu qu'affectionnait entre tous l'abbé Jean-Marie de La Mennais. C'est là qu'en 1825 il vint, suivi de quelques Frères, jeter les premiers fondements de cette Institution, si humble à son aurore, et qui maintenant rayonne avec tant d'éclat dans le monde catholique; c'est là qu'il s'est éteint, au milieu des regrets et des larmes d'une population tout entière; c'est là, enfin, que repose sa dépouille vénérée.

Un Comité vient de se former à Ploërmel, dans le but de donner suite au projet si éminemment populaire de Mgr l'évêque de Vannes. Le bureau a été composé ainsi qu'il suit : Président, Mgr Bécel, évêque de Vannes. Vice-présidents: Prince de Léon, député de l'arrondissement de Ploërmel;

G. Peschart, conseiller d'arrondissement, maire de Ploërmel. Secrétaires: Lagrée, curé de Ploërmel, archiprêtre; comte G. de Lambilly, conseiller général. Trésorier: Grandjean, notaire, adjoint au maire de Ploërmel. Le Conseil municipal s'est empressé de donner sa complète adhésion et a voté, au nom de la ville de Ploërmel, une somme relativement importante. De nombreux souscripteurs appartenant à toutes les classes de la société se sont déjà spontanément inscrits.

L'expression de ces sympathies est pour le Comité un précieux encouragement. Répondant à son appel, tous les hommes de cœur tiendront à

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