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pour s'entretenir quelques instants avec son clergé. Tous ceux qui l'ont vu remercient la Providence de leur avoir donné un tel Pasteur; sa piété, sa bonté, son affabilité, ont ravi tous les cœurs. Tous s'unissent pour souhaiter à l'Envoyé de Dieu, à l'Envoyé de Pie IX, un long et florissant épiscopat.

Le soir, à cinq heures, la cathédrale était comble: l'illumination était splendide. Monseigneur est monté en chaire et il a trouvé des accents qui ont remué tous les cœurs, en parlant des émotions saintes de ce jour, de Mgr d'Arras, à qui il a fait les plus touchants adieux (à Dieu !) et en traitant du mystère de la Présentation de Marie au Temple. Ensuite Sa Grandeur a donné le salut solennel du Très-Saint-Sacrement.

Telle a été cette mémorable journée du 21 novembre 1877, qui laissera dans les fastes de l'Église de Luçon un impérissable souvenir.

En même temps que celui de Mgr Catteau, avait lieu à Rennes le sacre de Mar de Forges, auxiliaire de S. Em. le cardinal-archevêque. Longtemps avant l'heure fixée pour la cérémonie, dit le Journal de Rennes, une foule nombreuse remplissait la métropole et ses aberds. La grande nef avait été réservée pour MM. les ecclésiastiques. Dans le chœur se tenaient le chapitre métropolitain, les curés des paroisses et tous les chanoines honoraires. Une tribune avait été élevée dans le pourtour du chœur, du côté de l'Évangile, pour la famille de Mgr de Forges.

A l'heure dite, les prélats ont fait leur entrée dans la cathédrale, précédés du Chapitre, qui était allé les attendre sur les marches de l'église. NN. SS. de la Hailandière, David et Bécel ont pris place sur des fauteuils, en face du trône de Son Éminence. NN. SS. Richard, coadjuteur du cardinal Guibert, et Nouvel, évêque de Quimper, assistants, suivi de Mer de Forges et de Son Em. le cardinal Saint-Marc, se sont avancés au pied de l'autel. Puis a commencé la cérémonie de la Consécration, qui a duré jusqu'à onze heures.

Selon l'usage, après l'office, Mer de Forges a fait processionnellement le tour de l'église en donnant sa bénédiction. A différentes reprises, le grand orgue, tenu par M. Charles Henry, s'est fait entendre. A la fin de la messe, M. Henry, maître de chapelle, a fait exécuter un vivat composé par lui à l'occasion de l'élévation de Mer Saint-Marc à la dignité cardinalice.

A Renues, une affluence considérable conduisait à sa dernière demeure, le 23 octobre, M. Théophile Bidard de la Noë. Les cordons du poêle étaient tenus par M. le premier président de Kerbertin, M. Bodin, doyen de la Faculté de Droit, M. Charmoy, bâtonnier de l'Ordre des Avocats, et M. Arthur de la Borderie, ancien député d'Ille-et-Vilaine et collègue de M. Bidard à l'Assemblée nationale. Deux discours ont été pro

noncés sur la tombe du vénérable défunt, l'un par M. Charmoy, l'autre par M. Bodin.

Membre de l'Assemblée constituante en 1848, maire de Rennes en 1870, membre de l'Assemblée nationale en 1871, nommé récemment doyen honoraire de la Faculté de Droit, dont il avait été professeur pendant une trentaine d'années, chevalier de la Légion d'honneur, « M. Bidard laisse à tous ceux qui l'ont connu et qui ont apprécié la bonté de son cœur et l'honorabilité de son caractère, les meilleurs et les plus chers souvenirs. Son esprit élevé, ferme et måle, avait un double culte : celui de la patrie et celui du droit Il y a toujours été fidèle. Ses connaissances étendues et variées, sa science de la jurisprudence, sa passion pour l'étude et pour le travail, lui avaient assigné une des premières places à la tête du Barreau de Rennes, où il ne sera point oublié ; son nom y reste inscrit parmi les notabilités et les anciens bâtonniers de l'Ordre. » M. Bidard avait 73 ans. M. Glais-Bizoin vient de mourir à l'âge de 77 ans, dans les Côtesdu-Nord, son pays natal.

Membre de l'opposition libérale sous la Restauration, conseiller général des Côtes-du-Nord et député de l'arrondissement de Loudéac de 1830 à 1848, président de la réunion démocratique du Palais-National sous la deuxième République, M. Glais-Bizoin, après avoir échoué aux élections législatives de 1849, fut réélu député des Côtes-du-Nord sous l'Empire, en 1863.

Battu en 1869 par le général de la Motterouge, il fut nommé aux élections partielles de novembre de la même année par la 4o circonscription de Paris, et devint membre du gouvernement de la Défense nationale. Il fit partie, avec M. Crémieux et l'amiral Fourichon, de la délégation de Tours, qui gouverna la France jusqu'au jour où M. Gambetta prit la dictature. M. GlaisBizoin siégea encore à l'Assemblée nationale de Bordeaux et quitta enfin l'arène politique.

Il avait siégé constamment à gauche et s'était acquis une certaine célébrité par sa physionomie originale et ses interruptions devenues légendaires.

Il avait fait, en outre, dans la littérature dramatique, quelques tentatives qui ne lui avaient guère valu que des succès d'estime.

« Il y a quelque temps, dit la Gazette de Bretagne, l'ex-membre du gouvernement de la Défense nationale avait eu la douleur de perdre sa femme, dont la piété, la charité, édifiaient le pays. M. Glais-Bizoin, dont les erreurs politiques furent déplorables, n'en était pas moins un homme de cœur, et il n'avait pu mauquer d'être touché de tant de vertus. C'est à cette douce influence sans doute qu'il a dû son retour à la vérité. › M. Glais-Bizoin, avant de mourir, s'est confessé et a reçu le sacrement de l'extrême-onction.

Le 30 octobre, mourait à Saint-Brieuc Mile Caroline de la Villéon, qui, sous le nom de Blanche de Rosarnoux, a donné à la Revue (18721873) une nouvelle intitulée Le Déclassé.

« Les pauvres, lisons-nous dans l'Indépendance bretonne, perdent en elle une bienfaitrice insigne; sa famille et ses amis, un cœur dévoué jusqu'à l'héroïsme; la société, une femme d'un charmant esprit, écrivain distingué qui savait encore être poète et artiste à ses heures. Elle trouvait dans sa fortune, dont elle ne se réservait que la plus petite part, des ressources pour toutes les détresses; dans son cœur des paroles aimables et consolantes pour toutes les situations, et dans ses journées du temps pour tous les travaux: c'est ainsi qu'après de longues heures passées en oraison, recueillie au pied des autels, après de nombreuses visites aux malades et aux pauvres, son aiguille diligente habillait les orphelins et parait les autels, son pinceau ornait les chapelles et les églises, sa plume souple, fine et élégante, écrivait Marguerite de Nobletz, les Biographies bretonnes, et une foule de jolies nouvelles publiées sous le voile da pseudonyme. >

— Voici un entrefilet coupé dans un petit journal de Paris et qui n'est pas sans intérêt pour nous :

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« OEuvre d'art et de patriotisme. Depuis dix mois, Paul Baudry fait les études préparatoires de douze fresques qu'il doit consacrer à Jeanne d'Arc dans le Panthéon. Sans être indiscret, nous pouvons dire que le peintre apporte à ses recherches le zèle et la prudence d'un historien. Il passe en revue toutes les miniatures contemporaines du règne de Charles VII, et en fait de nombreuses copies; il veut que son travail soit aussi près de la vérité que possible. >>

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Le 31 octobre, a eu lieu, à Nantes, une assemblée générale de la Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne. La séance a été ouverte par une allocution de M. A. de la Borderie, qui, après avoir remercié de l'honneur qu'on lui avait fait en l'appelant à la présidence, a montré combien la fondation de cette nouvelle Société était utile, et combien la Bretagne, qui au siècle dernier s'était placée à la tête du mouvement historique, s'était depuis laissé distancer par les autres provinces voisines. Maintenant cette œuvre est fondée, et les marques de sympathie qui arrivent de toutes parts, permettent de bien augurer de l'avenir.

La Société passe ensuite à l'admission de 17 nouveaux sociétaires, parmi lesquels nous citerons S. E. le cardinal-archevêque de Rennes, notre compatriote, M. Ch.-L. Livet, le littérateur bien connu, la Société académique et la Société des Beaux-Arts de Nantes.

Un grand nombre d'ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société, sont

déposés sur le bureau; entre autres, la Correspondance de Charles VIII et les Documents généalogiques du chartrier de Thouars, ces magnifiques livres de M. le duc Louis de la Trémoille.

On a voté la publication de volumes de Mélanges ou Variétés bibliographiques auxquels tous les membres de la Société sont appelés à collaborer; puis M. de la Borderie a terminé la séance, en analysant la Conquête de la Bretagne par Charlemagne sur le roi Aquin, que la Société doit éditer prochainement. Ce poème, qui fait partie de la geste du roi, a été écrit sous l'impression profonde, laissée en Bretagne par les invasions des Normands. Contrairement à ce que l'on remarque dans les chansons de geste, où les récits de bataille s'enchaînent avec une monotonie désespérante, ce poème offre des épisodes gracieux et dramatiques, qui lui donnent un intérêt tout particulier.

Ce compte rendu, qui a été chaleureusement applaudi, a fait désirer à tous la prompte apparition du nouveau volume.

LOUIS DE KERJEAN.

BIBLIOGRAPHIE BRETONNE ET VENDÉENNE

ALMANACH POPULAIRE DU MARIN FRANÇAIS POUR 1878. In-18, 72 p. Nantes, imp. Bourgeois; tous les libraires.

» 15

FLEURS DE BRETAGNE, suivies de Jérusalem détruite (poème historique); par Édouard Frain. In-16, Rennes, Plihon... ... 3 fr.

FORTIFICATIONS (LES) DE PARIS ET LES ARMES NOUVELLES; par Constant Guimard. 2e édition, in-12, 30 p. Nantes, imp. Bourgeois; lib. Mazeau; M. Morin; Rennes, lib. Fougeray.

HISTOIRE DE TIFFAUGES; par Louis Prével, architecte, membre de la Société archéologique de Nantes. In-8°, 208 pp. Nantes, imp. Vincent Forest et Emile Grimaud.

M. RECIPON, ses aventures électorales et ses métamorphoses; par Th. Le Gouriérec, son portraitiste ordinaire. In-12, 88 pp. Nantes, imp. Plédran. 1 fr.

MONUMENTS (LES) MÉGALITHIQUES DE TOUS PAYS, leur âge et leur destination, avec une carte et 230 gravures, par James Fergusson, ouvrage traduit de l'anglais par M. l'abbé Hamard, prêtre de l'Oratoire de Rennes. Un beau vol. in-8° raisin. Rennes, lib. Berthelot et les principaux libraires, Paris, Haton...

9 fr.

QUESTIONS (LES) BRULANTES. Lettres à M. Émile de Girardin; par Ernest Merson. In-8°, 243 p. Nantes, imp. Merson; Paris, lib. Amyot. 2 fr.

QUESTIONS DE DROIT MARITIME, par Alfred de Courcy, administrateur de la Compagnie d'Assurances générales. In-8°, 420 pp. Paris, A Cotillon, rue Soufflot, 24.... 5 fr.

STATUTS ET RÈGLEMENT DES HOSPITALIERS-SAUVETEURS BRETONS; rédigés par H. Nadault de Buffon, leur fondateur, avec 2 pl. en couleur, gravées par Portier de Beaulieu, administrateur et dignitaire de la Société. In-8°, 358 p. Rennes, imp. Leroy fils; Paris, lib. Furne, Jouvet et Cie.... 2 fr. 50

TRANSFORMATION SURNATURELLE DE L'HOMME AVANT ET APRÈS LA MORT, avec une préface sur divers sujets; par M. l'abbé Rouillot, prêtre du diocèse de Rennes. Paris, Haton, libraire-éditeur; Rennes, Plihon. 6 fr.

VRAIS (LES) AMIS DU PEUPLE. Notices biographiques sur quelques ecclésiastiques chers à la Bretagne, notamment aux diocèses de Rennes et de Saint-Brieuc, par un ancien magistrat. Se vend dans le but d'élever un modeste monument à la mémoire de M. l'abbé Blanchard, et aussi a profit de diverses œuvres de bienfaisance. Rennes, Fougeray.

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