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a laissé la parole à M. Arthur de la Borderie, le savant et aimable directeur de la Revue de Bretagne et de Vendée que chacun connaît, leque a présenté à l'assistance le premier volume publié par la Société.

Cet ouvrage, dont tout l'honneur lui revient au point de vue critique, littéraire et bibliographique, a pour titre: ŒUVRES FRANÇAISES D'OLIVIER MAILLARD SERMONS ET POÉSIES PUBLIÉS D'APRÈS LES MANUSCRITS ET LES ÉDITIONS ORIGINALES, AVEC INTRODUCTION, NOTES ET NOTICE, PAR ARTHUR DE LA BORDERIE, MEMBRE DU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES.

C'est un bel in -40o de 200 pages, superbement imprimé par MM. Vincent Forest et Émile Grimaud, sur papier vergé à bras, en caractères elzéviriens neufs, avec marques, fleurons et culs de lampe, et orné d'un portrait authentique, finement gravé sur bois.

Pendant que chacun feuillette avec une réelle satisfaction ce remarquable ouvrage et en admire l'exécution typographique, M. de la Borderie donne sur la vie et les ouvrages du moine Maillard les détails les plus piquants. D'après lui, le savant théologien du XVe siècle serait nonseulement Breton, mais encore Nantais. Enfin, des citations tirées des sermons qu'il prêcha soit à Nantes, Bruges, Toulouse ou autres lieux, excitent tour à tour l'hilarité ou l'admiration de l'auditoire. Si nous aviors le talent de notre maître, M. de la Borderie, nous succomberions volontiers, nous aussi, à l'envie de donner quelques extraits, mais, outre que nous craindrions d'être trop long, nous préférons laisser aux bibliophiles le plaisir de savourer seuls la primeur qui leur est offerte et de s'esbaudir tout à leur aise, comme disait maistre François Rabelais, aux passages les plus curieux de cette œuvre intéressante.

Longtemps encore M. de la Borderie a tenu son auditoire sous le charme de sa parole sympathique, et certes ce n'est qu'avec regret que l'on a vu se terminer sa conférence et que l'on est passé à la seconde partie de l'ordre du jour qui appelait la nomination des membres du bureau.

Cette élection s'est faite par acclamation, et à part celle du secrétaireadjoint (M. Le Quen d'Entremeuse, dont le nom avait été prononcé tout d'abord, ayant quitté Nantes depuis peu de jours pour aller remplir dans un département voisin des fonctions importantes), le bureau a été définitivement constitué comme suit:

Président: M. Arthur de la Borderie, ancien député d'Ille-et-Vilaine, menibre du comité des travaux historiques, directeur de la Revue de Bretagne et de Vendée, etc. Vice-présidents: MM. le général Mellinet et Henri Lemeignen, avocat. Secrétaire: M. de Granges de Surgères. Trésorier: M. Alexandre Perthuis. Bibliothécaire-archiviste: M. de la NicollièreTeijeiro.

Enfin, la Société, voulant rester essentiellement bretonne et conserver

avec toute la province les relations les plus suivies, a procédé à la nomination de ses représentants dans les cinq départements de la Bretagne. Ont été successivement acclamés: pour l'Ille-et-Vilaine, M. Sigismond Ropartz; pour le Morbihan, M. Audren de Kerdrel, vice-président du Sénat; pour les Côtes-du-Nord, M. Gaultier du Mottay; pour le Finistère, M. Louis de Kerjégu, ancien député; — et pour la Loire-Inférieure, M. René Kerviler, ingénieur à Saint-Nazaire.

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Bref, cette séance a été fort intéressante à tous égards et les applaudissements qui ont salué la proclamation des noms que nous venons de citer, prouvent que les choix sont heureux et que cette nouvelle Société porte en soi les éléments de vitalité et d'existence qu'elle était en droit d'espérer. Souhaitons-lui donc de cœur longue et heureuse durée, et cela autant pour l'honneur des lettres que pour la gloire de notre pays.

A. DE GRANGES DE SURGÈRES.

BIBLIOGRAPHIE BRETONNE ET VENDÉENNE

ABRÉGÉ DE LA VIE, DES ŒUVRES ET DES VERTUS DE PIERRE-AUGUSTIN CORNU, CURÉ DE GUERANDE depuis le 17 avril 1829 jusqu'au 24 mai 1833, etc., par P. Sotin. In-12, 152 p. Nantes, imp. Bourgeois; lib. Mazeau.

BULLETIN ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU DÉPARTEMENT d'Ille-et-VilainE. T. 40. In-8o, XVIII-406 p. Rennes, imp. Catel et Cie. ÉDUCATION (L') PAR L'INSTRUCTION, étude morale et philosophique sur l'enseignement primaire. Conférence faite à la Société d'émulation de Saint-Brieuc, par Fr. Lucas, agrégé de l'Université, inspecteur d'Académie des Côtes-du-Nord. In-8°, 24 p. Saint-Brieuc, imp. et lib. Guyon.

FÊTES (LES) DU COURONNEMENT DE N.-D. DE LOURDES (vers); par l'abbé Bouteau, professeur au petit séminaire des Sables. In- 80, 8 p. Les Sables, imp. Lambert.

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GENERAL (LE) COLLINEAU, des Sables-d'Olonne (Vendée); par Ludovic Vallette, juge suppléant au tribunal des Sables-d'Olonne. In-8°, 37 p. Les Sables-d'Olonne, lib. E. Mayeux.

JOURNÉE (LA) DEs Barricades et la Ligue a Rennes. Mars et avril 1589. D'après des documents contemporains inédits; par S. Ropartz. In-18, 146 p. Rennes, imp. Catel; lib. Plihon.

Extrait des Mémoires de la Société archéologique.

NOTE SUR LES MICAS. Mica primitif d'Orvault (Loire-Inférieure); par Ch. Baret, membre de la Société géologique de France. In-8°, 7 p. et 1 pl. Nantes, imp. Ve Mellinet.

Extrait des Annales de la Société accadémique de Nantes, 1876, 2 sem.

NOTICES HISTORIQUES ET ARCHéologiques sur LES PAROISSES DU CANTON DE LOUVIGNE-DU-DÉSERT; par M. L. Maupillé, membre de la Société d'archéologie d'Ille-et-Vilaine. In-8°, 132 p. Rennes, imp. Catel et Cie. Extrait des Mémoires de la Société d'archéologie d'Ille-et-Vilaine.

TIMOTHÉ pé diviseu a zivout er fé hag en espéranç a grechéneah. In-12, JI-471 p. Vannes, imp. Galles.

LETTRE PASTORALE ET MANDEMENT

DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE NANTES A L'OCCASION DE SON ENTRÉE DANS SON DIOCÈSE

JULES-FRANÇOIS LE COQ

Par la grâce de Dieu et l'autorité du Saint-Siége Apostolique

ÉVÊQUE DE NANTES

Au clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Que les desseins de Dieu sont impénétrables, N. T.-C. F.! Du haut de son trône, il embrasse d'un seul coup d'œil et dirige à son gré les divers événements du monde. Nos destinées sont entre ses mains; il en dispose en maître absolu. Et nous, faibles mortels, en face des manifestations de cette volonté suprême, que pouvons-nous, sinon incliner humblement la tête et adorer en silence? Ne serait-ce pas une présomption insupportable que d'oser entrer, même un seul instant, en discussion avec Celui qui se nomme et qui est en réalité la Puissance et la Sagesse infinie? De quel droit l'atome viendrait-il demander au Créateur de l'univers pourquoi, dans le plan du vaste édifice, telle place lui fut assignée de préférence à telle autre? Pénétré de ces maximes, N. T.-C. F., Nous Nous sommes efforcé depuis longtemps de Nous tenir dans une disposition d'esprit et de cœur qui Nous permit, même dans les circonstances les plus imprévues, de Nous abandonner entièrement aux vues et aux desseins de la Providence à Notre égard. Aussi, lorsque Nous arriva tout à coup la nouvelle de Notre translation sur le Siége Episcopal de Nantes, Notre premier mouvement fut-il de saisir le crucifix qui était sous Nos yeux, d'y coller Nos lèvres et de dire en union avec la sainte Victime: Non mea voluntas, sed tua fiat! TOME XLII (II DE LA 5o SÉRIE).

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(Luc. XXII, 42.) Cependant, N. T.-C. F., Nous ne pouvons le dissimuler, le calice Nous parut bien amer. Dès ce moment, Nous aperçûmes les liens intimes et sacrés qu'il Nous faudrait bientôt rompre. D'autre part, l'avenir, avec sa nuit sombre, pleine d'incertitudes et de mystères, se dressa devant Nous comme une apparition menaçante. Quelles angoisses, mon Dieu! quelles tristesses! quels déchirements! Et à cette heure douloureuse, Nous ne pûmes que Nous écrier avec le prophète O Seigneur, l'âme de votre serviteur est dans un trouble extrême, ne viendrez-vous pas promptement à son secours? Anima mea turbata est valde, sed tu Domine, usquequo ? (Ps. VI, 4.)

Pourriez-vous en être surpris, N. T.-C. F.? Trois ans ne se sont pas encore écoulés depuis le jour où, après avoir reçu l'onction qui fait les Pontifes, Nous quittions Notre pays natal et une paroisse qui Nous sera toujours chère. Le Vicaire de Jésus-Christ Nous envoyait alors vers cette Eglise de Luçon, qui devait à son tour se montrer envers Nous et si douce et si bonne. Que ne fit-elle pas, dès Notre arrivée, pour Nous alléger le fardeau de la charge épiscopale? Elle sema des fleurs sur toutes Nos voies, et ses lèvres n'ont jamais su Nous redire que des paroles consolantes et suaves. Qu'ils étaient radieux ces jours, où prêtres et fidèles se pressaient respectueusement et avec enthousiasme autour de Nous, à l'entrée de nos bourgades comme à l'entrée de nos cités, et surtout pendant nos beaux pèlerinages, à Rome, à la Délivrande, à Mervent, et tout récemment encore aux pieds de la grotte miraculeuse que domine la sainte image de NotreDame de Lourdes! O famille sacerdotale, si tendrement aimée! Belles et ferventes communautés de l'Union-Chrétienne, de SaintLaurent, de Chavagnes et de Mormaison; pieux enfants du Père Eudes, du Père Montfort et du Père Baudouin, non, celui qui fut votre évêque ne vous oubliera pas !

Terre de la Vendée, où fleurissent encore sur un sol arrosé du sang des héros, la religion, la générosité et l'honneur, heureux qui a pu te voir et te connaître, ne fût-ce qu'en passant, comme passe le voyageur ! Plus heureux celui auquel il serait permis de fixer auprès de toi sa tente, pour s'y reposer et y mourir!

Vous Nous pardonnerez aisément, N. T.-C. F., ce regard ému vers un passé plein de charmes qui, en ce moment, s'éloigne et s'échappe,

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hélas ! sans retour. Pourquoi Nous serait-il défendu d'adoucir, autant que possible, l'amertume des larmes de ceux qui furent Nos enfants et qui Nous pleurent? Aimer la Vendée, du reste, n'est-ce pas déjà aimer la Bretagne ? On l'a dit, et rien n'est plus vrai, la Bretagne et la Vendée sont sœurs. Mille traits de ressemblance le prouvent : mêmes souvenirs, mêmes traditions, mêmes usages, même fermeté dans les principes, même ardeur pour les défendre, même dévouement à toutes les grandes et nobles causes!

D'ailleurs, N. T.-C. F., Dieu a fait le cœur de l'homme à l'image de son propre Cœur. Sous l'action de la grâce, au souffle fécond de la charité, ce cœur humain, naturellement si étroit et si faible, est capable de s'élever, de s'étendre, de se dilater comme à l'infini, à mesure que s'étend et s'élargit lui-même l'objet de ses légitimes affections. Privilége glorieux, phénomène admirable qu'il est facile de constater, à chaque page, en lisant l'histoire de nos Pontifes et de nos Apôtres. Tous, à la vue de cette multitude d'âmes dont le salut leur était confié, ont pu redire après saint Paul: Os nostrum patet ad vos..., cor nostrum dilatatum est (2 Cor. vi, 11).

Et n'avez-vous pas vu vous-mêmes ce prodige de sainte tendresse éclater dans la vie comme dans la mort de Notre Vénérable Prédécesseur? A quoi bon parler de nouveau des qualités brillantes qui le distinguaient à un si haut degré ? Une voix dont les accents retentissent encore à nos oreilles, les célébrait naguère avec une rare éloquence. Que pourrait-on ajouter à ce magnifique éloge qui vient de consacrer à tout jamais la mémoire de l'illustre défunt? Disons seulement que, chez Monseigneur Fournier, rien ne le cédait à la bonté du cœur. Son esprit était vif et ouvert son intelligence ornée; sa parole facile; son imagination gracieuse; mais surtout il savait aimer. Il aimait toutes les brebis de son troupeau; et si parfois il semblait faire acception de personne, c'était constamment en faveur de l'ouvrier honnête, de la famille indigente, de tout ce qui est faible, petit, délaissé, sans secours, sans asile et sans pain. Il aimait son diocèse; il en était fier; il en parlait avec effusion; et malgré mille fatigues, il en parcourait les diverses parties avec une véritable allégresse. Qui de vous, N. T.-C. F., ne l'a vu, qui de vous ne l'a entendu, dans ces jours de visites pastorales, où ses lèvres, inspirées par son cœur,

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