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bliophile, nous commençons aujourd'hui, ex abrupto, par les premières choses qui nous tombent sous la main. Si nos chers bibliophiles veulent bien les accepter comme suffisantes, nous nous engageons volontiers à ne jamais leur donner rien qui ne soit au moins de même valeur et de même intérêt. Le petit conte de l'abbé de Voisenon intitulé: Tant mieux pour elle, commence notre volume. Calonne, à qui on voulait l'attribuer, n'a fait nul ouvrage de ce genre, tandis que Voisenon en a fait beaucoup. Favart, son ami et son collaborateur, l'affirme, du reste, dans sa correspondance littéraire avec le comte Du Razzo. Il dit que Voisenon était aussi respectable par ses mœurs que par son état, mais qu'il fut obligé de faire cette petite débauche d'esprit par complaisance pour une grande dame (probablement. la comtesse de Turpin) qui avait exigé de lui un ouvrage dans le genre du Sopha ou des Bijoux indiscrets. Ce détail en ferait remonter la composition vers 1744 à 1746, bien que la seule édition parue (celle sans date que nous réimprimons) n'ait paru que vers 1760. Favart était propriétaire de ce manuscrit: un libraire, le lui ayant volé, le publia, et Voisenon alors écrivit au duc

de Choiseul pour qu'on .saisît l'édition, ce qui lui fut accordé. Cet ouvrage est devenu fort rare.

Dans notre prochaîne livraison, nous donnerons une curieuse petite bibliographie encore inédite, et due à notre ami Philom neste junior, celle des Ouvrages à titres singuliers et bizarres.

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TANT MIEUX

POUR ELLE

CONTE PLAISANT (1)

A VILLENEUVE

De l'Imprimerie de l'Hymen.

CETTE ANNÉE.

(Pour le nom de l'auteur, et autres détails bibliographiques,

voir l'Avant-propos.

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e prince Potiron étoit plus vilain que son nom; le prince Discret étoit charmant; la princesse Tricolore étoit plus fraîche, plus brillante qu'un beau jour de printemps, elle détestoit Potiron, elle adoroit Discret; et fut forcée d'épouser Potiron. Tant mieux pour elle.

Il n'y a point d'art dans cette façon de conter le dénouement en même temps que l'exposition; mais on n'est pas dans le secret du tant mieux, et c'est ce que je vais développer ici avec toute la pompe convenable à la gravité du sujet.

Potiron, quoique laid, sot et mal fait, n'étoit pas légitime. Sa mère étoit si exécrable, qu'aucun homme n'avoit eu le courage de l'épouser; mais

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