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à aucun besoin, ne porterait la lumière nulle part, et ne nous aiderait pas d'un iota dans la répression du charlatanisme; inutile et impuissante, elle n'a, pour sa création, aucune raison d'être.

>> Mais admettons, contre toutes probabilités, que les conseils de discipline contrôlent notre vie médicale, et parviennent à connaître des faits répréhensibles et indignes de notre honorabilité : comment les atteindront-ils ? par quels moyens les réprimer et les punir?

» La peine sera-t-elle matérielle ou morale?

Matérielle, amende ou prison; elle est impossible; car, dans l'état de notre législation, les tribunaux seuls peuvent appliquer de semblables peines. Le châtiment se traduira-t-il par la suspension plus ou moins prolongée de l'exercice de la profession? Mais alors il faut une loi nouvelle, et soyez assuré que jamais pareille loi ne sera faite, car elle serait absurde: une loi pénale, en effet, n'existe qu'à la condition de la possibilité de la pénalité qu'elle institue; or, avec le secret qui protége la profession médicale, et par la nature même de cette profession, qui, nous le répétons, osera venir écouter aux portes de nos cabinets de consultation, ou nous suivre dans l'intérieur des familles? Attachera-t-on un gendarme à la personne de celui d'entre nous qui sera suspendu? Mais une visite médicale se transforme en visite amicale, et il faudra initier le gendarme aux affaires les plus intimes du foyer domestique! Le gendarme étant impossible, on recourra à la prescription, et cette preuve écrite de l'exercice médical sera refusée par les pharmaciens et saisie par l'huissier. L'expédient serait peut-être moins absurde, s'il était possible de porter le nom du délinquant à la connaissance de tous les pharmaciens de la France, car nul n'ignore qu'une prescription médicale formulée, par exemple à Paris, peut être exécutée à Marseille. Dans les petites localités où ce moyen semblerait applicable, la peine disciplinaire serait plus facilement éludée que dans les grandes villes,

parce que les liens d'amitié et souvent même de parenté, unissent presque toujours un médecin et un pharmacien.

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» Ce que nous disons ici a été si souvent exposé, que partisans des conseils de discipline ont fini par se rendre à l'évidence de l'absurdité de peines disciplinaires matérielles, et que, dans leur obstination, ils se rabattent sur les peines disciplinaires morales.

>> Mais ils ne sont pas plus heureux sur ce terrain que sur l'autre, et le châtiment moral n'est pas plus réel que le châtiment matériel.

>> Malheureusement pour la dignité de la profession médicale, il y a eu de tout temps, et nous avons de nos jours des charlatans émérites qui, bien justement à coup sûr, sont mis au banc de notre profession! Que leur fait la réprobation de leurs confrères! Les empêche-t-elle de faire leur chemin dans le monde? M. Velpeau, avec cette fine observation et ce bon sens qui le caractérisent, a proclamé l'inutilité de nos plaintes en face du crédit dont les charlatans jouissent dans les hautes classes de la société. « Sans les hautes classes de la société, me disait un jour un confrère lancé sur la plus haute mer de la publicité, je n'aurais jamais fait mes affaires! Pour le public, la réprobation médicale est une manifestation de l'envie et de la jalousie, et soyez assuré qu'un arrêt du conseil de discipline serait une recommandation que les charlatans rechercheraient au lieu de la redouter. >>

>> La conscience!... Les charlatans ont-ils de la conscience, et ne faut-il pas qu'ils soient châtrés de cet organe avant d'entreprendre le métier qu'ils font?

C'en est assez pour aujourd'hui, il nous suffit de rappeler à la réalité des choses nos confrères chez qui l'enthousiasme et les nobles instincts remplacent la raison, et de leur montrer et prédire un échec certain pour toutes les tentatives qui seront faites en faveur de cette chose absurde et niaise appelée les conseils de discipline pour les médecins. »

Dans la commission nommée par la société du 2o arrondissement M. Béhier figure comme président, et nous nous sommes demandé ce qui pouvait pousser M. Béhier à ces parades de vertu. Ce médecin pose, dans les petits banquets, dans les petites sociétés, pour la médecine honnête. Le protégé de M. Guizot a tort de se mettre tant en évidence, personne n'a perdu le souvenir de ses malheurs en 1848, ni de ses trop nombreux bonheurs avant cette époque. L'honnêteté suppose toujours un certain désintéressement; et, quand on a reçu de fortes leçons, on ne devrait pas faire la leçon aux autres. M. Béhier ferait bien de se tourner vers la médecine utile, première condition de la médecine honnête.

J. P. TESSIER.

LA PHARMACIE AU XVIII SIÈCLE

JUGÉE PAR STAHL.

« Je me suis servi autrefois d'une manière de parler qui a fait bruire, frémir, grincer, rugir, disant qu'entreprendre d'expurger avec ordre la pharmacie de notre siècle était plus qu'un travail d'Hercule, qui entreprit de nettoyer les étables d'Augias, et qu'il s'agissait ici d'une étable, non pas de chevaux, mais d'ânes. Or, quel est le praticien, honnête de cœur, habile, sérieux, qui ne sait que la pharmacie de notre temps abonde en remèdes superflus, impuissants, incertains, absurdement composés et dangereux, laissés tant par les anciens médecins que par les droguistes grecs et arabes, qu'elle est encore salie par les mensonges téméraires et im

prudents des charlatans, des gens de foire, des charbonniers, des barbiers (ciniflonum) et des stupides empiriques, qui, accompagnés de commentaires orduriers, résonnant de tous les superlatifs, sont tellement préconisés, que ces faiseurs de tours publics dans les foires et dans les marchés, avec les éloges de leurs ordures, qui cependant valent autant souvent que les mensonges dorés de la rhétorique, sont à bon droit ridicules? Et certes, ces derniers remèdes sont des fumiers d'âne qu'aucun fleuve ne pourrait laver. »

(A.-E. Stahl, Ars sanandi cum expectatione, 250; Stahl et l'Aninisme, par M. A. Lemoine. Paris, J.-B. Ballière et fils, 1858, 8, p. 123.)

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Il est utile de constater de temps en temps le mouvement scientifique des réformes médicales, et en particulier de l'homœopathie.

L'homœopathie a fait son entrée dans le monde entachée d'un vice originel qu'elle expie encore, et dont nous voyons avec plaisir qu'elle cherche peu à peu à se laver. Ce péché originel est l'esprit de secte qui animait son fondateur, et l'état de révolte déclarée où il avait constitué son œuvre contre l'ancienne médecine; c'est le mépris le plus superbe et la négation la plus absolue de la tradition. Au lieu de borner sa gloire à une admirable réforme de la thérapeutique, Hahnemann s'était fait en quelque sorte le grand prêtre d'une religion nouvelle, le prophète d'une médecine révélée, écrite sous la dictée de l'Etre suprême, et qui devait être substituée à la constitution traditionnelle de la science: prétention étrange, inadmissible, bien propre à dénaturer le véritable caractère et à paralyser le libre essor de la réforme thérapeutique moderne. Ces exagérations et ces erreurs vont heureusement se dissipant chaque jour. Ainsi que le faisait remarquer naguère encore, TOME X. NOVEMBRE 1859.

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