troduits dans l'intestin, ou l'irritation plus ou moins violente suscitée par les purgatifs et les drastiques, ne seront-ils pas un obstacle de plus au travail de la nature, en apportant un trouble intempestif à ses opérations? Que l'on nous permette une dernière citation empruntée au livre de M. Grisolles, et l'on verra si notre critique de la plupart de ces indications mécaniques n'est point nettement, d'ailleurs, avérée. « L'art, » dit l'auteur, qui consacre à peine quelques lignes au traitement du volvulus, « l'art est à peu près impuissant contre les invaginations. Les purgatifs, qui sont d'un usage vulgaire dans tous les cas d'occlusion des intestins, sont peut-être plus nuisibles qu'utiles, car l'invagination se faisant, presque toujours, de haut en bas, ils doivent, en excitant des contractions péristaltiques, tendre toujours à l'augmenter. On conçoit aussi que les balles métalliques et le mercure, tant préconisés par les anciens, et qu'on donnait par les voies supérieures, devaient, loin de dégager la portion invaginée, l'enflammer au contraire davantage.. L'auteur ajoute que les seuls moyens rationnels à employer dans les cas d'invagination sont les antiphlogistiques. Or, en admettant cela, il est évident que ces antiphlogistiques n'ont de prise que sur les accidents inflammatoires de l'intestin et du péritoine qui se développent secondairement à l'intus-susception. Donc ce n'est pas contre cette cause organique des accidents que l'on dirige l'indication. Ce que nous disons du volvulus s'applique par analogie aux autres dispositions anatomiques de la passion iliaque, diverticules, nœuds, adhérences, etc. Faut-il conclure que le médecin a peu d'intérêt à connaître la diversité des troubles organiques que la maladie peut susciter? Telle n'est pas notre pensée. Il serait absurde de contester l'utilité et l'importance de cette étude. Comme la plupart des maladies, la passion iliaque a ses formes distinctes, tirées de l'ensemble et de l'évolution de ses phénomènes apparents ou cachés. Les lésions gardent son empreinte à l'égal de ses symptômes, et le regard du médecin doit embrasser, autant que possible, ce double hémisphère de la maladie. Bien plus, nous reconnaissons que les lésions peuvent acquérir parfois une importance qu'il n'est pas permis de méconnaître et jouer un rôle qu'il convient de surveiller. Ainsi le siége de la fausse membrane, sur les lèvres de la glotte, fait souvent toute la gravité du croup en provoquant l'asphyxie; et les progrès insolites d'une ulcération intestinale amènent la perforation et la mort, dans les formes les plus bénignes de la fièvre typhoïde. De même, dans la passion iliaque, si le malade résiste à l'acuité des premiers symptômes, l'invagination de l'intestin le placera en face d'accidents consécutifs, tels que l'élimination de la portion invaginée et mortifiée, et la cicatrisation de la perte de substance intestinale, que l'on n'aura pas à craindre des autres lésions de la maladie. Nous ne contestons dans le mécanisme des lésions que le rôle exagéré qu'on leur attribue comme cause formelle de la passion iliaque, c'est-à-dire comme cause en vertu de laquelle cette maladie a son essence propre, et, par conséquent, que l'indication trop absolue que l'on en tire; mais il ne serait pas moins déraisonnable, d'un autre côté, de tomber dans un excès contraire en 'ne tenant pas compte, dans une juste mesure, de la diversité des lésions, aux points de vue de l'analyse des symptômes des formes naturelles de la maladie et de la hiérarchie de ses indications. En définitive, la conclusion pratique la plus générale à laquelle nous voulons ici nous arrêter, est la suivante: Si la passion iliaque reconnaît pour cause première et nécessaire l'occlusion mécanique de l'intestin, de quelque manière fortuite que celle-ci arrive, les ressources ordinaires de la matière médicale sont généralement impuissantes pour résoudre l'indication. Si, au contraire, les désordres organiques loin d'être la cause ne sont que les produits de la passion iliaque, ou même s'ils ne jouent que le rôle accidentellement secondaire d'agents en puissance de manifester la prédisposition antérieure el définie à la maladie, on peut espérer, en s'adressant à cette prédisposition par les moyens appropriés de la thérapeutique, faire cesser les accidents et remplir ainsi la véritable indication. C'est ce qui ressortira avec plus d'évidence des chapitres suivants. (La suite au prochain numéro.) JULES DAVASSE. REVUE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE POUR LE 1 SEMESTRE 1859. L'Art Médical a déjà rendu compte de plusieurs questions débattues à l'Académie de Médecine, pendant la première moitié de cette année. Ces questions, soit à cause de leur importance, soit, au contraire, parce qu'elles n'avaient qu'un intérêt d'actualité, ne pouvaient être renvoyées à une revue bis-annuelle; aussi ont-elles été exposées et discutées au moment où elles se sont présentées à l'Académie. Il ne sera donc question ici ni du tubage de la glotte, ni de la trachéotomie, ni de la contagion des accidents secondaires de la syphilis, ni même du lait iodé. Le Muguet. - L'Escargot pharmaceutique. — Du muquet. -Le docteur Sirus-Pirondi a présenté à l'Académie de Médecine un mémoire 'contenant « deux faits relatifs tout à la fois à la transmission et à la production spontanée du muguet. » La première observation peut se résumer ainsi : Développement du muguet chez un nouveau-né, dans de bonnes con ditions hygiéniques, mais insuffisamment allaité. -Communication du muguet à l'enfant, d'une première, puis d'une seconde nourrice. La deuxième observation est identique Développement spontané du muguet chez un nouveau-né, puis transmission à deux autres enfants allaités par la même nourrice. Seulement, dans le dernier cas, on a constaté l'existence du champignon du muguet, dans les fissures du sein de la nourrice. Ces faits s'étant produits dans un moment où il n'y avait point d'épidémie du muguet, M. Sirus-Pirondi est fondé à conclure de leur ensemble, que le muguet peut naître spontanément et se transmettre par contagion. Cette communication a été l'objet d'un rapport et d'une discussion. Pour l'Académie, il s'agissait surtout de savoir si l'oïdium albicans était la cause ou l'effet du muguet. M. Chatain et M. Delafond ont été les principaux défenseurs de la théorie qui regarde l'oïdium comme la cause du muguet, mais la plupart des médecins de l'Académie ont semblé peu convaincus des raisons apportées par ces deux savants à l'appui de leur opinion. M. Chatain a soutenu sa thèse par le singulier raisonnement suivant : « L'oïdium existe toujours quand il y a du muguet, donc il en est la cause. » Argumentation comparable à celle-ci : « Il y a toujours des taches lenticulaires dans la fièvre typhoïde, donc les faches lenticulaires sont la cause de la fièvre typhoïde. ༥ Quand à M. Delafond, il voulait établir, par les faits, que l'oïdium est la cause du muguet, et il a prouvé précisément le contraire. Il résulte, en effet, d'expérimentations tentées par les vétérinaires, qu'il est impossible d'inoculer le muguet à des agneaux sains et bien portants, tandis qu'il s'inocule avec la dernière facilité aux agneaux chétifs et malades. Ce qui prouve que l'oïdium ne joue point ici le rôle de la cause du muguet, puisqu'il est impuissant à produire cette maladie en l'absence d'un état morbide préexistant. M. Robin nous semble avoir mieux compris le rôle de l'oïdium dans le muguet, pour lui c'est un phénomène de la maladie, et l'oïdium se développe dans un mucus altéré, comme les champignons sur les corps en voie de décomposition putride. Du reste, le discours de M. Robin est assez intéressant pour que nous le reproduisions ici: « Il est évident, lorsqu'on a étudié des cas variés de muguet, que la présence du champignon (l'Oïdium albicans, Ch. R.) n'est autre chose qu'un épiphénomène, qui vient compliquer une affection de la muqueuse, et quelquefois une altération de la salive, sans que la muqueuse soit primitivement malade. >> Les conditions qui favorisent le développement du champignon peuvent se rencontrer dans des affections diverses, mais c'est toujours comme épiphénomène qu'il apparaît. Ainsi que je l'ai dit ailleurs, les filaments du végétal se développent à la surface de l'épithélium, dont ils altèrent la texture; ils s'avancent dans la couche dû mucus visqueux qui adhère à ce dernier, et dans laquelle nagent des cellules épithéliales qui se détachent continuellement.' Les spores germent dans ce sol, s'y multiplient rapidement, adhèrent à l'épithélium, dont elles couvrent les cellules superficielles, et bientôt, mélangées aux cellules du liquide visqueux, elles forment avec les filaments tubuleux du végétal une couche blanchâtre épaisse, qui occupe la place de ce liquide. Cette membrane enlevée, ce n'est pas le derme de la muqueuse qu'on a sous les yeux, mais une couche d'épithélium de formation récente (ce que beaucoup d'auteurs, et Berg, avaient déjà constaté), plus ou moins épaisse qu'à l'état normal, mais presque toujours un peu altérée. Ce qui a fait penser à plusieurs physiologistes que le muguet se développe sous l'épithélium, qu'il déchire peu à peu pour tomber, c'est que, d'une part, l'adhérence aux cellules épithéliales des groupes de spores et des filaments qui en partent en nombre infini, est bien plus grande dans les premiers jours du développement du végétal, que plus tard. Cela tient, d'autre part, à ce que les couches superficielles d'épithélium contre lesquelles a lieu cette adhérence, sont repoussées et détachées par celles qui se développent incessamment au-dessous d'elles. On ne peut sans erreur considérer ces fausses membranes comme un produit inflammatoire superficiel de la muqueuse digestive, ni comme un produit de sécrétion viciée, ni comme analogue à une couenne fibrineuse, ni comme un produit de la coagulation d'un liquide quelconque, ni comme de véritables fausses |