de la sixième côte, en avant et sur les côtés, on perçoit un bruit de frottement pendant les inspirations profondes. L'état général s'améliore en même temps que l'état local. Pendant le repos, il n'y a plus ni oppression ni gêne de la respiration; l'enfant peut se coucher quelque temps sur le côté gauche; il reste assis sans oreillers; il se tient debout, mais il ne peut encore marcher. La faiblesse est encore fort grande, la maigreur effrayante, l'appétit et le sommeil bons. Pouls 90-96. Les selles exigent quelquefois l'usage d'opium ou de nux. Hepar. s. c., 4e trit., un grain en poudre, matin et soir. 28 juillet. — Lorsque je vis l'enfant pour la première fois, le 29 juin, le bras droit formait un angle aigu avec la ligne perpendiculaire du corps, dont il ne pouvait s'approcher à cause du soulèvement arrondi des côtes. Aujourd'hui le bras s'applique dans toute sa longueur sur la cage thoracique, le coude touche l'hypochondre, dont il était alors éloigné de l'épaisseur de trois doigts. La courbure des côtes a tout à fait disparu, les épaules sont perpendiculaires et parallèles. Le sternum est soulevé comme chez les oiseaux, les cartilages costaux sont fortement courbés, tandis que la partie latérale du thorax est aplatie. La matité a disparu jusqu'à la hauteur de la septième côte; on y entend la respiration vésiculaire; le malade marche sans soutien dans la chambre. Pouls entre 85 et 95 pulsations. Même prescription. 4 août. Les signes locaux sont les mêmes; il n'y a pas de changement à l'extérieur ou à l'intérieur du thorax. Pas de fièvre. Pouls, 86 pulsations. L'enfant passe toute la journée hors de son lit. L'embonpoint revient. Hepar. s. c., 4° trit., un grain en poudre le matin à jeun. 15 aout. Le côté droit de la poitrine se déforme en sens inverse de la déformation primitive, les faces externes et surtout antérieures se dépriment, ce qui la fait ressembler à un thorax d'oiseau ; malgré cela, ou mieux à cause de cela, puisque l'épanchement a disparu, la matité n'existe nulle part et la respiration vésiculaire s'entend jusqu'aux côtes inférieures. L'état général ne peut être meilleur. Même prescription. Jer septembre. Le traitement est suspendu. La guérison est parfaite. Aujourd'hui, au bout d'un an, la difformité du thorax est la même, mais ne gêne en rien les fonctions de la poitrine; l'enfant est fort, bien en point et aussi bien portant qu'avant cette grave maladie. Lorsque hepar. s. c. est employé à propos, il apporte, dès ses premières heures, au malade le pressentiment de sa guérison, et comme celle-ci dépend de la résorption de l'épanchement, on peut croire que celui-ci commence à diminuer dès les premières doses, puisque l'anxiété, la douleur, la crainte de la mort disparaissent presque de suite; c'est ce qui arrive, en effet, le plus souvent; j'ai vu des cas dans lesquels, dès le lendemain, la résorption était considérable. Dans le cas que nous venons de rapporter, l'épanchement ne s'est pas modifié pendant les cinq premiers jours, et cependant il y avait déjà une sensation de bien-être, puisque l'enfant s'entretenait tout le jour avec ses parents au sujet des aliments. Les progrès intimes de la guérison seront sans doute longtemps encore un énigme pour notre science. Si au troisième jour l'amélioration n'est pas sensible, on doit soupçonner que l'épanchement n'est pas fibro-plastique, et alors les symptômes deviendront bientôt tels que l'arsenic sera le seul médicament sur lequel on puisse compter. Son action est héroïque contre les épanchements séreux. Dans l'épanchement hémorrhagique il n'est pas besoin de se casser la tête à choisir un médicament, il n'y en a pas qui puisse guérir. «Non nocuisse sat est in tuberculosis. » Traduit de l'allemand par le Dr CHAMPEAUX. REVUE DES JOURNAUX SUR LES DANGERS DES PAPIERS PEINTS AUX VERTS ARSENICAUX. Mémoire de M. Baugrand. Note de M. Paillon. I Nous avons inséré dans notre Revue des Journaux du mois de février dernier quelques curieuses observations de M. S. Taylor, professeur de médecine légale à l'hôpital de Guy, à Londres, sur l'empoisonnement lent par le séjour dans une chambre tapissée de papier vert. Le mémoire suivant, inséré, par M. le docteur Beaugrand, dans la Gazette des Hôpitaux, du 1" et du 8 mars 1859, vient nous fournir de nouveaux et plus amples renseignements sur cette question. Des différentes sortes d'accidents CAUSES PAR LES VERTS ARSENICAUX Employés dans l'industrie Les verts arsenicaux nous viennent de l'Allemagne ; ils sont assez nombreux, et consistent en combinaisons diverses de l'acide arsénieux avec l'oxyde ou l'acétate de cuivre; tels sont les verts de Scheele, de Schweinfurt, de Braunschweig, de Neuwied, le mitisgrün, etc. En France, on ne connaît guère que les deux suivants : 1° Le vert de Scheele ou arsénite de cuivre, découvert, dans le siècle dernier, par le célèbre chimiste dont il porte le nom. On le prépare en précipitant un sel de cuivre par un arsénite alcalin. 2o Le vert de Schweinfurt, sel double d'arsénite et d'acétate de cuivre, découvert à Schweinfurt, en 1814, par Rulz et Sattler; il n'a été scientifiquement connu en France que depuis 1829, par les notes de Braconnot (Ann. de Phys. et de Chim., t. XXI, p. 53), et de Liebig (ibid., t. XXIII, p. 412). On l'obtient en mêlant les dissolutions bouillantes d'acétate de cuivre bibasique et d'acide arsénieux. Ces deux verts, d'une belle nuance, sont très-usités dans les arts, et surtout dans l'industrie des papiers peints. En leur qualité de sels arsenicaux, ils sont doués de propriétés toxiques qui ont depuis un certain temps attiré l'attention des observateurs. Leur action nuisible peut s'exercer de trois manières différentes : 1° Quand ils sont ingérés directement dans les voies digestives (intoxication de forme aiguë); 2o Par leurs émanations ou leurs poussières introduites dans les voies respiratoires (intoxication de forme chronique); 3o Par leur contact avec la peau (éruptions variables). 1o Effets des verts arsenicaux sur l'économie, par suite de leur introduction dans les voies digestives. Les verts arsenicaux introduits dans les voies digestives produisent des empoisonnements tout à fait semblables à ceux des autres composés arsenicaux ; c'est ce que démontrent: l'excellent travail de MM. Chevallier et Duchesne (Ann. d'Hygiène, 2o série, t. II, 1854), dans lequel ces auteurs ont rassemblé plusieurs faits d'intoxication par diverses substances, bonbons, etc., colorés avec le vert arsenical; le rapport du docteur Martini, de Wurzen, sur l'empoisonnement d'un grand nombre d'enfants d'un même village qui avaient mangé de petites figures en pain d'épice coloré (Ver. der Zeitschr., f. st. a. k. VIII, 2, 1850, et Schmidt's Jahresb., t. LXXI, p. 357); une observation du docteur Schultz-Henke sur un enfant empoisonné pour avoir sucé un grain de verre ainsi coloré (Pr. ver. Zeitschr., 18, 1854, et Schmidt's Jahresb., t. LXXXIII, p. 173); les faits cités à plusieurs reprises par le savant professeur Alf. S. Taylor, et ses plaintes réitérées sur le silence de la législation anglaise relativement à la vente des poisons (British and Foreign Med. chir. rev., t. XVIII, p. 551, 1844, et Guy's Hospit. rep., 2o série, t. VII, p. 218, 1851). C'est ce qu'a surtout démontré le docteur Meurer (Casper's Wochenschr., no 40, 1843) dans une série d'expériences sur les animaux vivants. Le vert de Schweinfurt, à la dose de 10 et même de 5 grains, a empoisonné des lapins dans l'espace de six heures, et l'arsenic seul a été retrouvé dans le foie; il n'y avait pas de traces de cuivre. Un chien, auquel on donna d'abord 10 grains, puis 20, fut sauvé par des vomissements. Un autre chien, moins robuste, succomba après l'administration d'une dose de 5 grains. Ici encore le foie ne renfermait que de l'arsenic. Mèmes ré sultats avec le vert de Scheele. Des expériences comparatives ayant été faites avec un sel plombique, le chromate de plomb (jaune orange), un lapin put prendre chaque matin, pendant treize jours, 10 grains de ce sel sans autres symptômes qu'un amaigrissement progressif. L'animal fut mis à mort le treizième jour. Suivant M. Meurer, les arsénites de cuivre sont promptement mortels par suite de leur rapide décomposition dans l'estomac et de la mise à nu de l'arsenic. Le cuivre, loin d'ajouter à la gravité de l'empoisonnement, tendrait plutôt à l'atténuer en raison de ses propriétés vomitives. Quant aux observations relatées plus haut, et qui ont presque toutes des enfants pour sujets, il est à remarquer que la guérison eut lieu, dans la plupart des cas, soit à cause de la faible quantité du poison ingéré, soit par le fait de vomissements qui se déclarèrent très-rapidement, dans certains cas, au bout de quelques minutes après l'ingestion. 2 Effets produits par les émanations ou les poussières arsenicales provenant des peintures ou des papiers de tenture dans les appartements. Le vert arsenical, employé en peinture dans les appartements ou étendu sur les papiers de tenture, peut-il donner lieu à des émanations susceptibles d'altérer la santé des personnes qui habitent ces appartements? Cette question a été sérieusement étudiée et controversée en Allemagne d'abord, puis tout récemment en Angleterre. L'éveil fut donné, en 1839, par Gmelin (Carls. Zeit., nov. 1839, et Chevallier, Ann. d'Hyg., t. XXXVIII, p. 77). Quelques années après, un médecin prussien fort distingué, M. Basedow, en fit l'objet de deux mémoires très-remarquables. Dans le premier, l'auteur rapporte plusieurs exemples d'empoisonnements véritables observés chez des personnes qui avaient occupé des chambres peintes ou tapissées au vert ar |