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lution classique, pour reprendre le huitième jour avec la période de suppuration. Ces phases n'ont rien que de prévu.

On est moins habitué à voir la fièvre durer pendant tout le stade d'éruption; j'ai observé trois cas de cette espèce, deux fois même le délire et l'insomnie ont persévéré pendant le stade entier avec une ténacité inquiétante.

Deux symptômes attiraient fortement l'attention des médecins avant la découverte de la vaccine: l'enflure du visage, celle des extrémités et la stomatite.

Ces symptômes paraissent à peu près ensemble, le deuxième ou le troisième jour de l'éruption. Il faut lire la description de Sydenham pour apprécier toute la valeur qu'une savante observation avait donnée à ces symptômes en les transformant en signes séméiotiques. Ils sont assurément d'une moindre importance dans la variole discrète que dans la confluente; mais dans les cas graves, litigieux, avant la découverte de la vaccine, ils avaient une grande valeur pour éclairer le médecin sur la marche de la maladie et son issue. La vaccine ayant supprimé le plus souvent la fièvre de la période d'éruption et le stade d'éruption lui-même, naturellement ces signes avaient perdu en importance tout ce qu'ils avaient acquis en bénignité. L'épidémie de cette année les a remis en relief. Ils ont paru plus intenses, et le nombre considérable de cas soumis à l'observation a permis d'en étudier fréquemment l'évolution comme signe pronostique; nous en avons apprécié toute la valeur dans les varioles discrètes graves.

Vers le huitième jour, au moment où l'éruption est dans toute sa force, le visage est très-enflé, ainsi que les mains et les pieds. Si la vaccine préserve, cet appareil de tuméfaction tombe rapidement, les pustules se dessèchent, l'attention n'est pas sollicitée par ces gonflements sous-cutanés; il n'y a, d'ailleurs, aucune utilité d'en faire état.

Si, au contraire, la suppuration s'établit, avec la reprise du mouvement fébrile qui marque le début de cette période,

on voit la tuméfaction du visage s'accroître encore, celle des mains se prononcer, enfin celle des pieds. Vers le onzième jour, ces tuméfactions commencent à diminuer progressivement. N'ayant pas vu mourir de variole discrète grave, elles n'ont donc ici, pour nous, d'autre valeur pronostique que celle de nous fixer sur la marche régulière de la maladie. Elles en ont acquis une considérable au point de vue des anomalies, comme nous le verrons tout à l'heure.

La stomatite est un symptôme propre à toutes les fièvres. Chaque fièvre a la sienne. On sait l'importance de celle de la fièvre typhoïde, celle de la variole est très-caractéristique, elle a de grands rapports avec la stomatite mercurielle. Pour plusieurs, cette affection symptomatique ne serait que le résultat de la présence des pustules sur le pharynx et la muqueuse buccale. Rien n'est moins exact. Pour s'en convaincre, il suffit d'étudier ces varioles anormales, où la stomatite fait défaut, encore que les pustules abondent dans la bouche.

Habituelle dans la variole confluente, la stomatite a peu manqué dans nos exemples de forme discrète grave. Quand période de suppuration se produisait, nous l'avons constatée aussi complète dans son évolution que dans quelle confluente que ce soit. Cette stomatite débute avec l'éruption. Une gêne se produit dans la gorge, les mouvements de déglutition deviennent douloureux; puis, que les pustules se montrent ou non dans les parties entreprises, on voit l'épithélium blanchir, et les malades répandre une salive visqueuse d'odeur nauséabonde, parfois fort abondante. Ce flux salivaire se tarit trèsvite si la suppuration n'intervient pas. Si, au contraire, le troisième stade s'établit, le flux augmente pendant les deux premiers jours; il diminue le troisième, c'est-à-dire vers le onzième jour de la maladie, à tel point que la déglutition des liquides devient temporairement difficile, même douloureuse.

Quatre fois j'ai observé de la diarrhée pendant ce stade de suppuration ou plutôt sur son déclin, c'était chez des enfants

non vaccinés. Deux autres fois, chez des adultes aussi non vaccinés; pendant trois ou quatre jours les malades avaient de six à huit selles par jour. Jamais je n'ai vu ce symptôme revêtir de gravité.

La fièvre, dans ces varioles discrètes graves, assez prononcée au début, n'a jamais été violente, elle affectait le soir le type rémittent. Ce mouvement fébrile n'était jamais plus fort que pendant le premier stade,

Ces exacerbations du mouvement fébrile coïncidaient avec des sueurs inutiles, en ce sens que jamais elles ne modifiaient aucun des caractères graves de la maladie, pas plus la fièvre que le délire; elles n'avaient même aucune influence décisive sur l'évolution des pustules. Nous n'irons pas jusqu'à dire, avec Sydenham, que ces sueurs contrarient la sortie de la variole ce serait faire état d'une théorie hippocratique que nous n'adoptons point; mais il est évident qu'il est parfaitement inutile d'exciter fortement les varioleux à transpirer. Dans la présente épidémie les médecins qui ont essayé de modifier le genre de la maladie par des sudorifiques énergiques n'ont eu que trop souvent l'occasion de constater l'inutilité de leurs efforts, surtout dans les formes anormales.

Dans le cours du stade de début, je n'ai jamais trouvé plus de cent trente pulsations. Pendant le stade d'éruption, souvent la fièvre était nulle; alors qu'elle persistait elle ne dépassait jamais quatre-vingt-dix ou cent pulsations le soir. Combien de fois s'est produit ce contraste singulier des malades ayant le délire si fort qu'on était obligé de les contenir dans leur lit et pas de fièvre appréciable!

Quand le stade de suppuration se produisait, la fièvre se ranimait avec le caractère de rémittence déjà signalé.

ED. DUFRESNE.

(La suite au prochain numéro.)

CLINIQUE MÉDICALE

D'une affection de la langue encore peu étudiée, deux cas de cette affection réputés à tort syphilitiques. · Affection syphilitique du nez prise pour un lupus. La maladie hémorrhoïdaire. Deux observations de maladies réputées affections organiques du cœur.

Les observations qui suivent m'ont paru mériter d'être publiées, en raison des difficultés qu'a offertes le diagnostic, des fâcheux résultats qu'ont donnés des médications mises en usage d'après un diagnostic erroné, et de la prompte guérison qui a suivi le traitement, basé à la fois sur une véritable connaissance de la maladie et sur les indications positives qu'elle présentait.

Trois de ces observations sur cinq sont relatives à des affections caractérisées par des lésions externes, dont deux à la langue.

I

D'une affection de la langue encore peu étudiée.

Les affections dont la langue peut être le siége n'ont pas été étudiées jusqu'ici avec les détails qu'elles méritent: en outre, en dehors de l'inflammation proprement dite, les auteurs ne se sont guère occupés que des lésions de cet organe dues à la syphilis ou au cancer.

Or, il en est une autre qui a été généralement passée sous silence ou méconnue, comme la plupart des affections des membranes muqueuses de la même nature; je veux parler de la glossite chronique de nature herpétique. Plus heureuse, la pharyngite chronique, dite granuleuse, a eu, depuis quelques années, le privilége d'attirer l'attention des observateurs, qui ont su découvrir la nature de cette affection, fort commune, en

gue

démontrant sa corrélation avec la diathèse herpétique. La lann'a pas été l'objet de la même étude, et cependant elle subit presque autant que la gorge l'influence de l'état général dont nous parlons, et souvent, ce qui est plus grave, elle devient, tant par l'effet de la maladie elle-même que par suite des moyens mis en usage pour la guérir, elle devient, dis-je, le siége d'altérations susceptibles de prêter aux erreurs de diagnostic les plus fâcheuses.

Les éléments me manquent pour essayer une étude pathologique de cette affection de la langue; je dirai seulement que, caractérisée au début par la rougeur de la muqueuse, le développement des papilles, une exfoliation épidermique plus ou moins étendue, elle offre, plus tard, les altérations les plus variées de l'organe, telles que induration partielle, fissures, ulcérations, transformations du tissu épidermique. Il y a des douleurs de cuisson et d'élancement, mais elles sont surtout déterminées par le contact des aliments et des boissons; la sensation de gêne et de sécheresse est permanente. Le plus souvent cette lésion est liée à un état dyspeptique avec ou sans hémorrhoïdes, et suit d'une manière très-remarquable les modifications que subit cet état lui-même. Légère, elle est ordinairement négligée et méconnue dans sa nature; plus étendue, quand elle s'accompagne d'induration et de fissures plus ou moins profondes, elle est souvent prise pour une affection syphilitique, voire même pour un cancer, et traitée en conséquence, on suppose avec quel résultat. Si l'on se borne à un traitement externe, c'est généralement aux cautérisations que l'on a recours, et si, sous leur influence, on obtient la cicatrisation d'une fissure, on remarque d'abord que la cicatrice ne tarde pas à se rompre, mais que, en outre, chaque opération nouvelle détermine, à la base de la fissure, un accroissement d'inflammation, d'où résulte une induration de plus en plus caractérisée et plus capable de tromper un autre observateur sur la nature du mal.

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