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lins. Les anomales avec ou sans hémorrhagies se manifestèrent. Les hémorrhagiques sévirent avec violence, et leur expression symptomatique fut terrible. Les populations s'émurent de ces morts rapides, précédées de phénomènes înusités. Cette forme, qui a frappé un grand nombre d'individus vaccinés, a servi de caractéristique à cette épidémie. Il ne faut pas croire cependant qu'elle ait été très-fréquente. Au moment où nous écrivons (mars), elle se présente encore parfois, mais moins souvent qué dans les mois de novembre et décembre. Les varicelles sont bien plus nombreuses depuis le mois de janvier, leur réapparition fait présager le déclin de l'épidémie. La fièvre typhoïde, contrairement à l'usage ordinaire, à peine observée pendant l'automne, se montre; la scarlatiné se propage. Cette substitution dans les espèces morbides est la meilleure preuve d'un changement dans la constitution médicale.

Nous avons reconnu, pendant cette épidémie, cinq formes principales de la maladie :

La forme discrète bénigne;
La forme discrete grave;
La forme confluente;

La forme anormale, hemorrhagique ou non ;
La varicelle.

Il est évident qu'il ne s'agit point ici dé décrire longuement ces cinq formes, mais uniquement de produire la physionomie de l'épidémie en faisant un tableau succinct de ses traits principaux, but que ne saurait atteindre une description minu tieuse où les traits de l'épidémie présente se confondraient avec ce qui est de la variole de tous les temps.

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Forme discrète bénigne. La forme discrète, de toutes a été la plus fréquente. Nos maîtres les plus autorisés: Morton, Van Swieten, Jos. Frank, Borsicri, la distinguent en discrète bénigne et en discrète maligne. Nous n'accorderons pas que nous ayons observé ces deux variétés dans toute la rigueur de la

description de Borsieri, par exemple; ce serait forcer l'expression symptomatique et produire des groupes trop artificiels. Il y avait cependant une foule de nuances depuis la variole la plus simple jusqu'aux plus compliquées d'incidents pathologiques. Il faut reconnaître immédiatement l'influence de la

vaccine.

S'il est un fait universellement reconnu aujourd'hui, c'est l'influence bienfaisante de la vaccine sur la période de suppuration. Sans aller jusqu'à la disparition totale du fléau, on avait espéré' davantage. Les vaccinés conserveront-ils le privilége de s'affranchir de la suppuration? Jusqu'ici on l'avait affirmé. L'épidémie de cette année semblerait vouloir imposer une limite à ces prérogatives. Non-seulement le nombre des vaccinés atteints a été considérable, mais en outre, parmi eux, ce que l'on croyait généralement impossible, on a vu se produire la période de suppuration. Nous avons apporté une attention particulière à l'observation de ces faits. Huit malades ont été at

teints par la période de suppuration, avec fièvre secondaire, après avoir été vaccinés, et portant des traces authentiques. L'éruption chez ces sujets était abondante et de la forme de celle que certains auteurs nomment cohérente. Plusieurs médecins qui ont visité l'hôpital de Plainpalais pendant l'épidémie ont été témoins de ces faits.

Rien d'ailleurs d'important à noter, outre le fait de la présence de la période de suppuration chez des varioles discrètes après vaccine; ce stade ne fut pas moins marqué de bénignité que les précédents.

Quant aux autres périodes, il serait oiseux d'en parler longuement, n'ayant présenté aucun caractère insolite et s'étant trouvées parfaitement conformes à la description classique. Ce ne sont pas quelques incidents, tels qu'une cephalalgie intense, de la douleur lombaire plus prononcée, des épistaxis, qui nous doivent arrêter. Ils n'ont jamais été assez accusés pour modifier le caractère général de la bénignité de la forme.

Aussi bien, les symptômes vont-ils être reproduits dans la forme discrète grave, que nous allons décrire.

On a coutume aujourd'hui de nommer varioloïdes ces varioles consécutives à la vaccine, et on les décrit à part. Nous aurions cru faillir à la vérité médicale en établissant dans cette description des catégories distinctes pour les vaccinés et ceux qui ne l'étaient pas. Si le fait de la vaccination détermine dans bien des cas une immunité pour la période de suppuration, à coup sûr il ne modifie en rien la forme de la maladie; l'étude de la forme hémorrhagique ne l'a que trop prouvé.

Forme discrète grave.-Borsieri appelle cette forme variole • discrète de forme maligne; la qualification de forme grave nous paraît plus conforme à la vérité des faits observés. Ainsi qu'on va le voir, l'appareil des symptômes était violent; il pouvait inspirer des craintes, mais il n'offrait pas aux médecins cet état d'incohérence insidieuse tout particulièrement dangereuse qui caractérise la malignité. Seules, les varioles anormales ont, pour nous, réalisé les traits séméiotiques de la malignité. Cinq fois nous avons observé la variole discrète grave chez des individus non vaccinés. Cette circonstance a permis d'établir des termes de comparaison instructifs.

Pendant le premier stade, il n'y avait aucune immunité pour les vaccinés. La violence, l'énergie véhémente des symptômes, tel est au début le caractère général de cette forme.

Ainsi la douleur de tête était intense, gravative, absorbante, mais la rachialgie plus vive encore; grande prostration des forces, anxiété, trouble de l'esprit, divagation, appréhension immédiate touchant la nature du mal. Nausées continuelles, souvent des vomissements réitérés de liquides bilieux ; face très-rouge, conjonctives injectées. Pouls plein, inflammatoire, montant rapidement à 120 ou 130 pulsations par minute, après des frissons prolongés.

A ces symptômes se joignent rapidement l'insomnie opiniâtre, du délire parfois très-violent, des faiblesses, même de la

lypothimie, la respiration laborieuse, difficile par intervalles, une dyspnée réelle. Nous avons parlé de la fièvre qui continue sans rémission avec exacerbation le soir jusqu'au quatrième jour. Six fois nous avons vu des épistaxis, et trois fois une diarrhée bilieuse; deux fois de la dysurie.

Ce sont des cas de cette nature (et deux fois cette année nous avons dû en délibérer) qui fournissent pendant douze ou vingtquatre heures matière à confusion avec la fièvre typhoïde. Nous n'établirons pas ici ce parallèle de séméiotique plusieurs fois décrit. Disons seulement qu'outre les autres symptômes, une tendance à la transpiration, assez ordinaire dans la variole, nous a présenté un signe distinctif de cette maladie et de la fièvre typhoïde.

Chez les enfants, les symptômes nerveux se produisent sous la forme de véritables attaques d'éclampsie, dont il survenait deux ou trois avant l'éruption qui a mis terme à tous ces phénomènes.

Nous avons donné une attention particulière à des éruptions préliminaires qui se montrent à la peau avant les véritables pustules de la variole et en compliquent la venue. Ces éruptions sont caractéristiques de la forme discrète grave; nous ne les avons pas rencontrées dans la forme confluente.

Chez plusieurs malades, quelquefois dès le premier jour, la peau devient turgescente, et sur la surface d'un rouge uniforme se prononcent des groupes de taches érythémateuses plus foncées, avec de légères élevures qui ont un faux air de la rougeole. Deux fois j'ai vu l'erreur commise par des médecins trop pressés de conclure une fois au bout de quarante-huit heures, après le début de la fièvre, une autre fois le troisième jour. Chez ces deux malades et chez d'autres, j'ai fait la remarque qu'il y a toujours quelques-unes de ces élevures plus manifestes que les autres. Rudiments des véritables pustules varioleuses qui se développeront le quatrième jour, ces dernières élevures sont d'un rouge brun qui les fait aisément discerner. Cette

éruption de début est surtout propre au visage, à la poitrine

et au tronc.

lly a encore une autre éruption préliminaire, mais celle-ci, plus rare que la précédente, apparaît par plaques et affecte spécialement le bas-ventre et les aines. Une fois, je l'ai vue paraître aux aisselles.

C'est une sorte d'exanthème miliaire, composé d'une multitude de points rouges foncés fort agminés. La peau se tuméfie autour de ces groupes d'éruption miliaire et constitue une atmosphère inflammatoire très-prononcée.

La présence de cette dernière éruption est un précurseur assuré de l'éruption de variole, dont les pustules ne peuvent survenir que deux ou trois jours après. A l'arrivée des pustules cette éruption miliaire disparaît en vingt-quatre ou trente-six heures, et Borsieri décrit très-succinctement cette éruption préliminaire; il lui donne comme siége les bras, le col et la poitrine. Nous l'avons constatée au moins huit fois, et toujours sur les aines et le bas-ventre. Ces régions semblaient pour elle un lieu d'élection. Plusieurs de nos confrères de Genève ont

fait la même remarque.

La présence de cet exanthème de début est toujours l'indice que la maladie sera assez sérieuse.

Le deuxième stade, pendant lequel s'opère l'éruption des pustules, a présenté moins de symptômes graves que le premier. Il a donné lieu cependant à quelques remarques.

Nous ne décrirons par chacune des formes des pustules, il n'en est pas une de celles indiquées par les nosographes qui ne se soit présentée, depuis les grosses pustules, au nombre de vingt ou trente sur le corps entier, et de trois ou quatre sur le visage jusqu'aux groupes cohérents les plus serrés. Disons seulement que les pustules larges et franchement ombiliquées ont toujours été des marques de non-vaccination.

Chez les non-vaccinés la fièvre persévère bien plus volontiers que chez les vaccinés. Elle diminue, comme le veut l'évo

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