Page images
PDF
EPUB

assimilent sensiblement aux races bestiales. Cependant, ils ne sont pas incapables d'affection, et qui plus est, de dévoùment: pareils à l'éléphant ou au chien, ils poussent parfois jusqu'au fanatisme l'amour que tel ou tel être leur a inspiré, souvent à son insu. Le magicien qui les domine et les gouverne à son gré, accomplira de surprenantes merveilles par leur intermédiaire, car ils jouissent sur l'Astral, qui est leur milieu propre, d'une puissance presque illimitée. D'ailleurs, capricieux et autoritaires de leur nature, ils deviennent aisément de dangereux amis, pour quiconque n'a pas su leur inspirer la crainte ou le respect excellents serviteurs, les Élémentaux font des maitres détestables. Ils tyrannisent le malheureux qui une fois a plié sous le joug; ils le protègent obéissant, le circonviennent et l'obsèdent de leur fastidieuse amitié; insoumis, ils le châtient sans ménagement. Jamais ils ne pardonnent une tentative de rébellion, et leur vengeance est terrible.

Génies recteurs des forces de la Nature, ils répugnent à voir les énergies qu'ils gouvernent maitrisées et réduites en esclavage par le savant ou l'industriel. Les grands cataclysmes physiques, les explosions souterraines de grisou, les accidents de laboratoire et d'usine leur sont souventes fois attribuables (1)...

(1) Jules Lermina, dans sa Magie pratique, a très bien vu ces choses; il dénonce avec sagacité la revanche de l'Élémental: « Pour l'Élémental, l'homme est un ennemi, puisqu'il est un destructeur. Mais aussi qu'il prenne garde, l'Élémental se défend et c'est avec les précautions les plus grandes que l'homme doit entrer dans son domaine. Les choses se vengent. Elles souffrent. Sunt lacrymæ rerum ! Le poète a dit vrai, » Tout ce chapitre VI est à lire (Magie pratique, pages 205-220).

III. Les Élémentaux ne sont point encore évolués au stade hominal, et toute une importante École mystique leur dénie la faculté d'y pouvoir jamais atteindre. - Les Élémentaires consistent, à l'encontre, en des individus humains désincarnés: ce sont les âmes retenues dans la sphère d'attraction planétaire par leur corps astral, point encore dégagé des terrestres attaches. Elles souffrent en cet état les tourments du purgatoire (Voy. chap. VI, la Mort et ses Arcanes). — Il n'est pas impossible à un Élémentaire de se manifester ici-bas, par l'entremise d'un médium; mais rien n'est plus rare, au moins dans les séances spirites. Les fantômes qui se donnent pour des humains désincarnés consistent d'ordinaire en des Élémentaux mystificateurs, ou en des Larves avides d'objectivité...

IV. 'A moins que ces fantômes ne soient des Ombres, cadavres astraux en voie de désintégration. L'on donne ce nom aux résidus ou dépouilles des Élémentaires qui ont fini leur temps de purgatoire. La seconde mort consommée, l'âme spirituelle a pris l'essor, inséparable de sa faculté plastique, - en laissant dans l'atmosphère occulte de la planète un cadavre fluidique, qui va se dissoudre par degrés telle est l'Ombre proprement dite. Elle garde comme un vague reflet, une réminiscence machinale de la personnalité à laquelle naguère elle fut unie; si bien qu'évertuée par la force psychique du Médium et réactionnée par le vouloir de l'évocateur, cette Ombre apparait susceptible de grimacer quelques-unes des attitudes familières du défunt, et de jeter en son nom quelques faibles lueurs pseudo-mentales.

V. Les Mauvais Daïmones enfin, les plus redouta

[ocr errors]

bles auxiliaires que puisse évoquer le magicien noir, sont des âines irrémédiablement vicieuses et perverses (1), dont l'étincelle divine est à jamais disparue. Ce même élément igné, qui sert de purgatoire aux Élémentaires, devient l'enfer pour de telles âmes, l'Esprit pur, leur céleste Époux, étant remonté à sa patrie d'En-haut. Ce divorce a eu pour prime conséquence de ravir à ces âmes perdues l'héritage d'immortalité; mais animées parfois d'une volonté intense pour le mal et d'un âpre désir de vivre, elles ont encore, bien que périssables en définitive, une longue et sinistre carrière à fournir. Le téméraire qui les évoque court grand risque d'être englouti dans leurs ténébreux remous: dès lors, un destin similaire l'attend, qui aboutit au Maëlstrom de la perdition totale.

Mirages, Élémentaux, Élémentaires, Ombres et Démons, telles se dénombrent les principales espèces indigènes de l'Astral, auxquelles on doit ajouter diverses sortes d'êtres, produits de création humaine, évolués sur ce même plan, savoir: 1° les Concepts vitalisés (2) dont nous avons parlé plus haut; - 2o les Puissances collectives fusionnelles, dont nous détaillerons au chapitre III les modes de naissance et d'activité;

3o enfin, les

(1) Ces Mauvais Daïmones ne sont point mauvais absolument, cruels et perfides à tous égards, comme le vulgaire se figure les diables. Ce sont des âmes que des vices invétérés, des passions sans frein désormais, possèdent et déchirent; mais tous leurs sentiments, comme aussi tous leurs actes, ne sont pas nécessairement détestables.

(2) Ayant à traiter de matières assez neuves, nous ne trouvons pas toujours de termes consacrés, pour traduire ce que nous avons vu force nous est alors d'en improviser. Nous prions, une fois pour toutes, qu'on veuille bien nous pardonner ces barbarismes nécessaires.

Dominations theurgiques, divinités réelles, engendrées et développées dans les grands courants de foi, de confiance religieuse et d'amour; et qui sont en quelque sorte, à leur origine, les concepts vitalisés non plus d'un solitaire, mais d'une multitude unanime en son fanatisme créateur. II n'en est pas longtemps ainsi, car ces Dieux ne tardent point à réagir sur les fidèles de leur culte, et s'amalgamant avec l'àme unifiée des foules, ils dégénèrent assez vite en Puissances collectives fusionnelles.

Nous ne rappellerons que pour mémoire la présence, dans l'Astral terrestre, des êtres qui n'y séjournent qu'à titre passager, comme les âmes humaines emportées au torrent des générations, ou même à titre exceptionnel, comme les âmes glorifiées et les Anges missionnaires. Tels sont les « exotiques » de l'Astral, par opposition avec ses « indigènes ».

Les rites et les procédés évocatoires varient, selon la nature de l'Invisible que le magicien veut rendre présent et propice. Le Cérémonial, riche en violents contrastes, voue l'opérateur, pieux ou sacrilège, à des œuvres étrangement disparates: depuis l'explosion des paroles de blasphème dans la tiède vapeur du sang répandu, jusqu'aux harmonies des saintes hymnes, flottantes parmi les volutes de myrrhe, de cinnamome et d'encens.

Ces mystères de l'Astral sont malheureusement moins exploités par le mystique des sublimes Écoles que par le mauvais solitaire, l'adepte de la magie noire.

Nous avons un peu négligé le bon solitaire, qui volon

tiers vise plus haut qu'à un commerce avec les Esprits, même des plus glorieuses hiérarchies. Préférant en général la pratique de l'Extase à celle des Magies cérémoniales, il ne s'attarde guère aux rites évocatoires que dans ses périodes d'expériences. On cite néanmoins d'illustres exceptions; mais la voie n'est pas sans péril...

Réintégration, dès ici-bas, du sous-multiple humain dans l'Unité divine, voilà l'œuvre majeure de l'adeptat. C'est là l'ambition du bon solitaire.

En quoi consiste cette Réintégration?

Nous en connaissons deux : la passive et l'active. L'une et l'autre comportent plusieurs degrés.

L'on parvient à la première par la sainteté ou l'austère épuration de son essence animique, unie d'amour au pur Esprit des Cieux; à la seconde, par l'apothéose de la Volonté libre et consciente, ou la réalisation du pentagramme mystique.

La première (réintégration en mode passif) nécessite une abdication du Moi, qui se fond, sans réserve ni esprit de retour, dans le Soi divin. On n'agit plus par soimême; c'est Dieu qui agit par vous. Ce qui a fait dire à l'apôtre « et déjà ce n'est plus moi qui vis; c'est Christ qui vit en moi. »

La seconde (réintégration en mode actif) équivaut à une conquête positive du Ciel, à un viol de l'Élément céleste, et de son Esprit collectif: Rouach Haschamaîm.

Toutes deux, à leur plus haut degré, rendent à l'àme l'état primordial d'Éden, la jouissance d'Adamah, l'Élément pur, où se réfléchit l'or Ain-Soph.

[ocr errors]

Mais la

« PreviousContinue »