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7° Ankylose de la hanche.

L'ankylose de l'articulation coxo-fémorale offre le plus souvent une résistance telle, qu'il est à peu près impossible de la vaincre par l'action seule des forces mécaniques. Humbert, Heine et Pravaz tentèrent autrefois la rupture lente, au moyen des lits orthopédiques à extension continue; procédé compliqué et plein d'inconvénients, qui ne devait pas être adopté. Bonnet se servit d'abord, dans le même but, de sa grande gouttière disposée de façon à exercer des tractions permanentes; mais plus tard i la déclara insuffisante. D'un autre côté, les appareils à tuteurs, pourvus d'un mécanisme de mouvement propre à opérer la rupture successive et graduelle, sont à peu près impuissants contre l'ankylose de la hanche, et d'ailleurs fort difficilement applicables, à cause de la disposition de la région. Il n'y a donc guère à compter sur les procédés mécaniques à extension continue ou à traction forcée, comme moyens susceptibles de rompre l'ankylose de l'articulation coxo-fémorale. Heureusement, leur emploi n'a plus la même importance depuis que le concours de l'anesthésie permet d'opérer la rupture immédiate et progressive avec les mains, soit en une seule séance, soit à plusieurs reprises. Mais si, dans cette circonstance, les agents mécaniques sont insuffisants à surmonter primitivement la résistance articulaire, leur usage cependant n'en est pas moins utile, lorsque après la rupture immédiate exécutée à l'aide des mains et de l'anesthésie, il s'agit de maintenir et de compléter le résultat obtenu. C'est alors que les appareils décrits précédemment, à propos de la coxalgie (voy. p. 344 et suiv.), et destinés, soit à l'immobilisation dans le décubitus, soit à la contention du membre pendant la marche, trouvent avantageusement leur application. Les tuteurs portatifs doués d'un mécanisme de flexion et d'extension, tels que ceux de Bonnet, de Raspail et surtout celui de Lefort, sont appelés, dans ces conditions, à rendre des services importants. Quant aux appareils portatifs à force élastique, ils sont ici d'un faible secours. Quelques tentatives faites par Blanc, avec son système de traction par le caoutchouc, sont restées sans résultat satisfaisant. Voici cependant un appareil établi en Angleterre d'après le même principe.

Appareil à traction élastique de Bigg (1) (fig. 250). — Un tuteur placé le long de la face externe du membre se compose d'une tige fémorale et d'une tige jambière s'arrêtant au milieu de la jambe. Ces tiges sont articulées à pivot, au niveau du genou, et maintenues chacune par une large embrasse de cuir entourant, l'une la partie moyenne de la cuisse,

(1) Bigg, Orthopra.ry. London, 1865, p. 420.

la seconde le mollet. L'extrémité supérieure du montant fémoral s'articule, vis-à-vis de la hanche, avec un tuteur thoracique muni d'une coulisse de rallonge et surmonté d'un béquillon pour appuyer sous l'aisselle du côté affecté. La ceinture métallique qui assujettit l'appareil au bassin présente, en arrière, une plaque rembourrée destinée à s'appliquer sur la fesse, contre la face postérieure de l'articulation coxo-fémorale, de manière à empêcher la déviation dans ce sens. La partie supérieure du tuteur fémoral envoie, en arrière de son articulation avec la pièce de la ceinture, un prolongement horizontal formant levier, à l'extrémité duquel est agrafé par un bouton un fort anneau de caoutchouc, attaché d'autre part au bord postérieur du cercle pelvien. La traction continue exercée par le tissu élastique tend à relever le levier fémoral, et, par suite, à ramener le membre dans la rectitude.

Fis, 250. Appareil à traction élastique de Bigg pour le redressement de l'ankylose de la hanche.

Cet appareil n'est applicable qu'aux jeunes enfants atteints de rétraction légère, dans le but de produire l'extension du membre, et de faciliter le retour des mouvements. Il est presque superflu de faire remarquer combien sa disposition est insuffisante sous tous les rapports pour constituer un agent quelque peu actif de redressement.

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Ils sont dus pour la plupart au génie inventif de Bonnet, et ont été construits par Blanc (de Lyon). Bonnet attacha, pour un temps, une grande importance à leur emploi. Il le croyait indispensable et capable de rétablir à lui seul les mouvements dans une articulation, soit primitivement, soit après le redressement brusque. Malgré l'autorité de leur inventeur et le retentissement qu'il sut donner à ses procédés, l'usage des moyens mécaniques de cette sorte ne s'est guère généralisé. Aujourd'hui, la confiance que le professeur de Lyon avait cherché à inspirer dans leur efficacité est

quelque peu ébranlée. De tous les appareils de mouvement qui ont été imaginés, deux ou trois seulement ont une utilité assez marquée pour trouver place dans la pratique. C'est qu'en effet il est presque toujours possible de les remplacer avec avantage par l'action des mains et l'exercice. On a dit avec raison que, pour les roideurs légères, ils étaient inutiles, et que, contre les ankyloses anciennes, ils étaient souvent insuffisants. Un de leurs principaux inconvénients résulte de ce que leur fonctionnement est confié aux malades eux-mêmes; or, il arrive que ceux-ci, redoutant la douleur causée par les mouvements articulaires, n'exécutent les manœuvres qu'avec trop de réserve, et dès lors sans profit. Une seconde objection est relative au défaut de graduation et de limite de leur mode d'action, qui expose les malades courageux à manoeuvrer avec trop de précipitation ou de violence, et à provoquer ainsi des accidents inflammatoires dans les articulations ankylosées. Il faut ajouter, enfin, que la prise insuffisante sur le segment supérieur, qui échappe presque toujours aux agents de la préhension, rend l'action de ces appareils généralement illusoire, parce que les mouvements qui semblent se produire dans la jointure soumise aux manœuvres se passent, en réalité, dans les articulations situées au-dessus. Quoi qu'il en soit de leur degré d'utilité et des imperfections de leur fonctionnement, les appareils de mouvement n'en sont pas moins susceptibles, dans certains cas et pour quelques articulations surtout, de rendre de véritables services, notamment lorsqu'ils sont employés pour opérer ou compléter la rupture lente et progressive de l'ankylose fibreuse.

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1° Appareils de mouvement pour le poignet.

Appareil de flexion et d'extension de Desgranges (de Lyon).

Il est destiné à suppléer à l'action de la main du chirurgien pour rendre au poignet sa mobilité. Le dos de l'avant-bras et le carpe sont fixés sur une attelle immobile placée de champ. La main est engagée dans un gant. dont chaque digitation se termine par des rubaus de fil. Le malade produit l'extension en tirant avec la main saine sur une corde dont l'extrémité s'attache aux doigts du gant, et dont le milieu se réfléchit sur une poulie. La flexion est effectuée par une sorte de ressort fait de tissu de caoutchouc vulcanisé, dont un bout s'attache aux rubans de fil du gant, tandis que l'autre bout est assujetti derrière le malade.

Appareil de rotation de Bonnet (de Lyon) (1) (fig. 251). — Si les mouvements de flexion et d'extension sont, en général, facilement rétablis

(1) Bonnet, Traité de therap, des maladies articulaires, 1853, p. 592.

par les manipulations seules, il n'en est pas toujours de même de la pronation et de la supination. C'est pourquoi Bonnet recommande l'usage de l'appareil suivant, propre à exécuter la rotation de la main et de l'avant

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FIG. 251. Appareil de Bonnet pour le rétablissement des mouvements de pronation et de supination de l'avant-bras.

bras sur son axe. Le coude est fixé dans une gouttière supportée par une planchette. La main est saisie dans un gantelet solide et assujetti à l'aide de courroies bouclées, duquel part une tige de fer arrondie, tournant horizontalement dans un chevalet qu'elle traverse. Un manche fixé à cet axe, et manœuvré par la main saine, sert à transmettre à la tige horizontale, et par suite au poignet, un mouvement de rotation en arc de cercle.

2o Appareils de mouvement pour le coude.

Les mouvements de pronation et de supination de l'avant-bras peuvent être exécutés au moyen de l'appareil décrit précédemment pour le poignet.

Le suivant est destiné à rétablir la flexion et l'extension de l'articulation huméro-cubitale.

Appareil de flexion et d'extension de Bonnet (1) (fig. 252). — II se compose d'un support garni dans sa moitié supérieure d'une gouttière fixe, destinée à renfermer le bras; de deux tiges parallèles, articulées à charnière en dedans et en dehors de la jointure, entre lesquelles l'avant

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FIG. 252.

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Appareil de Bonnet pour le rétablissement des mouvements de flexion
et d'extension du coude..

bras est retenu au moyen d'un bracelet; d'un arc de cercle gradué, servant à régler l'étendue des mouvements parcourus par la tige externe glissant sur lui. Un aide ou le malade lui-même fait manoeuvrer l'appareil en saisissant l'extrémité des tiges. La planchette qui supporte l'appareil doit être assujettie sur un plan résistant.

30 Appareils de mouvement pour l'épaule.

Appareil d'extension de Bonnet. Le moyen employé par Bonnet, à l'effet de déterminer les mouvements d'élévation et d'inclinaison du bras en divers sens, consiste simplement à faire exécuter des tractions à l'aide d'une corde et d'une poulie de réflexion. Le malade se tient assis sur un siége placé de telle sorte, que l'épaule affectée se trouve verticalement au

(1) Bonnet, loc. cit., p. 532, fig. 65.

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