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lacs contre-extensif. Celui-ci est constitué par une longue bande d'emplâtre adhésif, large de deux à trois pouces, appliquée verticalement le long de la face antérieure et de la face postérieure du tronc. L'application de cette bande doit être faite de telle sorte que, le chef antérieur partant du pli inguinal et le chef postérieur aboutissant à la fesse, le milieu de la bande forme au-dessus de l'épaule une anse à court rayon. L'écartement de cette anse est ensuite assuré par l'interposition d'une petite traverse de bois, et le tout est relié par un ruban de fil au crochet terminal du bras de levier. Afin d'assujettir la bande adhésive et de prévenir son décollement, il est nécessaire de placer sur elle de distance en distance trois ou quatre bandes transversales faisant le tour du tronc.

Par cette disposition, la contre-extension est rendue rectiligne, les moyens par lesquels elle est effectuée sont à peu près exempts de dérangement, et le malade, maintenu dans le décubitus horizontal, est empêché de s'asseoir, ce qui évite tout déplacement entre les fragments. La principale objection que l'on peut adresser à ce procédé est relative aux inconvénients de l'emplâtre agglutinatif, employé comme moyen de préhension. Il y a aussi la crainte de voir les bandes de soutien transversales causer quelque gêne à la respiration. Mais on pourrait peut-être modifier avantageusement cette partie de l'appareil, par exemple en remplaçant les bandes adhésives par des lacs pris dans un bandage solidifiable appliqué autour du bassin. Quoi qu'il en soit, l'idée de ce procédé est rationnelle, et le prolongement de l'attelle par la tige coudée destinée à donner à la contre-extension une direction rectiligne devrait être généralement adopté.

12o Attelle de Erichsen (1). — Cet auteur donne le modèle d'une attelle externe dont il se sert dans les cas de fracture du fémur compliquée de plaie. La continuité de l'attelle est interrompue au niveau de la lésion, et les deux parties sont reliées entre elles par deux tiges de fer coudées à angle droit, en haut et en bas, en forme de crampon, de telle façon que leur portion moyenne, parallèle à la direction de l'attelle, s'éloigne du membre et laisse un intervalle libre pour le pansement.

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Attelle de Skipton (2). — Un appareil analogue a été proposé pour les fractures de la jambe par Skipton. Il est construit en fer-blanc et composé de plusieurs pièces, arrangées de telle sorte que l'une d'elles peut être enlevée à l'endroit de la plaie. Des attelles du même genre, fenêtrées ou échancrées, avaient déjà été employées autrefois dans le même but. (Renaud, etc.) Quelques-uns des appareils à extension proposés à notre époque méritent une mention spéciale. Nous ne citerons que les principaux.

(1) Erichsen, Science and Art of Surgery, 4o edition. London, 1864, p. 276. (2) Holmes, A System of Surgery. London, 1864, t. II, p. 629.

Appareil de Grésely (1). — Il a joui pendant quelque temps d'une certaine vogue, qu'il dut en grande partie aux expériences favorables rapportées par Velpeau. Il est maintenant à peu près oublié. Dans cet appareil la contre-extension est exécutée au moyen d'une ceinture de cuir épaisse d'un pouce et demi, large de six à sept pouces, maintenue autour du bassin, portant en bas deux sous-cuisses, et fixée par deux bandes de cuir très-solides en haut au dossier du lit, en bas aux traverses latérales du bois de lit. L'extension se fait à l'aide : 1o d'une guêtre de peau qui se fixe au pied ; 2o d'une tige métallique longue d'un pied et demi à peu près, clouée perpendiculaire. ment à la traverse inférieure du bois de lit ; 3° enfin, d'une forte bande élastique qui s'attache, d'un bout, au-dessous de pied de la guêtre, et de l'autre à la tige métallique. On place d'abord la ceinture; on la fixe au chevet du lit et à la barre transversale, de façon qu'elle s'oppose à tous les mouvements du tronc. On applique ensuite la guêtre; puis, la fracture réduite, on maintient le membre dans sa longueur normale en l'attachant à la tige de fer clouée au pied du lit, à l'aide du double lacs formé d'un tissu élastique semblable à celui des bretelles. Ce mode de traction agit doucement, d'une manière continue et toujours proportionnelle, grâce à l'élasticité naturelle du lacs extensif.

Les avantages de cet appareil sont de s'appliquer sur les points les plus éloignés du siége de la fracture; de ne pas comprimer les muscles; de distribuer les forces extensives et contre-extensives sur de larges surfaces; de diriger les efforts d'extension et de contre-extension dans le sens de l'axe du membre; d'être facile à graduer dans son action, en resserrant ou en relâchant les cordons qui fixent l'élastique à la tige métallique; enfin, de fixer le membre dans sa rectitude normale, en l'empêchant de tomber en dehors ou en dedans. Cet appareil, en outre, est simple, peu coûteux, ne demande pas une grande surveillance et n'a pas de tendance au déplacement ou au relâchement. L'extension élastique et continue qu'il exerce n'a pas besoin de beaucoup de force et ne fatigue pas autant que les tractions fixes; aussi est-elle mieux supportée. Malgré tous ces avantages, qui rendent son action supérieure à celle de l'attelle de Desault, de Boyer, etc., le procédé de Grésely est peu employé.

On pourrait remplacer le lacs élastique et la tige métallique par un ressort d'acier, ainsi que cela se pratiquait autrefois dans les hôpitaux de Lyon (2), où l'on se servait d'un cercle elliptique de métal, croisé dans son petit diamètre par un curseur gradué le dépassant de quelques lignes. Ce

(1) Velpeau, Archives de médecine, 1832, t. XXIX, p. 509.

(2) Ramadier, thèse. Paris, 1829.

ressort était fixé d'une part, à l'extérieur du pied du lit par une barre de bois, et d'autre part au membre, par un crochet passé dans l'anse plantaire d'une bande comprise dans un bandage roulé, allant des orteils jusqu'au genou. Un treuil graduait la force de l'extension.

Appareil de Gauthier de Saint-Martin (1). D'abord accueilli et jugé favorablement, il n'a cependant point été adopté dans la pratique. Destiné au traitement des fractures obliques du corps du fémur et des fractures du col, il était constitué par une grande attelle extensive, à laquelle un châssis, ou pièce coxale, était solidement articulé, de manière à faire un seul tout du bassin et du membre inférieur. Cette disposition avait pour but d'interdire tout mouvement dans l'articulation coxo-fémorale et d'empêcher le bassin de s'enfoncer dans le lit. La contre-extension, opérée par un sous-cuisse, avait lieu dans la direction rectiligne par l'intermédiaire du cadre renfermant le bassin. L'extension était faite au moyen d'une guêtre.

Glossocome de Dauvergne (de Manosque) (2) (fig. 139). Il réunit dans un seul appareil l'ensemble des moyens d'action qui constituent les méthodes de la contention, de l'extension, du plan incliné et de l'hyponarthécie, afin de permettre au chirurgien de les combiner ou de les employer successivement à volonté, pour toutes les fractures du membre inférieur. Cet appareil, qui se compose d'un grand nombre de pièces agencées entre elles d'une façon assez compliquée, se résume, en dernier lieu, dans deux plans hyponarthéciques, l'un fémoral, AA, l'autre jambier, BB, construits à coulisses afin de s'accommoder à toutes les longueurs, s'articulant à charnières EE, dirigées par des compas de graduations allongées par des vis. A ces plans s'ajoutent des attelles également à coulisses LL, MM. Le fond, c'est-à-dire, l'intervalle laissé entre les cadres, est garni d'un lacet mobile courant d'un bord à l'autre et servant de sangles FF, GG. Sur ce fond on place un coussin piqué, formant un petit lit souple qui s'accommode à toutes les inégalités du membre. Dans la figure 139, les lacets des coulisses tibiales n'ont pas été représentés, afin de laisser voir la vis de rappel KK placée au centre et servant à mouvoir la semelle. Celle-ci, C, entre à mortaise et peut s'enlever facilement. Il en est de même de toutes les autres pièces de l'appareil, qui se démonte et devient ainsi plus commode à transporter. La contre-extension est opérée par l'extrémité supérieure de l'appareil qui, préalablement bien matelassé avec du coton, porte sur la tubérosité de l'ischion. Une courroie JJ, passée dans une ouverture pratiquée à chaque côté de l'appareil, appuie sur le pubis et le pli de l'aine, puis contourne les lombes pour se réunir à une autre courroie passant au-dessus de l'épine (1) Gimelle, Bulletin de l'Académie de médecine, 1838, t. II, p. 721.

(2) Dauvergne, Bulletin de thérapeutique, 1847, t. XXXII, p. 31.

GAUJOT.

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Glossocome de Dauvergne pour le traitement des fractures du membre inférieur

iliaque, où elle se boucle avec l'extrémité externe. Il faut que cette courroie soit suffisamment serrée, afin de ne pas permettre au bord supérieur du plan fémoral de glisser sous l'ischion. L'extension prend son point, d'attache au pied et vient se fixer à une semelle C supportée par un écrou B, que traverse une vis K, au moyen de laquelle on peut avancer ou reculer la semelle, comme dans la machine de Boyer. Lorsqu'on se sert de l'appareil de Dauvergne comme d'un double plan incliné, et qu'on veut exercer une extension directe sur l'extrémité inférieure du fémur, on enroule au-dessus du genou une cravate, à laquelle on fixe latéralement des liens qui vont se réfléchir sur les poulies du chevalet N, pour aboutir de la même manière à la semelle du glossocome. Par cette disposition, les liens extensifs sont primitivement parallèles à l'axe du fémur, et transmettent dans ce sens les tractions qui leur sont communiquées par les tours de vis imprimés à la semelle. Les coulisses servant d'attelles sont garnies de coussins et serrées entre elles par des courroies qui entourent le membre.

Pour donner à la partie crurale une longueur en rapport avec celle du membre, on prend la mesure du fémur du côté sain et on fixe, par l'écrou de pression I, les coulisses au point déterminé. Lorsque l'appareil est employé pour une fracture de la jambe, on enlève la pièce crurale en désarticulant la charnière poplitée EE et le compas de graduation H. Ce compas doit être retiré également quand l'appareil sert dans la position rectiligne; sans quoi il appuierait sur le lit et ferait dévier la direction des plans. Alors on le détourne, et il devient utile pour fixer la charnière poplitée dans l'extension.

Il faut reconnaître que l'appareil de Dauvergne est disposé de manière à remplir commodément et simultanément la plupart des indications que peut offrir le traitement d'une fracture. Son principal mérite est de permettre de varier la position du membre, que l'on peut placer soit dans l'extension, soit dans la flexion, auxquelles on peut ajouter la suspension à l'aide des cordes PP et d'un système de moufles O. Mais la multiplicité des parties qui le composent en font une machine des plus compliquées, quoique, à dire vrai, toutes les pièces dont l'assemblage est représenté ici ne servent pas pour une même fracture. Cependant, toutes ces parties à charnières et à coulisses, jouant les unes sur les autres ; toutes ces courroies attachées soit au tronc, soit au pied ou à la cuisse, demandent une construction spéciale et nécessitent des soins d'exécution et d'entretien qui constituent un obstacle à l'emploi général de cet appareil. En outre, le mode d'action n'est pas exempt de quelques inconvénients. Le point d'appui sur l'ischion est gênant; la courroie de la contre-extension est oblique, comme dans la plupart des appareils ordinaires. L'exten

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