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ferme cinq cent quarante trois notices généalogiques, suivies de de deux tables, l'une indiquant les articles, l'autre les alliances, la Belgique possédait déja, sur son histoire nobiliaire, une bibliothèque très-bien montée.

Sans m'arrêter aux anciens ouvrages de fonds, tels que ceux de Pontus Heuterus, J. B. Christyn, Philippe de l'Espinoy, Olivier. de Wrée, Jacques le Roy, Jean de Seur, Jacques de Hemricourt, etc., je citerai seulement, parmi les publications modernes:

L'Armorial du royaume de Belgique, par le baron Isidore de Stein d'Altenstein (1843), in-4°, avec un supplément de 182 planches.

L'Histoire de la législation nobiliaire de Belgique, par P. A. F. Gérard (1846), in-8.

L'Annuaire de la noblesse de Belgique, par le baron de Stein d'Altenstein, commençant en 1847, in-12.

Les Annales de la province et comté du Hainaut, par M. François Vinchant (1848-1854), in-4.

Le Nobiliaire de Gand, par M. Gustave Van Hoorebeke (1849), in-8.

Le Dictionnaire généalogique et héraldique de la noblesse de Belgique, par F. V. Goethals (1849-1852), in-4.

Le Nobiliaire de Belgique, par M. Van der Heyden (1853-1856), in-8.

Enfin, les Biographies nationales. La Noblesse belge, par Ch. Poplimont (1849-1855), in-4, avec portraits et armoiries coloriées, cette fois.

LONGPÉRIER-GRIMOARD.

L'ÉLOGE DE LA FOLIE

PAR ÉRASME

Traduction nouvelle par Emmanuel Des ESSARTS

81 Eaux-fortes d'après les dessins d'HOLBEIN, un frontispice de WORMS et un portrait de l'auteur gravés par CHAMPOLLION. (1)

que

Il est bon, pour le lecteur, mais aussi pour le poëte, par moment le poëte devienne érudit. On ne peut pas planer sans cesse, et quand on trouve une branche odorante où se reposer, c'est avec bonheur qu'on y reprend haleine.

M. Emmanuel des Essarts, le poëte des Élévations, vient de rencontrer sa branche, et cette branche est non-seulement odorante, mais elle porte des fruits d'une singulière saveur.

D'actifs et intelligents éditeurs, MM. Arnaud et Labat, ont voulu publier une fois de plus un livre qu'on republiera toujours: PÉloge de la Folie, et ils ont demandé au jeune et brillant professeur, à la Faculté des lettres de Clermont, de vouloir bien leur en préparer une traduction nouvelle.

De celle éditée en 1520 par Galliot Dupré à celle de M. G. Lejeal, publiée en 1872, il existe beaucoup de traductions du mordant Éloge, parmi lesquelles bon nombre d'anciennes, c'est-à-dire d'insuffisantes.

Gueudeville a eu, de son temps, une certaine vogue avec la sienne, plusieurs fois réimprimée. Gueudeville est un de ces tra ducteurs à moitié fidèles, et surtout à moitié infidèles qui, se tenant à une distance, non pas trop respectueuse, mais trop irrévérencieuse de leur auteur, ont cru très-bien faire en ne le suivant qu'à peu près. Alors, imiter sous prétexte de traduire, déranger sous prétexte d'arranger, c'était plus que la mode, c'était un mérite.

(1) Un beau vol. Paris, Arnaud et Labat, 1877. Prix: 30 fr. librairie Aubry.

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Aujourd'hui, les traducteurs ont compris leur rôle. Au lieu de substituer avec prétention leur texte à celui de l'original, ils suivent religieusement ce dernier, le serrent de près, et en donnent une version exacte. Les plus forts, réussissant à se montrer écrivains et poëtes dans cette littéralité, vont jusqu'à reproduire, et il se trouve que la langue le leur permet, — les lenteurs, les souplesses, les brièvetés, en un mot les allures de la phrase-mère.

-

Ceux-là ont bien mérité des lettres, car ils sont les divulgateurs complets d'une œuvre, ils font connaître un esprit dans ses détails aussi bien que dans son ensemble.

M. E. des Essarts est de ce groupe. Avant lui, M. Patin avait certainement donné une remarquable traduction. Mais elle ne nous empêchera cependant pas de dire que, parmi les récentes, il ne s'en était peut-être point fait encore avec un système aussi voulu de fidélité à l'original.

Un passage de l'avant-propos de M. des Essarts nous apprend comment il a procédé dans ce travail. Je le cite, parce que je ne saurais mieux révéler sa manière : « Qu'on nous permette, dit-il, d'analyser l'ouvrage que nous avons essayé de traduire à la moderne, c'est-à-dire avec la précision et le relief, et sans ce souci d'éteindre le modèle qui caractérise l'époque pseudo-classique de la traduction inexacte. C'est à ce titre que nous avons respecté les périodes d'Erasme, estimant infidèle autant que déplacé d'attribuer à un stylé imbu de latinité les coupes de la prose voltairienne et la sautillante allure des phrases de Beaumarchais. >>

Après ces lignes on est édifié. Nous possédons un véritable Érasme. Que dire de plus? Dans une critique étendue, tout au plus pourrions-nous prendre un ou deux fragments et en comparer les diverses traductions. Et après ?... Ce que nous verrions, nous le savons déjà.

De plus, M. des Essarts ne s'est pas contenté de traduire. Dans un Avant-propos des plus alertes, il suit le personnage d'Érasme et trace, pour ainsi dire, l'itinéraire de la Folie du savant frondeur. Puis vient une Introduction historique, qui est, quoi qu'il en dise, une étude profonde sur Érasme et son époque. Des Notes

nombreuses et d'une attrayante érudition, suivent la traduction, et le volume se termine par une Bibliographie.

Cette dernière est-elle assez complète ? Son étendue serait un de mes desiderata. L'autre, car j'en ai deux, serait un mot, même long, sur l'original artiste à qui l'on doit les dessins des 81 eauxfortes qui illustrent ce volume. Comment cette édition ne dit-elle rien d'Holbein ?

Sans aucun doute, après lui avoir fourni l'idée de plusieurs de ses compositions (1), Érasme lui avait adressé un exemplaire de son Eloge de la Folie. Enchanté de la série de portraits que la verve de son ami avait su y tracer, Holbein s'en inspira, et l'auleur de la Danse des morts chargea de croquis les marges du volume, puis le rendit à Érasme. Erasme le lui renvoya après avoir écrit, en souriant, le nom de H. Holbein au-dessous du gros Hollandais qui embrasse sa bouteille (page 168).

Ces dessins, plusieurs fois déjà reproduits par le cuivre et par le bois pour les diverses éditions de Gueudeville et autres, sont ici, augmentés d'un beau frontispice de J. Worms et d'un portrait d'Érasme, - très-fidèlement gravés à l'eau-forte par M. Champollion, et constituent une illustration précieuse de la traduction de M. des Essarts, qui, du coup, prend rang parmi les meilleures et les plus belles.

Seulement, si serré et si fidèle que soit un traducteur, il n'est pas à l'abri des fautes d'impression. J'en relève une, qui me semble faire dire à l'auteur le contraire de ce qu'il a dit. A la fin de son opuscule, dont je n'ai pas en ce moment le texte sous les yeux, Érasme cite un proverbe. Moins que tout autre, le collecteur des Adages a pu se tromper en cette matière. Le proverbe, malgré le stultus stulta loquitur, doit dire : « Souvent l'homme fou a parlé à propos, » à preuve diverses versions dont celle-ci : « Un fol advise bien un saige. » D'ailleurs le sens même de l'alinéa d'Erasme confirme cette opinion. Eh bien! dans le beau volume dont nous nous occupons, on lit : « Souvent l'homme fou a parlé

(1) Érasme peignait assez bien, et on a montré longtemps, dans le monastère de Stein, un Crucifix au bas duquel on lisait : « Ne méprisez pas tant ce tableau; il a été peint par Érasme. »

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mal à propos. Évidemment ce mal est de trop. - Pourquoi la typographie a-t-elle de ces distractions perfides?

Mais là je n'implique point la responsabilité du traducteur, que je félicite au contraire de sa bonne fortune.

F. FERTIAULT.

HISTOIRE DE LA FERTÉ-BERNARD

SEIGNEURS, ADMINISTRATION MUNICIPALE, ÉGLISE, MONUMENTS,

HOMMES ILLUSTRES.

Par Léopold CHARLES

Publiée par l'abbé Robert CHARLES

Un vol. in-8. Prix: 6 fr. 50

M. l'abbé Robert Charles vient de réunir en un volume les publications, faites à différentes époques, par son frère M. Léopold Charles, et relatives à La Ferté-Bernard. Nous devons lui adresser nos plus vifs remerciments, car, ce qui est pour lui, suivant ses propres expressions, un devoir et un honneur, est un immense service qu'il nous rend à tous. Les études de M. L. Charles avaient paru séparément, et ces plaquettes, épuisées pour la plupart, manquaient dans bien des bibliothèques (1).

M. l'abbé R. Charles, en les réunissant, n'a fait que mettre à exécution le projet que son frère nourrissait. La mort est venue surprendre M. Léopold Charles, le crayon à la main, pour ainsi dire (puisqu'il avait déjà gravé la plupart des planches et des bois qui figurent dans l'ouvrage). L'éditeur a coordonné ces études en les fondant ensemble: il a respecté scrupuleusement les idées ét le texte de l'auteur; il a soudé ces diverses publications et il en a fait une œuvre très-complète, dans laquelle on trouve tout ce que présente d'intéressant la ville de La Ferté-Bernard.

Dans la notice sur Souvigné-sur-Même, que nous devons à M. l'abbé Rob. Charles et dont nous avons parlé, l'année passée (2),

(1) Histoire de l'Eglise de La Ferté-Bernard, 1844; Ateliers des peintres verriers fertois aux XVe et XVIe siècles, et Notes biographique. sur le cauton de la Ferté-Bernard, 1851; l'Administration d'une communauté d'habitants du Maine, 1862; les Halles, 1869; les Sires de La Ferté-Bernard et l'Hôtel-deVille de la Ferté, 1870.

(2) Bulietin du Bouquiniste, 1er avril 1876.

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