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nous a été envoyée d'Amérique (1) et qui paraît être le résultat de recherches approfondies sur cette matière : il sera curieux de les comparer à quelques documens sur le même sujet, publiés dernièrement en Angleterre et en France, et parmi lesquels nous citerons surtout les travaux de M. HALLIDAY (voy. ci-après, p. 784), et un article de M. EsquIROL, dans les Annales d'hygiène publique et de médecine légale.

Après quelques renseignemens sur cinq établissemens publics dans les Etats de New-York, de Pensylvanie et de Connecticut, l'auteur donne le tableau suivant des cures qui y 'ont été opérées pendant un nombre d'années plus ou moins considérable:

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D'après le D' Casper, qui a examiné les rapports des principaux hôpitaux de France et d'Angleterre, on peut établir les proportions suivantes :

...

En France, sur 100 aliénés...
En Angleterre..

44,81 sont guéris. 37,40 id.

Il peut y avoir quelque crreur dans ces généralisations; aussi citons-nous ici les relevés particuliers de quelques hô

pitaux de divers pays.

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(1) Lunatic asilums in the United-States.

De quelques établissemens

pour les aliénés dans les États-Unis ; par T. ROMEYN BECK. In-8" de

25 pages.

(2) On sait que la Société des Amis, ou Quakers, a fondé à York un établissement pour les aliénés, que les médecins anglais et américains citent souvent comme un modèle dans ce gene.

D'après les calculs de divers auteurs, on compte,

En Écosse, un aliéné sur.

A Paris, un sur....

A Londres, un sur...............

400 habitans.

350

600

En Angleterre et dans le pays de Galles. 2,000 (1).

Dans l'État de New-York, dont la population s'élevait, en 1825, à 1,616,458 habitans, on évalue le nombre

Des aliénés à..
Celui des idiots à .

819

1,421

ou environ un aliéné sur 720 habitans.

2,240

« Nous ne possédons, ajoute l'auteur, dans l'État de NewYork, qu'un seul établissement public qui est loin de suffire pour les soins réclamés par tant d'infortunés ; jusque vers ces derniers tems, on avait même conservé l'usage de renfermer les aliénés et les idiots de la classe pauvre dans les prisons des comtés, ou dans les maisons particulières. En avril i827, la législature adopta une loi qui défend l'emprisonnement de tout idiot ou aliéné, même des fous furieux, dans une prison ou dans une maison de correction. Des peines sévères sont prescrites contre ceux qui violeraient cette loi. L'utilité de cette mesure est déjà prouvée par les résultats. Dans le comté d'Albany, on a préparé dans les maisons de pauvres (AlmsHouses) des appartemens commodes, séparés du grand corps de logis, où l'on reçoit les aliénés ; dans le comté de Washington, des fonds ont été votés pour le même usage. Toutefois, en approuvant les efforts déjà faits vers ce louable but, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer combien le système adopté est défectueux en lui-même. Il n'offre point de soins suffisans pour la guérison des malades, et ceux-ci, d'ailleurs, ne sont pas assez rigoureusement renfermés ainsi le public n'est pas à l'abri des funestes attentats auxquels peuvent se porter les maniaques furieux; puis c'est le moyen le plus dispendieux de venir à leur secours. Ce système a été pratiqué très en grand en Angleterre; et il suffit, pour le condamner, de renvoyer aux recherches qu'on a faites sur la condition des aliénés dans les maisons de pauvres de ce pays.... » L'auteur termine en proposant de fonder, dans chacune des grandes divisions de Ï'État, des établissemens dont le but ne serait pas seulement d'offrir un asile à ces infortunés, mais où ils trouveraient tous les soins qui peuvent les rendre à la santé, à la raison et à la société.

:

(1) On pourrait aisément discuter l'exactitude de ce nombre.

ÉGYPTE.

-

AFRIQUE.

Voyages scientifiques. Nous avons laissé la commission scientifique, dirigée par M. CHAMPOLLION, établie dans la vallée de Biban-el-Moulouck, près de Thèbes.

La douzième lettre de ce savant renferme de grands détails sur les monumens de Silsilis (Ghebel-sel selch). Il y trouva trois chapelles taillées dans le roc, et qui appartiennent à la belle époque pharaonique, puis une suite de tombeaux qui remontent aux premiers Pharaon; de la xvII dynastie; enfin un spéos où sont beaucoup de bas-reliefs d'une haute importance pour l'histoire, et notamment pour l'histoire de Sésostris. A Edfou, deux temples du tems des Ptolémées attirèrent l'attention de la commission: tous deux sont remplis de basreliefs relatifs à la mythologie égyptienne: ils sont remarquables, sous le rapport de l'art, par le mauvais goût qui y règne.

A Éléthia, on trouva des renseignemens précieux sur la vie domestique des Égyptiens, sur l'agriculture. Plusieurs scènes de famille, peintes sur les murs, sont accompagnées d'inscriptions. M. Champollion donne une chanson qui se trouve écrite au-dessus d'une scène agricole : le battage des grains. C'est une allocution que le conducteur des boufs est censé adresser à ces animaux. «Battez pour vous (bis) ô boeufs!-battez pour vous (bis) - des boisseaux pour vous, des boisseaux pour vos maîtres.» On remarquera sans doute, à cette occasion, l'ancienneté du bis, qui semble s'être conservé dans les chants populaires de toutes les nations. A Éléthia, la commission fut assaillie par une pluie très-abondante; «nous pourrons, ajoute M. Champollion, dire comme Hérodote de notre tems, il a plu en Égypte.» A Esnch, la commission étudia le grand temple qui sert maintenant de magasin pour le coton du pacha, et surtout le célèbre zodiaque du plafond qu'on faisait remonter à une haute antiquité; M. Champollion est, au contraire, convaincu que c'est le plus moderne de ceux qui existent encore en Égypte. Il pense que la construction du pronaos d'Esneh ne remonte pas au delà de l'empereur Claude; que ses sculptures, et, parmi elles le zodiaque, descendent jusqu'à Caracalla. M. Champollion trouva dans le palais de Louksor des notions mythologiques qu'il transmet avec

détail.

Les hypogées de Biban-el-Moulouck qui conservent des · sculptures et les noms des rois pour lesquels ils urent creusés, sont au nombre de scize, et out renfermé les corps des

rois des xvi, xix' et xxo dynasties qui sont toutes trois dìospolitaines on Thébaines. On n'a suivi aucun ordre, ni de dynastie, ni de succession dans le choix de l'emplacement des diverses tombes royales. «Il est difficile de se défendre d'une certaine surprise, lorsque, après avoir passé sous une porte assez simple, on entre dans de grandes galeries ou corridors couverts de sculptures parfaitement soignées, conservant, en partie, l'éclat des plus vives couleurs, et conduisant successivement à des salles soutenues par des piliers, encore plus riches de décorations, jusqu'à ce qu'on arrive enfin à la salle principale, celle que les Egyptiens nommaient la salle dorée, plus vaste que toutes les autres, et au milieu de laquelle reposait la momie du roi dans un énorme sarcophage de granit».

M. Champollion conclut, de beaucoup d'inscriptions retrouvées dans ces tombeaux, aussi bien que d'autres indices, qu'ils étaient commencés du vivant des princes auxquels ils étaient destinés, et que ces princes se préparaient ainsi, par d'immenses travaux et les soins de leur vie entière, leur dernière et éternelle demeure. Il a trouvé aussi dans ces tombeaux des renseignemens qui lui paraissent positifs sur les croyances religieuses des Egyptiens, sur leur foi à une autre vie, au système des peines et des récompenses. Il croit qu'une série de 75 cercles, habitée par les âmes coupables, subissant des tourmens proportionnés à leurs crimes, est le type primordial de l'enfer de Dante. On trouve dans ces peintures une variété de supplices vraiment effrayante, et qui avait donné à ceux qui avaient visité ces monumens ans pouvoir lire les légendes explicatives une horrible idée des mœurs du peuple égyptien. Ils avaient pensé que ces figures représentaient des supplices judiciaires. — La grande salle du tombeau de Rhamsès V surpasse toutes les autres en grandeur et en magnificence. Le plafond, creusé en berceau, et d'une très-belle coupe, a conservé toute sa peinture : la fraîcheur en est telle, qu'il faut être habitué aux miracles de conservation des monumens de l'Égypte, pour se persuader que ces frèles couleurs ont résisté à plus de trente siècles. Quelques parois conservées du tombeau d'Aménophis III (Memnon) sont convertes d'une peinture simple, mais exécutées avec beaucoup de soin et de finesse. Le tombeau de cet illustre Pharaon a été découvert par les membres de la première commission d'Égypte, dans la vallée de l'Ouest. Ìl est probable que tous les rois de la première partie de la xvir dynastie reposaient dans cette vallée, et que c'est là qu'il faut

chercher les sépulcres d'Aménophis I et II°, et des quatre Thouthmosis. On ne pourra les découvrir qu'en exécutant des déblaiemens immenses au pieddes grands rochers coupés à pic, dans le seia desquels ces tombes ont été creusées. Cette même vallée renferme peut-être encore le dernier asilc des rois thébains des anciennes époques. « J'ai fait dessiner la série des peuples, figurée dans un des bas-reliefs de la première salle à piliers du tombeau d'Ousiréi J. On a voulu, d'après la légende, représenter les habitans de l'Egypte et ceux des contrées étrangères; et nous pouvons trouver là l'image des diverses races d'hommes connues des Egyptiens, et apprendre en même tems les grandes divisions ethnographiques établies à cette époque reculée. » Il y a quatre races bien distinctes; les hommes de la première sont de couleur rouge sombre; ils ont le nez aquilin et une longue chevelure nattée, et sont vêtus de blanc; la légende les désigne par le nom de RôT-EN-NERÔME, la race des hommes, les hommes par excellence, c'està-dire les Egyptiens. Les hommes de la seconde race ont la peau basanée, le nez fortement aquilin, la barbe noire, abondante, et terminée en pointe, des vêtemens courts et de couleurs variées ceux-ci portent le nom de NAMOU. La peinture suivante ne présente aucun doute on y reconnaît la race nègre, qui est désignée par le mot NAHASI. Enfin, la dernière race a une peau blanche, de la nuance la plus délicate; le nez droit ou légèrement voussé, les yeux bleus, la barbe blonde ou rousse, a taille haute et très-élancée; les hommes sont tatoués sur diverses parties du corps, et couverts de peaux de bœufs, conservant encore leur poil: ce sont de véritables sauvages; on les nomme TAMHOU. D'autres 'tableaux analogues à celui-ci indiquent que la seconde et la quatrième races sont celles de l'Asie et de l'Europe.

La quatorzième lettre de M. Champollion est datée de Thèbes, 18 juin. Il annonce qu'il s'est particulièrement occupé d'étudier un monument célèbre, connu généralement sous le nom de tombeau d'Osymandyas, et qu'il appelle Rhamesséion, du nom de son fondateur, Rhamsès-le-Grand. Ce monument n'avait jamais été décrit d'une manière très-exacte; ses différens explorateurs ignorent pour la plupart le sens des légendes qui peuvent fournir sur lui des renseignemens précis et clairs. M. Champollion en donne une description complète, trop longue pour que nous puissions la rapporter ici. Nous transcrivons cependant les conséquences qu'il tire d'une légende seulptée sur les architraves des colonnes de la salle hypostyle du Rhamesséion. « Ainsi ces salles hypostyles, qui donnent

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