Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

prand dans Muratori. On ne sait pas bien si ce Luitprand est ou non l'historien; on apporte des raisons pour et contre cette opinion. Après ces pièces officielles on lit avec plaisir un dialogue intitulé Philopatris on le rangeait jadis parmi ceux de Lucien; depuis, l'autorité de Gesner avait prévalu, et il passait pour avoir été écrit au tems de Solon; voilà qu'un Solanus y reconnaît la doctrine de la procession du Saint-Esprit, et le fait descendre au XIIe siècle. M. Hase, cité par M: Niebuhr, a pensé que ce dialogue appartenait au moyen âge, et M. Niebuhr, l'examinant de plus près, s'est convaincu qu'il a dû être rédigé sous le règne de Nicéphore Phocas, en 968 ou en 969. Le massacre des vierges de Crète, et le message sur les victoires de Syrie, convenant parfaitement à ce qui est rapporté dans Théodose. Afin que ce volume fût en quelque sorte une encyclopédie complète sur Nicéphore Phocas et Triniscès, M. Lassen a choisi dans les auteurs arabes tout ce qui regarde ces empereurs : ce sont principalement Abulpharage, Abulfeda, Cameledin, Omar-ben-Ahmed.Les années de l'histoire de Léon sont marquées en marge de quatre façons depuis l'origine du monde, depuis l'ère chrétienne, celles de l'indiction, celles des empereurs. Cc volume est vraiment un chef-d'œuvre de goût, d'érudition et sous le rapport typographique il ne laisse rien à désirer.

96.

⭑ Stadtewesen des Mittelatters.

Etat des villes au

moyen âge, par M. Dietrich HÜLLMANN. T. IV. Bonn, 1829. In-8°.

Nous avons annoncé déjà les volumes précédens de cet important ouvrage. (Vòy. Rev. Enc., t. xxxvi, p. 596. ) Celui-ci renferme des observations sur la police et l'état sanitaire des villes, sur les métiers, sur des jeux, sur l'éducation. Comment donner de tout cela une idée juste en si peu de lignes? Nous préférons emprunter au livre même quelques traits caractéristiques. Nous commencerons par les lois somptuaires. « L'Italie, dit l'auteur, vivait dans la plus grande frugalité avant l'expédition de Charles d'Anjou; mais les Français y apportèrent le luxe vers la fin du xm° siècle; les mœurs en souffrirent à Florence, le gouvernement crut devoir y remédier par des lois somptuaires; il frappa d'un impôt assez fort les bijoux que les femmes avaient coutume de porter sur la tête ce fut en vain. Alors on imagina de convertir l'impôt en une amende pour le paiement de laquelle les pères, les frères et les maris étaient solidaires. Néanmoins, ces réglemens contre les dames, bien qu'on les renouvelât sans cesse, fléchissaient toujours. » M. Hüman croit que Florence est la patrie du

fard et de la poudre à friser. Les pères du concile de Béziers tonnèrent contre le goût des femmes pour le rouge et le blanc : mulier ne tingat seu lineat faciem, etc., quod rubicundior, albior et pulchrior appareat. Un cardinal de Bologne fixa gravement la longueur des queues de robe pour la noblesse des divers degrés. A Milan, à Bergame, les queues traînantes étaient entièrement interdites. Rien de plus curieux que tous les détails de luxe et de toilette que l'on rencontre ici. Viennent ensuite les réglemens de Philippe-le-Bel. A Angers le clergé s'en mêla : il y eut excommunication contre les tailleurs et les couturières dont l'indocile ciseau taillerait des vêtemens de telle ou telle dimension. Quant à la table, il y eut dans le moyen âge beaucoup de dispositions qui stipulaient jusqu'au nombre des convives. On donne des détails très-curieux sur les noces et les charivaris dont on attribue l'origine à la France, et que le clergé ne put jamais empêcher. Les usages des baptêmes, ceux des anniversaires et beaucoup d'autres encore passent sous les yeux des lecteurs tels qu'ils étaient dans différentes contrées. En général, c'est une intéressante causerie que ce livre, qui cependant est un prodige d'érudition. — L'auteur rappelle un singulier genre d'abus, celui des prêtres errans. Il y en avait tant qu'on ne pouvait même les entasser dans les couvens; ils se mettaient donc à courir le pays, se joignaient aux charlatans de foire, aux soldats congédiés, aux chevaliers d'industrie, parcouraient les lieux de pélerinages, les châteaux, etc., etc. : on les appelait vagantes. Ces ecclésiastiques se firent mendians, devins, astrologues, marchands de reliques et même bateleurs. Au xin siècle, la dépravation des mœurs était si grande dans cette classe d'hommes, qui doit aux autres de bons exemples, que Jean de Vitry, prêtre lui-même, a dit, dans son Historia occidentalis, qu'on regardait comme vertueux ceux qui n'avaient que des concubines. A Augsbourg, il s'établit une lutte entre le conseil et le clergé, qui ne vouJait pas qu'on jugeât ses membres à raison de leurs impudicités; mais on eut la barbarie d'enfermer quatre prêtres dans des cages de bois et de les y laisser mourir de faim. Quant aux filles, M. Hüllmann rapporte aussi des choses fort extraordinaires; il n'y avait à Constance, au tems du concile, que sept cents filles de joie. L'impôt établi sur la prostitution nous révolte aujourd'hui; cependant les papes ne craignaient pas de le percevoir sur Avignon. Ce volume renferme encore d'intéressantes notions sur les établissemens d'instruction publique, sur les ouvriers, sur les connaissances géographiques relatives à l'Orient. PI. DE GOLBÉRY,

97. - Geschichte der Ommaijaden in Spanien,

Histoire des (maures) Ommiades en Espagne ; précédée d'un Exposé de l'origine des royaumes chrétiens espagnols; par ASCHBACH, professeur. Francfort-sur-Mein, 1829; Varrentrapp. 2 vol. in-8°, de 375 et 376 pages.

Un examen critique des sources où le judicieux auteur a puisé précède convenablement l'histoire des Ommiades. Casiri, Assemani, surtout Conde ont publié des extraits des auteurs arabes, qui n'ont pas tous le même mérite, et dont quelques-uns, écrivant au xv siècle, ont peu d'authenticité, du moins pour l'époque que M. Aschbach a traitée. Les chroniques espagnoles sont malheureusement en petit nombre, et d'une brièveté désolante. Pour le règne des Ommiades, il n'y en a même qu'une seule qui soit importante malgré sa concision; c'est celle d'Isidore, évêque de Béja. Cependant, d'autres chroniques ne sont pas non plus à dédaigner, et l'his- ·· torien ne peut se dispenser de les comparer aux récits beaucoup plus détaillés, mais quelquefois plus fabuleux des écrivains arabes. En se proposant d'écrire l'histoire de la première dynastie arabe en Espagne, M. Aschbach a pensé avec raison, qu'il fallait s'écarter de la marche des historiens espagnols modernes, qui mettent sur le premier plan de leur tableau l'histoire des souverains chrétiens de l'Espagne, et rattachent à leur règne les événemens qui se sont passés chez les Maures de l'Andalousie. M. Aschbach fait des Ommiades son sujet principal, et il traite accessoirement des royaumes chrétiens qui se formèrent dans le nord de la péninsule, tandis que le midi obéissait au cimeterre des califes, et était devenu mahométan. Après avoir raconté un peu brièvement la conquête de l'Espagne par les Maures, l'historien passe à l'établissement de la dynastie des Ommiades à Cordoue, il les suit dans leurs guerres contre les rois d'Asturie et contre les Francs, qui furent menacés aussi de subir le joug du mahométisme; il fait voir ensuite comment le royaume maure de Cordoue fut déchiré par les factions, et s'affaiblit peu à peu, tandis que les royaumes chétiens de Léon et de Navarre se fortifièrent. Cependant, les arts et les lettres fleurirent sous les Ommiades, et ce fut, sans contredit, une époque brillante pour le midi de l'Espagne, qui, sous les Visigoths était restée barbare. La population avait été retrempée par le mélange des tribus africaines et asiatiques que les califes y avaient transportées, et qui s'étaient mêlées avec les indigènes. Il s'y développa un esprit romanesque, en harmonie avec les aventures des chefs de la nation. Combien il est à regretter que tant d'ouvra- !

ges des auteurs arabes nous apprennent si peu de faits de cette époque, où les révolutions politiques remuèrent tant d'individus, et firent agir tant d'esprits divers! Ce n'est pas toujours la faute de l'historien, si cette histoire, qui devrait être si pleine de choses, manque de cet intérêt puissant qui porte l'attention publique sur un peuple ou sur une série d'événemens. Il a fallu rassembler péniblement les faits, et choisir, avec prudence, entre les données historiques et les récits fabuleux, ou du moins suspects. Le critique a eu plus de travail que l'historien; aussi, un auteur qui voudra, comme M. Irving, revenir sur cette époque, trouvera la tâche beaucoup plus facile; M. Aschbach lui a préparé habilement la voie. Il pourra mettre plus d'imagination dans son récit et donner plus de vie à son histoire; mais il surpassera difficilement pour la conscience dans les recherches et l'emploi judicieux des matériaux, le professeur de Francfort. Voici comment M. Aschbach résume, dans le deuxième volume, les principaux événemens du règne de la dynastie des Ommiades. « C'est en luttant contre un grand nombre d'ennemis qu'Abdérame I avait fondé son empire; ni la puissance de Charlemagne, ni les guerres des califes abassides, ni les efforts des princes asturiens ne purent le renverser; toutes les factions de l'intérieur furent étouffées. L'esprit du fondateur parut se propager chez son fils Hescham I, chez son petitfils Hakem I, et chez son arrière petit-fils Abdérame II, qui surent défendre les frontières de leur empire, contre les chrétiens d'Espagne, contre les Francs et contre les pirates normands; sous leur règne, les Andalousiens répandirent la terreur jusqu'en Italie. Avec le règne de Mahomet I commence une époque moins heureuse. Les chrétiens d'Espagne s'étaient fortifiés; Il fallut conclure avec eux un armistice qui devint funeste aux Ommiades; en effet, habitués à une guerre continuelle, les Arabes d'Espagne tournèrent dès lors leurs armes contre eux-mêmes; des révoltes dans l'Espagne orientale et dans l'intérieur du pays, jointes à l'exaspération des Mozarabes opprimés, et aux incursions des Basques, sous Almondhir et Abdallah, affaiblirent l'empire, au point que sa ruine parut imminente. C'est dans ces conjonctures qu'Abdérame Annaser monte sur le trône, non pas comme émir d'Andalousie, mais comme calife de tous les croyans. Les rebelles sont domptés; les princes chrétiens font la paix; les Maures prennent la Mauritanie sur les Fatimites; en même tems Abdérame rivalise avec les califes de Bagdad, en encourageant les arts et les sciences, en élevant de superbes édifices, en favorisant le commerce; par ses soins, son empire de

par

vient le plus brillant et le plus riche de son tems, et il conserva ce lustre sous le fils d'Abdérame, le savant et pacifique Hakem II. Malheureusement, celui-ci ne laisse à sa mort qu'un fils en bas âge, Hescham II; l'ambition d'Almanzor tient le calife dans une captivité continuelle, tout en défendant ses états contre les chrétiens et contre les peuples d'Afrique. Almanzor est sur le point de détrôner les Ommiades, et de fonder une nouvelle dynastie, celle des Alamérides, lorsqu'il périt dans une bataille décisive contre les chrétiens. Hescham II devient le jouet des factions; il est tué enfin, et les deux tis des Édrisides et des Ommiades se disputent le trône de Ĉordoue. Abdérame IV et Abdérame V cherchent à relever le trône des Ommiades, mais l'esprit séditieux des gardes du palais, la révolte des Walis, la corruption du peuple et la discorde des Ommiades même empêchent cette famille de se maintenir. Mahomet III termine promptement son mauvais règne, et Hescham III, quoique prince excellent, n'est pas capable de retarder la dissolution de l'empire. Dans toutes les provinces, les Walis se rendirent indépendans du calife, et le prince est obligé de s'enfuir de la capitale même, et d'abandonner son pouvoir à un visir puissant. Voilà comment finit la dynastie des Ommiades après un règne de près de trois siècles. Il faudrait maintenant que M. Aschbach rédigeât, avec le même soin, l'histoire des dynasties suivantes jusqu'aux tems voisins de la chute de Grenade, car cette dernière époque est suffisamment connue. C'est une tâche, que nous engageons l'hisLorien des Ommiades à remplir. D-G.

Ouvrages périodiques.

-

98. Sophronizon, eine Zeitschrift, etc. Sophronizon, recueil ayant pour objet les perfectionnemens dans l'Eglise, dans l'Etat et dans le domaine des sciences; publié par le docteur PAULUS. Heidelberg, 1829; Oswald.

99. Der Denkglaubige, eine allgemein-theologische Jahresschrift, etc. Le Penseur-croyant, Annales générales théologiques, par le docteur PAULUS. Heidelberg, 1829; Oswald.

Ces deux ouvrages sont rédigés dans l'esprit du protestantisme, ainsi que l'indiquent leurs titres, que nous avons traduits littéralement. Ne pouvant entrer ici dans une appréciation détaillée à leur égard, nous nous bornerons à citer les morceaux qui nous ont paru les plus dignes d'attention dans les cahiers de l'année 1828. 1° Plusieurs articles sur les efforts

« PreviousContinue »