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Henri IV s'y connaissait peu; car, après avoir entendu deux avocats, il trouvait que chacun d'eux avait raison; mais c'est qu'il ignorait lui-même tout principe de législation, et, qu'avec un heureux instinct, il manquait cependant de connaissances positives. L'éducation des princes était alors fort au-dessous de ce qu'elle doit être aujourd'hui.

Le spectacle d'une cour d'assises est digne de l'observateur. Il faut savoir avec quel appareil se rend la justice criminelle; en quelles formes, avec quelle solennité, à l'ombre de quelles garanties la société statue sur l'honneur et la vie des citoyens.

Moins lugubres et plus animées, les audiences civiles, celles qu'on nomme audiences en robes rouges, offrent toujours un spectacle imposant, et quelquefois de belles discussions.

Il faut tout voir, tout entendre, réfléchir sur tout ce qu'on a vu et entendu, et ne s'approprier de chaque chose, que ce qui convient à notre caractère, à notre position, à nos devoirs.

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II. ANALYSES D'OUVRAGES.

SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES.

Verhandelingen van het Bataviaasch GenOOTSCHAP VAN KUNSTEN EN WETENSCHAPPÉN. Mémoires de la Société d'arts et de sciences de Batavia. Troisième édition, Vol. 1-x1 (1).

TROISIÈME ET DERNIER ARTICLE.

(Voy. Rev. Enc., t. xLI, p. 65, et t. XLII, p, 612.)

ÎLE CÉLÈBES.

A l'égard de cette île, située sous l'équateur, comme Sumatra et Bornco, le recueil de la société de Batavia nous fournit d'abord une description géographique très-détaillée, par Radermacher (2), qui nous fait connaître les royaumes de Célèbes qui existaient, il y a une cinquantaine d'années, ainsi que leur histoire, à partir du tems où les Hollandais se sont établis sur les côtes de l'île. Vers le milieu du dernier siècle on comptait plus de vingt royaumes dans les quatre presqu'îles dont se compose Célèbes. Bony était le royaume le plus considérable : la capitale, ayant le même nom, est située sur le golfe de Bony; dans le haut pays le roi avait une autre résidence, Tynrana, située sur une rivière à laquelle le lac de Tempe donne naissance. Les royaumes de Loclioc et Soping étaient voisins de Bony, et ses alliés. Au sud de la baie

(1) Batavia, 1825-1826; imprimerie nationale. 11 vol. in-8°, avec planches.

(2) Description de Célèbes et des tles Floris, Sumbava, Lombok et Baly, dans le tom. IV.

de Bony, la compagnie hollandaise possédait les comptoirs de Poelebanking et Glisson ou Galissong; car l'orthographe hollandaise des noms propres de l'Orient varie beaucoup, et les altère quelquefois au point qu'ils en deviennent méconnaissables c'est ainsi qu'elle écrit le nom d'un autre établissement hollandais à Célèbes, tantôt Bontain, tantôt Bonthayn. Sur la côte occidentale de l'île est situé le royaume de Macassar ou Mangkasar, dont les rois résidaient autrefois à Sambodipo, dans un château appelé Panakeke; mais cette résidence leur ayant été enlevée, ils bâtirent en 1667 la ville de Goa, mot que l'ortographe ou la prononciation hollandaise a transformé en Goach. A quelque distance de là, la compagnie avait un fort nommé Rotterdam; mais le trouvant trop difficile à défendre, elle le démolit en 1779; elle garda le poste de Moros dans le nord de l'île où elle avait d'ailleurs un territoire très-étendu, fertile en grains. Dans l'intérieur il y avait le pays de Wadjo ou Toadjo, qu'on disait gouverné par quarante princes qui choisissaient parmi eux un chef en tems de guerre. Le roi de Ternate possédait une vaste contrée au nord et au nord-est de l'île. A Gorontalo, la compagnie avait un résident ou agent; la rivière sur laquelle était situé ce comptoir donne de la poudre d'or.

Ce métal abonde à Célèbes. Le recueil de la société de Batavia contient un mémoire particulier sur les mines d'or que possède cette île, par un fonctionnaire qui a examiné les montagnes de Célèbes sous ce rapport (1); un géologue ferait icí probablement bien d'autres découvertes. Mais il y a, du moins auprès des côtes, des districts habités par des tribus féroces, qui mettraient des obstacles invincibles à toute recherche scientifique. L'abondance de l'or à Célèbes est probablement prodigieuse; les Européens auraient bientôt exploré les richesses des montagnes; les insulaires ne manquent pas non plus d'en tirer parti; mais ils procèdent sans art, et ne commen

(1) Rapport concernant les mines d'or de la côte de Célèbes, par G. Fréd. Deus, dans le tome III.

cent une exploitation qu'après avoir consulté un taleaga ou devin qui, à son tour, consulte le chant des oiseaux, et fait un sacrifice. A Célèbes, comme au Brésil, l'or se trouve mêlé au sable ou à l'argile, et c'est par le lavage qu'on l'en sépare: aussi les insulaires n'exploitent que les endroits où ils sont sûrs d'avoir un ruisseau pour opérer ce lavage. M. Duhr a remarqué que dans les mines où l'or est de bon aloi, comme à Papajatœ, Aukahœlo et Tamallas, les roches sont molles et ont une teinte bleue ou jaune, tandis que là où l'on ne trouve que du métal de bas aloi, tels que Batodoelang, Dalodajœnce et Bombola, les pierres sont grises, même blanches et dures. Presque généralement, on trouve dans les mines de Célèbes, à une profondeur de 5, 8 à 12 pieds, un banc de roches que les outils des mineurs indigènes ne peuvent percer, mais qui recèle quelquefois des filons remplis d'or; peut-être trouverait-on au-dessous de ce banc des mines plus riches encore que celles qu'on exploite au-dessus. Il y a au reste beaucoup de hasard dans ces recherches: l'or étant dispersé sans régularité dans les rochés ou les terres, tel ouvrier fait des découvertes importantes, tandis que tel autre se consume en efforts infructueux, et le premier perd quelquefois tout le bénéfice de son travail, par la cupidité des chefs qui lui arrachent le morceau d'or, espoir de son aisance.

Pour connaître maintenant l'état social actuel des habitans de Célèbes, il faut revenir à l'excellent discours de sir Thomas Stamford Raffles, qui nous a déjà fourni de précieux détails sur les autres îles de la Sonde. Deux grandes tribus se font remarquer dans l'île Célèbes : les Macassars et les Bougis; les derniers ont été récemment signalés dans les journaux de l'Inde comme d'industrieux marchands qui fréquentent les principaux marchés des contrées indiennes et insulaires. Je renvoie à ces détails pour ne pas m'éloigner des mémoires de la société de Batavia. Lors de la découverte et de la conquête de l'Inde par les Européens, les Macassars et les Bougis avaient entre leurs mains presque tout le commerce des épices, et ils l'ont conservé long-tems. Cet esprit commercial

suppose uue civilisation assez avancée, et en effet, tout ce qu'on sait de ces peuples nous prouve qu'il ne faut pas les confondre avec les nations barbares qui occupent une partie de l'île; leur courage ct leur fidélité étaient autrefois en renom dans ces archipels; ils fournissaient des troupes soldées aux souverains de Siam, de Camboje et à d'autres princes : ils étaient les suisses de la ligne équatoriale. Le trait le plus singulier de l'État social dans l'île de Célèbes, dit M. Raffles, est l'existence d'une monarchie élective, limitée par une aristocratie généralement héréditaire, et exerçant une autorité féodale sur les chefs inférieurs et sur la masse de la population, obligés d'entrer en campagne au premier appel fait par les suzerains. M. Raffles croit que cet état de choses, peu étonnant en Europe, est presque sans exemple en Aste, où le despotismé absolu est la règle ordinaire. Cependant cette vaste partie du monde présente toutes les modifications possibles du pouvoir, la république exceptée, et sans doute en parcourant tous les États, toutes les races et toutes les tribus, on verrait d'autres exemples encore de ces monarchies limitées par de puissans corps aristocratiques; toutefois, il est surprenant que cette forme de gouvernement se retrouve dans tous les petits États des Macassars et des Bougis. Partout le roi ou le chef est élu par un conseil ou corps aristocratique qui s'arroge aussi le droit de déposer le chef lorsqu'il agit contre sa volonté, de disposer du trésor, et de nommer le premier ministre. Il est évident que c'est l'aristocratie qui règne au nom d'un chef, auquel on ne laisse que le titre et les vains honneurs du roi. La force numérique de ce corps varie dans les divers États; à Bony le roi est élu par sept conseillers héréditaires appelés Orang-pitou; à Goa le conseil se compose des neuf fermiers du pays (c'est leur nom), et d'un premier ministre ou Bechara-Buta, qu'ils élisent dans leur sein, et dont le pouvoir est tel qu'il peut suspendre le roi même, et convoquer le conseil pour l'élection d'un autre prince. Ce qu'il y a de curieux, c'est que le gouvernement de chaque province du royaume est moulé sur ce type: là aussi les Krains ou

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