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sont tous, sauf un, de la composition de Beauchamp, et écrits à cinq parties. En voici les titres.

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Une Ouverture: elle était sans doute exécutée avant le lever de la toile. Pour la fin du Prologue, une [re ENTRÉE : les Sylvains, air de danse à deux reprises, comme tous ceux qui vont être énumérés, et un deuxième air pour les mêmes. Il est indiqué dans l'imprimé, mais non dans la partition, que pour accompagner ces danses du Prologue les hautbois (et bassons) se joignaient aux violons (à l'ensemble des instruments à archet).

A la scène ш de l'acte I, où paraît Lysandre, l'amateur de danse, appartient une Courante expressément attribuée à Lulli; Molière l'avait très probablement demandée à «< Baptiste le très cher », au nouveau surintendant de la musique de la Chambre, pour la chanter et danser lui-même : c'est à tort que Philidor l'a transcrite entre l'Ouverture et les Sylvains du prologue, et par une erreur certaine qu'il la donne comme ayant été chantée par la Grange. Cet air, fait pour être dit sans accompagnement par Lysandre, est, dans la copie, mis à la clef des dessus de violon et soutenu d'une simple basse; sans doute il avait plu, et fut tout de suite noté comme alors l'était le plus souvent, à l'usage du public, la musique de danse 1. C'est donc, remarquons-le en passant, à ce temps des Fâcheux (1661) que remontent les premières relations, la première collaboration de Molière et de Lulli.

pour la fin du premier

La partition de Beauchamp comprend en outre acte, une Ire ENTRÉE : les Joueurs de mail, et une IIde ENTRÉE : les Curieux. Pour la fin du second acte, quatre entrées : Ire, les Joueurs de boule; II, les Frondeurs; III, les Savetiers et Ravaudeuses; IVo, les Jardiniers : pour celle-ci il y a un deuxième air; c'est peut-être parce qu'il trouva deux morceaux à cette quatrième entrée que Philidor en a écrit ainsi le titre, voulant dire les deux airs du Jardinier; peut-être aussi qu'à certaines représentations, au lieu d'un maître baladin, il en parut plusieurs; quoi qu'il en soit, le texte de Molière ne parle à cette place que d' « un Jardinier qui danse seul ». — Pour la fin du troisième acte, une Ire ENTRÉE : les Suisses, et une dernière entrée : les Bergers, avec un deuxième air destiné aux mêmes, ou plutôt, comme l'indique l'imprimé, à la Bergère qui « fermoit le divertissement d'assez bonne grâce ». Philidor, dans un autre beau volume de sa collection, le numéro XXXI, a transcrit de suite les indications que donnent les éditions sur les entrées de ballet jetées dans les entr'actes de la comédie. A ce livre du ballet des Fâcheux rassemblé par lui il a mis ce titre : « Les Fâcheux, ballet et comédie donné au Roi par M. Fouquet, à Volviconte (Vaux-le-Vicomte), l'an 1661. Recueilli par Philidor l'aîné, ordinaire de la musique du Roi et garde de sa bibliothèque de musique, l'an 1705. » Il n'y a pas ajouté le moindre renseignement. Il l'a seulement fait précéder de l'avertissement de Molière, et du Prologue de Pellisson (sans nommer ni l'un ni l'autre auteur), puis y a intercalé, entre le ballet du second acte et celui du troisième, la lettre de Caritidès au Roi et le bout de dialogue qui en interrompt et en suit la lecture. Aucun extrait, aucun argument même des autres scènes de la comédie. Suivant toute apparence, il n'a pas trouvé de livret imprimé, et s'est contenté de copier pour le tout, non le texte de l'édition originale, mais, croyons-nous d'après une ou deux petites variantes, celui du recueil

de 1666.

Une pièce plus intéressante, autrefois réunie au livret imprimé du Mariage forcé dans un même volume de la Bibliothèque nationale (Y 6045), est

1. Le fac-simile de cette page de Philidor sera inséré dans l'Album.

2. Philidor, qui n'avait sans doute pas le texte de Molière sous les yeux, a joint les deux entrées du premier acte à celles du second.

actuellement aux Manuscrits de la même Bibliothèque, sous le numéro 4072 des Nouvelles acquisitions du Fonds français. Ces quelques feuillets, d'écriture ancienne, sont intitulés : « Les Fâcheux, comédie et ballet dansé devant Sa Majesté à Vaux-le-Vicomte, en l'année 1661. » Comme l'indique au-dessous du titre une note récente, ils ne contiennent de ce que Molière a fait imprimer en février 1662 que l'épître Au Roi, la Préface, le Prologue et les sujets des entrées de ballet; les vers de la comédie manquent. Mais un argument de chacun des trois actes précède le programme des deux intermèdes et du divertissement final. Il paraît assez naturel de croire que ces arguments ont été empruntés par le copiste au livret préparé, imprimé peut-être, pour être, suivant l'usage, remis aux principaux du moins des invités de Foucquet (le 17 août 1661), ou du Roi (le 25 août suivant à Fontainebleau, où fut d'abord jouée la scène du Chasseur), ou même plus tard (le 4 novembre) aux spectateurs du Palais-Royal. Nous transcrivons ici ces arguments qui ont pu être rédigés sous les yeux de Molière : les eût-il écrits lui-même, il était tout naturel qu'il les supprimât lorsqu'il donna au public sa pièce même à lire.

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« PREMIER ACTE DE LA COMÉDIE.

Éraste allant au rendez-vous qui lui avoit été donné par Orphise, sa maîtresse, en est empêché par plusieurs Fâcheux. Le premier est la Montagne, son valet, qui le fait enrager tranchant du nécessaire; et pendant qu'il lui accommode sa perruque et ses canons, il voit passer sa maîtresse, conduite par un homme. Il la salue, et elle en passant détourne la tête, comme si elle ne le connaissoit point. Il envoye son valet les suivre; mais il le chagrine encore en lui faisant cent questions inutiles sur ce qu'il doit faire en les suivant. Pendant qu'il espère le retour de son valet, un second Fâcheux survient; c'est une personne de qualité, qui l'occupe à entendre un air, et une courante qu'il a faite dessus. Il lui chante et lui veut enseigner l'air et la courante. Enfin le valet revient, et lui dit que sa maîtresse vient. Ils se font des reproches, et étant près de s'éclaircir, un troisième Fâcheux survient, qui le tire de la conversation de sa belle, pour lui parler en secret, et le prie d'aller porter un défi à un homme par qui il se croit avoir été offensé. Il s'en défend; et pendant cet entretien secret sa belle se retire, ce qui lui cause un nouveau chagrin. Et voulant rêver à cette aventure et comment il la pourra retrouver,

BALLET DU PREMIER ACTE

PREMIÈRE ENTRÉE

des Joueurs de mail, crians gare, l'obligent, etc.

SECONDE ENTRÉE.

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« ACTE SECOND.

Éraste, pensant s'être échappé de tous ces Fâcheux, revient au rendez-vous attendre son valet, qu'il a envoyé chercher sa maîtresse, lorsqu'un Joueur, nouveau Fâcheux, le vient troubler, pour lui faire le récit d'un coup imprévu qui lui est arrivé au jeu, duquel récit il ne peut se défendre, quelque chose qu'il fasse. Son valet revient, et comme il est son plus cruel Fâcheux, il le fait languir fort longtemps, et enfin lui apprend que sa maîtresse se va rendre au rendez-vous. Pendant qu'il l'attend, autres Fâcheuses surviennent : ce sont deux dames, qui le prennent pour juge d'un différend qu'elles ont. Et les quittant, après leur avoir dit son avis, il est aperçu par sa maîtresse, qui devient jalouse, et querelle1 lorsqu'il veut parler, le renvoyant à ces deux dames, et le quitte et sort. Il la veut suivre pour se justifier, mais il en est 1. Ne faut-il pas lire : « et le querelle »?

empêché par un autre Fâcheux, qui est un Chasseur, qui lui fait le récit d'une chasse et lui fait manquer l'occasion de suivre sa Dame. Le Chasseur1 l'ayant quitté, il veut courir après sa maîtresse :

BALLET DU SECOND ACTE

PREMIÈRE ENTRÉE

des Joueurs de boule l'arrêtent....

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« ACTE TROISIÈME.

« Éraste revient après avoir adouci sa belle. Il apprend pour surcroît de chagrin que Damis, l'oncle et le tuteur de sa belle, la veut marier le lendemain à un autre. Pour rompre ce mariage, il veut aller trouver sa maîtresse ; mais il est arrêté par un Fâcheux : c'est un savant, qui le vient prier de présenter un placet au Roi pour lui. On lui lit ce placet; il le prend et se défait de ce Fâcheux, qui n'est pas si tôt sorti, qu'il en vient un autre, qui le prie de l'introduire auprès du Roi pour lui donner un avis, et sur le droit d'avis lui emprunte quelques pistoles 2. Il est ravi de s'en pouvoir débarrasser à ce prix; et voulant sortir, il en est encore empêché par un homme qui lui veut persuader qu'il a une querelle; et comme il est de ses amis, il ne le veut point quitter, quelque chose qu'il lui dise. s'en défait en le querellant lui-même. Mais voulant entrer chez sa maîtresse, il voit sur sa porte des gens qui se disent qu'ayant su qu'il y devoit venir, ils ont dessein de le tuer. Son valet entendant ce discours prend de ses amis et se jette sur ces gens. Au bruit, Damis sort, qui est aussi attaqué. Éraste, voyant Damis en danger, se met de son côté et lui sauve par ce moyen la vie. Damis se voyant secouru par celui qu'il poursuivoit pour lui faire de la peine, se repent, et, en reconnoissance du bien qu'il vient de recevoir, promet à Éraste de lui donner sa nièce pour femme. A ce grand bruit, étoit accourue la nièce, qui voyant son oncle et son amant, veut rentrer; mais l'oncle la retient, et lui ayant fait récit de ce qui se venoit de passer, lui donne pour mari celui qui étoit son amant. En réjouissance de ce mariage les violons voulans jouer, on frappe fort à la porte, on ouvre, et l'on voit des masques qui entrent et veulent être de la fête. Ils occupent toute la place en dansant :

BALLET DU TROISIÈME ACTE, » etc.

Seconde édition, chez les mêmes libraires, 1663; in-12. L'achevé d'imprimer a même date que celui de l'édition première, et ne constate que le jour à partir duquel couraient les cinq ans du privilège. Elle est comprise dans le recueil factice formé par Charles de Sercy en 1664 (plus loin, p. 53-55, no 1).

Suivant la copie imprimée à Paris, 1662; petit in-12, à la Sphère (Amsterdam, de l'officine de Louis et de Daniel Elzevier). C'est, d'après M. Willems, la première comédie de Molière réimprimée par les Elzevier. Daniel l'a reproduite en 1674 et insérée dans son recueil de 1675 (notre 1675 A), puis en 1679. Réim

1. La copie a ici, par faute : « Le Joueur ».

2.

ORMIN.

Si vous vouliez me prêter deux pistoles,
Que vous reprendriez sur le droit de l'avis,
Monsieur...

(Vers 736-738 des Fácheux.)

primée encore par Henri Wetstein, successeur de Daniel Elzevier, en 1684, elle fait partie du recueil publié par lui cette même année (notre 1684 A). Voyez plus loin, p. 66 et 67, n° 5, et p. 74 et 75, no 8.

Une autre édition encore, ou contrefaçon, des Fâcheux, in-12, portant l'adresse de Nicolas Pepinglé (sic, pour Pepingué1), à la grand'salle du Palais, à Paris, et la date de 1668, a été signalée et décrite dans le Moliériste d'avril 1880, p. 14 et 15 (voyez aussi, dans le même recueil, le numéro d'août 1880, p. 156).

6. L'Étourdi ou les Contretemps, comédie représentée à Lyon dès 1653 ou 1655, puis à Paris, d'abord au Petit-Bourbon, en novembre 1658. Privilège à Molière (« au sieur Molier ») du dernier mai 16602, pour cinq ans, cédé à Claude Barbin et à Gabriel Quinet : l'adresse de l'un ou de l'autre de ces libraires peut donc se rencontrer sur le titre des éditions.

ÉDITION ORIGINALE: Paris, 1663, achevée d'imprimer le 21 novembre 1662; in-12. Voyez tome I, p. 98-100. Elle fut comprise dans le tome II du recueil factice daté de 1663 et de 1664 (voyez plus loin, p. 53-55, le numéro 1).

Suivant la copie imprimée à Paris, 1663; petit in-12, avec la marque de la Sphère (Amsterdam, de l'officine de Louis et de Daniel Elzevier). Édition reproduite à Amsterdam par Daniel Elzevier en 1674 et en 1679 pour être publiée à part et insérée dans les deux recueils factices des OEuvres de M. Molière, celui de 1675 (notre 1675 A) et celui de 1679, qu'il a fait paraître l'un et l'autre sous le pseudonyme de Jaques le Jeune (voyez plus loin, p. 66 et 67, no 5); reproduite encore à Amsterdam par Henri Wetstein (qui en avait acquis le droit après la mort de Daniel Elzevier), en 1683 et en 1693, et insérée par lui dans deux recueils également factices, celui de 1684 (notre 1684 A), qu'il a publié sous le même pseudonyme de Jaques le Jeune, et celui de 1693 (notre 1693 A3), qu'il a publié sous son vrai nom (voyez plus loin, p. 74 et 75, no 8, et p. 77, no 10).

I. Voyez notre tome VI, p. 303, et, plus loin, p. 27, à l'avant-dernier alinéa du numéro 22.

2. Ce privilège s'étendait encore au Dépit amoureux, au Cocu imaginaire et à Dom Garcie de Navarre.

3. Ce dernier recueil ainsi désigné par nous comprend des pièces imprimées de 1688 à 1693; mais, comme nous en avons déjà averti, le titre général de chacun des volumes porte le millésime de 1691, qui rappelle la date du privilège obtenu pour ces OEuvres de Molière.

7. — Dépit amoureux, comédie représentée pour la première fois à Béziers, à la fin de 16561, puis à Paris, d'abord au PetitBourbon, en décembre 1658. Privilège à Molière, du 31 mai 1660, pour cinq ans, cédé à Claude Barbin et à Gabriel Quinet. ÉDITION ORIGINALE: Paris, 1663, achevée d'imprimer le 24 novembre 1662 avec l'adresse de l'un ou de l'autre des libraires cessionnaires; in-12. Voyez tome I, p. 399. L'édition fut comprise dans le tome II du recueil factice daté de 1663 et de 1664 (voyez plus loin, p. 53-55, le numéro 1).

Suivant la copie imprimée à Paris, 1663, petit in-12; à la Sphère (Amsterdam, de l'officine de Louis et de Daniel Elzevier). Édition reproduite par Daniel Elzevier en 1674 et en 1679 et insérée dans ses deux recueils factices des OEuvres de M. Molière : celui

8.

de 1675 (notre 1675 A) et celui de 1679 (voyez plus loin, p. 66 et 67, no 5); reproduite encore par Henri Wetstein en 1683 et en 1693, et insérée par lui dans deux recueils également factices : celui de 1684 (notre 1684 A) et celui de 1693 (notre 1693 A) : voyez plus loin, p. 74 et 75, no 8, et p. 77, no 10.

Sur l'arrangement de la pièce en deux actes, voyez plus loin, p. 124 et 125. Ajoutons un renseignement qui n'a pu être donné dans la Notice: lors du jubilé de Molière en 1873, les cinq actes du Dépit amoureux furent joués deux fois, le 17 et le 21 mai, sur la scène de Ventadour, par la troupe de Ballande ; et l'année suivante, le dimanche 1er mars, la comédie fut encore représentée entière à l'une des matinées de la Porte-Saint-Martin.

Sur la première distribution de la comédie, voyez les observations de M. G. Monval, au Moliériste d'octobre 1888, p. 218 et 219. Il pense que Molière s'était plutôt chargé des deux rôles de Mascarille et de Métaphraste que du rôle d'Albert2; à l'appui de cette conjecture on peut alléguer la distribution de 1685 (donnée par nous, tome I, p. 559, dans une addition à la Notice du Dépit amoureux): il y est constaté que Rosimont jouait Mascarille et Métaphraste, et ce sont, comme on sait, en général, les rôles de Molière qu'avait repris cet acteur.

L'École des femmes, comédie représentée au Palais-Royal le 26 décembre 1662. Privilège du 4 février 1663 donné, pour six ans (pour sept, d'après le Registre syndical), à Guillaume de Luyne, qui y fait participer Sercy, Joly, Billaine, Loyson, Guignard, Barbin et Quinet.

ÉDITION ORIGINALE: Paris, chez l'un des libraires associés au privilège, 1663, achevée d'imprimer le 17 mars; in-12. L'omission de 1. Voyez la Notice biographique, p. 183, et, pour une addition à cette dernière page, p. 485.

2. Voyez la Notice du Dépit amoureux, tome 1, p. 388 et note 3, et la Notice biographique, p. 208, note 2.

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