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ÉTUDE

SUR LES

MOYENS DE COMMUNICATION

Le terrain est sillonné par des voies de communication plus ou moins importantes et plus ou moins nombreuses, suivant les besoins des populations qu'elles desservent. En principe, plus une ville est considérable, plus est multiplié aussi le nombre des voies qui viennent y aboutir.

Ces diverses routes menant également à d'autres villes, tracent, en les mettant en communication, des lignes représentant, par leur croisement, des polygones irréguliers dont les côtés servent de traverses permettant de se relier.

Chaque ville est donc le sommet d'un ou de plusieurs angles suivant le nombre de routes qui y aboutissent. Suiton une de ces routes? on la trouve invariablement coupée par des traverses se renouvelant à des distances inégales et allant elles-mêmes couper les routes voisines. De sorte qu'une troupe nombreuse, partant d'une ville et se séparant sur les diverses lignes qui forment les angles, trouvera toujours des chemins de grande communication transversaux se répétant à des distances plus ou moins rapprochées permettant de correspondre et de maintenir facilement la liaison entre les diverses fractions.

Ce sont ces traverses sur lesquelles nous appelons l'attention, car, en les occupant par des patrouilles, les communications sont toujours maintenues entre les différentes fractions de troupe, les nouvelles rapidement transmises et les embranchements des routes ou sentiers sont tous surveillés.

On peut prendre au hasard n'importe quelle carte de France ou de l'étranger, il n'existe pas une seule exception.

Deux routes partant d'un point sont toujours coupées plus ou moins loin par des traverses.

Celui qui tient la traverse couvre complètement le terrain en arrière, et il est facile de prouver que c'est le seul moyen d'assurer le service de sûreté et d'exploration.

En effet, les voies de communication ne se composent pas seulement des grandes artères dont nous venons de parler, mais elles comprennent encore une foule de routes ou sentiers qui s'embranchent sur elles comme des rameaux plus ou moins forts sur un gros arbre. Ces routes ou ces sentiers arrivent suivant une direction oblique, puisqu'ils ont pour but de mener à des villages placés sur les flancs. Mais, souvent, ces chemins qui partent obliquement se redressent et se dirigent ensuite vers l'ennemi, parallèlement à l'artère principale. Quoique n'offrant qu'une importance secondaire, il faut néanmoins en tenir compte, car ils peuvent être utilisés pour certaines armes, et, s'ils n'étaient pas gardés, l'ennemi, en les prenant, pourrait se présenter inopinément sur les flancs, ou par derrière, quand on les aurait dépassés.

Pour opérer en toute confiance, il est donc utile, en principe, que toutes les routes ou sentiers s'amorçant sur la grande artère suivie par le gros des troupes soient

observés de manière que l'ennemi ne puisse arriver sans être signalé. Mais, par contre, l'étude des cartes et du terrain fait voir que les chemins ou sentiers qui s'embranchent sur une grande artère sont au nombre de trois environ par kilomètre.

Alors, pour se conformer à l'exigence indiquée ci-dessus, la troupe chargée d'explorer qui aurait 40 kilomètres à franchir pour éclairer au loin, distance fort admissible, trouverait cent vingt chemins à droite et autant à gauche.

Ces chemins ne sauraient être fouillés à moins de 1000 mètres (portée restreinte du fusil).

Donc, 240 kilomètres à parcourir de chaque côté de la route ou 480, plus les 40 suivis sur la route, total: 520 kilomètres, travail impossible.

Empressons-nous, du reste, d'ajouter que, pourrait-on le faire, le résultat serait encore des plus incomplets, car on tomberait dans les inconvénients suivants :

Fouiller un chemin jusqu'à 1000 mètres, puis revenir, ne peut donner aucune sécurité, car si l'ennemi est à 1500 ou 2,000 mètres, on ne l'a pas vu, il peut vous suivre, et, au moment où l'on se croit en confiance, il arrive par derrière et vous coupe la voie. Donc, deux nécessités contraires à satisfaire, puisque, d'une part, toutes les voies doivent être gardées, tandis que de l'autre, on ne peut jamais avoir assez de monde pour le faire.

Alors, comment résoudre ce problème ?

L'étude des cartes donne un moyen bien simple, et démontre qu'en occupant les traverses dont nous avons parlé, toute sécurité est assurée.

En effet, prenons pour exemple la figure ci-contre, qui n'est que la reproduction du tracé des routes sur toutes les cartes, même prises au hasard: n'est-il pas évident

qu'en plaçant des postes sur le terrain, aux points B CD E, tous les chemins en arrière peuvent être

C

B

D

E

A

négligés. Seraient-ils par milliers, l'ennemi ne peut les prendre sans avoir été signalé, et, pour cela, il faut très peu de monde.

S'agit-il de communiquer avec les troupes marchant sur les autres routes voisines, ou d'aller menacer l'ennemi par un mouvement sur son flanc? C'est encore par ces traverses que l'opération sera facile à exécuter, puisque les troupes peuvent les suivre avec vitesse sans craindre de se tromper. Il est donc important d'arriver rapidement à ces lignes d'intersection parce qu'elles facilitent le service d'exploration et de sûreté, tout en n'employant que très peu de cavaliers.

L'étude du terrain, que nous venons d'esquisser, était indispensable pour fixer les idées sur le nombre, l'im

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