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L'expérience faite, l'an dernier, à une manœuvre du 6e corps, l'a victorieusement démontré.

Ainsi comprise, la cavalerie voit s'ouvrir devant elle, par sa combinaison avec l'infanterie et l'artillerie, un champ d'action sans limite, et une entrée en scène incessante et variée dans toutes les petites ou grandes opérations de la guerre.

C'est seulement en utilisant les progrès adoptés par les autres armes que la cavalerie sera certaine de ne pas se laisser distancer, de grandir quand elles se perfectionneront, et de porter au plus haut point sa puissance vraiment merveilleuse quand elle est mise en jeu dans toute son ampleur !

Telles sont les considérations que je présente pour l'emploi moderne de la cavalerie. Je n'ai pas la prétention de convaincre par les théories exposées; car la pratique, sur le terrain, avec les troupes, est indispensable pour répondre aux objections; aussi, je suis prêt à manœuvrer contre les opposants.

Je prétends que la cavalerie est, actuellement, immobilisée dans un seul de ses multiples rôles et rivée, par suite, au prologue de son instruction.

Je prétends également que, même pour ce prologue, on est lancé sur une fausse piste tracée par une main étrangère et rivale.

Enfin, je prétends que l'opinion publique s'égare quand elle croit que, pour mener sûrement la cavalerie, il faut des chefs doués d'un génie spécial; car il suffit de revenir à la méthode française pour que tous les généraux puissent, actuellement comme autrefois, la brillamment conduire. Qu'on relise, pour s'en convaincre, la préface du chapitre sur la cavalerie.

La question est posée devant toute l'armée, et le silence

ne suffit plus pour l'étouffer. Il faut, maintenant, pour la résoudre, le souffle ardent de la discussion. Persuadé que mes adversaires cherchent, avant tout, loyalement et sans parti pris, les progrès à réaliser, je compte sur eux pour se joindre à moi afin d'obtenir un débat public. Des juges choisis dans toutes les armes décideront, en vue de tous, qui de nous a raison. Alors, selon le vieil adage, du choc des opinions jaillira la lumière éclairant nettement la route à suivre et le but à atteindre.

J'ai en mon arme la foi et la confiance les plus illimitées. Ayant, pendant toute ma carrière, travaillé les questions qui la concernent, je persiste à répéter qu'il nous faut rejeter les méthodes étrangères comme contraires à notre tempérament, et compter désormais exclusivement sur notre intelligence et nos efforts pour adopter une tactique bien à nous, bien française et bien d'accord avec nos merveilleuses aptitudes nationales.

Telle est la conclusion patriotique à inscrire sur le drapeau que j'arbore, et c'est en son honneur que j'ai mis sur le frontispice de mon premier livre cette fière devise dont j'ai démontré l'exactitude:

La cavalerie française, maniée suivant les principes français, est sans rivale dans le combat.

Aujourd'hui comme autrefois, nos cavaliers sont pleins d'entrain et d'ardeur, nos chevaux des plus résistants à la fatigue, et, vraiment, ce sera un beau et grandiose spectacle que celui de voir de nouveau, sur un champ de bataille, l'école française aux prises avec l'école allemande.

Ayant le très grand honneur de commander une division destinée à porter les premiers coups, j'attends avec une suprême confiance que sonne l'heure de la lutte, car, en mon cœur et en mon âme, j'ai l'entière et ardente conviction qu'il suffira de dire à nos officiers et à nos soldats :

Pour la Patrie !

En avant avec la vieille furie française !

Et à l'avenir, comme dans notre beau temps, tout sera culbuté !

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