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AVANT-PROPOS

Le travail que je vais exposer étant très complexe, puisqu'il traite les diverses missions de la cavalerie, tant au point de vue de son rôle isolé que lorsqu'elle agit en combinaison avec les autres armes, j'ai tenu, avant de le faire paraître, à le soumettre à la critique de chefs connus pour leur expérience et leur savoir incontestés.

Ayant dédié la première partie de ce livre à M. le général Saussier, parce que j'avais longuement travaillé avec lui les grandes lignes concernant l'arme, il est naturel, pour le même motif, que je rende également hommage, aujourd'hui, à M. le général Février, commandant le 6 corps d'armée.

Depuis deux ans que j'ai l'honneur de servir sous ses ordres, il a bien voulu m'aider de ses

AVANT-PROPOS.

conseils en accentuant et précisant les rôles multiples d'une cavalerie qui sait utiliser toute sa puissance et tous ses moyens par sa combinaison avec les autres armes.

Ces vérités ont été démontrées exactes sur le terrain pendant les manoeuvres de l'an dernier.

Or, non seulement dans le 6e corps, où tous l'aiment et l'honorent, mais dans toute l'armée, chacun sait que le général Février est un tacticien de premier ordre.

Aussi, fort de l'approbation de ces chefs illustres, c'est avec foi et confiance que je publie les idées qui vont suivre.

INTRODUCTION

Dans la première partie de ce travail, parue l'an dernier, nous avons démontré que, pour le combat, la cavalerie française, maniée suivant les principes français, n'avait rien à craindre de ses rivales! Par suite, nous insistions sur la nécessité de ne plus nous plier aux méthodes étrangères, ce système d'abdication n'arrivant qu'à éteindre nos plus précieuses qualités !

D'ailleurs, les temps sont bien changés !

Aujourd'hui, la France a repris son antique puissance militaire, et, ne redoutant plus la lutte, elle peut, d'un œil tranquille et fier, suivre sans inquiétude les progrès des peuples voisins.

Or, si l'on regarde ce qui concerne la cavalerie, nous voyons la Prusse reconnaître la faiblesse de sa tactique, et chanter victoire parce qu'elle l'a rejetée pour en revenir aux préceptes du Grand Frédéric !

Nous, au contraire, après avoir imprudemment mis de côté les principes qui nous avaient toujours donné le succès, nous persistons à conserver une tactique, vieille de dix siècles, copiée littéralement sur le règlement prussien, et mise par cette nation au rebut, comme démodée.

Allons-nous attendre de nouveau que les idées nous viennent de l'étranger, et comptons-nous longtemps encore maintenir la cavalerie dans la voie étroite qu'elle suit? A ceux qui la croient en progrès, nous répondrons par les faits suivants :

Depuis une série d'années, la cavalerie est réunie par masses dans les camps d'instruction, où elle est exercée à un seul et unique rôle Cavalerie contre cavalerie, avec artillerie.

Certes, on a bien fait de commencer par cette mission, car, ainsi que nous le détaillerons plus loin, le premier devoir d'une cavalerie en campagne est de chercher, jusqu'à ce qu'elle la trouve, celle de l'ennemi pour la combattre et la disperser. C'est une idée fixe qu'il faut réaliser à tout prix; c'est un duel à mort qu'il faut vider sans délai, sans trève ni merci, puisque le vainqueur réserve à l'armée qui le suit la facilité de jouer la partie avec tous les atouts dans les mains.

Mais, ce résultat obtenu, pensez-vous donc que la cavalerie n'a pas d'autre mission à remplir?

- Loin d'en être ainsi, c'est seulement après cette lutte que la cavalerie verra s'ouvrir devant elle un champ d'action sans limites, quand on saura intelligemment la manier en combinaison avec les autres armes.

Que l'on veuille bien lire avec attention les chapitres concernant cette tactique, et l'on sera convaincu qu'à l'avenir une cavalerie, telle que nous la comprenons, saura faire naître, en tout terrain, l'occasion d'agir d'une façon incessante et multiple dans toutes les petites ou grandes opérations de la guerre. Par son jeu combiné avec les autres armes, la cavalerie est à même de prendre une puissance telle que, loin d'avoir à redouter l'effet terrible du feu moderne, elle doit l'utiliser à son profit, au

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