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DE L'AUTOURSERIE

ET DE CE QUI APPARTIENT AU VOL DES OISEAUX
par P. DE GOMMER, SEIGNEUR DE LUSANCY,

assisté de F. DE GOMMER, SEIGNEUR DE BRUEIL Son frère.
Nouvelle édition, revue et corrigée

par HENRI CHEVREUL

Au mois de décembre dernier, je saluais dans le Bulletin du Bouquiniste, l'apparition d'une nouvelle édition de l'Autourserie des frères Gommer, seigneurs de Lusancy et de Brueil, et en signalant le mérite de cette publication, je lui prédisais un franc et loyal succès. L'événement m'a donné complétement raison. En peu de temps ce charmant petit volume auquel M. Henri Chevreul avait consacré tous ses soins, fut enlevé par les bibliophiles et les gourmets en matière de raretés cynégétiques. Plus d'un auteur se serait alors contenté de faire réimprimer son œuvre, en ajoutant par ci par là quelques notes qui l'eussent autorisé à reproduire ce cliché banal et trop souvent mensonger: « Nouvelle édition entièrement corrigée et considérablement augmentée. » Mais M. Henri Chevreul n'est pas de ce nombre. C'est un des fervents adeptes du principe de Boileau:

« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez. »

Il s'est donc replongé tout entier dans son sujet, et il a eu la bonne fortuné de retrouver l'édition de l'Autourserie de 1594, quiavait jusqu'alors échappé à ses investigations.

Il n'en fallait pas davantage pour l'engager à publier une nouvelle édition du traité des frères Gommer, et assurément le public ne s'en plaindra pas, car il gagne un texte plus complet et des gravures qui n'existaient pas dans l'édition de 1608, notamment celle qui représente les porteurs des cages d'oiseaux de proie.

Figure de la cage des porteurs d'icelle.

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Signalons aussi plusieurs sonnets et l'Ode d'un nouveau fauconnier au sieur de Lusancy sur les bouteilles de fauconnerie. Ces diverses pièces par leur originalité et par leur tournure se recommandent d'une façon toute spéciale aux amateurs des poésies du XVI siècle.

Somme toute, remercions M. Henri Chevreul de cette nouvelle publication. Elle ne nuit aucunement à sa devancière, et loin d'en être à cet égard un double emploi, elle en devient le complément nécessaire.

ALEXANDRE SOREL.

PUBLICATIONS ARTISTIQUES ET LITTÉRAIRES

DE L'IMPRIMERIE QUANTIN'

"

Causeries sur l'art et la cariosité par Edmond Bonnaffé, front. de Jacquemart, in-8, raisin, cartonné: 7 fr. 50 c. Inventaire de la duchesse de Valentinois, par le même. Deux eaux fortes par H. Valentin, in-8 raisin: 10 francs. Les Editions illustrées de Racine, par A. J. Pons. Deux portraits à l'eau forte, in-8 raisin: 10 francs. L'Imitation de Jésus-Christ, traduct. de M. de Marillac, préface par A. J. Pons. Dix compositions de J. P. Laurens, gravées à l'eau forte par L. Flameng, in-8 de 300 pages: 25 franes. Le Diable amoureux, par Cazotte, préface de A. J. Pons, eaux fortes de Buhot, in-8 de couronne: 10 francs. Contes de Voisenon, préface par Octave Uzanne, in-8 10: francs.

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Ces ouvrages se trouvent à la librairie Aug. Aubry.

Les livres imprimés avec tant de bon goût, de luxe et d'élégance, par le digne successeur de M. Claye, intéressent trop nos lecteurs tant par la forme que par le fond, pour que nous n'en disions pas un mot. Nous avons là sous les yeux six volumes sur lesquels nous voudrions écrire des pages, si la place ne nous était sévèrement ménagée.

Ce sont d'abord trois tomes de la Bibliothèque de l'art et de la curiosité. Deux sont dus à un travailleur habile et infatigable, M. E. Bonnaffé. Nul n'excelle autant que lui à découvrir les textes, les documents épars, à tirer de la poussière de l'oubli uņ nom disparu, à insuffler dans ce cadavre momifié l'étincelle de Prométhée, à le faire penser et agir sous nos yeux. Dans ses Causeries sur l'Art et la Curiosité, est-il rien de plus vivant que Cornelius Saturninus, que Pihourt le maître maçon (nous dirions aujourd'hui architecte), que Salebrin, le maître huchier et tant d'autres ? Dans son Inventaire de la Duchesse de Valentinois, il ressuscite pour nous Charlotte d'Albret; nous fait entrer dans son château de Lamotte-Feuilly, examiner ses meubles, ses habits, ses tapisseries, ses bijoux, que l'inventaire décrit froidement, et qui dans la préface, étincellent et chatoient sous nos yeux. Demandons, entre parenthèse, à M. Bonnaffé si la tapisserie de la Li

corne ne serait pas celle que G. Sand a vue pendant la guerre de 1870, à la sous-préfecture de Boussac ? (voir l'Intermédiaire, T. XI, col. 451, 508). A M. A. J. Pons appartient le 3o volume, étude bibliographique des plus remarquables sur les éditions illustrées de Racine, étude à laquelle est joint un portrait inédit du grand tragique. M. Pons regrette que Raphaël n'ait pas vécu au siècle de Louis XIV, pour illustrer dignement les poëmes de l'auteur d'Athalie. Quelle œuvre en effet fut jamais plus digne des pinceaux du peintre d'Urbain! Mais, à défaut du divin artiste, Lesueur n'eût-il pas bien rempli la tâche ? Mais non il fallut que le fastueux Lebrun en fût chargé, tandis que ces deux sublimes artistes, le chantre de toutes les tendresses humaines et le peintre de toutes les tendresses divines, ont passé l'un près de l'autre et sont coudoyés sans se connaître..

A côté de Racine, il est facile de placer l'Imitation de J. C., dont M. Pons a également écrit la Préface, très-digne d'être remarquée. Il ne se prononce pas sur cette question, qui n'est pas près d'être résolue: Quel est l'auteur de ce triste et doux traité? mais il cite une note, inconnue jusqu'ici, qu'une main du xv siècle a écrite surune traduction de l'Imitation, imprimée par Philippe Lenoir et déposée à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève, où le livre est attribué à Thomas Gerson, neveu du chancelier Jean Gerson.

La traduction choisie par M. Pons est celle (si naïvement fidèle) de Mickel de Marillac. Les dix planches dont elle est admirablement ornée, ont été composées par J. P. Laurens et gravées par L. Flaumeng. C'est tout dire.

La transition est difficile, entre l'Imitation et les deux volumes dont il me reste à parler. C'est pourtant M. Pons qui nous présente aussi Jacques Cazotte et son Diable amoureux. - Le roman est des plus originaux et les gravures dont il est illustré sont plus originales encore s'il est possible. Ce sont celles de l'édition primitive, pochades humoristiques qui affectent d'être barbouillées par la main d'un enfant et qui décèlent pourtant le faire d'un artiste; car on les attribue à Moreau. C'est une heureuse idée d'avoir donné cette originalité à la nouvelle édition. La Vie de Cazotte, que M. Pons a racontée avec beaucoup de sentiment, est un

véritable roman encore plus intéressant que le Diable amoureux, et d'autant plus poignant qu'il est réel.

C'était bien à M. Octave Uzanne que devait revenir le soin de remettre en lumière Les Contes de Voisenon. Ce petit abbé fluet, délicat, malingre et malin est un, frère un peu attardé des Poëtes de Ruelles, que M. Uzanne connaît si bien et qu'il nous fait si bien connaître. Voisenon n'a presque pas.deicorps; mais qu'il a d'esprit, surtout dans la préface de son éditeur Ella raconte la vie et apprécie le talent du petit abbé, avec dés grâces char mantes et je n'y trouve qu'un défaut, celui d'éclipser les contes dont elle cherche à faire ressortir le style tout parfumé de l'am bre des boudoirs et des alcôves du XVIe siècle.

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INVENTAIRE DE LA DUCHESSE DE VALENTINOIS O CHARLOTTE D'ALBRET

Par EDMOND BONNAFFÉ

Deux eaux-fortes par H.

VALENTIN

Un vol. in-8. Paris, A. Quantin, imprimeur-éditeur, 1878,
Et librairie Aubry; Martin, successeur, rue Séguier.

Prix: 10 francs.

Le savant amateur auquel nous devons les Causeries sur l'Art et la Curiosité, les Collectionneurs de l'ancienne Rome, les Collectionneurs de l'ancienne France, le Catalogue de Brienne, l'Inventaire des meubles de Catherine de Médic continue ses intéressantes études en publiant au profit des amateurs l'Inventaire de Charlotte d'Albret, duchesse de Valentingis." Aujourd'hui que l'on veut êtudion l'histoire dans ses sources, c'est rendre un service aux hommes d'étude de publier des documents inédits, des témoignages indiscutables du passé: actes de l'état civil, chartes, titres notariés, inventaires, qui donnent la facilité, ces derniers surtout, de reconstituer la vie, les mœurs, les habitudes des personnages célèbres, en nous faisant connaître leur goûts, leurs passions et jusqu'à leurs préférences, ce qui permet de les prendre sur le fait.

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