Page images
PDF
EPUB

seul de l'action organique est accru, l'acte nerveux, sans doute, puisque la sensibilité est une fonction des nerfs, et qu'elle est seule augmentée; que dans le second, c'est un autre acte qui est augmenté, savoir, l'abord des molécules sanguines; que, dans le troisième, la suractivité ne porte encore que sur un autre acte isolément, celui de l'arrivée des fluides blancs; que, dans le quatrième, tous ces actes sont accrus à la fois, trop peu pour que la fonction du tissu soit troublée, mais assez pour que sa nutrition augmente plus qu'elle ne devait le faire; que, dans le cinquième, à l'abord plus considérable du sang se joint son effusion; et que, dans le sixième enfin, les fluides blancs, appelés en plus grande quantité que dans l'état normal, sont immédiatement sécrétés à la surface du tissu. L'action organique, action complexe, peut donc s'exalter dans chacun des actes qui la composent, où s'exalter dans plusieurs, ou enfin dans tous à la fois; il en résulte autant de formes particulières de l'irritation. Mais la nature de l'irritation ne change pas évidemment pour cela; elle consiste toujours dans l'augmentation de l'action organique, seulement elle est modifiée dans son mode de manifestation. Maintenant il s'agit de savoir si ces différences, dans la manière de se manifester de l'irritation, n'annoncent que des différences d'intensité; en d'autres termes, si l'augmentation de l'action organique est plus considérable lorsqu'elle porte sur tel de ses actes plutôt que sur tel autre, sur un seul ou sur plusieurs, ou sur tous. Pour résoudre ce problème par l'affirma

tive, il faut pouvoir graduer l'irritation, et cela ne se peut pas.

En spéculation, on peut bien dire que l'irritation nutritive occupe le bas de l'échelle; l'irritation sécrétoire, le second degré; l'irritation subinflammatoire, le troisième; l'irritation nerveuse, le cinquième, et l'irritation inflammatoire, le sommet. Mais quand, interrogeant les faits, on vient à voir des irritations inflammatoires aussi sourdes et aussi latentes que des irritations nutritives; quand on remarque qu'une irritation qui s'accroît lentement jusqu'au degré inflammatoire ne passe jamais, ou presque jamais, par les formes nutritives, sécrétoires, etc., ce qui devrait toujours avoir lieu dans la supposition que je combats; quand on remarque encore qu'une inflammation, en décroissant lentement, ne devient pas successivement une hémorrhagie, une subinflammation, une irritation sécrétoire, et enfin une hémorrhagie; enfin, quand on observe fréquemment, réunies dans le même point d'un même tissu, une névrose et une inflammation, une inflammation et une hémorrhagie, une irritation sécrétoire avec une névrose ou une phlegmasie, etc., ce qui n'aurait jamais lieu si ces états morbides n'étaient que des degrés les uns des autres, on ne peut plus prétendre qu'il n'existe entre eux que des différences de degrés, sans vouloir substituer les produits de son imagination aux résultats de la sévère observation. Il faut donc se borner à constater ces modes de l'irritation, et à exprimer les différences qui les distinguent. Ainsi donc l'irritation est toujours essen

tiellement la même, mais, outre ses différences d'intensité, elle en peut présenter d'autres sans changer de nature. Voilà les notions générales que je me borne à donner ici sur l'irritation. Quant à l'asthénie primitive, elle est aussi rare que l'irritation est fréquente. Nous pouvons la définir, la diminution de l'action organique d'un tissu au-delà des limites compatibles avec l'exercice libre de sa fonction. Nous ne chercherons pas plus à pénétrer l'essence de l'asthénie que nous l'avons fait pour l'irritation. Cependant nous rappellerons qu'elle semble consister dans la diminution de l'influx nerveux, et, dans quelques cas, dans un véritable épuisement de ce fluide. Il paraît en effet en être ainsi dans le plus grand nombre des cas, et si dans quelques circonstances cela pe paraît pas aussi probable, il est à remarquer que c'est dans des maladies dont la nature asthénique n'est pas bien démontrée, telles que l'anémie, le scorbut, etc. L'asthénie primitive est tellement rare, elle répugne tant aux lois vitales, que l'on n'a pu remarquer que l'asthénie sympathique ou secondaire. Cependant, je ne doute pas qu'il n'existe quelques cas où elle domine. L'asthénie pourrait être définie, la passivité d'un organe, c'est comme si l'on disait la mort, car quand on parle d'excitation, de débilitation, ce n'est toujours que par comparaison. Je ne m'étendrai pas davantage sur les généralités de la médecine actuelle; il me suffit d'avoir montré que la médecine peut être regardée comme une science exacte et digne d'être associée aux sciences physiques, chimiques, etc.; à la vérité, elle

peut offrir quelques lacunes: mais quelle est la science qui n'en présente pas?

Réflexions sur le procédé de M. Barruel pour reconnattre la source du sang, et sur le principe volatil considéré comme arome. par J.-P.-H. Couerbe, préparateur des cours de toxicologie de M. Lesueur.

M. Barruel, préparateur des cours de chimie à l'école de médecine, vient, dans un mémoire publié tout récemment, de nous révéler un phénomène digne d'attirer l'attention des savans. Ce chimiste a observé que le sang traité par l'acide sulfurique dégageait une odeur parfaitement analogue à celle que l'animal lui-même exhale. Sous ce point de vue chimico-physiologique, cette découverte présente le plus haut intérêt ; mais si mon opinion basée sur l'observation pouvait avoir quelque valeur, les savans n'envisageraient les recherches de M. Barruel que comme un fait curieux, une nouvelle conquête pour la chimie, un nouvel être enfin que le médecin physiologiste doit s'efforcer de connaître.

L'auteur de cette intéressante découverte ne se borne pas à regarder ce phénomène purement en chimiste : il a pensé que la médecine légale pourrait en retirer les plus grands avantages, et déjà il a eu l'occasion d'en faire l'application sous ce rapport. Je

vais examiner jusqu'à quel point ces avantages sont réels.

M. Barruel admet que, à l'aide de l'acide sulfurique et un odorat exercé, l'expert qui aura été choisi pour faire l'analyse du sang pourra aller jusqu'à conduire le magistrat à la source qui l'aura laissé couler. Mais, bien que ces faits nous paraissent réels, le chimiste dont on aura fait choix pour remplir cette pénible tâche pourra-t-il prononcer avec l'assurance et la conviction nécessaires pour décider de la vie d'un accusé?

L'odeur de chaque individu, dit l'auteur, n'est pas identique ; c'est ainsi que les personnes blondes fournissent un sang qui, traité par l'acide sulfurique, dégage une odeur qui diffère sensiblement de celle fournie par le sang provenant d'un individu brun; il est bien vrai que cette différence existe, et même chez les individus de même couleur; mais la nuance est le plus ordinairement si légère, que notre organe ne peut en établir une limite appréciable: n'importe, elle existe, du moins nous avons tout le droit de l'augurer, puisque dans une circonstance elle nous a été dévoilée. Néanmoins ces nuances si légères, ces différences si fugitives peuvent bien servir à exercer la finesse d'odorat de l'expérimentateur dans son cabinet; mais dans une cour d'assises cette difficulté d'appréciation ne devrait-elle pas suffire pour que ce procédé devînt nul dans un cas médico-légal ?..... Outre ces motifs de rejeter ce mode nouveau d'expertise, il en existe d'autres non moins importans basés sur

« PreviousContinue »