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dit qu'il y a pyrexie, fièvre ou état fébrile général. Nous ne critiquerons point cette définition si complexe, car nous n'en saisissons point le sens ; aussi l'avons-nous citée textuellement.

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Conséquent à sa doctrine physiologique, M. Récamier divise les fièvres ou pyrexies en biosiques, hématosiques, pepsiques, névrosiques et exanthématiques, qui toutes peuvent être générales ou locales, sthéniques, asthéniques, ataxiques, réfractaires ou chroniques.

Dans l'impossibilité où nous nous trouvons d'étendre davantage cet article, ajoutons que M. Récamier ne voit dans le ramollissement blanc et crémeux sans vaisseaux sanguins qu'un simple jeu de la nutrition........

Les notes de ce professeur ne paraissent pas avoir été récemment composées, du moins les vues qu'elles expriment ne sont pas d'aujourd'hui. Il est un peu tard pour les publier. Avec M. Récamier nous ne croyons pas que toutes les fièvres soient des gastrites, et sans. doute personne aujourd'hui ne le croit davantage mais il n'est pas exact de dire que nous ne tenons au». cun compte des appareils généraux; car, au contraire, nous pensons qu'il n'est pas un point de l'organisme, si peu étendu qu'il soit, qui ne puisse, quand il est irrité, enflammé, déterminer les phénomènes fébriles; mais nous croyons qu'il est temps de ne plus revenir sur cet échafaudage de physiologie d'aperçus pour s'en tenir à la seule liaison que la physiologie d'observation 'directe et l'étude logique des phéno

mènes permettenf d'établir entre les symptômes et les traces que les maladies laissent dans les cadavres, liaison qui, avec les résultats de l'observation des effets produits par les agens thérapeutiques, forme tout ce qu'il nous est donné d'affirmer sur la pathologie et l'art de guérir.

F.-G. BOISSEAU.

Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, 3o volume, de Animisme à bain.

Dans un petit papier rose, collé en guise de frontispice à ce troisième volume, les éditeurs sont allés au-devant d'une crainte de leurs souscripteurs. La lettre B ne commence qu'aux dernières pages, trois gros volumes ont donc été consacrés à la lettre A. Si tout le reste de l'alphabet est traité avec cette étendue, nous aurons la douleur de recevoir pour rien vingt volumes au moins aussi épais que les quinze que nous aurons payés, et au-delà desquels le prospectus dit .' formellement que tout sera livré gratis. Ces bons souscripteurs, après une juste sollicitude pour la loyauté des éditeurs, pourraient bien penser à tort sans doute aux artifices de l'industrie parisienne, qui, après avoir traité largement la matière dans les premiers volumes d'un dictionnaire, afin d'allécher les acheteurs, l'étranglent et la négligent du moment que toutes les souscriptions sont couvertes. C'est un corps de sirène,

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qui, après avoir commencé avec de belles et élégantes proportions, glisse et finit en ignoble queue d'anguille. A l'appui du soupçon ils mesureront les dimensions colossales de quelques articles (apoplexie à 96 pages, antimoine 74, arsenic 58, arthrite 76, acéphalocyste du premier volume mettait au moins quatre au cent), et ils calculeront avec effroi l'adynamie qui dans les derniers volumes devra compenser cette pléthore. Mais encore une fois, qu'ils se tranquillisent et pour leur propre compte et pour celui des libraires'; il n'y a pas péril pour la bourse de ces derniers, puisque les dimensions annoncées par le prospectus ne seront pas dépassées; il n'y aura pas de mécompte pour le lecteur, les derniers volumes ne seront pas sacrifiés aux premiers. Les dimensions des articles que j'ai cités et de quelques autres ne tiennent pas à la prolixité de leurs auteurs, ou à un soin mercantile d'étirer la matière. Elles sont la conséquence d'une superfétation qui ne nuira ni au sujet traité ni à la commodité du dictionnaire ; on en sera quitte pour multiplier les renvois et les voyez. A l'occasion des mots acéphalocyste, aliénation, apoplexie, arthrite, asphyxie, on a présenté sur ces affections des monographies qui par la suite rendront inutiles les articles hydatide, folie, manie, ramollissementcérébral, goutte, rhumatisme, noyé, pendu, etc. En traitant des amputations, on a décrit toutes les opérations de ce genre; l'article anévrisme rend inutiles tous les autres mots qui se rapportent à ces lésions du cœur et des artères; enfin les mots antimoine,

arsenic, argent, renferment l'histoire de l'émétique, du kermès, du soufre doré, des oxides d'arsenic, du nitrate d'argent, sur lesquels il ne sera plus besoin de revenir. J'emprunte ces détails au petit papier rose, on voit qu'il était précieux; mais je l'abandonne pour m'occuper des papiers blancs, du dictionnaire lui-même. :

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J'attendais quelque grand article de thérapeutique, pour m'occuper de M. Rayer; il en a fourni deux très-importans à ce volume, antimoine et arsenic ; déjà son article aconit m'avait fait pressentir ses opinions en pharmacologie et thérapeutique. Elles étaient alors de la même école que celles de son collaborateur M. Ratier; je voudrais pouvoir annoncer qu'elles se sont modifiées depuis le lecteur jugera.

Un pathologiste moderne a répété, après mille de ses prédécesseurs, que le kermès minéral convenait dans presque toutes les maladies dont le symptôme essentiel était la toux. M. Rayer s'inscrit en faux contre cette assertion, en s'appuyant sur des expériences tentées à l'hôpital Saint-Antoine. Voici quelques-unes de ses conclusions: « A la fin des pneumonies dont la résolution s'annonce par le retour du râle muqueux, la sécrétion des bronches devenant naturellement de moins en moins visqueuse, et plus tard de moins en moins'abondante, on ne peut raisonnablement attribuer au kermès, pris dans de semblables circonstances à faible dose, un résultat auquel il peut être complètement étranger. La quantité des matières expectorées au déclin des pneumonies qui se terminent par guérison,

'n'étant pas égale deux jours de suite chez un même malade, il est difficile de constater jusqu'à quel point le kermès la diminue. » Voilà, je suppose, des motifs pour rester dans le doute, il est singulier qu'on s'en serve pour décider négativement. Mais j'interprète sans doute mal la pensée de M. Rayer, car deux lignes plus loin il assure avoir vu le kermès calmer l'inflamanation des bronches lorsqu'il irritait sensiblement les voies digestives. Ne demandons pas comment la statistique des symptômes a tout-à-coup cessé d'être amhigue, concluons seulement que l'expérimentateur, qui croyait devoir repousser une vertu curatrice inexplicable, l'admet en toute sûreté de conscience du moment qu'il en peut rendre raison par l'irritation et la révulsion.

En parlant de l'émétique à haute dose, il a reproduit la même théorie pour expliquer ses bons effets; on sait pourtant que ceux-ci n'en sont pas moins réels dans bien des cas où le malade n'éprouve ni vomissemens ni garderobes. L'hypothèse chérie n'est pas abandonnée pour cela; il cela; il y a alors une stimulation qui produit la tolérance.

Quand les faits embarrassent si peu, les grands noms n'embarrassent guère. Pringle et Cullen ont recommandé les émétiques dans le traitement de la dysen, terie; mais la dysenterie est une irritation intesticale s'il en fut jamais, et M. Rayer déclare que l'émétique est rarement indiqué dans cette maladie. Laennec a tenté l'émétique à haute dose dans deux ou trois cas désespérés d'apoplexie pulmonaire; ce moyen lui a

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