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liers dans le seul arrondissement de Vannes. Tout cela est exposé trèssommairement et aurait exigé quelques développements.

L'Académie n'a pas reçu de documents sur les épizooties qui ont pu se déclarer sur d'autres points de la France.

Cela est regrettable, Monsieur le Ministre, et l'on doit désirer qu'à l'avenir il en soit autrement.

Pour stimuler le zèle de MM. les médecins vétérinaires, il serait bon que Votre Excellence leur accordât des encouragements spéciaux, consistant, comme pour les médecins, en médailles et en mentions honorables. La dépense en serait insignifiante, et la mesure pourrait avoir les meilleurs résultats.

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Dans son dernier rapport, Monsieur le Ministre, l'Académie a été heureuse de faire connaître à Votre Excellence que, malgré les conditions météorologiques défavorables de l'année 1861, la santé publique, en 1862, avait été meilleure qu'on ne devait l'espérer. Cette situation satisfaisante ne s'est pas démentie en 1863; on peut même dire qu'elle s'est encore améliorée : c'est ce que feront ressortir les détails qui vont suivre.

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Angines simples. Les angines simples, en 1863, se sont montrées, généralement, assez bénignes. Elles n'ont d'ailleurs offert aucune particularité qui mérite d'être mentionnée.

Angines malignes. Les maux de gorge d'une nature maligne (angine couenneuse ou diphthéritique, croup, angine pultacée, gangréneuse, etc.), ont continué à sévir dans un grand nombre de localités. Les rapports en signalent l'existence dans 22 départements. Le relevé des épidémies de 1862 en portait le chiffre à 29.

Parmi les documents qui lui sont parvenus sur ce point, l'Académie a remarqué le rapport du docteur Mignot, de Chantelle, sur l'épidémie d'angine couenneuse de Target, arrondissement de la Palisse (Allier); celui du docteur Tueffert fils, de Montbéliard, sur l'épidémie d'Étupes (Doubs); du docteur Barbrau, de Rochefort, sur l'épidémie de Rochefort (Charente-Inférieure); du docteur Reverchon, de Nogent (Haute-Marne),

sur l'épidémie qui a régné dans cette ville, où jusqu'alors le croup était à peu près inconnu.

La relation du docteur Reverchon renferme des cas assez nombreux du croup ascendant. Les plaques diphthéritiques apparentes étaient concentrées dans la cavité buccale, quelquefois même elles semblaient en bonne voie de guérison. L'exploration la plus attentive et la plus répétée ne faisait rien découvrir à l'entrée des voies respiratoires, et pourtant les symptômes du croup étaient manifestes. Enfin, des plaques ou même de simples points pseudo-membraneux apparaissaient au pourtour de la glotte, et l'enfant périssait dans un accès de suffocation. On a même vu la mort survenir avant toute manifestation extérieure de la maladie du larynx. Les désordres que l'on rencontrait à l'autopsie, dans les voies respiratoires, ne laissaient aucun doute sur l'ancienneté de l'affection de ces parties.

Diphthérie cutanée. -Le même médecin raconte l'histoire d'un jeune garçon de sept ans, qui, à la suite d'une visite à un petit voisin atteint de la maladie régnante, se sentit indisposé. Ses parents crurent à un rhume léger et lui appliquèrent un petit vésicatoire entre les épaules. La surface dénudée ne tarda pas à se couvrir d'une couenne grisâtre sous laquelle il se fit un travail inflammatoire male indolis. La plaie s'agrandit et devint très-douloureuse. Bientôt se déclarèrent les symptômes d'une intoxication générale. Le docteur Reverchon appelé reconnut la gravité du cas. Il cautérisa les bords de la plaie et fit une prescription convenable. Le lendemain il trouva l'état du malade trèsempiré. Rien pourtant ne faisait croire à une prochaine catastrophe. Deux heures après cette seconde visite le malade veut se mettre sur son séant; il meurt dans ce mouvement.

Les exemples de diphthérie cutanée ne sont pas rares dans les épidémies d'angine couenneuse. Le fait rapporté par M. Reverchon n'aurait donc rien de surprenant, si ce n'est peut-être la rapidité de l'infection générale et la soudaineté de la terminaison fatale; si ce n'est encore l'absence complète de fausses membranes à leur lieu d'élection le plus ordinaire, et cela en pleine épidémie d'angine diphthéritique.

Le docteur Mignot, de Chantelle, a observé aussi la même affection; mais ici il s'agit de cas très-nombreux, et non plus d'un fait isolé. Dans l'arrondissement de Gannat, l'on voit, depuis plusieurs années,

les plaies des vésicatoires se couvrir fréquemment d'une couenne plus ou moins épaisse. Comme dans l'observation de Nogent, il se fait sous cette fausse membrane un travail inflammatoire plus ou moins promptement suivi d'ulcération profonde et de résorption purulente. L'auteur a vu cinq personnes périr par cette cause. Il pourrait, dit-il, citer un très-grand nombre de malades dont les jours ont été mis en grand danger. Il est essentiel de noter qu'aucun de ces malades n'était atteint d'angine, et que l'accident se produisait, quelle que fùt la composition de l'emplâtre employé.

On ne s'étonnera pas que dans le pays les vésicants soient tombés en un très-grand discrédit. Les médecins eux-mêmes n'y ont recours qu'avec une certaine réserve.

Stomatite pseudo-membraneuse. -On peut rapprocher de l'angine diphthéritique une épidémie de stomatite pseudo-membraneuse qui a régné dans plusieurs cantons du Tarn et de l'Aveyron, et dont le docteur Pasturel (de Saint-Sernin) a envoyé une relation très-détaillée. La maladie attaqua 40 individus des deux sexes et de tout âge, depuis un an jusqu'à 68 ans. Elle en fit périr un grand nombre. La stomatite n'était pas primitive, mais elle venait compliquer, sans en troubler la marche, les maladies les plus diverses catarrhe chronique, asthme aigu, pneumonies, entérite, éclampsie, variole, etc. Elle envahissait la cavité buccale et le larynx. Jamais elle ne s'est étendue au larynx.

La cause en est restée inconnue. Rien dans les circonstances atmosphériques ni dans la constitution médicale réguante ne pouvait expliquer son apparition.

Avortements, accouchements prématurés. — A Guingamp (Côtes-duNord), ville de 7000 habitants, il s'est présenté un nombre insolite d'avortements à deux, trois et quatre mois. La moyenne mensuelle des naissances y est de 19. En janvier 1863, on a compté jusqu'à dix accouchements avant terme, et cet état de choses s'est continué, en nombre plus ou moins considérable, pendant le reste de l'année. Fièvre puerpérale. -Pendant que se multipliait à Guingamp l'accident dont il s'agit, une épidémie très-grave de fièvre puerpérale éclatait dans la même ville et y faisait 129 victimes. Le docteur Benoist, qui en a envoyé une relation très-intéressante, fait remarquer que les nouvelles accouchées en étaient frappées dans toutes les classes de la société

et dans les conditions de fortune les plus diverses. Il y a plus: pendant que les parties les plus saines de la ville et les mieux habitées étaient décimées, on n'a pas eu à constater un seul décès dans un quartier peu salubre, habité par une population misérable, qui vit au milieu d'une repoussante malpropreté, entassée dans des logements bas et humides, privés d'air et de lumière.

Plusieurs des femmes atteintes de la fièvre puerpérale s'étaient plaintes, pendant leur grossesse, de douleurs dans l'hypogastre, et cette région était sensible au toucher. Le docteur Benoist est porté à en conclure que, chez ces femmes, la maladie existait en germe dès le temps de la gestation.

Une grande mortalité a régné également sur les nouveau-nés des femmes qu'a frappées l'épidémie. 78 de ces petits êtres ont suivi de près, dans la tombe, leurs mères infortunées. L'auteur du rapport admet encore ici que, pour plusieurs, l'origine de la maladie à laquelle ils ont succombé pourrait bien remonter au temps de leur vie intra-utérine. Aussi voit-il plus que des rapports de simple coïncidence entre la fièvre puerpérale des mères et la grande mortalité des nouveau-nés.

L'épidémie de fièvre puerpérale de Guingamp s'est propagée à presque tous les cantons de l'arrondissement. On en a vu aussi des cas à Lannion, petite ville à quelques lieues de Guingamp. Ils ont été peu nombreux; mais plusieurs nouvelles accouchées en ont été victimes.

Deux arrondissements du département de la Sarthe, le Mans et Mamers, ont également offert de nombreux exemples d'accouchements avant terme. Heureusement ces accidents n'ont eu de suite fâcheuse sur aucune des femmes chez lesquelles il a été observé. La fièvre puerpérale a pourtant été observée dans plusieurs cantons des mêmes arrondissements.

Charbon. Le docteur Guipon, médecin distingué, qui a obtenu la médaille d'or, il y a deux ans, s'occupe de rédiger pour l'Académie un mémoire sur une affection charbonneuse dont l'arrondissement de Laon, département de l'Aisne, a offert des cas nombreux en 1863.

Choléra sporadique. - A Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), le docteur Guibert a observé un cas de choléra sporadique chez une jeune fille de vingt-deux ans, qui a succombé. Il faut noter qu'à cette même époque

régnait dans la ville, chez les jeunes enfants, la diarrhée cholériforme, ou cholera infantilis, qui fit 5 à 6 victimes.

A Avranches, le docteur Houssard a eu à traiter chez un adulte une affection semblable, qu'il guérit à l'aide d'un traitement énergique. Le docteur Houssard fait remarquer que, depuis les épidémies de 1832 et 1849, des cas de choléra se produisent, de temps en temps, dans le pays, mais qu'on en a toujours triomphé jusqu'ici.

A Rouen, le docteur Bouteiller signale de nombreuses cholérines, dont quelques-unes ont donné de vives inquiétudes, à raison des fortes crampes dont elles s'accompagnaient. Elles ne paraissent pas, cependant, avoir eu des suites funestes.

Cholera infantilis. La diarrhée cholériforme des enfants, ou cholera infantilis, a régné épidémiquement dans un certain nombre de départements. A Romorantin (Loir-et-Cher), il a fait beaucoup de victimes. Le docteur Picard, de Romorantin, attribue une part importante, dans cette mortalité, à l'habitude trop générale où l'on est, dans le pays, de confier aux sages-femmes le traitement des maladies des enfants. Ce médecin adjure l'autorité de veiller, dans un intérêt d'humanité, à l'exécution des lois sur l'exercice de la médecine.

Un semblable abus paraît exister dans le département du Loiret; car le docteur Caron, de Montargis, en rendant compte de l'épidémie de cholera infantilis de cette ville, déclare ne pouvoir donner exactement le chiffre des malades, le médecin n'ayant été appelé que très-rarement par les familles.

Il en est de même dans le département de Saône-et-Loire.

La Moselle a aussi payé son tribut à l'affection dont il s'agit; mais ce tribut a été léger.

Dans Seine-et-Oise, l'épidémie de cholérine des enfants a régné dans les arrondissements d'Étampes et de Pontoise. Le docteur Carassus a donné de l'épidémie de la ville d'Étampes un compte rendu très-détaillé

et fort bien fait.

A Péronne (Somme), 500 enfants ont subi la maladie; 82 ont péri. Montauban (Tarn-et-Garonne) a été bien plus maltraité encore. Presque tous les enfants de la ville ont été attaqués; 200 ont succombé. Coqueluche. En 1863, le chiffre des départements qui ont eu des

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