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gènes Masiva, Massinissa, Misipsa, Mesotul, etc. On trouve, dans les inscriptions libyques, le second composant à l'état isolé: Iba, Inissa, Ibsa. Le complément que nous donnons est justifié par le nom d'Ilissa, qui se rencontre dans l'épigraphie libyenne.

Un autre fragment trouvé à Zaghouan est relatif à un procurator Augusti, c'est-à-dire à un administrateur des domaines impériaux : les dedicantes sont les officiales du procurateur ou employés de ses bureaux.

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A Henchir Beni-Derradj, à sept kilomètres environ à l'est de Zaghouan, et sur le chemin qui conduit de ce bourg à Hammamet, M. Fonssagrives a trouvé la dédicace suivante :

MARTI VI
PRO SAL

M AVRELI AN R

'A ANOS V

NIBVS OIO
RADI

CIVV

CVRO

Q.II

Cette dédicace à Mars Victor Augustus, pour le salut de l'empereur M. Aurelius Antoninus (Caracalla), a été gravée sur une pierre qui portait déjà une inscription dont il subsiste encore quelques caractères. On s'est borné à effacer tant bien que mal le premier texte et à graver le second dans un rectangle central creusé à cinq millimètres de profondeur. On trouve en Afrique de nombreux exemples d'économies de ce

genre.

Les deux derniers textes, de beaucoup les plus intéressants,

ont été découverts à Henchir Drâa-el-Gamra, dans le BahirtSimindja, vaste plaine arrosée par l'Oued Meliân et bornée: au sud, par le massif de Zaghouan; à l'est, par les collines d'Oudena, l'ancienne Uthina, et à l'ouest par le plateau qui sépare le bassin de l'Oued Meliân de celui de la Medjerda.

Voici la première des deux inscriptions découvertes dans ces ruines M. Fonssagrives :

par

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MENSVR

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P · LIGARIO · MAXIMI · LIGARI · FIL · POTITO ·
DECVRIONI ET MAGISTRATO ANNVALI⚫ CI
VITATIS SVAE GORITANAE QVI EX SVA LI
BERALITATE REI PVBL SVAE HS. IIII. MIL.
N INFERENDA REPROMISIT VT EX EIVS
SVMMAE REDITVM ID EST VSVRAE XLX
DIE XVI KALIAN NATALIS EIVS PVGILI
BVS ET GYMNASIO ITEMQVE DECVRIO
NIBVS EPVLO SVO QVOQVE ANNO IN PER
PETVVM AB EADEM REP INSVMERENTVR
P. LIGARIVS SECVRVS OB DEBITAM PATRI
PIETATEM POSVIT.I.D.D.D.

Le texte n'offre aucune difficulté de lecture:

Publio) Ligario, Maximi Ligarii fil(io), Potito, decurioni et magistrato (sic) annuali civitatis suae Goritanae, qui, ex sua liberalitate, rei publicae) suae, sestertium quattuor milia nummum inferenda repromisit, ut, ex ejus summae reditum (sic), id est usurae, denarii sexaginta, die decimo sexto kalendas januarias, natalis ejus, pugilibus et gymnasio itemque decurionibus epulo, suo quoque anno in perpetuum, ab eadem rep(ublica) insumerentur, Publius) Ligarius Securus ob debitam patri pietatem posuit, loco) (dato) decreto) decurionum).

A Publius Ligarius Potitus, fils de Maximus Ligarius, décurion et magistrat annuel de Gor, sa ville natale, qui, dans sa libéralité, s'est engagé à verser au trésor de la cité la somme de quatre mille sesterces, pour que, du revenu (c'est-à-dire des intérêts de cette somme), soixante deniers soient consacrés par ladite cité, chaque année, à perpétuité, le 16 des

kalendes de janvier, jour de naissance du donateur, à des combats de pugilistes et à des jeux gymnastiques, ainsi qu'à un banquet offert aux décurions.

Publius Ligarius Securus, dans un légitime sentiment de piété filiale, a élevé (cette statue), le terrain ayant été accordé par un décret des décurions.

En dehors de l'inscription, et sur la plinthe supérieure du piédestal, on remarque, en petits caractères, l'abréviation MENSVR. Elle constate peut-être que la plinthe donne précisément la mesure de l'emplacement concédé par le décret de la curie. Les monuments de ce genre étaient si nombreux dans quelques villes africaines, que le forum en était littéralement encombré. Le terrain était donc strictement mesuré et, malgré cette précaution, certaines cités étaient obligées d'aligner sur deux rangs les statues de leurs bienfaiteurs.

Les mots magistrato annuali, qu'on lit à la deuxième ligne, confirment, croyons-nous, l'existence d'une organisation municipale particulière qu'on avait déjà cru entrevoir dans d'autres bourgs africains.

Une inscription de Sila (C. I. L., t. VIII, 5884) nomme un magistratus :

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Wilmanns suppose que ce magistratus est le magister pagi :

magistratum nescio quem, scilicet, ni fallimur, magistrum pagi. Mais il reconnaît en même temps que la condition de Sila était de tous points analogue à celle de Sigus, et il constate ailleurs que Sigus, qualifiée dans d'autres inscriptions de res publica, avait une organisation qui tenait le milieu entre celle du municipe proprement dit et celle du simple pagus.

Une inscription d'Uzelis (C. I. L., t. VIII, 6339), fait également mention d'un magistratus et des sommes honoraires payées par lui à l'occasion de son décurionat et de sa magis

trature:

P. Marcius, P. filius, Quirina), Crescens, magistratus), ob statuam, quam, ob honorem magistratus sui, die tertio nonarum Januariarum, in Capitolio promiser(at), inlatis r(ei) publicae) summis honorariis decurionatus et magistratus), sua p(ecunia) fecit) et, eodem anno, die xvi k(alendas) octobr(is), dedicavit. L(oco) d(ato) decreto) decurionum). Ici, comme dans l'inscription qui nous occupe, il est question du double honneur du décurionat et de la magistrature annuelle. Quel était au juste le sens de ce mot magistratus? Devons-nous y voir simplement le titre de «magistrat » dans son acception la plus large? En qualifiant son père de magistratus annualis, le fils de Ligarius Potitus a-t-il fait allusion aux honneurs annuels de l'édilité ou du duumvirat? Une telle explication n'est guère admissible. L'emploi du mot magistratus dans ce sens est sans exemple, au moins en Afrique, et l'on comprend aisément que l'amour-propre des bienfaiteurs des cités ou la piété filiale de leurs héritiers n'ait pas trouvé son compte à cette formule vague, alors que les titres d'édiles et

de duumvirs étaient de véritables titres de noblesse.

Nous inclinerions donc à croire que le mot magistratus a, ici, une signification spéciale, et qu'à Gor, comme à Uzelis et à Sila, il désigne, non pas le magister pagi, mais une dignité municipale supérieure à ce dernier titre, bien qu'inférieure à celle des municipes régulièrement organisés. Notre magistratus

annualis, en d'autres termes, nous paraît être un administrateur spécial, dont la fonction correspond à l'organisation particulière de la cité, organisation qui forme la transition entre le pagus et le municipe. Les rédacteurs du huitième volume du Corpus, tout en admettant l'existence de cette organisation intermédiaire, ne voient pas dans le magistratus autre chose que le magister pagi. N'est-ce pas se refuser à la conclusion après avoir posé les prémisses? Après nous être demandé, pour notre part, en quoi pouvait consister cette organisation spéciale prenant rang, pour ainsi dire, entre celle du pagus et celle du municipe, nous sommes tentés de croire que les trois inscriptions de Sila, d'Uzelis et de Gor nous l'expliquent, en nous montrant, à la tête de ces trois petites communautés, un magistratus annuel pris parmi les décurions (1).

La seconde inscription découverte par M. Fonssagrives à Henchir Drâa-el-Gamra a trait, comme les précédentes, à des libéralités testamentaires.

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MARIO MARINO FELICIS FIL

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FL PP OB IN SIGNEM IN PATRIA ET CI VES SVOS LIBERALITATEM QVI TESTAMEN TO SVO· R · P · SVAE · GORITANAE · HS XII MIL N. DEDIT EX CVIVS VSVRIS DIE NATALI SVO IDIBVS SEPTEMBR QVOD ANNIS DECVRIONES ACCEPERENT· ET

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.

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SPORTVLAS

GYMNASIVM VNIVERSIS

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.

CIVIBVS · OB · QVE

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LIBERALITATEM · EIVS ·CVM·ORDO DE PVBLICO·STA TVAM EI · DECREVISSET MARIA VICTORIA · FIL HERES EIVS TITVLO ET LOCO CONTENTA

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Les lacunes ou les erreurs de la copie de M. Fonssagrives

(1) M. Th. Mommsen, à qui nous avons soumis cette conjecture, s'y est complètement rallié.

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