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l'arrêté rendu en 1833 par le Ministre de l'instruction publique. Le vice-amiral, préfet maritime du 5° arrondissement, écrit de Toulon au Secrétaire perpétuel pour l'informer qu'il a donné l'ordre d'expédier à Paris une caisse à son adresse, contenant des antiquités. Cette caisse a été rapportée de l'Algérie par le Cassard, en 1880.

Il est donné lecture d'une circulaire par laquelle le recteur de l'Université d'Édimbourg informe le Secrétaire perpétuel que le troisième centenaire de cette Université sera célébré les 16, 17 et 18 avril 1884. Il invite l'Académie à vouloir bien se faire représenter à cette cérémonie.

L'Académie se forme en comité secret pour examiner les titres des deux candidats à la chaire d'arabe, vacante au Collège de France par suite du décès de M. Defrémery.

La séance redevient publique.

L'Académie procède à la présentation de deux candidats à la chaire d'arabe vacante au Collège de France.

Le PRÉSIDENT rappelle que le Collège de France a présenté : en 1 ligne M. Stanislas Guyard, en 2o ligne M. Marcel Devic. L'Académie présente en 1 ligne M. Guyard, par 29 voix; une voix est donnée à M. Clermont-Ganneau.

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M. Marcel Devic est présenté en 2° ligne par 24 voix; il 1 bulletin blanc.

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M. A. BERTRAND présente à l'Académie, au nom de M. le Dr Victor Gross, de Neuveville (Suisse), un groupe d'antiquités, épées de fer, mors de bride, fibules, qui lui ont semblé très dignes d'attirer l'attention de la Compagnie. Ces antiquités proviennent d'une station bien connue du lac de Neufchâtel, la station de la Têne (1),

M. HEUZEY Communique une note intitulée: Un nouveau roi de Tello.

Le nom de ce roi, qui est lu, d'après la méthode de déchiffrement de M. Oppert, Kouch-ka-ghi-na, est écrit en caractères linéaires très archaïques, antérieurs à l'époque de Naramsin

(1) Voir aux CoMMUNICATIONS, n° VI.

(3750 ans avant notre ère). Kouch-ka-ghi-na appartient aux temps où la ville de Sirpoula était la capitale d'un petit État, gouverné par des rois indépendants."

SÉANCE DU 22 FÉVRIER.

M. G. PARIS lit un mémoire sur les traducteurs et imitateurs de L'art d'aimer, d'Ovide, au x11° et au xi

siècle.

M. Ph. Berger continue et achève sa lecture sur quelques Stèles anépigraphes de style phénicien trouvées en 1867 à Sousse, l'ancien Hadrumète.

M. Hervieux achève la lecture de sa Notice historique et critique sur les fables latines de Phèdre et de ses anciens imitateurs, directs et indirects (1),

L'Académie se forme en comité secret.

SÉANCE DU 29 FÉVRIER.

M. BREAL fait la communication suivante sur Une particularité de l'accent tonique grec :

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L'accent tonique en grec, loin de prouver, comme on l'a dit quelquefois, que la syllabe sur laquelle il tombe est la syllabe essentielle et radicale, se met souvent sur une voyelle purement euphonique, sur un son destiné à aider la prononciation. Ainsi le latin palma la main correspond en grec à palámé, où c'est la seconde voyelle qui reçoit l'accent; le latin ulna coude>> correspond à ôléné; tornos « le tour devient en tarentin torónos. Cette manière nouvelle d'envisager l'accent tonique permet quelquefois de reconnaître quelle est la forme primitive du mot ainsi le latin glos belle-mère répond au grec galós, ou l'a, étant incertain, doit être regardé comme une voyelle euphonique. Il en est de même de l'o dans le grec molubos à côté du latin plumbum. Certains faits de grammaire s'en trouvent éclairés. Ainsi pater fait, en grec, au datif singulier patéri, au datif pluriel patrási : ces

(1) Voir aux COMMUNICATIONS, no VII.

formes sont pour patri, patrisi. Les participes parfaits passifs comme leluménos sont pour lelumnos. Enfin cette observation nous met sur la voie ou nous donne la confirmation de certaines étymologies. Ainsi le latin scribo, qu'on a cru être un terme originairement latin, est, comme l'avaient dit les anciens, d'importation grecque. Le verbe est venu à Rome en même temps que l'instrument qui servait à écrire. Le style ou poinçon s'appelait skariphon ou skariphos. Or, l'a étant accentué, nous sommes ramenés à une ancienne forme skriphos ou skriphon, qui est l'origine de scribere.

L'accent tonique grec est de nature musicale; il marquait l'élévation de la voix, qui montait d'une quarte ou d'une quinte; il n'est nullement étymologique ou logique. »

L'Académie se forme en comité secret.

La séance redevient publique.

M. DESJARDINS présente à l'Académie un 4o rapport de M. Tissot sur les Missions archéologiques en Afrique (Letaille, 2o mission : inscription du moissonneur, etc.; de Fonssagrives; ces deux missions sont les plus fructueuses). On se rappelle que le 3o rapport était sur la mission Poinssot (1).

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M. OPPERT Communique la traduction du texte signalé par M. Heuzey, et 'émanant d'un monarque très antique de Sirtella ou Tello, bien antérieurement aux rois sémitiques Sargon et Naramsin, qui régnèrent vers 3800 av. J.-C. A cette époque, dit-il, la ville de Tello était gouvernée par des rois, tandis que plus tard cette ville était vassale des rois d'Ur, dont elle s'est émancipée, tout en conservant des patesi, des gouverneurs ou prêtres-rois. L'inscription rend compte des travaux entrepris par le roi Sukalduggina interprète des présages":«il bâtit des temples et fit des canaux d'irrigation. Il créa un dépôt de boissons fermentées contenant 30 grands bath (peut-être 21 mètres cubes). Il fit aussi un temple consacré aux oracles du dieu de Babylone."

M. Oppert retrouve le dieu Papsukal, la divinité principale des Chaldéens, disparue du panthéon sémitique, dans le grand colosse qui se trouve à l'entrée du palais et qui étrangle un lion sous

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son bras. Le dieu Papsukal est sollicité par le roi en question par l'intermédiaire de son dieu spécial circonstance très curieuse au point de vue de l'histoire des religions.

M. EGGER signale à l'attention de l'Académie deux inscriptions récemment publiées dans le dernier cahier du Bulletin de corres-pondance hellénique.

La première est l'épitaphe en vers d'un jeune graveur d'intailles. A ce propos, M. Egger fait remarquer que cette profession existait déjà dans Athènes dès le temps de Solon.

L'autre inscription est en prose, et les noms de magistrats romains qu'elle renferme, ainsi que le caractère de la grécité, paraissent indiquer une époque voisine de l'ère chrétienne. Quoique mutilé, ce texte laisse voir clairement le sujet d'une sorte d'affiche ou proclamation contre une grève des boulangers de la ville. Le magistrat qui a rédigé cet acte fait d'abord appel à la sagesse des délinquants et leur promet son indulgence s'ils ne renouvellent pas leur faute; mais il les menace d'un juste châtiment s'ils persistent à troubler la ville en se refusant à l'exercice de leur état, en se cachant et en formant une association illicite. Ce fait d'une grève, et particulièrement d'une grève de boulangers, paraît jusqu'ici le seul de ce genre qui soit parvenu à notre connaissance.

SÉANCE DU 7 MARS.

L'Académie désigne comme lecteur, pour la séance trimestrielle que tiendra l'Institut le mercredi 2 avril, M. A. Bertrand, qui communiquera son étude sur les Antiquités préhistoriques trouvées tant dans la haute Italie que dans la vallée du Danube supérieur.

M. A. BERTRAND met sous les yeux de l'Académie une très intéressante plaque de ceinture provenant d'un cimetière celtique de la Carniole (environs de Laibach), et faisant partie de la belle collection du prince Ernest de Windisch-Graetz. Cette plaque, ornée au repoussé de scènes militaires avec cavaliers et fantassins, serait très curieuse à étudier au point de vue des costumes. M. Bertrand, laissant aux savants de l'Académie de Vienne le soin de poursuivre cette étude, se contente d'insister sur le caractère de deux armes

très nettement figurées sur ce monument : le javelot à amentum et une hache emmanchée, dans laquelle M. Bertrand croit retrouver la cateia gauloise, cette arme nationale dont personne n'a pu jusqu'ici déterminer exactement la nature.

M. Bertrand suppose que le javelot à amentum, qui, amenté, porte à 65 mètres, tandis qu'il ne porte qu'à 25 mètres, non amenté, est le gæsum gaulois, longe feriens, d'après les textes.

Quant à la cateia, M. Bertrand, se fondant sur la comparaison des textes et des armes figurées sur la plaque du prince Windisch-Graetz, conjecture qu'il faut la reconnaître dans la hache emmanchée d'un court bois qui paraît flexible, comme Isidore de Séville nous la décrit. L'arme, lancée par une main habile, ab artifice, revenait sur elle-même, à la disposition de celui à qui elle appartenait. M. Bertrand voit dans ce jeu singulier de l'arme un tour de force d'adresse analogue à celui que les sauvages de l'Australie obtiennent en lançant le boumerang. L'expression ab artifice mittatur n'aurait pas de sens s'il s'agissait d'un rappel de l'arme à l'aide d'une corde ou d'une chaînette. M. Bertrand abandonne sa conjecture au jugement éclairé de ses confrères.

M. G. PARIS fait une communication sur Un poème retrouvé de Chrétien de Troyes (1).

M. Clermont-Ganneau présente à l'Académie dix-sept photographies d'objets relevés par lui dans le cours de sa mission en Palestine, et dont il donne l'explication.

M. Poinssot fait une communication sur les Fouilles opérées à Lambèse et à Timgad (2).

M. Dieulafoy commence la lecture d'un mémoire intitulé : De l'origine des ordres grecs d'après les monuments perses.

SÉANCE DU 14 MARS.

Le vice-consul de France à Brousse envoie la copie d'un bas

(1) Voir aux CoMMUNICATIONS, n° IX.

(2) Voir aux COMMUNICATIONS, n° X.

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