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Bientôt Monseigneur, revêtu de ses ornements pontificaux, entonna le Veni Creator, et la procession se mit en marche vers la cathédrale, au milieu des rues splendidement décorées de tentures, d'emblèmes, de drapeaux aux couleurs pontificales, d'armoiries et d'écussons. Nos grandes solennités de la Fête-Dieu ne sont pas plus brillantes et ne s'accomplissent pas avec un concours plus considérable de fidèles. Tous les fronts étaient joyeux. La musique militaire accompagnait les chants sacrés: rien n'était beau comme cet hymne des Pontifes, Iste Confessor, dit par les voix si bien exercées de la maîtrise. On avançait lentement au milieu de cette foule tous étaient heureux de pouvoir contempler les traits radieux et pleins de bonté du nouveau Pasteur.

Les troupes de la garnison étaient échelonnées sur le passage du cortége et massées sur les places Sainte-Croix, du Pilori et Saint-Pierre. A l'approche du prélat, les tambours battaient aux champs et les clairons sonnaient le rappel.

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A l'entrée de la rue Saint-Pierre, le cortège passa sous un élégant are de triomphe sur lequel étaient gravés ces mots : Béni soit celui qui nous vient au nom du Seigneur! La place Saint-Pierre, avec ses balcons chargés de draperies rouges et blanches, offrait le plus beau coup d'œil; la façade et les tours de la cathédrale étaient couvertes d'oriflammes. Les riches bannières des apôtres et des saints Nantais étaient disposées en faisceaux sur les piliers du vaste édifice. M. le préfet du département, toutes les autorités militaires, civiles, judiciaires, en costume officiel, attendaient Sa Grandeur aux places qui leur étaient réservées dans la grande nef.

Lorsque le pontife eut pénétré sous le péristyle, après les cérémonies d'usage, Mer de Lespinay, protonaire apostolique, vicaire général honoraire, lui lut une remarquable adresse, que le défaut d'espace ne nous permet pas de reproduire. Monseigneur répondit avec une grande délicatesse; puis Sa Grandeur fut conduite au chœur sous le dais, au chant du Te Deum, et se dirigea bientôt vers la chaire. Là, Mer Le Coq prononça un éloquen tdiscours, dans lequel il démontra, avec un grand accent d'autorité, « que la dignité épiscopale est illuminée d'un rayon divin, qu'elle est surhumaine dans son objet, dans son institution et dans son but: Fuit homo missus à Deo. »

Ce fut sous l'impression de ces paroles que tous les prêtres s'avancèrent deux à deux au pied du trône où siégeait l'évêque, pour renouve ler, entre ses mains et à genoux, le serment d'obéissance et de fidélité qu'ils prononcèrent au jour de leur ordination.

Après avoir donné solennellement la bénédiction pontificale, Monseigneur fut processionnellement conduit à son palais, où il reçut les hommages des diverses autorités.

- Au nombre des évêques préconisés dans le consistoire du 21 septembre, se trouve compris Mgr Paul-François de Forges, protonotaire apostolique, évêque de Tenare in partibus infidelium, nommé évêque auxiliaire de S. E. le cardinal de Rennes.

Cette nomination va causer une vive satisfaction dans le diocèse de Rennes, où le choix du vénérable archevêque sera unanimement approuvé par le clergé et par les fidèles. Mgr de Forges appartient, en effet, à ce diocèse, et son mérite y est depuis longtemps connu et apprécié.

Né à Redon en 1822, Mer de Forges fit au collège de Pontlevoy une partie de ses études. Il passa ensuite quatre années au séminaire de Saint-Sulpice, et reçut la prêtrise en 1845. Retourné dans son diocèse, il fut successivement vicaire-aumônier d'hospice, employé aux œuvres de la jeunesse pour lesquelles il avait une vocation toute particulière, secrétaire de l'archevêché, chanoine, etc.

En 1856, Mer de Forges fut appelé par Mgr Pallu du Parc, évêque de Blois, à la direction du collège de Pontlevoy. Il conserva durant onze années cette importante direction, et ne se retira que lorsque Mar de Blois crut devoir lui-même renoncer momentanément à se charger du collége.

Pendant ces onze années, Mer de Forges devint successivement prélat de la maison du Saint-Père, et protonotaire ad instar participantium. Ses constantes sollicitudes pour le succès de la grande mission qui lui était confiée, ne l'empêchaient pas de s'occuper en même temps d'autres bonnes œuvres. Aussi dut-il, pendant cette période de sa vie ecclésiastique, à la reconnaissance d'un évêque-missionnaire les titres de vicaire général et de chanoine honoraire du diocèse de Roseau. En 1863, Mer Dubreuil, évêque de Vannes, ayant été nommé à l'archevêché d'Avignon, adressa aussi, avant de quitter son siége, à Mar de Forges des lettres de chanoine honoraire de la cathédrale de Vannes.

Après avoir, en 1867, renoncé à la direction de Pontlevoy, Mar de Forges demanda à rentrer en Bretagne. Retiré dans son château de la Bousselaye, en Rieux (Morbihan), il se consacra à la prédication et devint, à la suite de la guerre, le collaborateur assidu d'une grande œuvre fondée par M. le marquis de Gouvello, et que toute la France connaît, l'éducation de cinq cents orphelins d'Alsace-Lorraine.

C'est dans l'exercice de cet apostolat que S. E. le cardinal-archevêque de Rennes est allé chercher Mer de Forges.

Le sacre de Mer Catteau, évêque de Luçon, doit avoir lieu prochainement, et, paraît-il, dans la cathédrale de son futur diocèse. Nous en rendrons compte dans la livraison de novembre.

LOUIS DE KERJEAN.

AGE (L') DU BRONZE ET LES GALLO-ROMAINS A SAINT-NAZAIRE SUR LOIRE. Étude archéologique et géologique, par René Kerviler. In-8°, 32 pp., avec planches. Nantes, imp. Vincent Forest et Émile Grimaud.

Extrait du Bulletin de la Société archéologique de Nantes.

AU CERCLE CATHOLIQUE D'OUVRIERS DE RENNES (vers); par Yves Ropartz. In-12, 4 p. Rennes, imp. Leroy fils.

HISTOIRE DE SAVENAY; par F. Ledoux, ancien maire de Savenay. In-8°, 33 p. et 1 grav. Savenay, imp. et lib. Allair; Paris, lib. Hachette et Cie; Nantes, Morel..

......

6 fr.

Légende (La) d'EVRAULT, par l'abbé Maximilien Nicol, professeur au petit-séminaire de Sainte-Anne. Poème lu au congrès de l'Association bretonne à Vitré (1876). In-8°, 12 p. Saint-Brieuc, imp. Prud'homme.

Maine (Le) a L'ACADÉMIE FRANÇAISE. Marin et Pierre Cureau de La Chambre (1596-1693). Étude sur leur vie et leurs écrits; par René Kerviler, membre correspondant de l'Institut des provinces. In-8°, 143 p. et 1 portr. Mamers, imp. Fleury et Dangin; lib. Pellechat.

Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine.

EUVRES FRANÇAISES D'OLIVIER MAILLARD sermons et poésies — publiées d'après les manuscrits et les éditions originales, avec introduction, notes et notices; par Arthur de la Borderie, membre du Comité des travaux historiques. Nantes, Société des Bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne (Imp. Vincent Forest et Émile Grimaud).

Tiré à 150 exemplaires in-4° vergé, numérotés à la presse, pour les membres de la Société des Bibliophiles bretons, et à 150 in-8°, même papier, pour être mis en vente. Le prix de l'in-8° est de.....

10 fr.

Sa vie, par le P. Alex. de Gabriac, S.

R. P. (LE) DE PONLEVOY, S. J.
J. Paris, Baltenweck. In-18, xxiv-582 p.

SAINTE ANNE ET LA BRETAGNE

I

Au début de cette histoire, consacrée tout entière à glorifier sainte Anne, nous voudrions exposer en détail les principaux faits de sa vie. Le spectacle de ses modestes vertus, l'énergie de sa foi, l'ardeur de sa charité, nous rempliraient d'admiration; l'œil de notre âme, se reposant avec bonheur sur ces merveilles de la grâce, serait délicieusement ému en contemplant la beauté d'un cœur qui se donne à Dieu. Mais il a plu au ciel d'entourer de silence cette grande vie.

Placée au seuil d'un monde nouveau, sainte Anne reste dans l'ombre de l'Ancien Testament qui finit, éclairée seulement par les rayons que projette la Croix du Rédempteur qui va venir.

* Les pages suivantes forment l'introduction de Sainte-Anne d'Auray, par M. l'abbé Max. Nicol, que va prochainement publier l'administration du pèlerinage, en un trèsbeau volume grand in-8°, illustré de vignettes et de planches hors texte. Puisé aux sources les plus authentiques, cet ouvrage est le seul qui donnera, d'une manière complète, l'histoire du pèlerinage. Nous y reviendrons quand il aura paru. (Note de la Rédaction.)

TOME XLII (II DE LA 5e SÉRIE.)

23

Les Évangiles apocryphes et quelques saints Pères puisant aux mêmes sources, c'est-à-dire la légende avec son mélange de vérités et de fictions pieuses, ont donné de longs détails, touchants et gracieux, sur la vie de notre sainte. Mais nous préférons laisser de côté ces traditions dont l'autorité n'est pas suffisante, à nos yeux; et, dégageant de ce fond un peu obscur quelques grands faits, admis par tous et recueillis par les Pères de l'Église, nous nous contenterons d'esquisser cette vie si admirable dans sa simplicité.

Sainte Anne, mère de Marie, précède l'aurore qui nous donnera le divin soleil. C'est pour cela sans doute que Dieu l'a voilée d'une ombre discrète, qui nous laisse néanmoins deviner sa grandeur. L'Évangile ne prononce pas même son nom, et saint Épiphane est le premier Père qui nous l'ait fait connaître.

Trois mots résument sa vie : obscurité, souffrance et gloire.

Née de la race illustre d'Aaron, elle s'était alliée, par son mariage avec saint Joachim, à la famille royale de David; mais ces époux modestes n'étaient point éblouis par les splendeurs du passé; vivant à l'écart, loin des passions qui divisent les hommes, ils únissaient leurs âmes aux pieds de Dieu.

Habitués à soumettre leur volonté à la sienne et à vivre selon son bon plaisir, ils priaient avec ferveur, répandant autour d'eux les bons exemples, attirant les cœurs par le charme de leurs vertus.

Quand une âme s'est tournée vers Dieu par la prière, elle aime à se pencher ensuite sur les douleurs humaines, pour les consoler. Les cœurs de saint Joachim et de sainte Anne étaient trop grands pour ne pas éprouver le besoin d'aimer ceux qui souffrent. La charité embellissait leur solitude. Des biens que Dieu leur avait donnés ils faisaient trois parts: la première pour le temple et ses ministres, la seconde pour les pauvres, la troisième pour eux-mêmes. D'autres entassent et désirent sans cesse; en partageant avec les pauvres et Dieu, ils trouvaient le bonheur.

Cependant une grande douleur attristait leur vie. Le peuple juif,

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