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223. Par la joie que tu eus aussi en le retrouvant en Galilée, s'étant ressuscité lui-même, et sa dette payée, prie pour moi, je t'en prie encore.

224 Par l'enlèvement et par les joies que tu éprouvas en montant aux cieux, où tu es placée au dessus de l'Autel et de toute chose, je me recommande à toi, écoute mes prières.

225. Quiconque garde la mémoire de ces quinze joies suprêmes qu'éprouva la Vierge Marie en reçoit la récompense de Dieu le Père; il l'a pour agréable.

226 Dis-les de cœur dévotement, tous les jours, de toute ton âme, et nul démon ne te vaincra, si fort et si cruel qu'il soit.

FIN DES QUINZE JOIES.

HERSART DE LA VILLEMARQUÉ.

(La fin à la prochaine livraison.)

NOTICES ET COMPTES RENDUS

LE LIVRE D'UN PÈRE, par M. Victor de Laprade, de l'Académie française; illustrations par E. Froment, gravées par E. Matthis. volume, petit in-40. Paris, 1876. J. Hetzel et Cie, 18, rue Jacob.

Un beau

Nous arriverions un peu tard pour parler de ce magnifique volume, édité avec luxe, orné de riches et belles gravures, si ce n'était là qu'un livre de premier de l'an, un de ces livres qui n'ont qu'un jour, une semaine, et qui, après avoir jeté, pendant quelques heures, un radieux éclat, rentrent dans l'ombre pour ne reparaître qu'au mois de décembre suivant. Tel n'est point le cas du Livre d'un père. C'est un livre de toutes les saisons et de toutes les heures, et j'avouerai même que je l'aimerais mieux, sans gravures, sans images, avec le simple costume qui sied aux œuvres vraiment belles; il est de ceux qui n'ont pas besoin de parure et de beaux habits pour faire ressortir leur bonne mine et pour recevoir dans le monde l'accueil le plus empressé.

Cet accueil a été si vif que l'édition tout entière a été épuisée en huit jours trois mille exemplaires d'un volume de vers enlevés en une semaine :

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable!

Est-ce à dire, comme l'ont répété presque tous nos confrères de la presse de Paris et des départements, que le Livre d'un père soit le chef-d'œuvre de M. de Laprade? Pour notre part, nous ne le pensons pas. Les Symphonies, Pernette, les Satires, sont des œuvres d'un vol plus haut, d'un souffle plus puissant, et c'est dans

ces trois livres que Victor de Laprade s'est surtout montré grand poète: c'est là qu'il faut chercher son chef-d'œuvre. - Ce qui est vrai, c'est que le Livre d'un père est plus accessible à la foule, et il est arrivé à l'auteur ce qui était déjà arrivé à Victor Hugo pour ses vers sur les Enfants, vers admirables sans doute, mais que le chantre des Feuilles d'automne, des Voix intérieures et de la Légende des siècles a bien souvent dépassés.

Ce qui est vrai aussi et ce que j'ai hâte de dire, c'est que M. de Laprade a déployé, dans le Livre d'un père, de bien rares et bien précieuses qualités, - charme réel et saisissant, mélodies limpides et vermeilles, inspiration sincère et profonde, que couronne une forme exquise et véritablement magistrale. Le vers de M. de Laprade est tour à tour doux à lire et à entendre, comme la plume de l'oiseau est douce à caresser, puissant et vigoureux comme le coup d'aile de l'aigle qui plane au haut des cieux.

Je parlais tout à l'heure des vers de Victor Hugo sur les Enfants. Pour délicieux qu'il soit, il faut bien reconnaître, cependant, que le recueil de l'illustre poète a un défaut considérable: il est composé de pièces et de morceaux, qui jurent quelquefois de se voir accouplés ensemble. Comment n'être pas choqué, par exemple, lorsque au sortir des vers sur la Prière pour tous, on se heurte à une tirade du Roi s'amuse? Avec le Livre d'un père, rien de pareil; l'œuvre est d'une seule venue, et elle offre, à côté de toutes ses autres qualités, cette qualité suprême, l'harmonie. Pas une pièce, pas un vers qui détonne; pas une strophe qui ne concoure à l'harmonie de l'ensemble.

Le livre tout entier est à lire. J'en veux pourtant détacher une pièce, non qu'elle soit plus remarquable que celles qui la précèdent ou qui la suivent, mais parce que c'est un devoir et un plaisir pour la critique, lorsqu'elle a sous la main tant de beaux vers, de ne point les tenir captifs et de leur donner l'air et l'espace.

La France.

Si vous voulez dans votre cœur,
Quand mes os seront sous la terre,
Sauver ce que j'eus de meilleur,

Garder mon âme tout entière...
Aimez, sans vous lasser jamais,
Sans perdre un seul jour l'espérance,
Aimez-la comme je l'aimais,
Aimez la France!

Qu'importent les labeurs ingrats
Et l'injustice populaire !
Travaillez de l'âme et des bras,
Et je vous réponds du salaire.
Conservez ma robuste foi;

Vous aurez de plus la vaillance.
Enfants! servez-la mieux que moi,
Servez la France !

Servez-la dans l'obscurité
Avec la même idolâtrie.
Arrière toute vanité,

Et gloire à toi, sainte Patrie!
Votre honneur, amis, c'est le sien.
Humbles soldats de sa querelle,
Souffrez, sans lui demander rien,
Souffrez pour elle !

Vous tenez d'elle et des aïeux,
De ce grand passé qu'on envie,
Vos mœurs, votre esprit et vos dieux;
Vous lui devez plus que la vie.
Ne marchandez pas votre sang,
Afin de la rendre immortelle...

Au premier rang, au dernier rang,
Mourez pour elle.

On voit que Victor de Laprade aime la France, comme il aime ses enfants, avec passion. Et, comme il aime ses enfants et la France, il aime aussi l'Église. Son livre n'est pas seulement le Livre d'un père, c'est le livre d'un chrétien, d'un catholique. C'est à la Religion qu'il a demandé, comme le vieux Corneille, son maître, ses plus hautes, ses plus généreuses inspirations. N'est-ce pas elle qui lui a dicté ces admirables pièces, les Deux portraits, De là-haut, Nos morts nous aident, -- qui resteront à jamais dans notre langue comme la

plus éloquente expression de l'amour filial? Déjà, dans ses précédents recueils, M. Victor de Laprade avait consacré à la mémoire de son père et de sa mère quelques-uns de ses plus beaux vers la Dédicace des Symphonies, la pièce qui ouvre les Poèmes évangéliques, et celle qui les ferme. Nous espérons qu'un jour il réunira ces vers si touchants et si purs, inspirés non plus par les berceaux, mais par les tombes, et qu'après nous avoir donné le Livre d'un père, il nous donnera le Livre d'un fils. Nul n'a été, en effet, plus fidèle que le noble poète au divin précepte: Père et mère honoreras, afin de vivre longuement. - Victor de Laprade sera immortel, parce qu'il a honoré son père et sa mère.

EDMOND BIRÉ.

DIX PIÈCES DRAMATIQUES, à l'usage des cercles d'ouvriers, colléges, salons, etc., par M. l'abbé du Tressay, chanoine honoraire, directeur du cercle catholique d'ouvriers de Luçon. Un beau vol. in-8°. Luçon, Renaud, libraire-éditeur.

Tous ceux qui ont souci de la condition des ouvriers, et qui croient utile de combattre, par le bon exemple et la charité, l'effet des chimères dangereuses dont les bercent certains meneurs, connaissent l'œuvre des cercles catholiques d'ouvriers fondée par M. de Mun, et qu'il a si rapidement propagée dans toute la France, que près de trois cents de ces cercles ont été établis depuis moins de sept ans. Grouper les ouvriers chrétiens, leur montrer que leur réunion est une force, ramener au bien les indifférents, les guérir du respect humain, les instruire, leur faciliter l'accomplissement de leurs devoirs religieux, rendre en même temps leurs heures de loisir aussi agréables qu'il est possible, tel est le programme de cette œuvre, l'une des plus difficiles assurément, mais qui peut devenir aussi l'une des plús fécondes pour le bien. Personne n'était, plus que M. l'abbé du Tressay, apte à la faire naître et à la faire réussir en Vendée; il lui a suffi d'appeler à son aide quelques-uns de ses amis, dévoués à toutes les bonnes œuvres, et sous sa direction le cercle catholique d'ouvriers de Luçon est devenu l'un des plus prospères de notre région.

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