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route de bonne heure et par un beau soleil tempéré par une agréable brise de mer, nous nous dirigeons par la Cannebiére vers le vieux port qui nous paraît très peuplé et très animé, alors que nous n'avons pas encore vu les vastes et splendides bassins de la Joliette et du Nouveau Port.

Nous trouvons dans toute cette population du port et des marchés, beaucoup d'entrain et de bonne humeur et comme l'expansion de la gaieté méridionale; nous remarquons au milieu du marché qui se trouve sur le port une fontaine surmontée d'un bas-relief d'ou sort, en lignes vigoureuses, un poète provençal nommė V. Gelu, dont nous ne connaissions ni le nom ni les œuvres, mais qui est bien là parlant, gesticulant et vivant au milieu de ce peuple dont il a chanté la vie et les amours et qui montre envers lui toute la reconnaissance qu'il a méritée.

Et pendant ce temps, notre poète Desrousseaux attend encore chez nous la statue ou le buste qui lui sont promis depuis si longtemps.

Mais le bateau siffle et nous attend pour nous conduire faire une promenade sur la mer qui est assez agitée, sans conséquences fâcheuses toutefois, et nous nous dirigeons vers le château d'If où le romancier Alexandre Dumas a fait vivre son héros Dantès, Monte-Cristo.

Les plus hardis d'entre nous descendent et font l'escalade du rocher pendant que l'un des excursionnistes qui les avait d'abord suivis,

Se plaint de sa grandeur qui l'attache au rivage.

Ceux qui pénètrent dans le château y voient la salle où siégeait en 1793 le Tribunal Révolutionnaire et la prison où Mirabeau fut enfermé pendant quelque temps sur l'ordre de son père.

Après ces intéressantes excursions suivies d'un repos que la chaleur rend bien désirable, nous allons faire notre visite à la chapelle de Notre-Dame de la Garde; l'ascension y est plus commode qu'à Lyon, car on monte à la chapelle ou tout au moins aux marches qui se trouvent au bas, au moyen d'un funiculaire dont le premier aspect est assez effrayant, car il monte suivant un angle de 70°, mais cela est sans danger et le devant de la voiture étant à découvert, on aperçoit avec la même sensation que dans une ascension en ballon, un panorama admirable, comprenant Marseille tout entier, la mer et dans le fond les montagnes de l'Esterel.

La chapelle elle-même n'a pas les prétentions architecturales de Fourvières, mais elle a bien son mérite, surtout par la vue splendide qu'elle découvre.

Nous descendons ensuite par le boulevard Pierre Puget et nous suivons le beau et pittoresque chemin de la Corniche où nous examinons en passant, la mer à droite et à gauche le restaurant de la Réserve, connu dans le monde entier et tenu par Roubion, le roi de la Bouillabaisse, puis les nombreuses bastides des Marseillais et les bains du Prado et des Catalans.

Cette belle route nous conduit au château Borelly qui renferme un musée très intéressant, composé d'antiquités égyptiennes, grecques et romaines.

Nous rentrons dans Marseille par la magnifique promenade du Prado qui, sur un parcours de plusieurs kilomètres, se prolonge bordée de deux ou trois rangées de platanes.

Le palais de Longchamps reçoit ensuite notre visite et mérite toute notre admiration: la vue en est très belle et rappelle le Trocadéro de Paris.

Devant le palais, se trouve une magnifique fontaine d'un aspect très gracieux et qui débite de l'eau en abondance.

L'intérieur du palais contient un musée plus jeune et moins riche que celui de

Lyon, mais qui renferme des œuvres remarquables, notamment de très beaux portraits.

Par la longue et belle rue de la République nous nous dirigeons vers la cathédrale ou la Major, édifice de construction toute récente et qui vient seulement d'être achevé.

Cette cathédrale me rappelle, mais en plus grand, l'église St-Marc de Venise, elle est du style byzantin mêlé de certaines parties du genre roman; elle attend comme complément son ornementation intérieure, mais même dans son état actuel elle produit un très grand et imposant effet.

Nous revenons par le port et en passant devant le beau monument de la Bourse qui se trouve à l'entrée de la Cannebière; nous rentrons à l'Hôtel et nous quittons Marseille en admirant ses magnifiques voies de la Cannebière, de Noailles et des allées de Meilhan.

Partis de Marseille à 8 heures 07, nous arrivons à 10 heures 24 à Nîmes, où nous descendons Hôtel de Luxembourg.

Vendredi 13 Septembre.

Nîmes est certainement une ville très riante et animée et malgré la poussière qui, dans cette ville est un véritable fléau, elle est une des reines du Midi; ses boulevards et places sont larges et bien plantés, ses monuments sont très anciens, très beaux et bien entretenus et ses habitants ont un esprit d'hospitalité et une urbanité qui offrent beaucoup de charmes.

Nous devons d'abord une visite au barbier parfumeur grec nommé Blanc, qui a dans le Midi une très grande réputation et qui a inscrit sur son enseigne ces deux devises grecques et latines, pleines d'encouragements et de promesses:

Ornate juvenes, senes reparate capillos.
Jeunes gens ornez, vieillards réparez votre chevelure.

Καιρω ταχιφτα και φιοπω.
Je vais vite et je me tais.

Nous quittons le boulevard de l'Amiral Courbet pour aller visiter la Maison Carrée, superbe monument d'une conservation parfaite que le temps a respecté, et dont l'architecture si noble et si sobrement ornée fait depuis des siècles l'admiration de tous.

Puis nous nous rendons tout droit aux arènes qui sont beaucoup plus intactes et mieux conservées que les arènes d'Arles; la question des courses est à l'état aigu et nous pouvons constater que si les hôteliers et cafetiers sont prêts à l'insurrection en présence des restrictions apportées à la liberté des courses, ceux qui ont la garde du monument trouvent que ces restrictions ont leur raison d'être et critiquent amèrement les dispositions prises en vue de ce spectacle sanglant, et notamment les fauteuils en fer qui font un effet déplorable dans ce monument antique.

Nous ne prenons pas parti dans la querelle et nous nous contentons d'admirer l'aspect grandiose et vraiment monumental des arènes. Nous faisons en passant la visite obligatoire au Palais de Justice et nous y rencontrons un avocat-général fort aimable qui se plaint d'avoir ses vacances interrompues par son service et à qui nous répondons qu'il a tort de se plaindre, qu'il n'a nul besoin de voyager et qu'il ne saurait trouver ailleurs un pays aussi beau que le sien.

Nous parcourons ensuite la promenade et les jardins de la Fontaine, jardins enchanteurs aux eaux pures et transparentes, le tout produisant un effet splendide ;

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VALLÉE SUPÉRIEURE DU LOT

ET LES RUINES DE St-JULIEN DU TOURNEL.

Clichés de J. Jusniaux

LA DOURBIE ET St-VERAN.

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