Page images
PDF
EPUB

attribuer la cause aux cartons et à la colle dont les relieurs se servent pour coller le papier et le parchemin ou le cuir des reliures; ils font cette colle avec de la farine noire ou autre, que la mite aime beaucoup et qui attire pareillement l'escarbot; jai essayé de mêler dans cette colle des choses amères, comme l'absinthe, de la coloquinte, etc., mais sans aucun succès. Le seul remède que j'ai trouvé a été dans l'emploi des sels minéraux, qui résistent à tous les insectes; le sel appelé arcanum duplicatum, l'alun, le vitriol sont propres à cet effet; mais les sels végétaux comme la potasse, le sel de tartre, etc., ne le sont point. Ces derniers se dissolvent aisément dans un air humide, et font des taches dans les livres. Lorsqu'on mêlera un peu de ces premiers sels dans la colle, les vers ne toucheront jamais aux livres, qui seront préservés des attaques de toutes sortes d'insectes. >>

Prediger* a confirmé d'avance ce que d'Alemlembert donne plus haut comme une chose qu'il a éprouvée. Il prétend que les vers ne toucheraient pas aisément aux livres si les relieurs, pour faire leur colle, se servaient d'amidon au lieu de farine; il dit encore que pour préserver les livres contre les insectes, il faut mettre entre le livre et la couverture, de l'alun pulvérisé,

⭑ Voyez : Instructions pour les relieurs, par Prediger (en allemand). Leipzick, 1741.

mêlé d'un peu de poivre fin, et qu'il convient même d'en répandre un peu sur les tablettes de la bibliothèque. Il ajoute que pour garantir une bibliothèque des vers, il faut frotter les livres fortement dans les mois de mars, juillet et septembre avec un morceau d'étoffe saupoudré d'alun pulvérisé.

M. Ed. Fournier, dans son ouvrage « l'Art de la reliure en France aux derniers siècles » nous apprend ceci : « Par une lettre du 31 mai 1823, que nous avons vu autographe, dit-il, M. Mérimée père, alors directeur de l'école des beaux-arts, conseillait à M. Duchêne aîné, de proposer à la Bibliothèque du Roi l'usage des cuirs odorants, si favorable à la conservation des livres, et que nous devrions adopter, ne fût-ce que pour imiter les Anglais, si engoués de ces sortes de reliures. On ne fit rien, ou presque rien de ce conseil. - Lesné, p. 125, est d'avis que le meilleur préservatif serait d'employer, au lieu de colle de pâte, la colle forte, comme font les Anglais. »

Un autre moyen, mais impraticable, à notre avis, est celui qu'indique Peignot. « Les livres attaqués par les vers, dit-il, doivent être battus, mis à l'air et exposés à une fumigation de soufre. La vapeur de ce minéral les tue lorsqu'ils sont insectes parfaits, mais ne produit aucun effet sur leurs œufs; ainsi il faut attendre le temps où ils éclosent ordinairement, c'est-à-dire vers

le mois de mars. On peut aussi fumiger en été. » On voit que presque tous les auteurs qui ont écrit sur les «< insectes qui rongent les livres > s'accordent à dire que la colle dont on se sert est la première cause de tous les dégats commis par ces dangereux bibliophobes.

L'expérience nous ayant aussi convaincu qu'il faut éloigner des livres toute chose propre à engender des vers, et comme il est bien rare que toute personne qui s'occupe de livres n'ait pas besoin de colle pour quelques réparations à faire soit aux reliures, soit aux livres, nous allons indiquer un moyen de préserver la colle de la moisissure, des insectes et des vers,

L'alun employé par les relieurs n'est pas un préservatif absolu, quoiqu'il contribue beau coup à la préservation et la conservation des peaux. La résine en usage parmi les cordonniers est préférable et agit entièrement dans le même sens; mais l'huile de térébenthine a beaucoup plus de puissance encore; la lavande et autres substances aromatiques d'une odeur forte, comme le poivre, l'anis, la bergamote, réussissent parfaitement, même en trèsmince quantité; elles conservent la colle pendant un temps illimité. La meilleure colle est faite de fleur de farine ordinaire; on y ajoute de la cassonnade grise et une portion de sublimé corrosif. Le sucre lui donne du liant, et empêche la formation des écailles sur les surfa

ces polies. Le sublimé la défend des insectes et de la fermentation. Ce sel ne prévient pas la moisissure; mais, comme deux goutes d'huile suffisent pour l'empêcher, toutes les causes de destruction sont ainsi enlevées. Cette colle, exposée à l'air, durcit sans se décomposer, et devient semblable à la corne; il faut la mouiller quelque temps avant d'en faire usage. Gardée dans un vase hermétiquement fermé, elle peut servir en tout temps sans autre préparation.

Nous terminerons en donnant un dernier conseil aux bibliophiles et aux amateurs qui veulent bien nous lire.

[ocr errors]

Répandre quelques gouttes d'huile de bouleau sur les tablettes de leur bibliothèque et ne jamais se servir de lainage pour l'entretien de la propreté nécessaire aux livres,

* Cette huile ou goudron tiré de l'écorce intérieure du bouleau noir donne aux cuirs de Russie leur odeur et leur qualité.

[graphic]
[graphic][merged small][merged small][merged small]
[graphic]

a bibliographie, comme chaque art et chaque science a sa langue particulière semblable à l'algèbre, elle a composé la sienne des signes les plus simples, tels que crochets, parenthèses, abréviations, etc. En les employant, on est dispensé de détails qui paraitraient fastidieux dans le langage ordinaire; et leur présence dans l'énoncé d'un titre supplée tantôt à une omission, tantot à un défaut de développement.

Pour abréger l'analyse des titres, pour économiser le temps et la place on se sert ordi

*A. A. Barbier. Avertissement du catalogue des livres de la bibliothèque du conseil d'Etat. Paris, AN XI, in-fol.

5

« PreviousContinue »