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BULLETIN

DU

Bouquiniste

PUBLIÉ PAR AUGUSTE AUBRY

Avec la collaboration de Bibliophiles et d'Erudits
Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois.

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CHEZ AUG. AUBRY, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS
Rue Séguier, 18

Et chez les principaux libraires de la France et de l'Etranger

EN DISTRIBUTION :

CATALOGUE des Livres de littérature moderne et d'histoire, composant la Bibliothèque de

FEU M. PAUL FOUCHER

Homme de lettres, chevalier de la Légion d'honneur.

Dont la vente aura lieu, rue des Bons-Enfants, 28 (maison Silvestre), Vendredi 19 et samedi 20 mars, à 7 heures et demie du soir.

Mc DELBERGUE-CORMONT, commissaire-priseur; M. A. AUBRY, expert.

EN PRÉPARATION:

CATALOGUE des Livres de littérature et d'histoire, Livres anglais, italiens et espagnols, composant la Bibliothèque de

FEU M. WILFRID CHAUVIN

Homme de lettres.

Dont la vente aura lieu fin mars courant.

M DELBERGUE-CORMONT, commissaire-priseur; M. A. AUBRY, expert.

CATALOGUE des Livres modernes, Curiosités bibliographiques, tirages à petit nombre; Albums, Livres ornés de vignettes, etc., etc. De la Bibliothèque de M. B.

PLUSIEURS AUTRES CATALOGUES EN PRÉPARATION

ACHAT DE BIBLIOTHÈQUES

DE PARTIES DE LIVRES

ET DE TOUTES ESPÈCES D'OUVRAGES ANCIENS ET MODERNES
Expertises. Rédaction de Catalogues
VENTES PUBLIQUES AUX ENCHÈRES

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

LA VIE ET LES ŒUVRES

DE

M. JEAN-MARIE-ROBERT DE LAMENNAIS

PRÊTRE, FONDATEUR DES FRÈRES DE L'INSTRUCTION CHRÉTIENNE, ETC.

(1780-1860)

D'après sa correspondance et autres documents inédits,

PAR S. ROPARTZ

Paris, Lecoffre, 1874, in-8, xm-492 p., portrait. 7 fr. 50

Le nom de Lamennais, dit l'auteur au début de son livre, est un des plus célèbres et des plus populaires de la France moderne. Il doit sa célébrité au talent supérieur et, il faut bien le dire aussi, à l'éclatante apostasie de l'éminent auteur de l'Essai sur l'indifférence et des Paroles d'un croyant; il doit sa popularité vraie et durable aux vertus et aux œuvres du fondateur des Frères de l'instruction chrétienne, Jean-Marie-Robert de Lamennais, dont l'histoire fait l'objet de cet ouvrage. Malheureusement, bien que ce nom célèbre soit devenu si populaire, surtout dans certaines provinces et dans nos colonies, grâce à la grande famille religieuse fondée par l'abbé Jean, famille dont les membres dépassent aujourd'hui le chiffre de mille et les élèves celui de soixante-dix mille, fort peu de personnes connaissent la laborieuse carrière de l'homme de dévouement qui inscrivit sur le fronton de son institut: Dieu seul. Au contrairo, les révoltes éclatantes et la triste fin de son frère, l'abbé Féli, sont présentes à la mémoire de tous; c'est que l'un, poursuivant sa tâche

a

bienfaisante dans l'obscurité, resta fidèle à sa devise; tandis que l'autre, préférant les triomphes bruyants du monde, se laissa dominer par ses premiers succès, et n'imposa bientôt plus de bornes aux exigences impérieuses d'un esprit avide d'indépendance, infatué, comme tous les grands talents dévoyés, de son infaillibilité personnelle. « Ils n'étaient pas frères» disait dernièrement Sa Sainteté; certes, ils ne le furent point par les résultats de leur vie laborieuse, mais ils l'étaient au point de départ, et pendant toute la première période de l'ardeur et du zèle. Quel immense bien eût produit l'œuvre de Féli, s'il avait persévéré dans la défense de ses premières doctrines, comme l'abbé Jean persévéra dans celle de l'instruction populaire! Il était temps que la belle figure de cet apôtre infatigable fût produite au grand jour. Après le scandale, voici la réparation.

Nous devons féliciter hautement le sympathique auteur de l'Histoire de Saint-Yves et des Etudes sur Guingamp, d'avoir le premier, avec un sentiment profond de piété filiale, retracé les travaux et le noble caractère de celui qui fut le guide et l'ami de sa jeunesse. Aussitôt après la mort de M. de Lamennais, les frères, pieusement préoccupés de tout ce qui se rattachait à la mémoire de leur fondateur, réunirent ce qu'ils purent des écrits et des notes concernant sa vie et son institut. M. Ropartz ayant eu l'occasion de parcourir ces documents résolut de les compléter et de les mettre en œuvre : dette de reconnaissance envers les maîtres qui lui avait enseigné, dès la fondation de l'ordre, la lecture et l'écriture. Lui-même avait intimement connu l'abbé Jean, et les détails qui suivent indiqueront quelle confiance le lecteur doit avoir dans les pages souvent émues du biographe breton: « En 1840, dit-il, j'étais à Paris, où M. de Lamennais m'avait ménagé la très-précieuse bienveillance de plusieurs des hommes distingués qui avaient autrefois vécu à La Chesnaye et à Malestroit. Le fondateur des Frères, occupé à cette époque de la création de ses écoles dans les colonies, venait souvent à Paris. L'affection toute paternelle qu'il avait eue pour moi dès ma plus petite enfance, et qui se traduisait de sa part par un tutoiement familier, dont il usa toujours, me permit de pénétrer dans les détails les plus intimes de sa vie. Il passait généralement un temps trèscourt dans un hôtel garni de la rue de Beaune, où je devais le rejoindre chaque jour jusqu'à son départ. J'étais investi par son amitié

des fonctions de secrétaire et j'avais pour salaire les conversations et les épanchements de chaque soirée. A quelques années de là, mon mariage dans une campagne toute voisine de Ploërmel me donnait l'occasion de revoir M. de Lemennais toutes les fois que je passais quelques jours dans ma famille, c'est-à-dire à deux reprises chaque année; par ailleurs, chacun de ses voyages en Basse-Bretagne le ramenait à ma table et sous mon toit; et pour donner l'exacte mesure de mes rapports avec lui, je dirai que, l'étant allé visiter dans les derniers mois de sa vie, alors qu'il ne quittait presque plus son lit, il voulut que je dînasse dans sa chambre et à côté du lit où il était étendu... »

On comprend facilement après cela comment M. Ropartz, qui apporte dans tous ses travaux la conscience historique la plus scrupuleuse, a pu nous livrer l'âme de l'abbé Jean. - Aussi ce livre aux sentiments généreux, écrit sous l'impression d'une respectueuse reconnaissance, abondant en documents inédits du plus haut intérêt, est-il d'une lecture particulièrement attachante. La jeunesse des deux frères (l'abbé Jean était deux ans plus âgé que Féli), sous la direction du vénérable abbé Vieille, dont la ville de Saint-Brieuc conserve le souvenir, y est racontée d'une manière aussi élevée que touchante. On y sent déjà se dessiner nettement le contraste entre le génie de ces deux travailleurs intrépides que le zèle emporte bien au delà des études et des labeurs ordinaires.

La part que l'abbé Jean eut à l'entrée de Féli dans les ordres, est présentée ici pour la première fois sous son véritable jour : la conversion par entrainement de ce jeune incrédule qui, à vingt-deux ans, n'avait pas encore fait sa première communion, ne parut point trèsrassurante à l'œil si perspicace et si sûr de Jean, qui écrivait le 10 août 1815, au moment de la retraite de son frère : « Je suis enchanté de n'être pour rien dans cette décision-là. » Ce ne fut que lorsqu'elle fut irrévocable, que Jean partagea l'enthousiasme fraternel. Hélas! les vocations d'entraînement n'ont que trop souvent le triste sort de celle de Féli!

Mais qu'on poursuive cette biographie en partie double : quelles admirables scènes de vraie dignité chrétienne dans les luttes de Jean, vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc, contre les prétentions gallicanes et fort peu libérales du ministre Lainé; - quels tré

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