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de leur art dans l'antiquité, les philologues offriraient un contingent de matériaux épurés par la critique.

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Les Établissements dits de saint Louis ont été rédigés entre la Toussaint de 1972 et le 19 juin 1973. Le succès de ce

1 Il est bien entendu que les accents et les signes de l'esprit doux ou rude manquent sur le papyrus original.

livre fut immense et son influence considérable; il est dû à un compilateur orléanais; il n'émane pas du roi de France. Les Établissements ont pour origine :

1o Un règlement sur la procédure devant le prévôt de Paris et l'ordonnance de saint Louis qui abolit le duel judiciaire (liv. I, ch. I-VII);

2o Une coutume d'Anjou rédigée vers 1246, et dont le texte nous est parvenu séparément (liv. I, ch. VIII-CLXVIII);

3o Une coutume d'Orléanais, dont le texte pur n'a pas été retrouvé, mais dont il est facile de prouver l'existence d'une manière certaine (liv. II).

Les procédés du compilateur sont très-simples : il enrichit les textes qu'il copie d'allusions fréquentes au droit romain et au droit canonique; il plaque diverses réflexions de son cru; dans la dernière partie de son œuvre, il se préoccupe visiblement d'harmoniser la coutume d'Orléanais avec la coutume d'Anjou précédemment copiée, et, par suite, il traite cette coutume orléanaise avec moins de respect encore que tume d'Anjou copiée la première : c'est, du moins, ce qui paraît résulter d'une comparaison attentive de divers chapitres du livre Il des Établissements avec le livre I, d'une part, et avec certains textes orléanais, d'autre part.

la cou

On arrive ainsi à déterminer avec beaucoup de vraisemblance quelques-unes des altérations que le compilateur a fait subir volontairement au texte primitif qu'il avait sous les yeux. Les chapitres xxv et xxxIx du livre Il paraissent avoir subi des remaniements graves de ce genre: en restituant par voie de conjecture la coutume primitive, on retrouve un texte beaucoup plus satisfaisant.

Dans le livre Ier, la plupart des altérations subies par les textes primitifs sont involontaires; elles n'en sont pas moins curieuses. Par exemple, dans le chapitre cxxvIII, ce compilateur, qui transcrivait un passage où il était question du Juef le

roi (Juif le roi), a lu mes le roi et a compris homme le roi. Il a adopté cette expression mes le roi, fruit d'une mauvaise lecture, et l'a reproduite dans le livre II.

Toutefois, des altérations volontaires peuvent être également constatées dans le livre I; le règlement relatif à la prévôté de Paris a été appliqué intentionnellement aux prévôtés de Paris et d'Orléans.

En tout ceci, le compilateur a montré une certaine bonhomie; l'explicit du livre I rappelle, dans quelques manuscrits, l'une des sources mises à contribution : le texte même du livre II, dans les bons manuscrits, cite à plusieurs reprises l'Usage d'Orlenois copié dans ce livre. Le préambule de promulgation par saint Louis qu'on trouve dans toutes les éditions ne paraît pas appartenir à l'œuvre primitive: il ne figurera pas en tête de l'édition nouvelle.

Parmi les nombreux manuscrits utilisés pour cette étude critique du célèbre recueil attribué à saint Louis, il faut citer, outre les manuscrits de Paris, celui de Stockholm, celui de Troyes, tous deux très-importants, le manuscrit de Montpellier (daté), les manuscrits du Vatican, notamment le manuscrit Reine Christine 773 et le manuscrit Reine Christine 608 qui joue un rôle décisif pour l'établissement du

texte.

Le mémoire lu par M. Viollet doit former l'un des chapitres de l'introduction à l'édition des Établissements de saint Louis qu'il prépare pour la Société de l'Histoire de France1.

à

1 La Société de l'Histoire de France a autorisé M. Viollet à publier ce chapitre part. Il paraît chez Champion, avec ce titre : Sources des Établissements de saint Louis.

APPENDICE.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLESLETTRES SUR LES TRAVAUX DES COMMISSIONS DE PUBLICATION DE CETTE ACA

DÉMIE PENDANT LE SECOND SEMESTRE DE 1876, LU LE 26 JANVIER 1877.

MESSIEURS,

Le travail de l'Académie, dans le semestre qui vient de s'écouler, a été, je ne dis pas d'une activité exceptionnelle (votre activité se soutient sans défaillance), mais d'une fécondité tout à fait rare. Cinq volumes ou demi-volumes de nos recueils, trois in-folio, deux in-4°, ont été livrés au public : 1o le tome XXIII des Historiens de France, consacré, comme les trois précédents, à la période comprise entre l'avénement de saint Louis et celui de Philippe de Valois, volume de plus de 1100 pages, dû à la collaboration de MM. N. de Wailly, L. Delisle et Jourdain; 2° le tome VIII des Tables de Bréquigny, continuées par M. Pardessus, et je puis dire aujourd'hui achevées par M. Laboulaye; car ce volume atteint la fin du règne de Philippe le Bel que l'Académie, par une décision en date du 21 mars 1873, a marquée pour terme à ce recueil; 3° la deuxième partie du tome II des Historiens arabes des Croisades, par M. de Slane, dont mon dernier rapport vous annonçait le prochain achèvement; et, dans nos recueils in-4° : le tome XXVIII, 2o partie, de nos Mémoires, comprenant les sujets les plus variés : deux mémoires de M. Th.-H. Martin: la Prométhéide d'Eschyle et la Cosmographie populaire des Grecs après l'époque d'Homère et d'Hésiode; deux de M. E. Le Blant : les Martyrs chrétiens et les supplices destructeurs du corps ; Polyeucte et le zèle téméraire; trois de M. Hauréau : Sur quelques maîtres du XIV siècle; Sur les récits d'apparitions dans les sermons du moyen âge; Sur deux écrits intitulés DE MOTU CORDIS; deux de M. N. de Wailly: le Romant ou Chronique en langue vulgaire dont Joinville a reproduit plusieurs passages; Sur la langue de Reims au XIII° siècle; un de M. Jourdain: la Royauté et le droit populaire; et un de M. Desjardins : Sur les inscriptions graffites du corps de garde de la cohorte des Vigiles. Enfin le tome XXIV, 2° partie, des Notices et extraits des manuscrits, rempli par six notices deux de M. N. de Wailly et quatre de M. Hauréau.

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Les savants éditeurs des Historiens de France, ayant terminé le

royaux

tome XXIII, vont commencer le tome XXIV. La première moitié de ce volume, dont la copie n'a plus besoin que d'une dernière révision, comprendra les procès-verbaux des enquêtes des commissaires que saint Louis chargea de rechercher les dommages causés à ses sujets par les officiers dans les diverses provinces de ses États, et notamment en Languedoc, en Poitou, en Touraine, en Normandie et en Picardie. La seconde partie, dont les matériaux ne sont pas encore complétement recueillis, sera consacrée à la suite des chroniques locales relatives aux règnes de saint Louis et de ses successeurs jusqu'à l'avénement de Philippe de Valois.

Au recueil de Bréquigny, qui vient de finir, va succéder dans nos publications un autre recueil d'un caractère plus original et d'un grand intérêt c'est le recueil des Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France, antérieurs à Philippe-Auguste. Depuis longtemps les rapports semestriels vous tiennent au courant des travaux préliminaires de cette importante collection. M. L. Delisle, qui les dirige, me fait savoir que dans ce semestre on a copié les actes antérieurs à 1180, contenus sous forme de vidimus dans les registres 175-184 du Trésor des chartes. Le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Mihiel, communiqué par M. le préfet de la Meuse, a été examiné en détail; mais, sauf quelques additions faites après coup, il ne comprend que des pièces anciennes, dont le texte était déjà à la disposition de l'Académie, la Bibliothèque nationale en ayant fait exécuter une copie complète et figurée, pendant que ce précieux. manuscrit était à Paris.

La grande collection que l'Académie a commencée, parallèlement à celles dont elle a recueilli des Bénédictins le laborieux héritage, la collection des Historiens des Croisades, se continue dans ses trois séries :

1o Le tome IV des Historiens occidentaux, j'ai regret de le dire, en est à peu près au même point qu'il y a six mois. Le texte entier est imprimé, mais la publication en est retardée par les tables, dont les éditeurs, MM. Ad. Regnier et Thurot, ont cru devoir retirer la copie de l'imprimerie, afin d'en faire une révision complète avant d'en commencer l'impression.

2° M. Miller poursuit avec le même zèle l'achèvement du tome Il des Historiens grecs il y a 74 cahiers (c'est-à-dire 148 feuilles, 592 pages), tirés ou bons à tirer, un 75° cahier en correction et 74 placards. Le manuscrit est entièrement terminé.

3o J'ai annoncé tout à l'heure la publication de la 2o partie du tome Il des Historiens arabes, par M. de Slane. Notre laborieux confrère a déjà

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