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avaient quelque chose de brusque et de capricieux qui rappelaient ceux du singe; ses lèvres étaient monstrueusement renflées. »>«< Son oreille avait du rapport avec celle de plusieurs singes par sa petitesse, la faiblesse de son tragus et parce que son bord externe était presque effacé à la partie postérieure. » « Ce sont là, dit-il, après avoir décrit les os du squelette, les caractères de l'animalité. » « Je n'ai jamais vu, termine-t-il, de têtes humaines plus semblables aux singes que celle de cette femme. » Ce que nous disions de l'extension jadis du type hottentot dans toute l'Afrique australe et orientale est bien plus fondé encore pour le type spécial boschiman. Les Obongos, voisins de la côte du Gabon, ont le même teint « jaune vieux »>, la même insertion de cheveux en touffes séparées que les Hottentots, mais ils ont un caractère qui est par excellence celui des Boschimans, la petite taille. De la côte d'Aden, chez les Somalis, à l'embouchure de l'Ogabaï, à l'ouest, on retrouve donc des traces du type boschiman, le plus inférieur de la famille humaine. La vérité est échappée à Cuvier. Ce type est le plus animal et diminue la distance qui sépare actuellement l'Européen de l'anthropoïde. Que dirions-nous donc si nous le possédions pur (1) ?

Le type papou est répandu dans toute la circonscription géographique appelée Mélanésie, sauf en Australie. C'est dans les îles Salomon et les Nouvelles-Hébrides qu'il paraît le plus pur. Dans les îles Fidjis et la Nouvelle-Calédonie, il se mélange avec le type polynésien et dans la Nouvelle-Guinée avec le type négrito. Ses caractères sont les suivants :

Une taille ordinaire, mais élevée relativement aux types né

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(1) Voir Travels in the Interior of Southern Africa, par J. Barrow, 2 vol. London, 1801. · Mémoire sur la femme hottentote, par le baron Cuvier, in Hist. nat. des mammifères, par G. Saint-Hilaire et F. Cuvier, 2 vol. in-4°. Paris, 1824, etc.

grito et malais, un corps athlétique, bien découpé, des extremites grèles cependant et des pieds plats. Une peau de couleur noire ou chocolat. Des cheveux noirs, secs, crépus, implantés par touffes distinctes qui restent courtes et denses dans le jeune âge et prennent plus tard le caractère ébouriffé en tête de vadrouille, mesurant jusqu'à 30 centimètres de chaque côté; la barbe et le système pileux à la surface du corps sont développés et insérés de même par touffes, mais plus espacées. Un crâne très-dolichocéphale, aux parois latérales verticales, au front étroit à la base, aux arcades sourcilières saillantes. offrant assez fréquemment une crête médiane commençant en arrière du bregma ou se prolongeant jusqu'au milieu du front. Des yeux enfoncés aux sclérotiques ternes. Un nez gros et large à la base, mais saillant et recourbé, dit-on, du moins dans la Nouvelle-Guinée, avec lobule médian dépassant les narines (Wallace). Un prognathisme sous-nasal considérable, des lèvres épaisses et saillantes, un menton fuyant et dans son ensemble, un visage plutôt allongé (1).

Les Néo-Calédoniens sont généralement rattachés au type papou. En réalité ils forment une race mixte composée de trois éléments: l'un polynésien, l'autre auquel il convient de laisser le nom de mélanésien qui ne préjuge pas de ses liens de parenté, le troisième intermédiaire ou croisé. Sur une forte série de crânes il est facile de les mettre chacun à part: les métis y sont en majorité, les mélanésiens assez nombreux et les polynésiens rares. M. Bourgarel arrive au même résultat sur le vivant et en décrit deux variétés : la jaune et la noire. La première est caractérisée par la couleur très-foncée de la peau, des cheveux courts et plutôt floconneux que laineux (Forster), une petite taille, des membres grèles, un pied plat, une forte

(1)Voir Indian Archipelago.—Papuans, par J.-W.Earl. London, 1859.

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Fig. 51.

Métisse néo-calédonienne. Variété jaune de M. Bourgarel (collection de M. de la Richerie).

dolichocéphalie, un prognathisme considérable, des arcades sourcilières énormes, la verticalité des deux plans latéraux du crâne, etc. La seconde offre les mêmes caractères, mais atténués, entr'autres une haute taille, des membres mieux proportionnés, un teint jaune olivâtre, des cheveux plus longs et moins crépus, parfois frisés, les côtés du crâne déjà arrondis, etc.

La figure no 51 représente une métisse de cette variété jaune. Par sa haute taille, ses membres sveltes et son teint relativement clair, elle est polynésienne; par la profondeur de ses yeux, au-dessous de voûtes orbitaires saillantes, par son avant-bras long, son mollet grêle et haut placé, son calcanéum saillant et son pied plat, elle est mélanésienne; par ses cheveux frisés plutôt que laineux elle est croisée (1).

Quoi qu'il en soit, la race mêlée ou croisée actuelle se présente avec les caractères crâniens suivants sa capacité crânienne est de 1460 chez l'homme et de 1428 chez la femme, supérieure à celle de l'Australien et du nègre, mais bien inférieure à celle des races blanches et jaunes, principalement chez l'homme. Son indice céphalique de 71.78 est aussi faible que celui des Australiens, des Esquimaux et des Veddahs de Ceylan, Son front de 93.5 est plus étroit que chez les nègres d'Afrique, mais moins que chez les Australiens. Son indice nasal la détache nettement de toutes les races noires, il est de 53.06, c'est-à-dire bien près d'être mésorhinien. Son indice orbitaire de 80.6 la rapproche des Australiens et des races préhistoriques et l'éloigne ainsi des races jaunes. Son prognathisme de 69.8 est un peu moindre que chez les Australiens et les nègres d'Afrique, tout en étant considérable. Rien qu'à la disposition

(1) Des races de l'Océanie française et en particulier de celles de la Nouvelle-Calédonie, par A. Bourgarel, in Mém. Soc. anthr., 1o Mém. t. I; 2o Mém. t. II. - Etude des crânes néo-calédoniens du musée de Caen, par M. Bertillon, in Revue d'anth., t. I, année 1875.

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