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triangulation de la face, puis d'en comparer les deux résultats. Les indices faciaux étudiés sur l'homme et le triangle facial, sur lequel M. Assezat a lu un travail très-intéressant à l'Association pour l'avancement des sciences, qui n'est pas encore publié, sont dans cette voie (1).

Le cubage de la cavité crânienne par le procédé du plomb, dont nous parlerons avec détail plus tard, a un autre intérêt. En comparant ses données au poids total du corps, ou à sa masse, ou à sa taille, il fournirait un aperçu curieux du volume relatif du cerveau dans la série des mammifères. Le sujet est difficile. Mais, notre but étant la comparaison des anthropoïdes surtout avec l'homme, les quelques jaugeages suivants suffiront à notre but.

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On voit par cette liste, que le volume absolu de la cavité crâ

(1) Association pour l'avancement des sciences, session de Lille, 1874. (Sous presse.)

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nienne décroît à partir de l'homme; or, sauf pour les deux derniers sujets, la masse de l'animal y diffère peu de celle de l'homme. Les trois genres d'anthropoïdes ci-dessus ont, il est vrai, taille plus petite, mais par la grosseur de leurs membres, de leur tête et de leur tronc, ils le dépassent, en sorte qu'il y a compensation et qu'on peut admettre que, comme masse, ils exigeraient une quantité sensiblement égale de substance cérébrale pour les régir. Des trois anthropoïdes, le gorille est le plus gros, donc le plus défavorable pour notre conclusion. Eh bien, le volume de la cavité crânienne est trois fois moindre chez lui que chez l'homme ordinaire, adulte et blanc. Le chiffre le plus faible sur les seize mâles était de 475, le plus fort de 623. Le volume de l'organe cérébral est moindre, chose intéressante, chez l'anthropoïde femelle que chez le mâle, de 80 centimètres cubes environ; il en est de même chez l'homme.

M. Vogt a réuni dans son mémoire sur les microcéphales un certain nombre de chiffres de jaugeage du crâne, obtenus par des procédés divers et différents du nôtre, parmi lesquels domine le procédé du millet. Ils ne peuvent donc être comparés aux précédents, mais dans leurs relations ils méritent d'être pris en considération. Or leurs conclusions s'accordent avec celles de nos propres mensurations. Voici ces chiffres :

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De ces deux tableaux il résulte en somme que, toutes choses égales, les trois anthropoïdes en question ont l'un dans l'autre trois fois moins de cerveau que l'homme, c'est-à-dire de l'organe

ANTHROPOLOGIE.

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qui est le siége des caractères physiologiques qui distinguent au plus haut degré l'homme de la brute (1). Ainsi se trouve établie par l'anatomie, et dès le début de cet ouvrage, la grande caractéristique humaine. L'homme est supérieur à son plus proche voisin zoologique par la quantité de sa substance pensante comme il lui est supérieur d'un consentement unanime par ses manifestations intellectuelles. Cette vérité, la plus satisfaisante de l'anthropologie à enregistrer, nous met désormais à l'aise. Peu importe que par d'autres traits l'homme ressemble au singe, par son organe essentiel il en est différent. Le voilà à jamais au-dessus de l'anthropoïde, sa supériorité crânienne lui ouvre une carrière intellectuelle péremptoirement fermée

(1) Les variations maximum et minimum de la capacité crânienne, observées chez les trois grands anthropoïdes, méritent d'être rappelées. La première série ci-après est la nôtre, la seconde est empruntée à M. Vogt, et la troisième à Jeffries Wyman. Pour les cas isolés complémentaires, nous renvoyons aux tableaux ci-dessus. Il n'y est question que d'adultes.

16 gorilles måles, capacité en c. c. de...

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475 à 623 (Topinard)

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On n'oubliera pas que les cubages des seconde et troisième séries ont été pratiqués par des mains différentes et par des procédés différents, tandis que ceux de la première, du reste la plus nombreuse, l'ont été par nous-même et par le même procédé, celui du plomb régularisé par M. Broca et dorénavant devenu une opération de précision.

aux plus proches de ses parents zoologiques. Notre amour propre est sauf (1)!

Les caractères crâniens à examiner ensuite sont la conséquence de l'attitude verticale de l'homme et démontrent réciproquement qu'il est anatomiquement approprié à cette attitude. Seul, en effet, il se tient debout; les anthropoïdes marchent obliquement ou à moitié inclinés; les autres mammifères, horizontalement.

La tête, dans toute la série des mammifères, s'articule avec la colonne vertébrale par l'intermédiaire des condyles de l'occipital, lesquels roulent d'avant en arrière et d'arrière en avant dans des cavités creusées aux dépens des masses latérales de la première vertèbre cervicale ou atlas. Entre ces condyles et en arrière se trouve le trou occipital, par lequel la moelle sort du crâne. Son point médian antérieur est le basion et son point postérieur l'opisthion, dont nous avons déjà parlé (voir notre figuree 5).

Chez les quadrupèdes, le trou occipital, et par conséquent les condyles qui lui sont subordonnés, est situé très en arrière, et même, chez certains, comme le cheval, n'occupe plus la base du crâne, mais sa face postérieure devenue verticale. D'autre part, le museau est plus ou moins allongé, ainsi que le montrait tout à l'heure l'angle facial zoologique. Il s'ensuit: 1° que la tête, chez les quadrupèdes, n'est pas en équilibre sur la colonne vertébrale et bascule en avant; 2o que le

(1) Les anthropoïdes et autres animaux que nous avons mesurés proviennent du laboratoire de M. Broca et du Muséum. Nous devons à l'obligeance de M. Tramont, préparateur d'histoire naturelle attaché à l'École des hautes études (laboratoire d'anthropologie), et à M. Bouvier, naturaliste particulier, la communication d'un certain nombre d'autres pièces, crânes et squelettes; nous les prions d'agréer ici nos remerciments.

regard est obligé de se relever pour que l'animal puisse voir devant lui et que l'axe des orbites est modifié à cet effet. Pour parer à cet excès du poids de la tête en avant et à sa chute dans ce sens, les quadrupèdes sont munis à la nuque d'un très-fort ligament dit cervical postérieur, connu chez les ruminants sous le nom de nerf de bœuf. Il court le long de

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Fig. 5.-K, bord antérieur du trou occipital, ou basion; C, son bord postérieur, ou opisthion; KC, profil et plan du trou occipital; A, point alvéolaire; P, face inférieure d'un condyle occipital (s'articulant avec la première vertèbre cervi cale ou atlas); APQ, plan alvéolo-condylien ou plan horizontal de la base ducrâne; I, inion; L, lambda; B, bregma; O, point sus-orbitaire ou ophryon, glabelle; N, point nasal; E, point sous-nasal; A, point alvéolaire.

l'épine, devient libre au niveau de la septième vertèbre cervicale et va s'insérer à la protubérance occipitale externe ou à une dépression qui la remplace. Des muscles extenseurs du cou, puissants, concourent avec lui à maintenir la tête plus ou moins redressée.

Chez l'homme, au contraire, la tète est naturellement en équilibre sur la colonne vertébrale; le trou occipital occupe le

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