Page images
PDF
EPUB

le cerveau plus développé que les grandes; la souris, par exemple, a, par rapport à son corps, plus de cerveau que l'homme, et treize fois autant que le cheval, onze fois autant que l'éléphant, voilà ce que dit M. Colin. Les petites espèces ont plus souvent le cerveau lisse, conclut M. Dareste. Les deux propositions se complètent mutuellement. Les circonvolutions ont moins de tendance à se produire dans les petites espèces, en supposant le fait démontré, parce que leur cerveau est plus volumineux; c'était superflu. C'est ainsi que l'organisation atteint le même résultat par des procédés différents.

Sommering enfin a imaginé de comparer le cerveau avec les nerfs qui en partent. Le volume relatif du premier serait plus considérable chez l'homme, les singes viendraient après. Le plus gros cerveau de cheval que j'aie pesé, dit-il, avait 1 livre et 7 onces et le plus petit d'homme 2 livres et 5 onces un quart; néanmoins les nerfs de la base étaient dix fois plus gros chez le premier, quoique la différence de poids de leur cerveau fût de 14 onces un quart au moins.

Des mensurations directes ont enfin été pratiquées sur le cerveau des animaux. Sommering et Ebel ont comparé la largeur du bulbe rachidien, à son union avec la protubérance annulaire avec la largeur maxima du cerveau. Leuret a pris les dimensions et la situation relatives du corps calleux et du cervelet. Cuvier a donné la largeur, la hauteur et la longueur maximum du cerveau sur trente-huit mammifères. Leuret s'est attaché à la largeur par rapport à la longueur, les deux mesurées non plus sur le cerveau, mais à l'intérieur de la cavité crânienne, méthode très-recommandable, lorsqu'on se sert des instruments spéciaux imaginés par M. Broca et permettant de mesurer tous ses détails sans abîmer la pièce par une coupe quelconque. Dans un premier groupe comprenant le kangourou, le cochon d'Inde et le castor, les deux diamètres sont égaux; dans un second, occupé

par la plupart des rongeurs, l'éléphant, le marsouin, la baleine, le diamètre transverse prédomine sur l'antéro-postérieur; dans un troisième, où se trouvent les singes, les carnassiers, les solipèdes, les ruminants, le diamètre antéro-postérieur est le plus long comme chez l'homme.

Le rapport de ces deux diamètres, du transverse à l'antéropostérieur, mérite à notre avis de prendre rang dans l'anthropologie zoologique sous le nom d'indice cérébral. Ci-joint un certain nombre calculés d'après les tables de Leuret.

[blocks in formation]

Il y aurait done lieu d'admettre dans la série des mammily fères trois formes de cerveaux : la première longue, la seconde intermédiaire, et la troisième large, comme il y a trois sortes de cranes humains. Mais ici les limites de chaque forme seraient changées. Ceux qu'on devrait appeler dolichocéphales seraient compris au-dessous de 90; les mésaticéphales seraient de 90 à 110 et les brachycéphales au-dessus.

Organes rudimentaires et anomalies réversives. Dans l'examen forcément rapide que nous venons de faire des caractères qui différencient ou rapprochent l'homme des ani

maux, nous n'avons tenu compte que des caractères constants, existant chez tous les sujets. Mais il en est d'autres qui appa raissent inopinément dans toutes les races humaines et plus souvent dans les races réputées inférieures, dont nous devons dire quelques mots. Nous voulons parler de ce qu'on appelle les organes rudimentaires et les anomalies. Dans l'hypothèse d'une transformation par une cause quelconque des formes relativement inférieures en formes plus élevées, plus perfectionnées, ces dernières ont pris le nom de réversions. Elles sous-entendent l'idée d'une parenté dans le passé entre deux organismes aujourd'hui divergents et se rattachent à la question des rapports de l'homme avec les autres mammifères.

Comme exemple d'organes rudimentaires chez les animaux, nous citerons les germes de dents chez les embryons de baleines et d'incisives supérieures chez les ruminants, bien que ces organes ne doivent jamais se développer et servir; les mammelles de tous les quadrupèdes mâles; les yeux des animaux qui ne voient pas, soit que l'espèce passe sa vie dans des cavernes obscures, soit qu'elle habite les profondeurs infinies, aujourd'hui sondées, de l'Océan; les deux aiguilles osseuses qui sur les côtés de l'unique métacarpien ou métatarsien du cheval, représentent les autres métacarpiens ou métatarsiens disparus, etc.

Chez l'homme les cas en sont nombreux. Le repli semi-lunaire situé à l'angle interne de l'œil, et si remarquable sur quelques individus serait le reste de la troisième paupière des marsupiaux, du morse. L'appendice vermiculaire du gros intestin, qui ne sert à rien et donne lieu parfois à des accidents mortels, serait le représentant du même organe, énorme chez les herbivores et atteignant chez le kaola une longueur triple du corps. Les museles de l'oreille, quoique accidentellement développés chez certains individus au point de faire mouvoir le pavillon, ne sont encore que les vestiges de l'appareil si prononcé chez les ani

maux. L'os sous-vomérien de Rambaud est le reste de l'organe de Jacobson, très-développé chez le cheval et aussi chez quelques singes, etc.

Les anomalies ou réversions sont plus fréquentes encore sur l'homme. Citons la bifidité et même la duplicité de l'utérus, qui rappellent, la première, les utérus à cornes des rongeurs ou à angles allongés de quelques singes ordinaires et lémuriens, la seconde, l'utérus double et à deux orifices des marsupiaux; la persistance, chez l'adulte, de la suture qui partage en deux l'os malaire comme chez quelques singes et autres mammifères; celle de la suture frontale médiane, comme dans la plupart des mammifères inférieurs; l'apparition, une fois sur cent, dit M. Turner, du trou sus-condylien huméral spécial à divers animaux et par lequel passent le nerf et l'artère principaux du membre, la conformation toute simienne du pavillon de l'oreille, etc.

Sur les muscles surtout, les réversions sont communes. Des traces de peaucier se montrent dans les aisselles et sur les omoplates en outre de la tête et de la face; le muscle sternal des mammifères sur six cents hommes s'est présenté dix-huit fois; le muscle ischio-pubien constant sur la plupart des animaux måles, dix-neuf fois sur quarante sujets masculins et deux fois sur trente sujets féminins; le muscle élévateur de la clavicule de beaucoup de singes une fois sur soixante cas. M. Chudzinski a publié dans la Revue d'anthropologie plusieurs cas de muscles reproduisant chez l'homme des dispositions simiennes. M. J. Wood a trouvé jusqu'à sept exemples de muscles particuliers à certains singes sur le même sujet.

Quelle que soit l'interprétation donnée à ces faits, ils établissent un lien entre le type de l'organisation de l'homme et celui des animaux. Un troisième ordre de faits en a été rapproché : les faits tératologiques; nous y viendrons bientôt.

CHAPITRE V

CARACTÈRES PHYSIOLOGIQUES.— DÉVELOPPEMENT DU CORPS, EMBRYOGÉNIE, SUTURES ET ÉPIPHYSES, DENTS. DÉTERMINATION DE L'AGE ET DU

SEXE SUR LE SQUELETTE. FONCTIONS GÉNÉRALES ET PARTICULIÈRES. MANIFESTATIONS PSYCHIQUEs, faculté d'EXPRESSION.

Jusqu'ici nous ne nous sommes occupé que des caractères anatomiques, c'est-à-dire portant sur les organes inertes; à présent nous nous attacherons aux caractères physiologiques, c'està-dire se manifestant sur le vivant, et résultant de la croissance et du fonctionnement des organes.

Leur histoire commence dès que les premiers linéaments de l'organisation se dessinent, se continue à travers les phases de l'existence et nous montre l'homme circulant et pensant jusqu'au jour où tout cesse, mouvement et pensée.

Développement, âges. — Notre début dans la vie est modeste et ne diffère en rien de celui des animaux. Avant de voir la lumière, l'homme séjourne neuf mois dans un milieu liquide, en communication avec sa mère par le cordon ombilical et le placenta. Renfermé dans un œuf au même titre que tous les vertébrés ovipares ou vivipares, rien ne distingue à l'origine l'autocrate à venir du plus humble paria, le roi de la création du singe ou du kangourou. Les recherches de Wolf en 1759, d'Oken en 1806, de Baër en 1819, de Coste, etc., ont mis cette vérité hors de contestation.

L'ovule humain n'est d'abord qu'une simple cellule, un point microscopique qui se compose d'une substance albumineuse ou vitellus et d'un noyau ou vésicule germinative, renfermant un nucléole ou tache germinative. Sous cette forme, il se détache des ovaires, traverse l'oviducte, tombe dans l'utérus et s'y développe, s'il a la chance d'être fécondé. Dès lors la cellule se seg

« PreviousContinue »