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d'une facture très soignée. La Roi la Dit, Jean de Nivelle, Lakmé, Kassya, l'ont placé parmi les maîtres de l'opéra-comique. Il a laissé aussi un recueil de charmantes mélodies, des choeurs et une scène

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lyrique, la Mort d'Orphée. C'est un charmeur qui a continué la tradition d'Hérold et d'Adam, avec plus de savoir que celui-ci, avec aussi plus de brio.

Il fut professeur au Conservatoire et membre de l'Institut, et mourut en 1891.

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GUIRAUD

Ernest Guiraud, mort subitement en 1892, dans les bureaux du Conservatoire, au sortir de son cours de composition, était l'un

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des professeurs les plus aimés de cet établissement. Né à la Nouvelle-Orléans (Louisiane) en 1837, il avait été l'élève de Marmontel, de Barbereau et d'Halévy. Dès son premier concours, il avait

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obtenu à l'unanimité, en 1859, le grand prix de Rome, que son père, fait sans précédent, avait également conquis trentedeux ans auparavant, en 1827. Sa carrière, trop brusquement interrompue par la mort, ne lui a permis de laisser qu'un bagage d'œuvres fort restreint, mais où se retrouvent les qualités de l'école française la grâce, la clarté, l'élégance, la verve.

Sylvie, 1864, En prison, le Kobold, Gretna Green, ballet, Madame Turlupin, Piccolino, des Suites d'orchestre et un Carnaval romain, souvent applaudis aux concerts Colonne et Lamoureux, sont les œuvres qui nous restent de cet aimable musicien. On lui doit aussi un petit Traité d'orchestration.

CHABRIER

Voici un musicien qui n'a pas pris la route de l'école pour arriver à la maîtrise de son art. Ce fut un employé d'administration, un amateur, qui s'est élevé à force de volonté au rang des plus illustres et, hélas! des plus regrettés. En effet, Emmanuel Chabrier, né en 1841 à Ambert (Puy-de-Dôme), a apporté la ténacité légendaire des Arvernes à la réalisation de son rêve, malgré tous les obstacles. Docteur en droit à vingt ans, il utilise ses loisirs de fonctionnaire pour parfaire, seul, son éducation musicale. Un musicien modeste, Auguste Higuard, lui donne des conseils, et Chabrier s'impose en 1877 à l'attention des dilettantes par un premier ouvrage en trois actes, l'Étoile. Viennent ensuite l'Éducation manquée, dix pièces pittoresques pour piano, trois valses romantiques, la fameuse rapsodie Espana, la Sulamite (1885), Habanera, pour piano, Gwendoline, grand opéra, le Roi malgré lui (1887), Joyeuse marche pour orchestre (1890), l'Ile heureuse, Toutes les fleurs, les Cigales, la Villanelle des petits canards, la Ballade des gros dindons, la Pastorale des cochons roses, la Bourrée fantasque, et enfin un chef-d'œuvre inachevé, Briséis, opéra écrit sur un fort beau poème de MM. Catulle Mendès et Ephraïm Mikhaël, et que l'Académie nationale de musique vient de représenter avec un grand succès.

« La partition de Briséis, dit M. Émile Destranges, est d'une lecture quelque peu difficile. La trame orchestrale est tellement

compliquée, que, fort souvent, la rédaction pour piano et chant contient une portée supplémentaire, quelquefois deux. La ligne vocale, de son côté, possède nombre d'intonations périlleuses. L'harmonie de Briséis, comme celle des autres œuvres de Chabrier, est des plus curieuses à étudier, car elle est constamment très hardie, très personnelle. Les Beckmesser de la musique trouveraient sans doute à y relever nombre d'incorrections tombant

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sous le coup des traités en usage dans les conservatoires. Chabrier n'eut jamais, en effet, grand souci des règles de l'école. Son génie n'avait pas reçu l'estampille officielle, et librement il s'épanouissait au grand soleil de sa fantaisie. Une partition pareille, tout inachevée qu'elle est, suffirait pour placer Chabrier au premier rang des musiciens français, si ses autres compositions ne l'avaient pas déjà fait. Par la grandeur soutenue de son inspiration, par la resplendissante beauté de ses idées mélodiques, par leur constante distinction, le fait est à signaler tout particulièrement, car Chabrier ne fut pas toujours très difficile sur le choix de ses motifs, par le haut intérêt de ses harmonies, par l'éclat de son

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