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REVUE GÉNÉRALE.

OBSTÉTRIQUE.

Le nouveau forceps de M. Tarnier.

« Le forceps ordinaire, dit M. Tarnier, est à juste titre considéré comme un excellent instrument et tous les médecins ont en lui une confiance légitime que je serais desolé d'amoindrir; cependant, il présente quelques défauts sur lesquels il importe de ne pas fermer systématiquement les yeux. »

Ces défauts sont:

1° De ne jamais permettre à l'opérateur de tirer suivant les axes du bassin ;

2o De ne pas laisser à la tête fœtale une mobilité suffisante pour qu'elle puisse suivre librement la courbure du bassin ;

3o De ne pas fournir à l'accoucheur d'indications sur le sens dans lequel il doit diriger les tractions.

Montrons d'abord que ces défauts sont réels. Nous exposerons ensuite comment M. Tarnier a réussi à les faire disparaître.

I

1o Le forceps ordinaire ne permet jamais de tirer suivant les axes du bassin. Tous les accoucheurs savent qu'au détroit supérieur et audessus de ce détroit, il est impossible de tirer assez en arrière. Cela se comprend aisément, du reste, puisque l'axe du détroit supérieur, prolongé, (AB fig. 1) passe fort en arrière de la commissure postérieure de la vulve. Même lorsqu'on déprime cette commissure autant que possible, l'instrument est maintenu trop en avant et la ligne des tractions AF fait un angle avec l'axe AB de l'orifice à franchir. Il en résulte qu'une partie de la force ne produit pas d'effet utile et de plus produit un effet nuisible qui consiste à comprimer les parties maternelles.

Au détroit inférieur, on pourrait diriger les branches du forceps, de façon à tirer suivant l'axe; mais alors la tête se présenterait obliquement, comme les cuillers de l'instrument eiles-mêmes. Pour éviter ce grave inconvénient, on est conduit à porter les branches en haut et, par conséquent, à tirer obliquement, ce qui est dangereux pour le périnée.

2o Le forceps ordinaire ne laisse pas à la tête fœtale une mobilité suffisante pour qu'elle puisse suivre librement la courbure du bassin. — En effet, la tête saisie entre les cuillers du forceps est obligée de suivre

la direction bonne ou mauvaise que lui communiquent les manches de l'instrument à l'extrémité desquels est appliquée la traction.

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Fig. 1.-Forceps ordinaire appliqué au-dessus du détroit supérieur. SP. Diamètre sacro-pubien minimum. - AB. Axe du détroit supérieur.-AF. Direc tion des tractions. ADMN. Parallélogramme des forces. A. Centre supposé de la tête. · P. Pubis. — R. Périnée. S. Promontoire. — H. Plan horizontal formé par le lit. — V. Plan vertical correspondant au bord du lit.

30 Le forceps ordinaire ne fournit pas à l'accoucheur d'indications sur le sens dans lequel il doit diriger ses tractions. On peut objecter. contre cette proposition que la tête fœtale, en progressant dans le bassin, communique son mouvement au forceps et qu'avec une main expérimentée l'accoucheur sent nettement la direction que les manches de l'instrument tendent à prendre; qu'il est ainsi averti du sens dans lequel il doit porter ses tractions pour les mettre en rapport avec les mouvements que la tête tend à exécuter. Cette objection,

dit M. Tarnier, repose sur un fait clinique parfaitement vrai et les accoucheurs profitent avec raison de cette indication qui leur est fournie par les manches de l'instrument, mais la pression que ceuxci font subir à la main de l'opérateur, accuse une autre pression beaucoup plus considérable supportée par les parois pelviennes. Il serait donc avantageux de munir le forceps d'une disposition qui indiquât à chaque instant de l'opération, dans quel sens doivent être effectuées les tractions pour être irréprochables.

II

Décrivons sommairement le forceps de M. Tarnier; nous montrerons ensuite qu'il réalise les trois desiderata que présente le forceps ordinaire.

Les cuillers du nouveau forceps sont semblables à celles du forceps ordinaire, mais plus courtes. Les branches au lieu de continuer la base de ces cuillers, comme une tangente continue ur arc de cercle, se relèvent brusquement, pour se recourber par en bas au delà de l'articulation. (voy. Fig. 2.)

S

P

Fig. 2. Forceps de M. Tarnier, vu de trois quarts. I. Tiges de traction. S. Branches de préhension. 00. Oreilles abaissées. P. Poignée. V. Vis de pression.

Ces branches sont appelées par M. Tarnier branches de préhension, pour les distinguer des deux autres tiges I, courbées de même, qu'il appelle tiges de traction. Ces dernières s'insèrent chacune à la base de la cuiller correspondante, en un point situé dans l'axe de la cuiller. Cette articulation est mobile dans tous les sens; à leur autre

extrémité, les deux tiges de traction, réunies, s'engagent dans une poignée transversale qui peut pivôter autour d'elles.

On applique ce forceps comme le forceps ordinaire. Seulement, pour l'introduire, on accole chacune des tiges de traction à la branche de préhension correspondante (voy. fig. 3.) Une fois l'instrument

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Fig. 3. Introduction de l'une des branches de préhension accolée à sa tige

de traction.

introduit, on accouple d'une part les branches de préhension, et d'autre part les tiges de traction, puis on articule les premières tandis que les tiges de traction restent parallèles et sont engagées dans la poignée transversale. On tire de façon que les tiges de traction se maintiennent à un centimètre de distance environ des branches de préhension.

Enonçons maintenant les principaux avantages du forceps de M. Tarnier et montrons qu'il remédie aux trois inconvénients que nous avons signalés dans l'ancien forceps.

1o Il permet de tirer suivant les axes du bassin et n'expose pas à blesser les parties maternelles.

Cet avantage est mis en évidence par la fig. 4 et résulte des modifications suivantes: M. Tarnier a fait en sorte que la partie de l'instrument sur laquelle s'appliquent les mains de l'opérateur fût exactement dans le prolongement de l'axe des cuillers; c'est pour cette raison qu'il a donné aux branches de préhension et aux tiges de traction la courbure si spéciale que nous avons décrite et que nous voyons sur les figures; ce circuit décrit par les branches de l'instrument, à partir de la base des cuillers, a pour effet non-seulement de permettre à l'opérateur de tirer suivant l'axe, mais encore d'éviter, pour ainsi dire, les parties maternelles. Ajoutons enfin qu'en raccour

cissant les cuillers de l'ancien forceps et en les relevant par une courbe rapide, M. Tarnier empêche qu'elles ne débordent la tête par en bas et cette modification a aussi pour résultat de rendre beaucoup plus rare la déchirure du périnée.

2o La tête garde la liberté de ses mouvements et se place d'elle-même dans la direction convenable en descendant dans le bassin. Cette mobilité est le résultat forcé du système d'articulation des branches

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Fig. 4. Nouveau forceps appliqué au-dessus du detroit supérieur, vu de profil. SP. Diamètre sacro-pubien minimum. - AB. Axe du détroit supérieur. Cette ligne représente en même temps la direction des tractions. - A. centre supposé de la tête. C. Coupe de la poignée dans laquelle s'implantent les tiges de traction.-H. Plan horizontal formé par le lit. L. Pivot de l'articulation des branches de préhension. - M. Vis de pression. - O. Oreille analogue à celle du forceps de Stoltz, pouvant s'élever ou s'abaisser à volonté. P. Pubis. R. Périnée. S. Promontoire. V. Plan vertical correspondant au bord du lit. Y. Branche de préhension. — Z. Tige de traction. de préhension et des tiges de traction et aussi de la disposition de la

-

M

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