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plusieurs rémissions, par la fréquence de l'ictère avec vomissements noirs et hémorrhagies, par la courte durée du stade pyrétique et par son mode de terminaison, par les vives douleurs musculaires et articulaires.

En comparant l'épidémie à celles de 1817 et de 1838, on trouve d'assez notables variantes. L'auteur donne un résumé succinct des épidémies antérieures qui permet d'établir un parallèle plein d'intérêt ; il insiste particulièrement sur l'éruption morbilleuse d'aspect qui représente un symptôme si important des maladies infectieuses. C'est en effet en se reportant aux phénomènes éruptifs qu'on s'est posé la question encore agitée de savoir si la fièvre rémittente n'était pas une forme bâtarde ou déviée du typhus, si elle n'empruntait pas ses caractères particuliers à son mode de développement, si enfin il ne pouvait pas exister une maladie mixte moitié typhus, moitié rémittente évoluant successivement chez le même malade. Le Dr Cormack paraît avoir passé par les plus honnêtes indécisions; partisan d'abord de la spécificité absolue du relapsing fever, il finit par être moins affirmatif. Les principales lésions révélées par de trop rares autopsies sont les suivantes : turgescence du foie, hémorrhagies internes, ictère, pas d'altérations intestinales.

L'étude sur le choléra celles qui ont trait à la néphrite scarlatineuse, et à divers points d'obstétrique offrent un réel intérêt, quoiqu'elles remontent à une époque relativement éloignée et que depuis lors les idées sur les néphrites albumineuses et sur leurs relations avec la scarlatine, l'éclampsie et l'état puerpéral se soient notablement modifiées.

Nous citerons avec éloge une série de travaux sur l'entrée de l'air dans les organes de la circulation et en particulier dans les veines utérines après l'accouchement.

Le court chapitre consacré ou faux croup dû à la laryngite striduleuse, renferme une observation si compléte à tous les points de vue et surtout à celui des antécédents que nous n'hésitons pas à la reproduire sommairement. Rien n'est plus instructif que ces enquêtes où la généalogie pathologique du malade est relatée à l'aide de documents authentiques, comblant ainsi une lacune regrettable des observations hospitalières dépourvues de toute information antérieure à l'examen. Il s'agit d'un enfant d'un an né et habitant Paris. L'enfant avait été pris au milieu de la nuit d'une attaque caractéristique avec convulsions provoquées par l'asphyxie imminente. Il n'y avait eu ni toux, ni fièvre, ni affection laryngée inflammatoire avant l'invasion de la crise. L'enfant guérit comme d'habitude après deux accès.

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Le côté curieux n'est donc pas dans la description de cette affection passagère, il est tout dans l'histoire pathologique de la famille. Le père s'est marié deux fois; ses deux femmes étaient de constitution ner

veuse, la seconde a même été atteinte d'une chorée infantile. 4 enfants sont nés du premier mariage, 2 du second.

L'aîné a une attaque de faux croup à l'âge de 16 mois, avec suffocations paroxystiques, cyanose de la face et durant trois ou quatre heures. La crise se répète trois nuits et laisse à la suite un léger catarrhe laryngo-bronchique: Deuxième attaque quelques mois plus tard, soust la même forme; troisième à l'âge de 4 ans et à l'occasion de l'éruption de la seconde molaire. Second enfant, fille: crise nocturne à l'âge de 9 mois, en Espagne, plusieurs accès à Paris.

Troisième enfant, fille: attaque en Normandie, dyspnée intermittente convulsive, rechutes pendant les quatre nuits suivantes à un moindre degré avec quelques mouvements spasmodiques des membres; un an plus tard nouvel accès à la suite de diarrhée. Vers l'àge de 12 ans, crises hystériformes.

Quatrième enfant, garçon : Deux accès pendant les premières dentitions.

Cinquième enfant, le premier né du second mariage: Pneumonie lobulaire; dans le cours de la maladie, accès de suffocation, semiasphyxie, spasmes se reproduisant à de courts intervalles, toux croupale, mêmes accès plus tard avec contractures des membres, nouvelle rechute un an après, mêmes symptômes.

Cette observation même réduite à ce simple résumé mérite de trouver place dans l'histoire des hérédités nerveuses où les accidents se reproduisent au même àge, sous la même forme et chez tous les enfants issus du mème père.

Le mémoire sur le croup et la diphthérie contient, outre les idées de l'auteur, un précieux exposé des idées qui semblent régner en Angleterre. Le Dr Cormack appuie avec raison sur la nécessité admise aujourd'hui par tous les médecins de séparer la diphthérie, maladie du croup, symptôme.

Quelques pages intéressantes sur la commotion cérébrale, sur la paralysie générale des aliénés, sur quelques cas de délire transitoire chez les femmes terminent le second volume. Toutes les monographies se distinguent par un esprit clinique et original et une érudition topique, l'auteur exposant, avec une brièveté qui n'exclut ni la clarté ni la précision, les idées des autres en regard des siennes.

AIDE-MÉMOIRE DU MÉDECIN MILITAIRE ou recueil de notes sur l'hygiène des troupes, les subsistances militaires, etc. etc., par Émile HERMANT, médecin de régiment, chez Delahaye. Prix : 5 francs.

L'ouvrage que vient de publier le Dr Hermant n'est pas un simple recueil d'un certain nombre de formules et de renseignements pratiques à l'usage du médecin militaire; l'auteur s'est préoccupé non

seulement de ce qui est, mais de ce qui doit être : des recherches faites avec soin dans la littérature médicale des divers pays lui ont permis d'indiquer les améliorations et les réformes que comporte l'organisation belge. Ce qui convient à la Belgique est bien près de convenir à la France: c'est d'ailleurs de notre organisation, de nos auteurs classiques qu'il est surtout fait mention dans cet ouvrage; il présente donc pour nous de l'intérêt.

L'Aide-mémoire est divisé en trois parties. La première comprend tout ce qui a trait à l'hygiène du soldat: l'hygiène des casernes, l'alimentation, les vêtements, l'hygiène des troupes en marche, les campements et bivouacs, les hôpitaux permanents, les hôpitaux provisoires, l'organisation des ambulances, les épidémies, les agents désinfectants.

Toutes les fois que le sujet le comporte, l'auteur passe en revue les divers systèmes, signale les imperfections, les réformes qu'il croit justes. Ce sont les casernes en général trop grandes: c'est l'espace attribué an fantassin et au cavalier par le règlement de 1856 manifestement insuffisant; c'est l'établissement, dans une salle voisine de la cuisine, d'un lavoir auquel il serait ainsi facile de fournir la quantité d'eau chaude nécessaire: une autre innovation consisterait à établir également au rez-de-chaussée et dans le voisinage de la cuisine une vaste salle de réfectoire; on pourrait de cette façon interdire aux soldats de manger dans les chambres et éviter les inconvénients qui en résultent. Les réfectoires seraient utilisés en outre pour les théories de toute espèce; éclairés pendant les soirées d'hiver, ils serviraient également de salles de récréation ou d'étude, etc., etc. Les autres chapitres sont traités avec les méines développements. La seconde partie est consacrée à l'étude des subsistances.

La nourriture du soldat a été partout l'objet d'études longues et attentives; elle varie naturellement pour chaque pays selon ses conditions d'existence (climats, ressources, etc.); mais elle reflète aussi dans une certaine mesure les idées physiologiques qui ont cours. En Angleterre, la ration du soldat en temps de paix renferme 455 gr. de pain et 359 gr. de viande; tandis qu'en France elle renferme 1 kil. de pain et 300 gr. de viande. Le pain et la viande sont les deux aliments qui répondent le mieux à l'alimentation nécessairement mixte de l'homme; mais on voit par les deux exemples ci-dessus combien leurs proportions relatives peuvent varier.

Le Dr Hermant trouve notre régime mieux étendu; et il réclame comme une amélioration l'introduction dans la ration belge de 250 gr. de pain blanc pour la soupe et l'élévation de la quantité de légumes, comme cela existe en France. Quant à l'augmentation de la viande, tout en approuvant sans réserve celle qui est sur le point de se faire et qui en portera le taux à 300 gr., il ne paraît pas souscrire à la

demande exprimée par M. le professeur Morache de la porter à 500 gr. C'était peut-être là l'occasion d'entrer à ce sujet dans quelques développements. Sans doute nul ne conteste la valeur nutritive d'un aussi excellent aliment que la viande, mais n'en exagère-t-on pas l'importance.

Il y a à tenir compte de la température du lieu que le soldat habite, des fatigues auxquelles il est soumis, des conditions dans lesquelles il se trouve au moment de son entrée dans l'armée.

Est-il bien vrai que la production du travail d'un individu soit en raison directe de la proportion de viande qui entre dans son alimentation? Celte théorie soutenue par Liebig a été vivement combattue dans ces dernières années en France et à l'étranger. Des expériences les plus concluantes et particulièrement de l'ascension de Faulhorn par Fick et Wislicenus il résulta au contraire que le muscle emprunte la plus grande partie de la force qu'il déploie aux aliments et aux matériaux organiques non azotés. Et d'ailleurs l'existence laborieuse et pénible de nos paysans du Midi qui mangent si peu de viande, n'en est-elle pas une preuve vivante!

Du moment que la viande intervient dans tous les repas, le moins qu'on puisse exiger, c'est qu'elle soit d'excellente qualité. Ne pourrait-on pas ensuite, pour donner au repas la variété désirable, admettre le mouton, le porc frais, le veau dans la cuisine du soldat? M. le professeur Bouchardat insiste surtout sur les avantages que présente la viande de porc, chargée d'une graisse abondante, agréable au goût, se prêtant avec facilité et sureté aux moyens de conservaition consacrés par l'usage. Enfin tout le monde connaît l'innovation ntroduite par les Prussiens dans leur régime durant la dernière guerre: l'erbswurst, contenant une proportion convenable de viande, de graisse et de fécule très-nourrissante (pois ou lentilles).

Les diverses substances qui à titre de boissons, de condiments ou d'aliments proprement dits entrent dans la nourriture du soldat, sont successivemeut examinées. L'étude du pain est faite d'une manière plus complète: c'était naturel, le pain constituant avec la viande la base de l'alimentation du soldat. De toutes les questions relatives à la qualité du pain, nous ne mentionnerons que celle du blutage.

On sait que dans un grain de blé une partie est nutritive, l'autre ne l'est pas; l'union des deux est si intime qu'il est impossible d'en obtenir la séparation absolue; le son renferme toute la seconde et une partie de la première. Il en résulte que si on rejette le son, là farine se trouve débarrassée des éléments inutiles, mais en même temps elle ne contient plus tout ce que le grain renfermait de nutritif. La question est de savoir dans quelle mesure il faut opérer cette élimination. Grâce aux travaux de Parmentier, de Poggiale, etc.,' elle est tranchée en France en ce qui concerne le pain des troupes.

Depuis le décret du 20 août 1833 les farines sont blutées au taux d'extraction de 20 kil. de son p. 100 kil. de farine. En Belgique la question n'est pas si avancée; ce n'est qu'en 1873 qu'on a obtenu le blutage à 10 p. 100. Il faut bien le répéter, le son fait du poids et non du pain. Les parties alimentaires qu'il contient ne sont pas perdues pour cela, puisque les animaux qui s'en nourrissent nous le rendent au centuple en viande et en lait. Le pain fait avec une farine plus pure est de meilleure qualité. C'est ce qui ressort de l'analyse que M. Poggiale a faite des divers pains de munition des puissances étrangères parmi lesquels celui de France occupait le premier rang tant au point de vue nutritif que sous le rapport de l'aspect, de la saveur, de la cuisson et même de la nuance.

La troisième partie, la plus courte, la moins importante, comprend l'étude des principaux médicaments au point de vue de leur pureté, et des notions sur quelques liquides physiologiques et sur leurs altérations.

Sauf quelques fâcheuses omissions, comme par exemple l'examen des conditions d'aptitude physique au service militaire, les infirmités, les fraudes, etc, l'Aide-mémoire du Dr Hermant sera consulté avec fruit. En 1870 il s'est créé sur divers points de la France des baraquements, des camps, des ambulances. Les médecins appelés à donner leur avis ont dû se trouver plus d'une fois embarrassés pour décider en parfaite connaissance de cause; en outre bien des jeunes gens sont entrés dans les ambulances sans ces notions techniques qui n'étaient réunies nulle part. L'Hygiène militaire de M. le professeur Morache est venue combler cette lacune dans notre littérature médicochirurgicale; mais à côté de ce traité si complet il y avait place pour des ouvrages plus concis de la nature de celui-ci, aujourd'hui surtout qu'avec l'organisation de l'armée territoriale, tant de jeunes médecins sont appelés à des fonctious auquelles ils n'étaient peutêtre pas suffisamment préparés.

D. F.

RECUEIL DE MÉMOIRES ET OBSERVATIONS SUR L'HYGIÈNE ET LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE MILITAIRE, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique et publié par ordre du Ministre de la guerre. 2e série, tome III, un volume in-8°, chez Dumaine, Paris, 1876. Chaque année, depuis 1847, la commission d'hygiène hippique qui fonctionne au ministère de la guerre et qui est un véritable conseil de santé vétérinaire, publie un volume de mémoires, établi d'après les recherches et observations consignées dans les rapports annuels des vétérinaires militaires, chefs de service. Le volume qui vient de paraître embrasse l'étude des différentes parties de l'hygiène du cheval de troupe et celle des maladies observées du 1er janvier au 31 décembre 1874. Il comprend :

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