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toucher vaginal donnait la même sensation que l'utérus gravide; en portant l'extrémité du doigt dans l'intérieur du col qui était mou et dépressible, on pouvait lui imprimer des mouvements qui se transmettaient à toute la masse de la tumeur. Le cathétérisme de la cavité: utérine ne fut pas pratiqué dans la crainte de provoquer une nouvelle hémorrhagie, mais il résultait de ce simple examen que la tumeur avait son siége dans l'utérus.

Toute idée de grossesse écartée, il était facile de rejeter le cas d'un néoplasme implanté à la surface externe de l'utérus; et en tenant compte de l'état lisse de la tumeur, de l'homogénéité de consistance qu'elle présentait, de la facilité qu'il y avait à la déplacer et des commémoratifs, le Dr Barlacchi conclut à un néoplasme développé à l'intérieur de la cavité utérine. Son siége, son énorme volume, sa marche lente, comme aussi l'état général de la malade suffisaient à faire éliminer l'existence d'un carcinome; mais avait-on affaire à un fibrome, à un fibro-myome ou à un sarcome?

Cependant les hémorrhagies s'étant répétées à de courts intervalles et l'écoulement devenant ichoreux et fétide, la malade tomba dans un état d'anémie très-grave. Le Professeur Pelizzari, appelé en consultation, fut d'avis de s'abstenir pour le moment de toute exploration utérine et de s'en tenir à une thérapeutique purement symptomatique. L'ergotine fut prescrite à l'intérieur pour provoquer des contractions de l'utérus dans l'espérance que la tumeur pourrait être poussée dans le vagin. En même temps injections vaginales avec l'eau de Pagliari, puis comme antiseptiques, injections au sulfate de soude.

Quinze jours après apparut tout à coup à la vulve un corps arrondi, d'apparence fibreuse, qui céda à de légères tractions; bientôt aprèsil s'en présenta un autre plus volumineux, de couleur rouge foncé, mou et saignant. Il fut énucléé comme le premier et les deux réunis pesaient environ 400 grammes. Le Professeur Pelizzari tenant compte de la nature de la tumeur qui à l'examen microscopique lui parut être un fibro-myome, crut qu'on devait continuer le traitement, espérant que la nature elle-même pourrait terminer ce travail d'éliminai tion des produits morbides. Les hémorrhagies d'ailleurs ne reparaissaient pas, l'écoulement ichoreux était moins abondant et la malade reprenait ses forces lorsque le 25 octobre, en allant à la selle, elle sentit sortir de la vulve un corps volumineux qui descendait jusqu'au milieu des cuisses. Cette tumeur était d'un rouge foncé, d'une consistance dure et présentait à sa partie inférieure une apparence spongieuse, blanchâtre, lobulée et ulcérée. On avait là évidemment l'utérus renversé sur lui-même, dont le fond laissait voir ce qui restait du néoplasme. On chercha à détruire par les caustiques les débris néoplastiques, sauf à réduire ensuite l'utérus, mais ceux-ci

gagnaient en extension, toute la superficie laissait écouler un ichor fétide et abondant, et la malade dépérissait de jour en jour.

Une opération paraissait nécessaire, il fut fait appel au Professeur J. Corradi, qui trouva les choses dans l'état suivant le 12 janvier 1876. La malade arrivée à un état d'émaciation extrême et tourmentée par des douleurs continues, était étendue sur son lit, les cuisses écartées. Une grosse tumeur suspendue à la vulve dépassait le tiers moyen des cuisses et avait la forme d'une massue. Le corps de la tumeur déjeté en bas avait le volume d'une fœtus à terme, il était bosselé, d'un rouge foncé, de consistance inégale et facilement saignant; la superficie nécrosée en quelques points était presque tout ulcérée et il s'en écoulait un ichor très-fétide. La portion cylindrique de la tumeur arrivait jusqu'à l'ouverture de la vulve et se repliait autour d'elle, montrant ainsi que tout le vagin était renversé; cette portion vaginale, recouverte d'une muqueuse saine était dépressible, et élastique comme un sac contenant un liquide qui se déplace; la percussion y donnait un son mát.

L'amputation du vagin et l'extirpation de l'utérus furent regardées comme la seule ressource thérapeutique. Pour conjurer les dangers de cette opération, le professeur Corradi pensa qu'il serait utile d'obtenir une grosse eschare dont l'élimination serait abandonnée au tissu de granulations qui la détacherait lentement après avoir oblitéré le moignon du vagin. Après avoir vidé la vessie et s'être assuré par le toucher rectal qu'il n'y avait pas d'anse intestinale dans le vagin, il prit un tube en gomme élastique de 5 millimètres de diamètre et le porta trois fois autour du vagin, à 2 centimètres au-dessous de la vulve, en le serrant fortement et le fixant par un double nœud. Cela fait, il amputa le vagin circulairement avec le couteau galvanique à 3 centimètres au-dessous de la ligature. Cette portion du vagin ouverte prit la forme d'un entonnoir dans lequel pouvaient entrer les extrémités des 5 doigts réunis. Pour transformer cet entonnoir vaginal en une grosse eschare dure et compacte, ou le remplir de petites boulettes de charpie imbibées de perchlorure de fer (Sol au 30°, Baumé). Un pansement simple fut fait à l'extérieur. L'opération fut très-courte, ne donna pas de sang et ne causa de la douleur qu'au moment de la constriction par le tube élastique.

Vingt heures après, le Dr Baracchi trouva sa malade tranquille et sans fièvre. Le pansement externe enlevé, on voyait la portion du vagin située au-dessous de la ligature, noire, sèche et dure comme du bois. Pour que la chute de cette grosse eschare se fit par le tissu de granulations, on substitua au tube élastique un peu de charpie imbibée de perchlorure tout le moignon vaginal fut enveloppé de ouate. Les pansements successifs, faits toutes les vingt-quatre heures, furent très-simples (changement de la ouate et lavages). Il n'y cut

jamais ni fièvre, ni douleur vive. Les fonctions de la vessie et du ventre se maintinrent régulières et l'état de la malade s'améliora beaucoup. Le vingt-cinquième jour, l'eschare tomba: un riche tissu de granulation obturait complètement le vagin. Celui-ci revint sur lui-même en prenant la forme d'un cul-de-sac de 2 centimètres à peine de profondeur. Peu de jours après la cicatrice était complète. Bientôt la malade reprenait ses forces pour quitter le lit, et aujourd'hui (31 juillet) six mois après l'opération, elle jouit d'une santé florissante.

BULLETIN

SOCIÉTÉS SAVANTES

I. Académie de Médecine.

Adénopathie dans la coqueluche. Trépan et localisations cérébrales.

Séance de 2 janvier M. Guéneau de Mussy présente à l'Académie des pièces recueillies à l'Hôpital des Enfants, par un de ses anciens internes, M. Parinaud, sur de jeunes sujets ayant succombé à la · coqueluche et présentant une tuméfaction considérable des ganglions lymphatiques, comprimant les pneumogastriques et les nerfs laryngés.

Ces faits anatomiques viennent à l'appui de la manière de voir émise par M. Guéneau de Mussy, qui rapporte la toux spasmodique de la coqueluche à l'adénopathie bronchique. Dans toutes les formes intenses de cette adénopathie, quelle qu'en soit la cause, la toux coqueluchoïde existe. Ces faits expliquent :

1o Pourquoi la toux spasmodique n'apparaît que vers le second ou le troisième septénaire de la coqueluche, après la période catarrhale ou exanthématique, après que le catarrhe bronchique et laryngé a retenti sur les ganglions;

2o Comment la toux est si opiniâtre et peut persister pendant des mois;

3o Pourquoi enfin, elle récidive fréquemment, sous l'influence d'un catarrhe, d'un refroidissement déterminant une poussée nouvelle de l'engorgement ganglionnaire.

On s'explique de même ainsi les cas de coqueluche sans toux spasmodique, qui tiennent précisement à l'absence du retentissement de l'affection sur l'appareil ganglionnaire.

M. Colin a observé des faits de cornage, chez les animaux, dérivant de compression exercé par les ganglions bronchiques tuméfiés sur les pneumogastriques. Ces adénopathies sont toujours consécutives à des lésions broncho-pulmonaires.

M. Hardy pense qu'il n'y a pas de rapport nécessaire entre l'engorgement des ganglions bronchiques et la coqueluche. Celle-ci peut exister, avec ses quintes caractéristiques, en l'absence de toute adénopathie, ainsi que le prouvent nombre d'autopsies. En outre, si l'adénopathie était la vraie cause de ce symptôme, il ne disparaîtrait pas si fréquemment avec une extrême rapidité, à la suite d'un changement d'air ou de bains d'air comprimé.

M. Guéneau de Mussy dit que, si l'adénopathie n'a pas été constatée dans certaines autopsies, c'est qu'elle n'a pas été recherchée avec le soin désirable. La rapidité de la disparition de la toux spasmodique s'explique par la diminution rapide si fréquente de l'engorgement ganglionnaires. Du reste, l'intermittence s'observe dans les affections organiques les plus accusées et les plus durables.

M. Colin confirme l'opinion de M. Guéneau de Mussy et a pu constater souvent la facilité avec laquelle certains gonflements ganglionnaires se dissipent.

-M. Lucas-Championnière lit un travail sur les indications tirées des localisations cérébrales pour l'opération du trépan. Il indique les points de repère essentiels pour déterminer la place du sillon de Rolando, autour duquel se groupent les principaux points moteurs de la substance corticale du cerveau. Le sommet de ce sillon se trouve à 53 millimètres, chez l'homme, à 48 millimètres en moyenne chez la femme, en arrière du bregma, c'est-à-dire d'une ligne verticale passant par les trous auditifs. L'extrémité inférieure du sillon se trouvera en traçant derrière l'apophyse orbitaire une ligne horizontale de 70 millimètres, et à l'extrémité postérieure de cette ligne une autre verticale de 30 millimètres. En réunissant les deux points ainsi déterminés par une ligne droite, on aura la direction du sillon de Rolando.

C'est sur le milieu de cette ligne que devra porter le trépan, si la paralysie est très-grave et très-étendue; si l'on constate une paralysie du membre inférieur, on trépanera vers le sommet de cette ligne et en arrière; si le membre supérieur est paralysé, c'est l'extrémité inférieure qui devra être trépanée.

On trouvera plus loin (Variétés) la liste des prix décernés par l'Académie dans la séance du 16 janvier.

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Séance du 11 décembre 1876. — MM. P. Guyot et R. Bidaux adressent une note complémentaire sur la recherche de l'acide rosolique dans les vins en présence de la fuchsine.

-M. A. Brachet adresse de nouvelles notes relatives à des perfectionnements à apporter au microscope et à l'éclairage par la lumière électrique.

-M. P. Picard communique ses recherches sur l'urée du sang. En opérant par le réactif de Milon, il est facile de supposer que le sang veineux contient moins d'urée que le sang artériel. Seulement il faut noter que cette différence disparaît complètement lorsque le sang est resté pendant quelque temps à l'air; aussi l'auteur admet-il que la différence ne consiste pas dans la quantité de l'urée qui est une substance fixe, mais dans la présence d'une matière destructible, décelée par le réactif de Milon et existant uniquement dans le sang artériel. Sur les cellules fixes des tendons et leurs expansions protoplasmiques par J. Renaut. L'auteur a constaté que l'éosine soluble dans l'eau se fixe sur les expansions protoplasmiques et les colore énergiquement. Ayant employé cette matière pour l'examen de cellules tendineuses, il a pu constater le fait suivant: le réseau de figures étoilées subjacent à l'endothélium du tendon n'est pas formé par des cellules du tissu conjonctif ordinaire, mais par les expansions protoplasmiques des cellules tendineuses voisines de la surface, qui s'étalent sur ce point et s'anastomosent entre elles.

Séance du 18 décembre 1876.

M. A. Mallat adresse une note relative à un procédé de dosage de la fuchsine dans les vins.

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Séance du 27 décembre 1876. M. A. Lailler adresse un mémoire sur le gluten et son dosage à l'état sec. Le dosage du gluten à l'état sec est le seul moyen pratique qui permette une évaluation rigoureuse. Ce moyen n'entraîne pas de difficultés et ne demande que peu de temps. Il est à souhaiter que les commissions pour l'examen de farines typiques fixent la quantité minima de gluten sec qui doit exister dans les farines.

-Recherches sur les propriétés physiologiques et le mode d'élimination de l'éther bromhydrique. (Note de M. A. Rabuteau).

« L'ether bromhydrique ou bromure d'éthyle, C'H'Br, est un liquide incolore, d'une odeur agréable, bouillant à 40 degrés, ayant une densité de 1,43 et brûlant difficilement. L'auteur a fait sur cet éther, dont le point d'ébullition et la densité sont intermédiaires à

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