LES RACES ET LES NATIONALITÉS EN AUTRICHE-HONGRIE PAR 101228 BERTRAND AUERBACH PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY Avec 1 carte hors texte, et 10 cartes dans le texte PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE ET Cio FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108 1898 Tous droits réservés EN AUTRICHE-HONGRIE PRÉFACE La question des races et des nationalités remplit et domine la vie politique de la monarchie austro-hongroise. Elle a soulevé contre la domination allemande et magyare des communautés ethniques longtemps assujetties, et les a du même coup déchaînées les unes contre les autres, dans les limites des provinces qu'elles occupent en commun. Elle a provoqué une crise dont on ne peut dire encore si c'est une transformation organique ou bien une agonie. Ce qui est certain, c'est qu'à cette heure déjà l'Autriche pour la Hongrie l'échéance est plus lointaine, mais non moins fatale - l'Autriche a dépouillé son personnage historique d'État centraliste et unitaire, et que, dans les cadres disloqués de cet Empire, s'ébauchent des États nouveaux dont l'existence aura pour principe une conception que nous tâcherons de définir, la nationalité. Cette nouveauté seule mériterait l'attention. Si l'Italie et l'Allemagne, pour n'invoquer que les exemples les plus illustres et les plus modernes, se sont constituées ainsi, c'est par un long travail interne, par un lent éveil de leur conscience, sous la poussée des événements extérieurs. Ici, au contraire, l'élaboration de la nationalité semble plus hàtive, plus artificielle à première vue, et à coup sûr plus méthodique et scientifique. En tous cas, le phénomène se laisse mieux surprendre et décomposer sur des champs d'observation restreints, sur des groupes numériquement faibles, jeunes et frustes, que sur de vastes théâtres, sur de grandes masses d'hommes, des sociétés de vieille culture. Mais le problème n'est pas d'intérêt local: il affecte AUERBACH. 1 |