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NOTICE

Statistique et géologique sur les mines et le terrain à anthracite du Maine.

Par M. Ed. BLAVIER, ingénieur des mines.

Les premiers travaux de recherche qui donnè- Historique. rent l'éveil sur l'existence, dans les départemens de la Sarthe et de la Mayenne, des couches qu'on y exploite aujourd'hui sur plusieurs points, datent de l'année 1813.

Mais, ainsi qu'il arrive le plus souvent dans ces sortes d'entreprises, les auteurs des fouilles, ou les firent sans discernement, ou bien, ne prévoyant pas l'importance des résultats qu'ils pourraient en obtenir avec de la persévérance, se découragèrent trop vite. Elles furent abandonnées, et c'est seulement en 1818 que de nouvelles recherches furent faites sur la lisière des deux départemens de la Sarthe et de la Mayenne, et en 1822 que le gouvernement accorda à deux sociétés, qui ne tardèrent pas à se fondre en une seule, les trois concessions désignées, dans les ordonnances, sous les noms de la Dorbellière, Varennes, la Ragotière et le Pont-Besnier.

En 1825 furent accordées à d'autres sociétés, sur d'autres points du département de la Mayenne, les concessions de la Bazouge de Chémeré et de Gomer.

Les cinq concessions sont toutes situées dans la Sarthe, ou dans la partie du département de la Mayenne qui l'avoisine.

Tome VI, 1834.

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combustibles.

Vers la fin de l'année 1830, des explorations, entreprises dans la région occidentale de la Mayenne, ont conduit à la découverte de couches nouvelles d'anthracite; et dans ce moment trois sociétés distinctes sont en instance auprès de l'administration pour obtenir chacune une concession de mine, l'une dans la commune de l'Huisserie près de Laval, les deux autres dans les environs de la Baconnière, canton de Chailland. Plus récemment encore (en 1832) deux autres compagnies ont formé des demandes en concession relatives à des couches d'anthracite, étudiées par elles dans le voisinage des premiè res mines d'anthracite ouvertes dans le Maine. Ces exploitations sont situées dans les communes d'Epineu-le-Seguin et Cossé-en-Champagne, appartenant à la Mayenne, et dans celle de Viré, qui fait partie de la Sarthe.

Il convient aussi de mentionner, dans cette nomenclature des mines de charbon minéral en exploitation, ou sur le point de l'être, dans la Mayenne, une mine de houille ouverte, en 1828, dans la commune de St.-Pierre-Lacour, limitrophie du département d'Ille-et-Vilaine, et concédée en 1830 à une société dont les travaux n'ont pas été heureux jusqu'à présent.

Description des Toutes les mines ci-dessus mentionnées, excepté la dernière, donnent un combustible prenant feu avec difficulté, brûlant avec peu ou point de flamme, et laissant un résidu terreux, souvent très abondant, et atteignant parfois jusqu'à 40 pour cent de la masse incinérée. Ce sont bien là des caractères appartenant à l'anthracite. Ces qualités limitent les usages auxquels on peut appliquer ce charbon dans les arts.

Toutefois on distingue en général, dans une même couche, deux variétés de ce combustible, différentes par leurs caractères extérieurs et d'inégale pureté.

Le charbon qu'on appelle carré sur les mines, à cause de l'espèce de cristallisation cubique qu'il affecte, analogue à celle de certaines houilles, est beaucoup plus pur que la variété la plus commune qui est par feuillets contournés. Il ne contient guères que 6 à 10 pour cent de parties terreuses (1).

On l'emploie avec succès dans certains travaux de maréchalerie. Du reste, dans la plupart des couches, le charbon carré est en proportion assez faible pour que l'on ne se donne pas la peine de le trier. Le grand emploi de l'anthracite s'applique à la Emplois de cuisson de la pierre calcaire pour la fabrication de la chaux, dont l'agriculture fait depuis quelques années, notamment dans le département de la Mayenne, une consommation très considérable.

Le produit moyen des mines d'anthracite, pendant les trois années 1828, 1829 et 1830, a été

(1) Dans les couches de la Baconnière, on trouve certaines variétés d'anthracite dont la teneur en matières terreuses est moindre encore. Trois qualités provenant de cette localité ont fourni les résultats suivans:

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l'anthracite.

Cuisson de la

de 190,000 hectolitres, dont une proportion très minime et négligeable a été employée à la clouterie. Le reste a servi à fabriquer de la chaux. Le produit des mines n'a pas suffi à l'alimentation du pays, car il a été tiré de l'Anjou, pendant ces trois mêmes années, pour le département de la Mayenne, une quantité moyenne de 57,000 hectolitres par an.

Le produit moyen des mines du bas Maine, pendant les deux années 1831 et 1832, a été de 239,000 hect..Il a dépassé 350,000 hect. en 1833. Le prix moyen de l'anthracite pris sur la mine est de 175 l'hectolitre.

Tel a été l'état de l'industrie qui s'applique à la pierre à chaux-fabrication de la chaux, dans le département de la Mayenne, pendant l'année 1831 (1): on a allumé 88 fours à chaux, dont 17 ont été alimentés par du bois, et les 71 autres par de l'anthracite ou de la houille. Ils ont produit 580,000 hect. de chaux (presque toute la chaux fabriquée dans la Mayenne est grasse); sur ce nombre, l'agriculture emploie à très peu près 470,000 hect., et le restant est appliqué aux travaux de construction.

En. 1833 il existe 150 fours à chaux, savoir : 99 au charbon de terre et 51 au bois: 132 ont été allumés et ont fabriqué environ 650,000 hect. de chaux.

(1) Il est à propos de faire observer que cette notice a été rédigée, et adressée à M. le directeur général des ponts et chaussées et des mines, en 1831. Elle a été renvoyée en 1833 à M. Blavier afin qu'il appuyât la partie géologique d'une collection de roches du pays. L'auteur a profité de cette circonstance pour compléter les données statistiques qui s'étaient considérablement modifiées pendant les années 1831, 1832 et 1833.

R.

On estime que depuis douze ans que sont exploitées les mines d'anthracite, les propriétés ont augmenté, grâce à l'accroissement des produits, dû surtout à l'emploi général de la chaux sur les terres, de un tiers de leur valeur à cette époque, et même de moitié dans quelques localités.

Les mines de St.-Pierre-Lacour, l'Huisserie et la Baconnière, lorsqu'elles auront pris tout le développement qu'elles comportent, produiront sans doute, pour la partie occidentale du département de la Mayenne, l'effet que les mines situées vers la Sarthe ont produit à l'égard de la portion orientale.

Partout la découverte d'une mine est considérée à bon droit comme une source de richesses; mais c'est surtout là où ses produits réagissent, comme dans la Mayenne, sur l'état de l'agriculture, cette industrie essentiellement nourricière, que cette création de richesses se montre immédiatement aux yeux de tous par la valeur nouvelle qu'elle apporte aux propriétés.

Mais en limitant à la fabrication de la chaux l'emploi du précieux combustible dont est si abondamment pourvu le département de la Mayenne, on a considérablement borné son utilité réelle.

Nul doute en effet qu'on ne puisse l'appliquer avec avantage et économie au chauffage domestique dans des poêles, ou même des cheminées disposées exprès, à la cuisson des briques, à la fabrication des produits chimiques, en général au chauffage des chaudières, et notamment de celles des machines à vapeur (1).

(1) M. Blavier fait observer qu'à l'époque où il rédigeait cette notice, on essayait, aux mines de Sablé, de faire mar

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