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Nous avions voulu faire de ce recueil une tribune où chacun pût apporter des enseignements et des faits; nous avions voulu établir entre les horticulteurs un lien commun qui les unit entre eux et qui fit servir toutes les forces vives de la France horticole aux progrès d'un art malheureusement encore trop négligé; nous croyons

avoir réussi.

Les nombreuses correspondances que nous avons reçues, les articles variés que nous avons publiés sont un témoignage du succès que notre publication a obtenu. Nous devons tous nous en réjouir, car c'est seulement par ce mutuel échange d'idées, d'observations et de faits, que le progrès horticole pourra grandir et gagner les contrées les plus éloignées.

Il nous reste certainement encore beaucoup à faire, « Paris n'a pas été bâti en un jour; » mais le chemin que nous avons parcouru, en une seule année, dans des conditions extrêmement difficiles, nous donne bon espoir et bon courage pour l'année qui commence. Il y a peu d'obstacles qui résistent à la volonté ferme et constante de bien faire, et cette volonté ne manque à aucun d'entre nous. Que nos lecteurs consentent à nous prêter un bienveillant appui ; qu'ils ouvrent à leurs confrères les trésors de leur expérience et de leurs découvertes; les pages de la Revue leur appartiennent. L'édifice de la science se compose de différents matériaux apportés, de tous côtés, par les travailleurs dispersés. Celui qui aurait la prétention de faire un journal à lui seul rêverait, dans son fol orgueil, une ridicule et inutile entreprise. Un journal horticole ne peut ètre qu'une œuvre collective, enregistrant tous les progrès, toutes les découvertes, toutes les inventions utiles, toutes les idées nouvelles.

Les rédacteurs de la Revue ont l'intention bien arrêtée de maintenir l'œuvre commune à cette hauteur; ils espèrent y parvenir avec le concours de tous ceux qui aiment et qui pratiquent l'art de l'horticulture.

VICTOR BORIE.

Botanique horticole.

Nous avons dit que la cellule était le seul organe élémentaire des plantes. Toutes les plantes, les plus grands arbres de nos forêts aussi bien que la plus humble mousse qui couvre la terre, doivent leur origine à la cellule; le noyau dur de la Pêche et sa chair succulente en sont formés. Cela nous prouve que la cellule doit subir une infinité de modifications dans le courant de la végétation.

Examinons de plus près la cellule, qui, comme nous l'avons dit, n'est qu'un utricule perméable, contenant un liquide et une plus ou moins grande quantité de corps solides. La paroi de toutes les cellules est composée d'une membrane extérieure solide, ordinairement dépourvue de couleur, qui est intérieurement tapissée d'une couche mucilagineuse, granuleuse, un peu jaunâtre. Dans cette couche intérieure, on trouve, à une certaine époque de la vie de la cellule, un petit corps en forme de lentille qui paraît jouer un rôle trèsimportant dans la formation et la multiplication des cellules. On l'appelle le Nucleus ou le Cytoblaste. Quand on met une partie d'un tissu cellulaire en contact avec une goutte d'acide azotique diaylé, cette couche intérieure se rétrécit et offre l'aspect d'un petit sac ridé dans les cellules qui conservent leur forme. Notre figure 1 représente une partie du tissu d'une jeune hampe florale de la Jacinthe humecté avec de l'acide azotique dilué, on y aperçoit dans chaque cellule le cytablaste.

La multiplication des cellules se fait généralement par division. On voit d'abord apparaître deux cytoblastes dans le sac mucilagineux; ensuite celui-ci se lace à un certain endroit, puis il se divise en deux parties distinctes renfermant chacune un cytoblaste, et ce n'est que plus tard qu'entre ces deux moitiés de la cellule primitive se forme la membrane solide. Il arrive, dans des circonstances toutes particulières, qu'il se forme dans les cellules d'abord plusieurs cytoblastes, et plus tard, autour d'eux, des cellules secondaires, qui ne remplissent pas, dès l'origine, la cellule qui les contient; mais on peut dire que ce mode de multiplication est très-restreint et pour ainsi dire exceptionnel.

La loi qui préside à la multiplication des cellules doit naturellement modifier essentiellement leur forme; ainsi les fibres allongées du bois sont le résultat de la division des cellules dans le sens

de leur longueur, les cellules des couches épidermiques ont déjà, dès leur origine, une forme aplatie. La forme des cellules change pourtant souvent considérablement dans le courant de leur développement, et des cellules très-courtes dans l'origine. peuvent parfois s'allonger ensuite considérablement, comme cela se voit très-nettement dans les hampes florales de plusieurs plantes monocotylédonées, dont le développement soudain est dû principalement à un allongement très-brusque des cellules courtes qui forment leur tissu.

Les cellules prennent encore, indépendamment de leur division, des formes souvent très-particulières, et appropriées étroitement aux fonctions qu'elles ont à remplir dans la vie de la plante. Nous nous

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contenterons d'en donner ici un seul exemple. Les grands canaux aériens qui se trouvent dans l'interieur de la tige et des feuilles d'une foule de plantes, surtout des espèces aquatiques, comme par exemple, le Sparganium ramosum (fig. 2), sont entrecoupės de couches de cellules qui, en formant des étoiles qui se lient entre elles par leurs extrémitées, permettent à l'air de pénétrer par les grandes lacunes qui existent entre elles.

Le côté extérieur du sac mucilagineux, contenu dans les cellules, dépose constamment par sécrétion à sa surface des couches membraneuses nouvelles qui servent à épaissir plus ou moins les parois solides des cellules. Mais ce dépôt de la matière membraneuse,

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ne se fait point de la même manière dans tout le pourtour de la cellule; souvent un côté de la paroi reste très-mince et conserve à peu près l'épaisseur primitive, tandis que le côté opposé obtient un développement prodigieux. Nous avons représenté une coupe de la feuille d'Alænigricans, qui nous en offre un exemple trèsinstructif. Les cellules de l'épiderme ont, vers l'intérieur, une membrane très-mince garantissant, vers l'extérieur, la feuille par le développement énorme de leur membrane; cette membrane fournit ici à la feuille une espèce d'écorce très-solide.

Trop peu de cellules conservent pendant toute leur existence une membrane uniforme. Tandis qu'une partie de la paroi s'épaissit,

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quelques endroits restent dans leur état primitif, et c'est principalement par ces parties que la communication des liquides entre deux cellules contigues s'opère; car les endroits minces de deux cellules voisines se trouvent ordinairement en contact, et les canaux qui partent de l'intérieur de chaque cellule à sa circonférence se rencontrent; mais, dans ce cas, il n'y a pas une vraie perforation des membranes des deux cellules; celles-ci sont, au contraire, toujours fermées et communiquent par endosmose à travers la membrane, comme cela est prouvé par un grand nombre d'expériences. Notre figure 5 nous montre une coupe transversale d'une partie du bois d'un

(1) Voir Revue horticole, année 1857, p. 614.

Palmier (OEnocarpus). Les cellules dont les parois ont atteint une épaisseur extraordinaire sont composées d'un grand nombre de couches concentriques, et de leur intérieur on voit venir à la circonférence un certain nombre de canaux très-étroits qui correspondent à d'autres des cellules voisines. Ces cellules très-épaisses donnent au bois du Palmier sa dureté énorme ; les noix d'un autre Palmier (Phytelephas macrocarpa), qui fournissent à l'industrie de l'ivoire végétal, les noyaux des Dattes, les parties pierreuses qu'on trouve souvent dans les Poires sont formés par des cellules semblables.

Il arrive généralement qu'à l'endroit où ces canaux aboutissent les parois primitives de deux cellules voisines s'écartent un peu et laissent entre elles un espace en forme de petite lentille. Les cellules des Conifères nous en fournissent entre autres un exemple. Notre figure 4 représente une coupe transversale très-mince du bois de Sapin. Nous voyons ici dans la partie contenant les cellules à parois plus minces plusieurs de ces petits interstices entre deux canaux assez larges.

Le changement de climat dans les différentes saisons exerce, comme tout le monde le sait, une grande influence sur le développement intérieur des plantes. Aussi les cellules formées pendant le printemps diffèrent considérablement de celles qui se forment plus tard. Ces dernières ont des parois bien plus épaisses qui n'offrent qu'un très-petit nombre de canaux. Cette différence entre les premières cellules développées au printemps et les dernières de l'année antérieure est très-visible à l'œil nu; elle forme des zones concentriques qu'on appelle les anneaux ligneux. On conçoit alors pourquoi il est possible de savoir exactement l'âge d'un arbre coupé en comptant le nombre de ces zones concentriques. Notre fig. 4 nous montre une partie de bois de Sapin prise à l'endroit où les cellules de deux années se touchent.

Les parties épaisses des parois des cellules n'occupent pas toujours presque toute la cellule. Quelquefois elles offrent l'aspect de spirales ou d'anneaux, quelquefois elles ont une forme réticulée; parfois aussi la même cellule contient plusieurs de ces formations à la fois. Cela nous mènerait trop loin si nous voulions passer en revue ces différentes formes, qui offrent entre elles une multitude de transitions et de variations. Quand nous parlerons plus tard du système vasculaire des plantes, nous aurons l'occasion de voir encore quelques-unes de ces modifications des cellules.

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