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bien, des condiments, des légumes chargés de l'eau sèveuse d'une culture bien soignée, et donnés dans toutes les saisons, ne lui sont-ils pas bien précieux ?

Voici qu'arrive l'ère de l'agriculture, laquelle va se transformer en industrie vraie, et modifier l'existence du paysan par des veillées, par des travaux de machines. Que le campagnard s'empresse donc de jeter un coup d'œil sur la distribution, l'aménagement, l'assolement et la rotation dans le jardin que nous avons décrit plus haut; qu'il les applique au plus tôt. Tout d'abord il trouvera des débouchés, parce qu'il pourra produire à bon marché pour la consommation actuelle qui l'entoure; et il sera tout préparé pour les transformations qui s'avancent à pas de géants.

La ferme aura donc, comme la maison de campagne, son carré de primeurs assolé à quatre ans, et le grand potager ayant le même assolement avec une rotation différente, et enfin son fruitier. J'insiste sur le frutier, non pas seulement afin d'avoir les commodités d'une culture spéciale qu'il réclame pour donner des produits satisfaisants, e que les nouveaux moyens de transport feront vendre avantageuement, mais bien pour ôter d'autour des carrés ces tristes touffe de Groseilliers rabougris, ces fleurs si mal soignées, ces informes buissons ou pyramides d'arbres fruitiers. Nous voulons les carrés libres, débouchant sur des allées spacieuses, quand on vet les commodités d'une promenade. Avec ces conditions, il est pemis d'appliquer cette excellente pratique qui prépare la terre du otager avec la charrue, la fouilleuse, l'extirpateur, la herse, le ruleau, etc., toutes manipulations économiques et qui abaissent es prix de revient. Bien des fermes pourraient même avoir d'autres pièces, les meilleures du domaine, assolées dans le genre au grand potager, à 6 ou à 7 ans, de manière à intercaler dans la rotation des céréales, tant d'hiver que de printemps, qui fourniraent précisément la semence pour le reste du domaine. Personne n'ignore qu'une semence améliorée donne toujours sur la terre médiocre une première bonne récolte. Ai-je besoin de dire quel buin on trouve là pour l'engraissement et la mise en état de l'aninal de boucherie, de toutes les mères, de tous les petits de la basse-cour, de l'étable, de la bergerie et de l'écurie?

LUCIEN GEORGES,

Jardinier en chef du Jardin des Plantes de Rennes. ex-jardinier en chef des jardins d'étude de l'Institut agronomique de Grignon,

Botanique horticole 1.

La végétation des Monocotylédones est essentiellement différente de celle dont nous avons tracé rapidement l'organisation; d'abord, comme nous l'avons déjà dit, la disposition générale des faisceaux fibro-vasculaires n'est plus la même que chez les Dicotylėdones. Il n'y a ni rayons médullaires, ni écorce distincte, ni moelle centrale nettement limitée. Le développement des trachées se fait d'une manière analogue à celle des plantes dicotylédonées; autour d'elles se forment également des fibres ligneuses. Le côté opposé produit en même temps des cellules de liber, qui n'offrent pourtant pas ici une diffference bien notable avec les fibres ligneuses. Au centre des faisceaux se trouve aussi une partie de cambium qui cependant, chez les plantes dont nous parlons ici, n'est apte à se reproduire et à former des fibres et des trachées que durant un temps limité. Plus tard sa végétation est bornée, et il ne conserve pas toujours sa faculté régénératrice. Notre figure 17 représente une coupe longitudinale d'un faisceau fibrovasculaire du Bananier. Ce faisceau est entouré des deux côtés par le tissu parenchymateux de la tige. En allant du centre vers la périphérie, nous trouvons: 1° quelques fibres ligneuses à parois épaisses et à extrémités pointues; 2° une trachée mince et allongée, contenant des anneaux; 3° quelques autres fibres ligneuses; 4° un certain nombre de trachées, de grosseurs très-différentes, contenant des anneaux et des spirales: 5o des cellules à membranes très-minces, c'est-à-dire le cambium; 6° le faisceau est terminé par des fibres ligneuses semblables à celles qui se trouvent de l'autre côté.

Ainsi le développement des organes qui composent les faisceaux fibro-vasculaires des Monocotylédones est pendant un certain temps très-analogue à celui des Dicotylédones; mais, au moment où les faisceaux des Monocotylédones cessent de se régénérer, les autres parties du tissu cellulaire, situées à la même hauteur de la tige, s'arrêtent également dans leur développement; ce qui fait que la tige des plantes monocotylédonées, une fois devenue ligneuse, ne grossit plus. Les Palmiers de nos serres nous offrent des exemples nombreux de ce fait; leur tige peut atteindre une

(1) Voir année 1857, p. 585 et 613, et année 1858, p. 7 et 29.

longueur considérable, sans que la grosseur change d'une manière très-sensible. Quelquefois cependant la tige grossira légèrement, à cause d'un faible développement de l'écorce. Nous voyons dans nos serres souvent des Palmiers, des espèces différentes de Pandanus et d'autres plantes monocotylédonées dont la tige est bien plus mince en bas qu'en haut; le nombre des faisceaux fibrovasculaires, ayant augmenté en haut par suite de nombreuses ramifications, a, dans ce cas, considérablement accru la grosseur de la tige dans sa partie supérieure. La partie inférieure ne suffit pas alors à elle seule pour soutenir toute la plante. La nature, dans ce cas, lui vient en aide par le développement de nombreuses racines aériennes, qui, en se fixant dans le sol, servent en quelque sorte d'arcs-boutants.

Nous devons ici mentionner le genre Dracaena et ses voisins. Ces plantes, tout en appartenant aux Monocotylédones, se rapprochent anatomiquement beaucoup des Dicotylédones. Le cadre que nous nous sommes tracé pour cet aperçu tout à fait élémentaire de l'anatomie végétale ne nous permet pas de poursuivre dans ces détails les recherches sur cette structure en quelque sorte anormale. Notons seulement que la tige des Dracaena grossit réellement après la première année de sa végétation. Nous verrons encore souvent que les limites entre les grandes divisions des organismes, n'étant point toujours tracées par la nature d'une manière absolue, ne sont pas facilement saisissables. La nature aime les transitions, elle ne saute pas brusquement d'un type à un

autre.

Les plantes cryptogames, d'une organisation plus élevée, les Fougères, par exemple, ont de grands faisceaux fibro-vasculaires, disposés en cercle autour d'une espèce de moelle centrale. Mais il n'y a pas chez eux des rayons médullaires ni une distinction nette

(1) Ceux de nos lecteurs qui voudraient s'instruire d'une manière plus spéciale sur ces matières trouveront dans les traités élémentaires de botanique, par exemple dans l'excellent livre de M. A. de Jussieu, des notions très-intéréssantes. Notre but principal étant d'exposer d'une manière sommaire les faits généraux de la végétation connus jusqu'ici, nous devons avant tout avoir à cœur de ne point embarrasser nos démonstrations en entrant dans des détails tout à fait spéciaux et qui n'intéressent que la science pure : nous avons voulu demeurer le plus près possible de la pratique.

(2) Les plantes cryptogames exclusivement composées d'un tissu cellulaire sans l'intervention de trachées, telles que les Mousses, les Algues, les Champignons, etc., à l'exception des espèces comestibles), n'étant point jusqu'ici l'objet d'une culture particulière, ne rentrent pas dans le cadre que nous nous sommes tracé.

entre la moelle et l'écorce. Le cambium ne donne pas naissance à des fibres ligneuses ou à des fibres du liber; mais les cellules du parenchyme, entourant les faisceaux, deviennent ligneuses ellesinêmes. Les trachées se forment toujours au centre du cambium, et ce dernier cesse à une certaine époque de se reproduire et de former des trachées. Ainsi les faisceaux arrivés à leur développement définitif sont composés d'un groupe central de trachées entouré de tous côtés par le cambium.

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Fig. 17.

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Coupe longitudinale d'un faisceau fibro-vasculaire du Bananier. Nous voyons donc que les trois grandes divisions des plantes nous offrent chacune une organisation anatomique particulière. Les Dicotylédones sont caractérisés principalement par leurs rayons médullaires et le développement illimité de leurs faisceaux fibro-vasculaires; les Monocotylédones, par la disposition irrégulière de ces faisceaux et leur développement borné; les Cryptogames, enfin, par l'absence du bois proprement dit et par la position centrale des trachées dans les faisceaux.

Nous avous vu que l'action du cambium était la source de toutes ces organisations variées; qu'il était la partie la plus vitale et la plus productive des végétaux; aussi c'est dans son tissu que s'accomplissent les fonctions les plus essentielles pour la vie de la plante; il est l'organe principal de la séve ascendante et descendante.

On ne doit point se figurer la circulation de la séve dans les végétaux analogue à celle du sang chez les animaux. Le sang des animaux sort du cœur, il parcourt tout le corps par un système très-compliqué de petits canaux (les artères) et retourne au cœur après avoir alimenté tout l'organisme par un autre système semblable (les veines). Chez les plantes, il n'existe d'abord pas d'organe central comparable au cœur; ensuite il n'y a pas deux systèmes à fonctions différentes; mais le tissu qui sert à la séve ascendante sert aussi à la sève descendante.

La circulation ne s'opère pas normalement chez les plantes par la voie de tubes (les trachées); mais les liquides pénètrent à travers les parois des cellules du cambium des faisceaux fibro-vasculaires. Cette action des liquides à travers les membranes est connue dans la physique sous les noms d'endosmose et éxosmose 1. Les recherches des physiologistes les plus éminents de notre temps ont prouvé d'une manière évidente que c'est presque exclusivement de cette manière que se fait la circulation dans les végétaux.

Mais la séve ascendante est bien plus caractérisée dans la plante que la sève descendante; son importance est énorme. Son organe principal est, comme nous l'avons déjà dit tout à l'heure, le cambium des faisceaux fibro-vasculaires. Il arrive souvent que, dans la période du premier réveil de la végétation, au printemps, après le repos de l'hiver, les trachées elles-mêmes sont remplies pendant quelque temps des liquides nourriciers; mais cet état de choses doit être considéré comme exceptionnel, et il n'est que momentanément causé par la surabondance de la séve. Dans toute autre période de l'année, les trachées sont remplies d'air.

Dans les cellules du parenchyme de la moelle et de l'écorce, il s'opère également une circulation et un accroissement. Ces parties de la tige sont cependant principalement employées par la nature pour emmagasiner, pendant une certaine période ou pendant toute la durée de la vie des plantes, des matières nutritives, telles que la fécule, etc.

Le cambium est la vraie partie régénératrice des plantes. Ceux de nos lecteurs qui ont suivi le développement des racines d'une

(1) Quelques auteurs désignent ce double fait par un seul mot : diffusion. Ce terme serait peut-être préférable parce que les deux mots endosmose et exosmose désignent une action et une réaction qui se confondent dans un même phénomène.

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