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Nous devons cette belle plante, originaire du cap de Bonne-Espérance, à M. Villet, qui l'introduisit en Europe; on la cultiva

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pour la première fois en 1847, au jardin de M. James Backhouse, à York. M. Truffaut, à Versailles, chez lequel nous avons vu en

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pleine terre un grand nombre de pieds de cette plante d'une taille très-vigoureuse, nous a assuré que sa culture n'exige pas des soins particuliers, et qu'elle est, parmi les Iridées à rhizome bulbeux, une des espèces les plus rustiques. Elle demande un traitement analogue à celui qu'on donne aux Tigridias, et sa floraison arrive à peu près vers le même temps que celle de cette dernière plante, c'est-à-dire en août et septembre. T. V.

Hibiscus speciosus, Ait.

Quand on passe en revue la grande série de belles plantes que le genre Hibiscus a fournies à l'horticulture, on est embarrassé de dire laquelle des nombreuses espèces est la plus précieuse. Nos serres chaudes, nos serres froides et les parterres de nos jardins ont emprunté, chacun à son tour, quelques-uns de leurs ornements principaux au genre Hibiscus, qui, sans contredit, au point de vue horticole, occupe la première place dans la vaste famille des Malvacées. Qui n'aurait pas admiré, dans nos jardins, le port élégant, les grandes et belles fleurs roses et pourpres des Hibiscus Moscheutus, H. roseus, H. militaris et H. palustris, surtout ces der nières années, où, favorisées par la chaleur exceptionnelle, ces plantes se sont développées avec une vigueur inusitée? et même l'Hibiscus Syriacus, connu sous le nom vulgaire d'Althaea, et les espèces herbacées, l'Hibiscus Trionum et vesicarius, ne font-elles pas partie de nos plus belles plantes de pleine terre ? Les Hibiscus splendens et Rosa Sinensis, avec leurs corolles d'un rouge écarlate, sont les plus beaux joyaux de nos serres. Le nombre des Ketmies qui sont soumis à la culture s'élève au-dessus de la cinquantaine.

L'Hibiscus speciosus (fig. 179) compte parmi les plus belles espèces du genre. Il fut introduit de la Caroline, en 1778, par J. Fothergill; il a donc été connu déjà anciennement, et, si néanmoins on le voit très-rarement dans tout l'éclat de sa végétation et de ses belles fleurs, la raison en est que généralement on regarde cette plante comme très-difficile à cultiver. Elle demande en effet quelques soins; mais, traitée d'une manière intelligente, elle réussit parfaitement, et nous avons eu l'occasion d'en admirer des échantillons d'une taille extraordinaire et couverts de fleurs, en pleine terre, à Montrouge, dans le beau jardin de M. Dommage, une des premières notabilités de l'horticulture parisienne. Voici le traitement qu'il convient de donner à cette plante. On

la laisse hiverner en serre tempérée, où elle doit rester jusqu'au mois de février; alors il faut la transférer en serre chaude, où elle restera jusqu'en juin pour forcer vigoureusement sa végétation; et, vers la mi-juin, on la transplante en pleine terre à une bonne exposition chaude, où elle se couvre de fleurs en août et septembre. Les échantillons de M. Dommage, qui ont servi de modèle à notre dessinateur, avaient atteint une hauteur de près de 3 mètres, et leurs nombreux rameaux étaient couverts d'une multitude de grandes fleurs du plus beau rouge. Cette espèce, avec ses feuilles palmées, est suffisamment connue, et notre figure peut fournir une idée si parfaite de son port, que nous croyons inutile d'en donner une description plus détaillée. Cette plante aime un sol mélangé de terre franche et de terre de bruyère; on doit avoir soin de la tenir sèche pendant l'hiver, mais elle demande des arrosements assez copieux pendant la période active de sa végétation. J. GROENLAND.

Des Yuccas.

Le port souvent varié, toujours si beau et si majestueux des Yuccas, leurs fleurs, toujours si remarquables tant par leur quantité que par leur disposition, leur forme et même leur éclat, la persistance de leurs feuilles, tout enfin, concourt pour en faire des plantes d'ornement de premier ordre. Aussi, depuis quelques années, leur culture s'est-elle considérablement étendue, le goût s'en est répandu par toute l'Europe; du reste, cette espèce de faveur dont ils jouissent s'explique de soi-même, car il est en effet peu de végétaux dont les jardiniers paysagistes puissent tirer un parti aussi avantageux. Mais, si les Yuccas offrent tant de ressources au décorateur de jardins, s'ils sont si avantageux au point de vue pratique et usuel, il en est tout autrement au point de vue scientifique, et, s'ils font les délices de l'horticulteur, ils font aussi, on peut le dire, le désespoir des savants en ce qui concerne leur nomenclature. En effet, les caractères fondamentaux sont difficiles à saisir, ou plutôt ils font défaut; les fleurs ne présentent non plus aucune différence spécifique; il en est de même du port et du faciès, qui, dans le plus grand nombre des cas, présentent, dans les individus issus d'une même plante, des différences souvent considérables, suivant qu'ils sont jeunes ou adultes, qu'ils ont poussé du collet ou qu'ils proviennent d'œilletons

pris au haut des tiges, qu'ils sont dans un bon ou dans un mauvais terrain, en un mot, qu'ils sont vigoureux ou qu'ils sont languissants. Toutes ces circonstances expliquent suffisamment pourquoi l'on trouve si fréquemment les mêmes variétés sous des noms différents, non-seulement dans divers établissements, mais souvent dans le même, et comment, en effet, il est souvent difficile de les déterminer.

Pour donner une idée de cette variabilité, nous citerons seulement deux cas, celui de la glaucescence des feuilles et celui de leur direction; tout chacun sait, par exemple, que, lorsque les plantes sont très-vigoureuses et surtout qu'elles sont jeunes, toutes les parties nouvellement développées sont très-glauques, caractère qu'elles perdent plus ou moins vite en vieillissant, et qu'on ne trouve parfois pas dans les mêmes variétés placées dans des conditions différentes, soit de terrain, soit d'âge, d'exposition ou de végétation. Il en est de même du port des plantes, dont les différences sont surtout occasionnées par la forme et par la direction des feuilles. Ainsi, dans presque toutes les variétés, les jeunes feuilles sont divisées, tandis que, plus tard, elles sont toujours plus ou moins étalées. De même celles qui se développent autour de la hampe florale sont toujours plus ou moins dressées; quant à la forme des feuilles, elle est aussi très-variable, non-seulement dans les dimensions, mais même dans la forme, et les variétés dont les feuilles sont plus ou moins ondulées ou contournées lorsqu'elles sont jeunes perdent ce caractère et n'en donnent que d'à peu près droites lorsqu'elles sont vieilles. Cette polymorphie ou plutôt cette extrême mutabilité que présentent ces plantes, peut être d'un grand secours pour certains horticulteurs, toujours si désireux de grossir leurs catalogues... avec des noms!

Les Yuccas, nous ne craignons donc pas de le dire, ne peuvent, par toutes les raisons énoncées ci-dessus, être décrits exclusivement scientifiquement, mais bien plutôt, ou en grande partie du moins, pratiquement, et par des hommes qui, comme on le dit dans un langage vulgaire et presque trivial, couchent avec. c'est-à-dire qui les cultivent, qui soient par conséquent familiarisés avec ces variations de port et de faciès de ces plantes. Un seul caractère est insuffisant; ceux d'ensemble seuls peuvent avoir de la valeur, de sorte qu'une description purement botanique est loin d'être suffisante pour les différencier, car des caractères, en apparence légers, que cette science néglige souvent, peuvent être

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