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guère le soin qu'exige leur culture. Qu'on ne croie cependant pas que nous nous opposons à l'expérience et à la vérification de ces végétaux, seulement nous croyons que parfois on est trop porté à admirer ces plantes par la seule raison de leur rareté, et que d'autres fois on abandonne un peu trop facilement la culture des plantes qui pourraient avoir un avenir dans l'horticulture. Peu de plantes ont, comme les Reines-Marguerites, l'heureuse chance de maintenir victorieusement leur place dans nos jardins, grâce à une culture ingénieuse et habile qui sans cesse produit de nouvelles variétés.

Nous croyons, par ces raisons, devoir signaler de temps en temps, dans l'intérêt de l'horticulture, quelques-unes de ces plantes d'ancienne introduction, pour les soustraire à l'oubli. Les Phlox, et surtout le Phlox paniculé et le Phlox décussé, les plus anciennes espèces de ce genre, se trouvent parmi les plantes trop négligées. Cette courte note sera suffisamment motivée par l'essort nouveau donné à la culture de ces plantes, grâce aux soins habiles de quelques-uns de nos horticulteurs les plus distingués. Une visite que nous avons eu l'occasion de faire dernièrement aux jardins de MM. Lierval et Fontaine, aux Ternes, près Paris, nous a engagé à dire quelques mots sur la culture de ces Phlox vivaces, qui, dans les deux établissements dont nous parlons, est poursuivie avec un grand succès.

Le Phlox Drummondii, qui, grâce à une culture intelligente et suivie, avait donné un grand nombre de variétés d'une beauté remarquable, semblait avoir entièrement détrôné l'ancien Phlox paniculata. Notre visite chez M. Lierval nous a prouvé d'une manière évidente que cette dernière plante, loin d'être anéantie par l'autre, n'a rien à craindre de la comparaison, mais qu'elle dépasse par sa belle végétation, par l'éclat et la grandeur de ses fleurs, les plus belles variétés du Phlox de Drummond. Nous avons pu admirer des variétés de nuances saumonées et écarlates qui ne trouveront leurs pareilles nulle part; pour donner une idée de la grandeur de leurs corolles, il suffit de citer des fleurs dont la circonférence du limbe dépassait une pièce de dix centimes. Il n'est pas rare de rencontrer des panicules de ces fleurs dont le diamètre dépasse 0.40 à 0.50. Si l'on considère que ces plantes sont vivaces, qu'elles prennent facilement de boutures, on ne peut plus douter du rôle qu'elles sont destinées à jouer dans l'horticulture. Ces Phlox ont encore d'autres avantages. Leur floraison,

qui dure très-longtemps et qui se prolonge jusqu'à la fin de l'automne lorsqu'elle a été graduée par la multiplication des boutures, tombe dans un moment de la saison où les jardins sont

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Fig. 147. Phlox decussata. peu garnis de fleurs, car vers la fin de juillet, époque où le Phlox paniculé et decussata sont dans le plein de leur éclat, les Reines-Marguerites et les Dahlias font à peine leur première appa

rition, tandis que les plantes de la saison précédente commencent sensiblement à s'épuiser. Les Phlox résistent assez facilement à la sécheresse; mais, pour avoir une floraison vigoureuse et belle, il est cependant nécessaire de leur donner de copieux arrosements au moment où ils vont entrer en fleur. Ces plantes sont en grande partie remontantes, c'est-à-dire qu'après leur pre

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mière floraison elles développent de nouvelles panicules lorsqu'on a soin de couper les tiges défleuries.

Les Phlox vivaces ont encore un autre précieux avantage, qui consiste en ce qu'on peut les transplanter au commencement de leur floraison et même quand ils sont en pleine fleur. On sait que ces plantes épuisent considérablement le sol. Si l'on veut obtenir

une belle floraison, on ne doit les mettre à la place du jardin qu'ils sont destinés à décorer que vers le commencement de leur floraison. Quand on a soin de leur donner des arrosements convenables, ils ne sont point fatigués par cette opération. Lorsque leur floraison est terminée, on les remet alors dans l'endroit où ils doivent passer l'hiver, pour planter à leur place d'autres plantes d'automne, telles que les Chrysanthèmes, etc.

Les boutures se font au premier printemps. Il suffit de rentrer les plantes en pots dans la serre à multiplication quelques jours avant l'époque du bouturage; lorsque les tiges ont environ 0.06 à 0.08 de hauteur, on les coupe, pour leur faire prendre des racines. Les jeunes plants sont mis en place lorsque les froids ne sont plus à craindre, et ils fleurissent bien dès la première année.

On peut encore faire des boutures pour une seconde saison aux mois d'août et de septembre. Il suffit de les mettre sous cloche et à l'ombre. J. G.

Campanula olympica, Boissier.

Il n'y a pas de pays qui ait fourni à la botanique et à la culture un contingent aussi vaste et aussi important que l'Asie Mineure. De puis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ces contrées ont enrichi l'Occident des plantes les plus précieuses. Tout le monde sait que nous devons le plus grand nombre de nos arbres fruitiers et plusieurs de nos céréales à l'Orient. Quoique la science ne soit pas encore aujourd'hui en état de nous éclairer entièrement sur la véritable origine de ces végétaux, nous savons toujours qu'ils nous sont arrivés par la voie de l'Orient, et que les céréales, par exemple, ont introduit dans les flores des pays de l'Europe une foule d'autres plantes qui évidemment sont d'origine étrangère, quoique répandues aujourd'hui partout. Les différentes espèces de Coquelicots, les Bluets, et encore bien d'autres plantes de nos moissons, sont dans ce cas elles sont originaires de l'Orient.

Quoique ces contrées aient été explorées depuis des siècles par l'industrie et la curiosité européennes, elles paraissent inépuisables. Tournefort, qui de 1700 à 1702 visita l'Asie Mineure et la Grèce, rapporta de ce voyage plus de 1,300 espèces de plantes: mais il n'avait point épuisé ces riches pays. Quelques-uns des voyageurs botanistes de notre temps, tels que MM. Boissier, l'illus tre auteur des diagnoses des plantes orientales, Kotschy et Ba

lansa, ont, à plusieurs reprises, parcouru ces riches terrains, et chacun de leurs voyages a augmenté encore considérablement le nombre de plantes belles, utiles et intéressantes, introduites de ces beaux pays.

Ces plantes ont encore, en grande partie, l'avantage énorme d'être rustiques et aptes à s'acclimater chez nous; car, dans leur station des régions montagneuses, la nature les place à peu près dans les mêmes conditions climatériques que chez nous.

Dans le dernier numéro de ce recueil, nous avons eu l'occasion d'offrir à nos lecteurs une note et une figure d'un Pelargonium de l'Asie Mineure, rapporté par l'infatigable voyageur M. Balansa. Aujourd'hui nous avons à parler d'une belle Campanule vivace, le Campanula olympica (fig. 148), qui fut découvert par M. Boissier, en juillet 1842, au mont Olympe, en Bithynie, où elle occupe les endroits boisés des régions inférieures.

Malgré les nombreuses espèces de Campanules qui embellissent nos jardins, nous ne doutons pas que cette plante, jusqu'ici trèspeu connue et peu répandue, mais facile à cultiver et à multiplier, ne soit pas la bienvenue chez les horticulteurs. Elle trouverait très-avantageusement son emploi dans les bordures, et elle nous paraît digne d'occuper une place analogue à celle de la Campanule des monts Carpathes, à laquelle elle-même serait encore préférable, à cause de ses fleurs plus grandes.

La plante qui a servi de modèle à notre habile dessinateur, M.A.Riocreux, a été cultivée au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Voici en quelques mots sa description. Elle est à souche vivace qui émet des stolons, et à racine rampante fibreuse. Les tiges, hautes de 0.12 à 0.15, sont dressées et non rameuses. Les feuilles radicales sont longuement pétiolées, elliptiques, obtuses et crénelées aux bords; les feuilles caulinaires, sessiles et rétrécies à leur base; les inférieures sont assez larges, obtuses; les supérieures sont lancéolées, pointues. Les grandes fleurs, d'un beau bleu pâle, sont solitaires au bout des tiges; elles sont supportées par des pédoncules assez courts. Les sépales linéaires, étalés, du calice dépourvu d'appendices, sont quatre fois plus longs que son tube. La grande corolle, d'une forme conique-campanulée est divisée en cinq grands lobes. Le fruit est une capsule conique presque cylindrique à cinq côtes, couronnée par les sépales dressés du calice persistant. La tige et les feuilles de la plante sont légèrement pubescentes.

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