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pension', où la cour ne vit pas sans surprise, à ce qu'il paraît, un titre de marquis d'Usson accolé aux noms du lecteur du roi2; puis, il eut en 1689 un logement à Marly, et, en janvier 1690, le rang de lieutenant général des armées navales 3. Il assista en cette qualité à la glorieuse campagne de la Manche, et ne revint à Paris que pour prendre la direction de la marine pendant la dernière maladie de Seignelay (août-novembre 1690). On crut un instant qu'il recueillerait la succession de ce ministre, à qui il était si utile depuis vingt ans; mais le choix du roi se porta sur le contrôleur général des finances, Louis Phélypeaux de Pontchartrain *.

Pontchartrain commença par décliner les offres du maitre, « parce qu'il n'avait aucune connaissance de la marine; » mais le roi insista, «< voulut absolument qu'il s'en chargeât 5, » et il n'eut même pas la permission de se défaire du Contrôle général, où Mme de Maintenon et Louvois ne voulaient point d'autre que lui 6. Ainsi, sauf les bâtiments, il prenait tout le fardeau auquel

1. Pension de 3000 livres, donnée par brevet du 26 septembre 1688. 2. On fit ces couplets :

Seignelay, un peu bride en main!
Vous poussez trop loin l'insolence.
Vous agissez en souverain,
Vous en usurpez la puissance;
Vous faites marquis vos valets,
Et leur en donnez des brevets.

C'étoit assez, en bonne foi,

D'avoir, de sous-commis des vivres,
Fait Bonrepaus lecteur du roi ;
Mais faites rayer de vos livres
Le titre de marquis d'Usson
Qu'on a mis dans sa pension.

(Chansonnier de la Bibliothèque nationale, ms. fr. 12689, p. 380.) 3. Ordonnance du 10 janvier 1690, portant que, comme intendant général, il aura place dans les conseils et assemblées d'officiers généraux immédiatement après les vice-amiraux, et que, en leur absence, il prendra la seconde place.

4. Si l'on en croit les chansons du temps, la succession de Seignelay fut convoitée par Claude Le Peletier, qui s'était retiré du Contrôle général en 1689 et n'était plus que ministre d'État, et par Louvois. Ce dernier fit comme Colbert, qui avait entrepris, en 1677, d'étudier le latin, le droit, etc., pour pouvoir succéder au chancelier d'Aligre: pendant la maladie de Seignelay, Louvois se mit à étudier la marine (Chansonnier, ms. fr. 12690, P. 49).

5. Journal de Dangeau, t. III, p. 245.

6. Mémoires de Saint-Simon, t. II, p. 226.

Colbert avait suffi à peine, finances, maison du roi, marine, commerce extérieur. Ce n'était pourtant point un présomptueux; mais, sous son esprit étincelant', se dissimulait un mélange d'ignorance et de légèreté que l'historien découvre à regret chez un ministre chargé de tant de responsabilités, en des temps si difficiles. Venant d'accepter l'héritage de Seignelay et sortant du cabinet du roi, il écrivait ce billet au premier président de Harlay : « Vous êtes accoutumé à être surpris sur mon sujet; voici le comble de votre surprise. Le roi vient de me faire ministre et secrétaire d'État, avec la marine. Renoncez à un ami aussi heureux d'une félicité temporelle, mais conservez-lui votre cœur et votre même amitié lorsqu'il lui arrivera malheur, car je ne vois plus rien à attendre pour lui que de tomber. » Il ne tomba point: mais, selon l'expression de Valincour2, il fit bien voir qu'un excellent esprit, joint à de bonnes intentions, ne peut suppléer à l'expérience que l'on n'a pas et aux connoissances que l'on n'a pas acquises. >>

(La suite prochainement.)

III.

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BIBLIOGRAPHIE.

86. DUJARRIC-DESCOMBES. Journal de Mgr de Beauveau, évêque de Sarlat (1688-1701). In-8, 20 p. Périgueux, Dupont et Co.

(Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord.)

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87. DUMAY. État des paroisses et communautés du bailliage d'Autun en 1645, d'après le procès-verbal de la visite des feux. In-8, 220 p. Paris, Champion. (Extrait des Mémoires de la Société Éduenne.)

1. Voyez son portrait dans Saint-Simon, t. II, p. 226. 2. Avertissement des Mémoires de Villette, p. Ívj.

112

SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

88. FISCHER. Le Prieuré de Saint-Quentin. In-8,

51 p. Nancy, Crépin-Leblond.

(Extrait des Mémoires de la Société d'archéologie lorraine.)

89.

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FONTALIRANT (le R. P.). Monographie du monastère des dominicains de Sainte-Catherine, à Poitiers (16281783). In-8, 86 p. Poitiers, Dupré.

(Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest.)

90. GARNIER. Inventaire sommaire des archives dépar tementales antérieures à 1790. Côte-d'Or. Archives civiles. Série B. Chambre des comptes de Bourgogne. Nos 9500 à 11264. T. IV. In-4 à 2 col., 444 p. Dijon, Darantière.

(Collection des Inventaires-sommaires des archives départementales antérieures à 1790.)

91. GAUBIN (l'abbé). La Devèze, histoire féodale, municipale et religieuse, depuis la fondation du château (de 1180 à 1223) jusqu'à la restauration de l'église SainteMarie-Madeleine. In-8, 91 p. Auch, Foix.

(Extrait de la Revue de Gascogne.)

92. KERVILER. Un évêque de Saint-Pol-de-Léon à l'Académie française. Jean de Montigny (1632-1671). In-8, 50 p. Nantes, Forest et Grimaud; Paris, Detaille.

(Extrait de la Revue de Bretagne et de Vendée.)

93. LABOUR. La Châtellenie suzeraine d'Oissery. Son terrier, ses coutumes, son histoire, d'après les archives de la commune d'Oissery, du département de Seine-et-Marne, et les autres sources historiques. In-8, 166 p. Dammartin, Lemarié.

94. LA MÉNARDIÈRE (de). Introduction à l'histoire des établissements de charité à Poitiers. In-8, 71 p. Poitiers, Dupré.

(Extrait du volume de Documents inédits publié par la Société des Antiquaires de l'Ouest.)

95. VEUCLIN. Saint Vincent de Paul à Bernay en

1650. In-8, 37 p. Bernay, Ve Lefèvre.

(Extrait de la Ville de Bernay, par E. Veuclin et A. Bazin.)

Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou.

DE LA

SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

I.

PROCÈS-VERBAUX.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE,

TENUE LE 1 MAI 1877,

Aux Archives Nationales, à trois heures et demie,

SOUS LA PRÉSIDENCE DE M. VUITRY,

MEMBRE DE L'INSTITUT

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ.

(Procès-verbal adopté dans la séance du 5 juin 1877.)

L'Assemblée entend les discours, rapports et mémoires ci-après-indiqués :

1° Discours de M. le président. (Voir p. 114.)

2o Rapport de M. J. Desnoyers, secrétaire, sur les travaux et les publications de la Société, depuis sa dernière assemblée générale en mai 1876. (Voir p. 122.)

3° Rapport des censeurs, MM. Le Tellier de la Fosse et Moranvillė, sur les comptes des recettes et des dépenses de la Société pendant l'exercice de 1876. (Voir p. 150.)

Les conclusions de ce rapport, approuvant la gestion et les comptes de M. le trésorier pendant ledit exercice, sont mises aux voix par M. le président et approuvées par l'Assemblée.

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Lecture historique.

M. le baron de Ruble communique un fragment des Mémoires de La Huguerye, dont il est éditeur pour la Société. Ce fragment fait partie du premier volume, qui sera distribué sous peu de mois.

Élections.

Sont élus membres du Conseil, pour siéger, conformément au règlement, jusqu'en 1881:

MM. DE BEAUCOURT,

BELLAGUET,

BORDIER,

DE BOUIS,

DE BROGLIE,

DE COSNAC,

DE CHANTÉRAC,
L. DELISLE,

EGGER,

JOURDAIN.

M. PICOT, juge au tribunal civil de la Seine, membre du Comité des travaux historiques, est élu en remplacement de M. Marion, démissionnaire, dont les fonctions cessaient en 1878.

Sont réélus censeurs: MM. LE TELLIER DE LA FOSSE et MORANVILLÉ.

La séance est levée à cinq heures et demie.

DISCOURS DE M. VUITRY, MEMBRE DE L'INSTITUT, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ.

Messieurs,

En ouvrant cette séance, qui vous réunit en assemblée générale pour la quarante-troisième fois depuis la fondation de la Société de l'Histoire de France, j'ai besoin d'expliquer, je devrais dire d'excuser, ma présence à ce fauteuil que jusqu'ici vous avez toujours vu occupé par des historiens, des écrivains, des érudits, dont l'illustration, le mérite éminent, les remarquables travaux vous avaient depuis longtemps

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