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sulté de belles tiges, poussant aussi vite que celles qui étaient sorties de tubercules entiers ou coupés par morceaux. Chacun des pieds provenus d'œilletons, ne lui a donné que six à huit tubercules modiques, tandis que dans le même champ, la même variété plantée entière, ou seulement coupée par morceaux, en a donné de vingt à vingt-cinq, et beaucoup plus beaux (1).

Il préférerait, dans le cas où le plant serait rare, d'employer les longues pousses que l'on casse, lorsque l'on veut prolonger la conservation des pommes de terre. Il en a pris cinquante, d'environ 1 pied de long; il les a couchées dans un petit fossé préparé exprès, puis il les a recouvertes d'environ 4 pouces de terre. Tous ces chevelus ont donné de fortes tiges et de nombreux tubercules; cinq à six ont produit un boisseau.

N'ayant mis sur quelques-uns que 2 pouces de terre, l'effet a encore été plus étonnant. Un seul chevelu a donné cinq à six jets, ne for

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(1) MM. le comte de Reinach et le baron Dandelau, voisins de M. Ordinaire, ont opéré, comme lui, dans des terrains différens et ont obtenu les mêmes résultats.

mant qu'une seule touffe, laquelle a produit cent quatre-vingts tubercules de la grosseur d'une belle pomme de reinette; malheureusement ils n'étaient pas assez couverts de terre, la plupart sont restés verdâtres et n'ont pu mûrir (1).

4o. M. Morard-d'Arces, directeur du dépôt d'étalons, à Grenoble, a fait la même épreuve dans les jardins de cet établissement royal. Il a détaché les pousses et en a planté verti calement deux lignes sur une longueur de 5 toises (10 mètres); elles ont produit 35 kilogrammes de pommes de terre, aussi belles et aussi bonnes que dans les plantations voisines; quatre ensemble pesaient 1 kilogramme, et une seule 10 onces.

La circonstance d'avoir planté les germes verticalement, n'est pas indifférente; car les commissaires ont eu occasion de remarquer dans le cours des expériences dont ils se sont occupés, d'après le vœu de la Société, que les germes qui avaient été mis en terre à l'aide d'un plantoir, par conséquent dans un trou

(1) Si l'on eût buté à temps, probablement les tubercules auraient été de bonne qualité, puisque les autres étaient bien venus.

perpendiculaire, avaient été plus vigoureux et plus productifs que ceux qui étaient couchés.

5o. M. Ordinaire a aussi essayé d'extraire de la tige principale des pommes de terre, les petites tiges latérales dont elle est ordinairement environnée, vingt à vingt-cinq jours après la plantation, lorsque le temps est favorable.

Celle de M. Ordinaire a eu lieu du 20 au 30 avril; et c'est le 20 mai suivant qu'il a pris sur les pieds-mères jusqu'à cinq boutures, en les arrachant le plus près possible de la tige, et en observant de prendre celles qui avaient un peu de chevelu: il les planta ensuite à 18 ou 20 pouces de distance entre elles, dans un terrain bien disposé; huit jours après elles avaient pris racine, et on ne s'apercevait pas de la transplantation. La récolte s'est faite le 29 septembre 1817, et chaque pied a donné quinze ǎ vingt tubercules; les touffes auxquelles on n'avait pas touché, pour avoir un point de comparaison, n'en ont pas donné davantage nï' de plus beaux (1).

(1) Les mêmes essais ont été répétés par MM. Reinach et Dandelau: chez le premier, en terre légère, le produit a été plus fort que celui de M. Ordinaire; chez le second, en terre plus forte, il a été moindre, mais les tubercules étaient plus gros.

6o. Ce zélé correspondant a aussi couché les tiges latérales sans les détacher; elles ont donné huit, dix, douze tubercules aussi gros que ceux de la tige principale. Toutefois il prévient que cette pratique, qui ne réussit pas d'ailleurs sur toutes les variétés, ne doit pas être portée trop loin; car, ayant voulu coucher des marcottes et des boutures qui avaient déjà subi cette opération, il ne se manifesta plus qu'une végétation épuisée, qui ne donna naissance qu'à deux ou trois avortons; encore n'ont-ils pas mûri.

La soustraction des fleurs ne lui a pas paru valoir la peine qu'il faut se donner pour l'opérer. A l'égard de la coupe des feuilles, il ne dit pas quel effet elle a produit sur les tubercules, mais seulement qu'il a réussi à les faire manger aux bestiaux (1).

70. M. Ordinaire a encore donné aux pommes de terre des soins comme à une plante dont on veut jouir promptement. Il les a plantées sur couche et a levé de bonne heure les tiges grandes et avancées, puis les a placées à une bonne exposition et en bonne terre; cinquante

(1) Ce que l'on enlève à la tige est toujours au préjudice de la racine, qui doit réparer cette perte.

de ces tiges lui ont procuré cent quatre-vingts à deux cents rejets, qui ont produit nombre de tubercules trente ou quarante jours avant l'époque accoutumée (1).

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80. M. d'Hombres-Firmas, correspondant de la Société royale, à Alais, département du Gård, fit part l'année dernière de ses observations, et elles furent mentionnées honorablement dans sa séance publique. Il en a communiqué de nouvelles cette année, d'après lesquelles il estime qu'on ne doit pas se faire illusion sur les diverses manières de planter les pommes de terre; que par celles qui ne sont pas éprouvées on hasarde une récolte certaine, et qu'en cas de succès même l'on économise au plus la valeur de la semence. Il annonce que la culture par germes détachés ne lui a pas réussi, la sécheresse les a fait périr presque tous, et ceux qui ont réussi n'ont produit que de petits tubercules...

9o. On doit aussi ranger au nombre des cultures inusitées, les essais de MM. de Costerousse de Soissons, et Franck de Colmar.

Le premier a annoncé avoir planté des pommes de terre jaunes dans des terres qui avaient été

(1) Ce procédé n'offre d'autre intérêt que celui de multiplier håtivement une variété rare.

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