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Granier de Cassagnac et Mgr Delamare

D'un Catalogue d'autographes (Charavay, 1886) nous extrayons un fragment de lettre de M. Granier de Cassagnac (1808-1880) adressée à Mgr Delamare, archevêque d'Auch, de Paris 24 juin 1863. Il s'agit là d'une querelle bien oubliée à propos de l'élection de 1863, où le député du Gers reprochait à l'archevêque d'avoir fait cause commune avec les députés de 1851 et de soutenir le parti légimiste. C'est précisément parce que ces reproches ne répondent plus à rien d'actuel que nous croyons pouvoir citer ce petit fragment à titre de curiosité historique.

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Seul, parce qu'il représente les instincts des populations rurales, restées religieuses même sous Robespierre, l'Empereur veut protéger le pouvoir temporel du pape et l'autorité de la Religion; seul, parce qu'il règne au nom de huit millions d'hommes, l'Empereur est assez fort pour soutenir, sans impopularité, l'esprit philosophique. Il a enlevé Rome à la démagogie et il l'a rendue au Pape, malgré l'Assemblée constituante et les émeutiers. Il l'y maintient depuis quatorze ans, malgré les obstacles de tout nom et de tout genre que vous connaissez et que. seul, l'Empereur est en état de surmonter dans l'état présent de l'Europe.

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Une Lettre de Dominique-Joseph Garat

Le curieux livre de M. P. Lafond sur le chanteur Garat, qui vient de paraître chez C. Lévy (1), rappelle à la mémoire l'oncle de l'artiste, le ministre de la justice et académicien Dominique-Joseph Garat, né à Bayonne en 1749, mort en 1833. Nous empruntons à un catalogue de la librairie Charavay, de 1889, un extrait d'une de ses lettres à Madame Ginguenė, datée d'Ustaritz, 20 novembre 1819. C'est une invitation à visiter Urdeins et l'exploitation agricole dirigée par sa femme. Cet extrait jette un jour assez curieux sur la situation de fortune de l'ancien homme d'Etat.

« Nous devrions être riches avec nos vingt-quatre mille francs; mais cette fortune, qui me vient de Sa Majesté le roi de France, a été mangée à l'avance par les troupes de Sa Majesté Britannique. Si les Anglois m'avoient paié la moitié seulement, je ne dis pas de ce qu'ils ont détruit, mais de ce qu'ils ont consommé à Urdeins, je n'aurois pas un liard de dettes, et c'est à les paier que s'emploie toute la pension que je touche. Il faut encore qu'une surabondance dans les récoltes de deux années consécutives, il faut que les bienfaits du ciel se changent en fléau pour moi; j'ai été ruiné une première fois par la manière leste et triomphante dont les soldats de Wellington vidèrent mes greniers; je cours risque de l'être encore par la manière dont la nature les a remplis et peut les remplir encore. Je ne puis être sauvé que par une disette et je ne veux pas de cette affreuse espérance.

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(1) Voir, sur ce livre, les comptes-rendus de M. l'abbé Dubarat dans les Études... de Bayonne de janvier dernier (p. 47), et de M. L. Batcave dans la Revue des Études hist. de janvier-février (p. 69).

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PIERRE CHAPELLE DE JUMILHAC DE CUBJAC

ÉVÊQUE ET SEIGNEUR DE LECTOURE

NOTES SUR SA MAISON ÉPISCOPALE ET SON ADMINISTRATION
D'APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS

Claude-François de Narbonne Pelet, évêque de Lectoure, était mort le 9 mai 1760. Il fut enseveli dans l'église de Saint-Gervais, à la chapelle qui porte aujourd'hui le vocable de sainte Catherine; la dalle funéraire conserve encore l'inscription suivante: HIC JACET | CLAUD. FRAN. | DE NARBONNE PELET OB. DIE IX MAII ANNO M DCCLX | REQUIESCAT IN PACE | AMEN (1).

Il eut pour successeur Pierre Chapelle de Jumilhac de Cubjac, agent général du clergé (2), nommé à l'évêché de Lectoure par un « brevet par lequel Sa Majesté fait don audit seigneur de Jumilhac de l'évêché de Lectourejuin 1760 », « et des fruits et revenus de l'évêché de Lectoure depuis sa nomination jusqu'à sa prise de possession ». (Arch. dép. G. 67). Il avait été sacré le 4 janvier 1761. La prise de possession eut lieu le 25 juin 1762 selon le cérémonial accoutumé, avec cette aggravation qu'il y eut aussi des feux de joie et que les tambours battirent pendant deux jours!

(1) Sur le mur de la chapelle du clocher, à Saint-Gervais, on peut lire encore: LE | IX MAY 1760 MORT Mgr | C. F. D. N. P. E. D. L. | G. B. Cette inscription est accompagnée d'un petit feuillage rappelant l'« hedera distinguens ». C'est donc par erreur que Monlezun (Hist. de la G. Supplément, p. 569) donne pour date à cette mort l'année 1766.

(2) Dans un acte de fondation de mission dans l'église paroissiale de Lavit, il se dit «< ancien agent du clergé de France », 21 juillet 1766. (Minutes de Me Mauquié, not. à Lavit.)

Tome I.

Avril 1901.

12

L'évêque mourut à Paris pendant l'Assemblée du clergé à laquelle il avait été député par sa province, le 26 juin 1772 (Arch. dép., G. 67) et non le 16 juin comme l'indique Monlezun (H. de la G. Suppl., p. 569), laissant par testament du 27 janvier 1772 « la moitié de la succession aux pauvres des églises du diocèse ». - De Vitalis, vicaire général et grand archidiacre, était son exécuteur testamentaire.

Le 23 octobre 1761, « par devant les conseillers du Roy nores au Châtelet de Paris, » il avait « constitué M° Bernard Labat, notaire à Lectoure, son procureur général et spécial pour faire la régie générale et administration de tous les revenus temporels de l'évêché de Lectoure, faire compter tous débiteurs fermiers et redevables de toute nature que ce soit, de tout ce qu'ils peuvent et pourront devoir, sans restriction, debattre, clore et arrêter leurs comptes .. » Mgr de Jumilhac demeurait à cette date « à l'hôtel de M. le contrôleur général, rue Neuve des Petits-Champs, paroisse Saint-Roch ». Mais avant cette investiture officielle, Me Labat (1) avait fait œuvre d'administrateur, comme le prouvent les dates de certaines lettres écrites par l'évêque avant cette époque et que nous allons utiliser dans cette étude. Nous mettrons aussi à contribution l'inventaire qui fut commencé le 17 août 1772 à la requête de « messire Louis -Pierre Sébastien Maréchal de Saulcy, économe général du clergé de France », de tous les objets « qui peuvent être dans le palais épiscopal de cette ville, château du Bosc et partout ailleurs », par « Jean-Joseph Devaus, conseiller du Roy, premier président, présidial lieutenant général, juge mage en la cour présidiale et sénéchaussée Darmai

(1) Nous devons ces documents inédits à Mesdames de Broca et Depau, nées Labat, arrière-petites-filles du notaire royal que l'évêque de Lectoure tenait en si haute estime. Qu'elles veuillent bien agréer notre respectueuse reconnais

sance.

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